Le Temps, Suisse
Vendredi 12 Septembre 2008
Relations à nouveau au beau fixe entre la Suisse et la Turquie
DIPLOMATIE. Les fcheries sont oubliées. Micheline Calmy-Rey a signé à
Berne un accord prévoyant l'intensification des relations avec Ankara.
par D. S. Miéville
La visite de travail jeudi à Berne du ministre turc des Affaires
étrangères, Ali Babacan, témoigne que les relations entre la Suisse et
la Turquie sont entrées dans une phase de net réchauffement, si ce
n'est de franche collaboration. Elle prélude à une intensification des
contacts entre Berne et Ankara, où Doris Leuthard, puis Pascal
Couchepin se rendront cet automne. La visite du second s'inscrira dans
le cadre du quatre-vingtième anniversaire de l'établissement des
relations diplomatiques entre les deux Etats.
On est loin des incidents et des bouderies qui avaient assombri les
relations à partir du début des années 1990, à cause des activités du
PKK en Suisse, puis de la polémique autour des évènements de 1915 en
Turquie. La reconnaissance du génocide arménien par le Grand Conseil
vaudois puis par le Conseil national en 2003 avait jeté un froid et
conduit l'annulation des visites officielles agendées pour Micheline
Calmy-Rey et Joseph Deiss. En 2007, la condamnation par un tribunal
vaudois de l'activiste turc Dogu Perincek, avait suscité une nouvelle
montée de tension.
Relchement sur la question du génocide des Arméniens
Les Turcs se sont depuis l'été 2007 singulièrement décrispés sur la
question arménienne. La visite du ministre turc des Affaires
étrangères intervient à la veille de l'ouverture, à Winterthour, d'un
nouveau procès qui voit trois de ses compatriotes accusés à nouveau de
négation du génocide, sans que cela émeuve leur
gouvernement. Interrogé à ce sujet, Ali Babacan a répondu que la
Turquie avait proposé que des historiens des deux pays se réunissent
pour étudier la question. L'histoire doit être étudiée par les
historiens et pas par les politiques, a-t-il lancé, «on ne peut pas
voter sur l'histoire dans les parlements». Il ne l'a pas précisé, mais
l'on sait par ailleurs que les Turcs se sont intéressés, à titre
d'exemple, aux travaux de la commission Bergier sur la politique de la
Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ali Babacan et Micheline Calmy-Rey ont également aplani les
difficultés à propos du PKK, reconnu comme mouvement terroriste par
l'OTAN, l'UE et les USA, alors que la Suisse ne connaît pas ce genre
de classification. Les deux interlocuteurs ont convenu d'intensifier
leur collaboration dans la lutte contre le terrorisme.
C'est, d'une façon plus générale, l'ensemble des relations qui promet
de s'intensifier entre les deux pays, notamment dans les domaines de
la politique énergétique, de l'environnement, des migrations, de la
lutte contre le crime organisé, de la coopération judiciaire et de la
culture, avec des rencontres plus fréquentes à tous les niveaux. Cette
évolution ne peut que sourire aux milieux économiques, qui ont de tous
temps déplorés les fcheries politiques. On compte 400 entreprises
suisses installées en Turquie, qui occupent plus de 10000
personnes. Un accord de double imposition a été signé ce printemps.
L'intérêt est également évident sur le plan diplomatique de collaborer
avec un partenaire occupant une position clé entre l'Orient et
l'Occident, très au fait de la situation au Sud-Caucase et au
carrefour des circuits de l'énergie.
Vendredi 12 Septembre 2008
Relations à nouveau au beau fixe entre la Suisse et la Turquie
DIPLOMATIE. Les fcheries sont oubliées. Micheline Calmy-Rey a signé à
Berne un accord prévoyant l'intensification des relations avec Ankara.
par D. S. Miéville
La visite de travail jeudi à Berne du ministre turc des Affaires
étrangères, Ali Babacan, témoigne que les relations entre la Suisse et
la Turquie sont entrées dans une phase de net réchauffement, si ce
n'est de franche collaboration. Elle prélude à une intensification des
contacts entre Berne et Ankara, où Doris Leuthard, puis Pascal
Couchepin se rendront cet automne. La visite du second s'inscrira dans
le cadre du quatre-vingtième anniversaire de l'établissement des
relations diplomatiques entre les deux Etats.
On est loin des incidents et des bouderies qui avaient assombri les
relations à partir du début des années 1990, à cause des activités du
PKK en Suisse, puis de la polémique autour des évènements de 1915 en
Turquie. La reconnaissance du génocide arménien par le Grand Conseil
vaudois puis par le Conseil national en 2003 avait jeté un froid et
conduit l'annulation des visites officielles agendées pour Micheline
Calmy-Rey et Joseph Deiss. En 2007, la condamnation par un tribunal
vaudois de l'activiste turc Dogu Perincek, avait suscité une nouvelle
montée de tension.
Relchement sur la question du génocide des Arméniens
Les Turcs se sont depuis l'été 2007 singulièrement décrispés sur la
question arménienne. La visite du ministre turc des Affaires
étrangères intervient à la veille de l'ouverture, à Winterthour, d'un
nouveau procès qui voit trois de ses compatriotes accusés à nouveau de
négation du génocide, sans que cela émeuve leur
gouvernement. Interrogé à ce sujet, Ali Babacan a répondu que la
Turquie avait proposé que des historiens des deux pays se réunissent
pour étudier la question. L'histoire doit être étudiée par les
historiens et pas par les politiques, a-t-il lancé, «on ne peut pas
voter sur l'histoire dans les parlements». Il ne l'a pas précisé, mais
l'on sait par ailleurs que les Turcs se sont intéressés, à titre
d'exemple, aux travaux de la commission Bergier sur la politique de la
Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ali Babacan et Micheline Calmy-Rey ont également aplani les
difficultés à propos du PKK, reconnu comme mouvement terroriste par
l'OTAN, l'UE et les USA, alors que la Suisse ne connaît pas ce genre
de classification. Les deux interlocuteurs ont convenu d'intensifier
leur collaboration dans la lutte contre le terrorisme.
C'est, d'une façon plus générale, l'ensemble des relations qui promet
de s'intensifier entre les deux pays, notamment dans les domaines de
la politique énergétique, de l'environnement, des migrations, de la
lutte contre le crime organisé, de la coopération judiciaire et de la
culture, avec des rencontres plus fréquentes à tous les niveaux. Cette
évolution ne peut que sourire aux milieux économiques, qui ont de tous
temps déplorés les fcheries politiques. On compte 400 entreprises
suisses installées en Turquie, qui occupent plus de 10000
personnes. Un accord de double imposition a été signé ce printemps.
L'intérêt est également évident sur le plan diplomatique de collaborer
avec un partenaire occupant une position clé entre l'Orient et
l'Occident, très au fait de la situation au Sud-Caucase et au
carrefour des circuits de l'énergie.