WASHINGTON ENCOURAGE TURCS ET ARMENIENS SUR LA VOIE DE LA NORMALISATION
par Marchand, Laure
Le Figaro
Mardi 7 Avril 2009
France
Le rapprochement pourrait se concretiser par l'ouverture de la
frontière et le retablissement de liens diplomatiques. Mais le
processus reste fragile.
BARACK OBAMA
a evite le mot qui fâche. Hier, a Ankara, il s'est arrete juste
avant d'employer le terme " genocide " pour qualifier les massacres
des evenements de 1915. Mais, a-t-il explique, " mes positions
sont connues, elles n'ont pas change ". Au cours de sa campagne
electorale, le candidat a la Maison-Blanche avait declare sur son
site : " Le genocide armenien ne constitue pas une allegation, une
opinion personnelle ou un point de vue, mais plutôt un fait largement
documente par un ensemble de preuves historiques accablantes. "
Aux côtes du president turc, Abdullah Gul, l'hôte d'Ankara a prefere
encourager les negociations dans lesquelles la Turquie et l'Armenie
sont engagees pour normaliser leurs relations. À Istanbul, dans la
soiree, il a d'ailleurs rencontre les ministres des affaires etrangères
des deux pays, les exhortant a trouver " rapidement " un accord.
La " diplomatie du football "
La Turquie et l'Armenie n'entretiennent pas de relations
diplomatiques. Ankara a ferme la frontière avec son voisin en 1993
pour protester contre l'occupation par Erevan de la province du
Haut-Karabakh, a majorite armenienne, en Azerbaïdjan. Par la suite,
le contentieux sur les massacres d'Armeniens commis sous l'Empire
ottoman pendant la Première Guerre mondiale, qualifie côte turc de "
soi-disant genocide ", avait envenime leurs relations. Aujourd'hui,
les deux pays ont entame un processus de normalisation. Ces discussions
ont ete gardees secrètes, mais le rapprochement se ferait en trois
etapes, selon plusieurs sources diplomatiques. Erevan et Ankara se
seraient mis d'accord pour rouvrir leur frontière commune.
Les liens diplomatiques seront egalement retablis : ils passeront soit
par l'ouverture d'une ambassade turque a Erevan, soit par l'ambassadeur
turc en Georgie. Enfin, hier, Abdullah Gul a reitere la proposition
turque de constituer une commission mixte, composee d'historiens
turcs et armeniens, afin d'etudier les archives ottomanes de 1915.
Le rapprochement a commence il y a plusieurs mois. En septembre 2008,
Abdullah Gul avait accepte une invitation du president armenien, Serge
Sarkissian. Dans le stade d'Erevan, côte a côte, ils avaient assiste
a un match de football entre leurs equipes nationales. Cette visite,
saluee comme " historique ", avait consacre la " diplomatie du football
". Les echanges entre les ministres des Affaires etrangères turc et
armenien se sont intensifies depuis.
" Aujourd'hui, l'Union europeenne, les Etats-Unis et la Russie
soutiennent de concert le rapprochement, explique Noyan Soyak,
president du Conseil turco-armenien de developpement. J'espère
qu'aucune interference exterieure ne le fera s'ecrouler. " La
reconnaissance du genocide armenien par la Chambre des representants,
aux Etats-Unis, ou par Barack Obama le 24 avril, jour de commemoration
des evenements de 1915, rendrait " la tâche du gouvernement turc
difficile ", precise Sabiha Gundogar a la Fondation turque des etudes
economiques et sociales.
par Marchand, Laure
Le Figaro
Mardi 7 Avril 2009
France
Le rapprochement pourrait se concretiser par l'ouverture de la
frontière et le retablissement de liens diplomatiques. Mais le
processus reste fragile.
BARACK OBAMA
a evite le mot qui fâche. Hier, a Ankara, il s'est arrete juste
avant d'employer le terme " genocide " pour qualifier les massacres
des evenements de 1915. Mais, a-t-il explique, " mes positions
sont connues, elles n'ont pas change ". Au cours de sa campagne
electorale, le candidat a la Maison-Blanche avait declare sur son
site : " Le genocide armenien ne constitue pas une allegation, une
opinion personnelle ou un point de vue, mais plutôt un fait largement
documente par un ensemble de preuves historiques accablantes. "
Aux côtes du president turc, Abdullah Gul, l'hôte d'Ankara a prefere
encourager les negociations dans lesquelles la Turquie et l'Armenie
sont engagees pour normaliser leurs relations. À Istanbul, dans la
soiree, il a d'ailleurs rencontre les ministres des affaires etrangères
des deux pays, les exhortant a trouver " rapidement " un accord.
La " diplomatie du football "
La Turquie et l'Armenie n'entretiennent pas de relations
diplomatiques. Ankara a ferme la frontière avec son voisin en 1993
pour protester contre l'occupation par Erevan de la province du
Haut-Karabakh, a majorite armenienne, en Azerbaïdjan. Par la suite,
le contentieux sur les massacres d'Armeniens commis sous l'Empire
ottoman pendant la Première Guerre mondiale, qualifie côte turc de "
soi-disant genocide ", avait envenime leurs relations. Aujourd'hui,
les deux pays ont entame un processus de normalisation. Ces discussions
ont ete gardees secrètes, mais le rapprochement se ferait en trois
etapes, selon plusieurs sources diplomatiques. Erevan et Ankara se
seraient mis d'accord pour rouvrir leur frontière commune.
Les liens diplomatiques seront egalement retablis : ils passeront soit
par l'ouverture d'une ambassade turque a Erevan, soit par l'ambassadeur
turc en Georgie. Enfin, hier, Abdullah Gul a reitere la proposition
turque de constituer une commission mixte, composee d'historiens
turcs et armeniens, afin d'etudier les archives ottomanes de 1915.
Le rapprochement a commence il y a plusieurs mois. En septembre 2008,
Abdullah Gul avait accepte une invitation du president armenien, Serge
Sarkissian. Dans le stade d'Erevan, côte a côte, ils avaient assiste
a un match de football entre leurs equipes nationales. Cette visite,
saluee comme " historique ", avait consacre la " diplomatie du football
". Les echanges entre les ministres des Affaires etrangères turc et
armenien se sont intensifies depuis.
" Aujourd'hui, l'Union europeenne, les Etats-Unis et la Russie
soutiennent de concert le rapprochement, explique Noyan Soyak,
president du Conseil turco-armenien de developpement. J'espère
qu'aucune interference exterieure ne le fera s'ecrouler. " La
reconnaissance du genocide armenien par la Chambre des representants,
aux Etats-Unis, ou par Barack Obama le 24 avril, jour de commemoration
des evenements de 1915, rendrait " la tâche du gouvernement turc
difficile ", precise Sabiha Gundogar a la Fondation turque des etudes
economiques et sociales.