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Mehmet Ali Birand : Qui A Trompe Qui Dans Les Rencontres Secrètes ?

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    MEHMET ALI BIRAND : QUI A TROMPE QUI DANS LES RENCONTRES SECRÈTES ?
    par Jean Eckian

    armenews
    mardi6 avril 2010
    TURQUIE

    Ce texte est la seconde partie (1) d'un article paru dans Hurriyet
    Daily News. Mehmet Ali Birand pose une question dont la reponse nous
    paraît evidente "qui ment dans cette histoire ? "

    Il se questionne sur l'evolution du processus des protocoles signes
    par l'Armenie et la Turquie et dont la ratification semble etre sur
    une voie de garage.

    L'interview de Davutoglu est pleine d'enseignement : le ministre
    turc des affaires etrangères essaie d'en rejeter la faute sur
    Serge Sarkissian ou le Conseil Constitutionnel Armenien (il oublie
    probablement la diaspora).

    Soit il est sincère, et il explique pourquoi les Turcs signent autant
    de traites qu'ils ne respectent jamais. Contrairement a l'approche
    universelle qui consiste a prendre d'abord ce qui est ecrit dans
    les conventions pour le règlement des litiges, Davutoglu voudrait
    qu'on tienne compte de ce qu'on a sous entendu, ou de ce qui est
    implicite ou meme de ce qu'on a dit, meme si ce n'est pas ecrit,
    lors des negociations !

    Soit il fait mine de s'engager, lors de la signature des contrats,
    tout en imaginant deja ce qu'il dira pour ne pas avoir a respecter
    ses engagements.

    La dernière fois que la diplomatie turque a trouve en face d'elle des
    hommes politiques capables de leur tenir tete, c'etait a Sèvres en
    1920. Depuis, on fait mine de les croire meme quand les diplomates et
    hommes politiques mentent effrontement [le comportement des executifs
    et des parlements US et britanniques sur le Genocide sont sur ce
    point exemplaires]. Ils n'ont donc aucune raison de se gener...

    Qui a trompe qui dans les rencontres secrètes ?

    par Mehmet Ali Birand

    Erevan

    2 avril 2010

    Il y a une seule raison pour laquelle les protocoles entre la Turquie
    et l'Armenie ne sont pas approuves et que l'initiative armenienne
    est restee la où elle a commence.

    Y a-t-il un lien entre l'approbation et la mise en application des
    protocoles et la question du Karabagh ?

    Tandis que les Armeniens disent qu'on les avait rassures au cours des
    negociations qu'il n'y avait aucun lien de la sorte, les Turcs disent
    que meme si cela n'etait pas expressement ecrit dans le texte signe,
    les Armeniens etaient informes qu'un tel lien existait.

    Les Azerbaïdjanais de leur côte disent que la Turquie ne les avait
    pas informes de cet accord et qu'ils ne l'ont decouvert après la
    signature de ces textes auxquels ils se sont opposes.

    Ankara est très clair sur ce point et dit que les Azerbaïdjanais
    etaient constamment informes et Bakou a reagi plus tard.

    Il est difficile de discerner qui dit la verite. Comme nous ne
    pouvons pas reunir les trois parties assises autour d'une table et
    leur demander "qu'avez-vous dit, quand l'avez-vous dit ?" chacune
    des parties doit croire son gouvernement.

    A diverses occasions, j'ai parle aux officiels de ces trois pays,
    resumant les declarations de chacun d'entre eux. C'est votre
    decision...

    Les Turcs disent. "Nous n'avons pas de permission a demander a Bakou
    pour notre politique".

    Les officiels armeniens qui ont litteralement participe aux
    negociations avec la delegation turque sont très clairs sur ce point.

    Ils disent qu'il n'y a aucun lien ou condition liee a la signature
    et a la mise en application des protocoles et la question du Karabagh
    ou de quelconques progrès qui s'y rapportent.

    L'un d'entre eux a meme dit a la delegation turque et a d'autres ces
    choses interessantes :

    "Nous avons demande aux Turcs : 'que se passera-t-il avec les
    Azerbaïdjanais s'ils s'opposent ? ' Ils ont très clairement declare
    'ne vous inquietez pas, nous nous en sommes occupe. Si nous pouvons
    nous mettre d'accord sur une politique entre nous nous ne demanderons
    pas la permission aux Azerbaïdjanais. 'Nous avons prepare l'accord
    sans aucune condition avec la seule idee de commencer. Rien d'autre
    n'aurait pu etre accepte de toute facon. Les protocoles seraient
    signes d'abord, puis les relations diplomatiques etablies et la
    Commission d'Historiens mise en place. Nous avons ete surpris quand
    tout a coup la Turquie, devant la vive reaction des Azerbaïdjanais,
    introduisit la condition du Karabagh."

    Un autre officiel armenien est alle meme plus loin, disant : "lors
    de la rencontre de Davos, nous avons dit au premier ministre Erdogan
    qu'il n'y aurait pas de lien entre le Karabagh et ces protocoles. Puis
    nous l'avons dit a Gul quand il est venu ici. Et nous l'avons repete
    a Prague."

    Vous vous souvenez peut-etre qu'a Genève, la ceremonie de signature
    s'est trouvee en danger. Il fut alors declare que les parties ne
    parvenaient pas a se mettre d'accord sur les discours qui devaient
    suivre et qu'ils ont ete annules.

    Que s'est-il donc passe qui a cause ce retard ?

    "Nous avons envoye le discours prepare par nous a la partie turque a
    l'avance, mais le leur n'est arrive que dix minutes avant et nous nous
    sommes apercu que leur discours contenait des phrases qui abordaient
    indirectement les questions du Karabagh et du Genocide. C'est ainsi
    que nous avons objecte et annule les deux discours et en sommes reste
    aux signatures. Cette attitude etait un signe que nous n'avons pas
    accepte le prealable ou le lien entre les deux", a dit l'officiel
    armenien a qui nous avons rappele la Cour Constitutionnelle Armenienne.

    Il reprit en disant : "vous vous trompez, la première phrase de la
    cour declare que ces protocoles sont conformes a la constitution."

    Mais que dire alors des autres mises en garde ? Qu'en est-il du
    passage relatif a la Commission d'Historiens et de l'objection a
    accepter les frontières avec leur trace actuel ?

    "La cour ne va pas au-dela d'une mise en garde en termes extremement
    obscurs. Et nous en avons indique le sens aux Turcs. La Turquie en
    fait une question parce qu'elle essaie de trouver une raison a son
    attitude presente. Mais elle sait que son contenu ne represente pas
    un obstacle."

    La Turquie nous a informes trop tard

    L'attitude des Azerbaïdjanais sur ce point est très differente.

    J'ai rencontre Ramiz Mehdiyev, le secretaire d'etat du palais
    presidentiel, a Istanbul et lui ai pose la meme question. 'La Turquie
    dit qu'elle vous a constamment tenus informes. Quand avez-vous entendu
    parler la première fois des protocoles ?'

    A vrai dire, il y avait dans la reponse qu'il a donnee des passages
    qui n'etaient pas clairs. Il y a quelque confusion entre les officiels
    azerbaïdjanais du Ministère des Affaires Etrangères et ceux du palais
    presidentiel.

    Selon le palais presidentiel, la phase initiale des protocoles a ete
    faite en avril 2009 et l'information initiale leur en est parvenue
    en juin 2009. Et il n'y a ete donne par la suite aucune information
    detaillee dans la periode avril-juin 2009, pas meme lors de la visite
    de Babacan en avril ou celle d'Erdogan a Bakou. Des informations
    detaillees ont ete donnees la première fois en juin et les protocoles
    signes en octobre 2009.

    Le Ministère des Affaires Etrangères Azerbaïdjanais a dit sur un
    ton legèrement embarrasse que lors de sa visite a Bakou d'avril 2009
    (après l'initialisation des protocoles) Babacan avait donne quelques
    informations de base. Mais après avoir compare les dates, il a repris
    la position du palis presidentiel.

    Ma seconde question a ete : " pourquoi avez-vous eu cette vive reaction
    ? L'ouverture des frontières avec l'Armenie et l'influence croissante
    de la Turquie ne vous sont-elles pas favorables ?"

    La reponse de Mehdiyev a ete très sincère et juste : "C'est de la
    politique. C'est la politique qui nous a dicte cette vive reaction," et
    il a poursuivi : "quand en 1993 les Armeniens sont alles au Karabagh,
    la Turque a ferme ses portes. Pour nous, c'etait un signe d'Ankara
    montrant que les frontières ne seraient rouvertes qu'une fois la
    question du Karabagh resolue. C'est pour cela que nous avons ete
    surpris. Et en plus, vous devriez savoir qu'une vive reaction vous
    etait bonne pour vous. Cela vous a rappele qui est votre vrai alliee".

    Telle est l'approche de l'Azerbaïdjan.

    Il est evident qu'il y a quelque confusion.

    "Nous etions très ouverts avec les Armeniens et Les Azeris"

    Voyons a present les explications des officiels turcs.

    S'il s'agit de regarder les choses attentivement, vous aurez note que
    les Armeniens et les Azerbaïdjanais ont fait de serieuses allegations
    concernant l'approche turque.

    Selon les officiels de ces etats, la Turquie n'a pas tenu ses
    promesses.

    Si nous devons croire les declarations, la Turquie a change de
    direction après avoir signe les protocoles avec les Armeniens et
    après que les Azeris aient proteste. Le premier ministre ne doit
    pas avoir prevu une telle reaction de Bakou etant donne qu'il s'est
    immediatement rendu auprès d'Aliyev pour mettre au point le protocole !

    C'est vrai ca ?

    J'ai pose la meme question aux officiels du ministère des affaires
    etrangères et au Ministre des Affaires Etrangères Davutoglu qui
    etaient impliques dans les negociations depuis le debut.

    'Il n'y a pas eu de prealable ou de lien avec la question du Karabagh.

    Il n'y a aucune preuve ecrite. Parce que les Armeniens ne l'auraient
    pas accepte mais notre president a clairement declare que les
    relations Turquie et Armenie ne seraient engagees avant les relations
    de l'Azerbaïdjan et de l'Armenie, c'est a dire tant que la question
    du Karabagh ne sera pas resolue. A presque toutes les rencontres,
    nous avons laisse entendre aux Armeniens a divers niveaux que meme si
    rien n'est declare explicitement, un tel lien etait necessaire pour
    soutenir le moral. Une relation differente ne serait pas possible,"
    disent les officiels turcs qui insistent egalement qu'il serait
    impossible d'imaginer une politique dans laquelle nous tournerions
    le dos aux Azeris ou les vendre pour des motifs politiques.

    Selon le Ministre des Affaires Etrangères, c'est l'Armenie qui a
    embrouille l'affaire.

    "Sarkissian a considere ces protocoles comme un investissement et l'a
    pris par le mauvais bout. Le Parlement turc devrait les approuver en
    premier, disent-ils [les Armeniens ont fait cette declaration après la
    condition du Karabagh faite par la Turquie, MAB]. Alors, la decision
    de la Cour Constitutionnelle est venue qui a eclipse les protocoles.

    Sarkissian ne s'est pas comporte avec de bonnes intentions."

    Alors, les Azeris ont-ils ete bien informes ?

    Davutoglu m'a dit plusieurs fois que nos amis azerbaïdjanais ont ete
    constamment informes et que rien n'etait tenu secret.

    S'ils etaient informes, alors pourquoi auraient-ils eu une telle
    reaction ?

    La position de la partie turque est sur ce point inconfortable.

    Ils pensent que les Azeris se sont inutilement laisse aller a cette
    reaction.
Working...
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