Turquie : Mobilisation en faveur d'enfants kurdes lourdement condamnés
pour terrorisme
TURQUIE
dimanche18 avril 2010, par Stéphane/armenews
Berivan, une jeune Kurde de 16 ans accusée d'avoir participé à une
manifestation où on lançait des pierres, pourrait rester sept ans en
prison si le gouvernement turc oublie sa promesse de changer la loi
comme le réclament des organisations humanitaires.
"Ils m'ont mis un foulard sur le nez (la loi interdit de se cacher le
visage lorsqu'il y a une manifestation), ils m'ont prise en photo,
m'ont menacée et je n'ai rien pu dire" : c'est le message que cette
jeune fille a, de sa prison, fait passer à sa mère, explique Kezban
Yilmaz, l'avocate de l'Association des droits de l'homme (IHD), basée
à Diyarbakir, la grande ville du sud-est.
Comme des centaines d'enfants ou d'adolescents mineurs kurdes, Berivan
a été jugée comme une adulte, selon la loi antiterroriste, après une
interpellation lors des nombreuses manifestations souvent violentes
dans les régions kurdes de Turquie.
C'était le 9 octobre 2009 : on manifestait dans plusieurs villes du
sud-est contre la détention du chef du mouvement rebelle kurde PKK
(Parti des travailleurs du Kurdistan), Abdullah Öcalan, et Berivan
était de passage à Batman, en visite chez sa tante...
"Elle n'a rien d'une terroriste. C'est une enfant. Chaque fois que
quelqu'un vient la voir, elle croit qu'on vient la chercher pour la
sortir de prison !", ajoute Me Yilmaz.
Selon l'IHD, en 2009, 1.300 enfants ont été arrêtés à Diyarbakir, et
100 ans de prison ont été requis contre 13 mineurs détenus
actuellement à la prison de Midyat.
"Je connais 450 dossiers de mineurs en cours de jugement dans le cadre
de la loi antiterroriste", indique Me Yilmaz.
F.G., 16 ans au moment des faits, a été arrêté en juillet 2008 après
une manifestation de colère parce qu'on avait "rasé la tête" du détenu
Öcalan, explique son père.
Il a été condamné à sept ans et demi de prison pour jets de pierre sur
les forces de sécurité lors de cette manifestation et d'une
précédente, le 28 mars 2006.
"Membre ou pas du PKK, on considère qu'il a agi en faveur du PKK",
explique son père.
"Quand ils sortent de prison, ce sont des militants. Ils se disent :
pourquoi est-ce que je suis là ? C'est parce que je suis kurde !",
affirme le père de M.U., lui aussi condamné pour les mêmes faits à 7
ans de prison, mais en liberté conditionnelle après 10 mois de
détention.
"Mon fils n'avait rien à voir avec le PKK, mais il s'est radicalisé.
Il a été battu par la police", raconte-t-il avant d'ajouter : "Je
préfère qu'il soit dans la montagne (avec le PKK) plutôt qu'en
prison..."
"Les gamins voient leurs parents harcelés, battus par la police, c'est
pour ça qu'ils lancent des pierres", accuse Behcet Kaya, 55 ans, un
des milliers de déplacés par le conflit, qui habite la banlieue de
Diyarbakir.
Dans son rapport 2009 sur la Turquie, Amnesty International souligne,
en citant les archives officielles, que "des enfants dès 12 ans ont
été jugés par des tribunaux pour adultes, selon la même procédure que
les adultes, en contravention avec la loi turque de protection de
l'enfance et la convention de l'ONU sur les droits des enfants".
Amnesty demande que la loi soit changée et signale aussi des périodes
de détention préventive de mineurs qui ont duré plus d'un an, et des
témoignages de torture sur mineurs.
Fin 2009, le gouvernement a commencé à discuter avec l'opposition
d'une modification de la loi.
Les mineurs ne seraient plus jugés par des tribunaux pour adultes et,
au cas par cas, les peines de prison seraient commuées en amendes ou
réduites.
Mais le processus est en panne, tout comme un plan annoncé en novembre
par le gouvernement pour octroyer plus de droits à la minorité kurde.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
pour terrorisme
TURQUIE
dimanche18 avril 2010, par Stéphane/armenews
Berivan, une jeune Kurde de 16 ans accusée d'avoir participé à une
manifestation où on lançait des pierres, pourrait rester sept ans en
prison si le gouvernement turc oublie sa promesse de changer la loi
comme le réclament des organisations humanitaires.
"Ils m'ont mis un foulard sur le nez (la loi interdit de se cacher le
visage lorsqu'il y a une manifestation), ils m'ont prise en photo,
m'ont menacée et je n'ai rien pu dire" : c'est le message que cette
jeune fille a, de sa prison, fait passer à sa mère, explique Kezban
Yilmaz, l'avocate de l'Association des droits de l'homme (IHD), basée
à Diyarbakir, la grande ville du sud-est.
Comme des centaines d'enfants ou d'adolescents mineurs kurdes, Berivan
a été jugée comme une adulte, selon la loi antiterroriste, après une
interpellation lors des nombreuses manifestations souvent violentes
dans les régions kurdes de Turquie.
C'était le 9 octobre 2009 : on manifestait dans plusieurs villes du
sud-est contre la détention du chef du mouvement rebelle kurde PKK
(Parti des travailleurs du Kurdistan), Abdullah Öcalan, et Berivan
était de passage à Batman, en visite chez sa tante...
"Elle n'a rien d'une terroriste. C'est une enfant. Chaque fois que
quelqu'un vient la voir, elle croit qu'on vient la chercher pour la
sortir de prison !", ajoute Me Yilmaz.
Selon l'IHD, en 2009, 1.300 enfants ont été arrêtés à Diyarbakir, et
100 ans de prison ont été requis contre 13 mineurs détenus
actuellement à la prison de Midyat.
"Je connais 450 dossiers de mineurs en cours de jugement dans le cadre
de la loi antiterroriste", indique Me Yilmaz.
F.G., 16 ans au moment des faits, a été arrêté en juillet 2008 après
une manifestation de colère parce qu'on avait "rasé la tête" du détenu
Öcalan, explique son père.
Il a été condamné à sept ans et demi de prison pour jets de pierre sur
les forces de sécurité lors de cette manifestation et d'une
précédente, le 28 mars 2006.
"Membre ou pas du PKK, on considère qu'il a agi en faveur du PKK",
explique son père.
"Quand ils sortent de prison, ce sont des militants. Ils se disent :
pourquoi est-ce que je suis là ? C'est parce que je suis kurde !",
affirme le père de M.U., lui aussi condamné pour les mêmes faits à 7
ans de prison, mais en liberté conditionnelle après 10 mois de
détention.
"Mon fils n'avait rien à voir avec le PKK, mais il s'est radicalisé.
Il a été battu par la police", raconte-t-il avant d'ajouter : "Je
préfère qu'il soit dans la montagne (avec le PKK) plutôt qu'en
prison..."
"Les gamins voient leurs parents harcelés, battus par la police, c'est
pour ça qu'ils lancent des pierres", accuse Behcet Kaya, 55 ans, un
des milliers de déplacés par le conflit, qui habite la banlieue de
Diyarbakir.
Dans son rapport 2009 sur la Turquie, Amnesty International souligne,
en citant les archives officielles, que "des enfants dès 12 ans ont
été jugés par des tribunaux pour adultes, selon la même procédure que
les adultes, en contravention avec la loi turque de protection de
l'enfance et la convention de l'ONU sur les droits des enfants".
Amnesty demande que la loi soit changée et signale aussi des périodes
de détention préventive de mineurs qui ont duré plus d'un an, et des
témoignages de torture sur mineurs.
Fin 2009, le gouvernement a commencé à discuter avec l'opposition
d'une modification de la loi.
Les mineurs ne seraient plus jugés par des tribunaux pour adultes et,
au cas par cas, les peines de prison seraient commuées en amendes ou
réduites.
Mais le processus est en panne, tout comme un plan annoncé en novembre
par le gouvernement pour octroyer plus de droits à la minorité kurde.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress