Le Monde, France
24 avril 2010 samedi
Erevan gèle les protocoles signés avec Ankara
AUTEUR: Gu. P.
Dans une allocution à la nation, le président arménien Serge
Sarkissian a annoncé, jeudi 22 avril, la décision " de ne pas
abandonner, pour le moment, le processus, mais de suspendre la
procédure de ratification des protocoles " signés en octobre 2009, Ã
Zurich entre la Turquie et l'Arménie. Depuis cette date, les textes
encadrant la réconciliation n'ont toujours pas été ratifiés. La
perspective d'un rétablissement des relations diplomatiques entre les
deux pays et d'une réouverture rapide de la frontière commune, fermée
depuis 1993, semble s'éloigner.
Les trois partis qui forment la coalition au pouvoir à Erevan ont
accusé la Turquie de " refuser de ratifier les protocoles sans poser
de conditions préalables et dans un délai raisonnable ", pour
justifier leur décision. L'Arménie reproche à la Turquie d'avoir lié
la ratification des protocoles à un éventuel accord sur le
Nagorny-Karabakh, une province sécessionniste d'Azerbaïdjan contrôlée
par l'Arménie depuis le milieu des années 1990. C'est en soutien à son
allié azerbaïdjanais qu'Ankara avait décidé de fermer sa frontière
orientale avec l'Arménie.
Depuis octobre 2009, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan,
s'est fait l'écho des revendications de l'Azerbaïdjan. Jeudi, il a
assuré que sa " détermination restait inchangée ". " Nous avons
expliqué à plusieurs reprises comment le processus de ratification
pouvait avancer et comment nous pouvons aller vers l'objectif d'une
paix globale dans la région ", a déclaré M. Erdogan à Ankara. Sa
rencontre avec M. Sarkissian à Washington, en marge du sommet sur la
sécurité nucléaire, n'a pas permis d'aplanir les différends.
Conflit larvé
L'Azerbaïdjan, important partenaire énergétique de la Turquie, réclame
un retrait de ses " territoires occupés " du Haut-Karabakh. D'après
les représentants du groupe de Minsk de l'OSCE, chargé des
négociations, de gros progrès ont été réalisés ces derniers mois sur
cette question. En visite à Bakou en début de semaine, le ministre
turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a réaffirmé sa volonté
d'un règlement dans ce conflit larvé dans le Sud-Caucase mais
l'interventionnisme turc est mal perçu à Erevan.
L'annonce de cette suspension de la réconciliation turco-arménienne
intervient à deux jours de l'anniversaire du déclenchement du génocide
de 1915. A cette occasion, le président Barack Obama doit prononcer un
discours. L'emploi du mot génocide, habituellement évité par
Washington, pourrait déclencher la colère d'Ankara. " Je ne pense pas
qu'il le fera ", a estimé, jeudi, M. Erdogan.
24 avril 2010 samedi
Erevan gèle les protocoles signés avec Ankara
AUTEUR: Gu. P.
Dans une allocution à la nation, le président arménien Serge
Sarkissian a annoncé, jeudi 22 avril, la décision " de ne pas
abandonner, pour le moment, le processus, mais de suspendre la
procédure de ratification des protocoles " signés en octobre 2009, Ã
Zurich entre la Turquie et l'Arménie. Depuis cette date, les textes
encadrant la réconciliation n'ont toujours pas été ratifiés. La
perspective d'un rétablissement des relations diplomatiques entre les
deux pays et d'une réouverture rapide de la frontière commune, fermée
depuis 1993, semble s'éloigner.
Les trois partis qui forment la coalition au pouvoir à Erevan ont
accusé la Turquie de " refuser de ratifier les protocoles sans poser
de conditions préalables et dans un délai raisonnable ", pour
justifier leur décision. L'Arménie reproche à la Turquie d'avoir lié
la ratification des protocoles à un éventuel accord sur le
Nagorny-Karabakh, une province sécessionniste d'Azerbaïdjan contrôlée
par l'Arménie depuis le milieu des années 1990. C'est en soutien à son
allié azerbaïdjanais qu'Ankara avait décidé de fermer sa frontière
orientale avec l'Arménie.
Depuis octobre 2009, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan,
s'est fait l'écho des revendications de l'Azerbaïdjan. Jeudi, il a
assuré que sa " détermination restait inchangée ". " Nous avons
expliqué à plusieurs reprises comment le processus de ratification
pouvait avancer et comment nous pouvons aller vers l'objectif d'une
paix globale dans la région ", a déclaré M. Erdogan à Ankara. Sa
rencontre avec M. Sarkissian à Washington, en marge du sommet sur la
sécurité nucléaire, n'a pas permis d'aplanir les différends.
Conflit larvé
L'Azerbaïdjan, important partenaire énergétique de la Turquie, réclame
un retrait de ses " territoires occupés " du Haut-Karabakh. D'après
les représentants du groupe de Minsk de l'OSCE, chargé des
négociations, de gros progrès ont été réalisés ces derniers mois sur
cette question. En visite à Bakou en début de semaine, le ministre
turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a réaffirmé sa volonté
d'un règlement dans ce conflit larvé dans le Sud-Caucase mais
l'interventionnisme turc est mal perçu à Erevan.
L'annonce de cette suspension de la réconciliation turco-arménienne
intervient à deux jours de l'anniversaire du déclenchement du génocide
de 1915. A cette occasion, le président Barack Obama doit prononcer un
discours. L'emploi du mot génocide, habituellement évité par
Washington, pourrait déclencher la colère d'Ankara. " Je ne pense pas
qu'il le fera ", a estimé, jeudi, M. Erdogan.