Y a -t-il une possibilité de guerre en Artsakh ?
HAUT KARABAGH
samedi 26 juin 2010, par Jean Eckian/armenews
"... même si je pense que la guerre est hautement improbable, il ne
faut pas totalement l'exclure."
Par Ara Papian, ancien ambassadeur d'Arménie au Canada
Directeur, Centre `Modus Vivendi'
21 juin 2010
Je suis d'accord avec l'opinion exprimée plusieurs fois selon
laquelle, s'agissant du Karabagh (Artsakh), les politiques suivies par
Ilham Aliyev sont fondées essentiellement sur des questions de
politique intérieure. Ilham, comme son père, appartient à cette école
d'hommes politiques pour qui seul le pouvoir est sacro-saint, offrant
des possibilités d'amasser des fortunes immenses avec un tel statut.
En conséquence, c'est de ce point de vue que l'on doit évaluer la
possibilité qu'Aliyev déclenche la guerre sur le front de l'Artsakh.
Toute guerre comporte des conséquences graves et imprévisibles pour
les autorités au pouvoir. Ilham Aliyev, je crois, n'a pas oublié que
le pouvoir a changé de mains en Azerbaïdjan à cause de la défaite
militaire en Artsakh. Aliyev a-t-il vraiment une quelconque garantie
qu'il pourra mettre le camp arménien à genoux par la guerre ? Je suis
convaincu que ce n'est pas le cas. Qui plus est, la probabilité que
l'Azerbaïdjan puisse perdre encore plus de territoires dans une guerre
est encore plus grande. Essayons d'évaluer ce que coûterait à
l'Azerbaïdjan une hypothétique victoire sur l'Artsakh. Si nous allons
loin, jusqu'à imaginer l'impossible, disons que les forces armées
azerbaïdjanaises s'efforcent de détruire l'armée arménienne (ce qui ne
peut se concevoir, s'agissant d'une armée retranchée sur ses positions
défensives) et se débarrasse de tous les Arméniens d'Artsakh (en
réalité, cette guerre n'est pas seulement entre deux armées, mais
aussi entre deux peuples), quelle serait alors la situation en
Azerbaïdjan ? En plus des dizaines de milliers de morts au cours de la
guerre, l'Azerbaïdjan devrait se retrouver au bord d'un effondrement
économique total. En réalité, l'Azerbaïdjan ne survit aujourd'hui que
grce aux exportations de gaz naturel et de pétrole. Ce n'est que par
leur vente que l'Azerbaïdjan s'arme à présent et montre ses muscles
régulièrement à l'Artsakh et à l'Arménie. Ce qui signifie que puits de
pétrole, oléoducs, gazoducs et autres infrastructures sont des
éléments d'importance stratégique et donc des cibles naturelles.
N'est-il pas évident qu'aux toutes premières heures de la guerre, il
pourrait ne rester, là où elles se trouvaient habituellement, qu'un
amas de ferraille fumant ? Il faut relever que l'Azerbaïdjan ne peut
prendre des contre-mesures équivalentes, dans la mesure où l'économie
arménienne, même avec tous ses points faibles, est incomparablement
moins vulnérable, dans la mesure où nous n'avons pas deux ou trois
structures dont la destruction provoquerait la cessation de nos
exportations, en nous privant de 90% de nos revenus. A côté de cela,
Aliyev n'est pas seulement responsable envers son propre peuple, mais
aussi devant les compagnies étrangères qui ont fait d'énormes
investissements dans ce secteur, et dont beaucoup n'ont pas encore
atteint le seuil de rentabilité. Pourquoi Aliyev aurait-t-il besoin
d'une guerre ? L'Emir de Bakou est tout à fait content de lui,
récoltant les fruits des ressources minières d'un pays entier, tandis
que son peuple vit en état de pauvreté extrême. Aliyev fait usage d'un
anti-arménianisme fanatique pour trouver du soutien à son pouvoir volé
et pour entretenir sa fortune volée. Aliyev est tout simplement un
voleur - ceux qui volent le pouvoir sont tout de même des voleurs - et
ses sentiments sont tiraillés en permanence. C'est pourquoi, même si
je pense que la guerre est hautement improbable, il ne faut pas
totalement l'exclure. Dans une situation de tension, les guerres se
produisent aussi par elles-mêmes. Cependant, à l'occasion d'un
changement délibéré de politique, je pense qu'Aliev pourrait se lancer
dans une telle aventure (il n'y a pas d'autres nom pour cela) dans un
seul cas : celui où sa situation en Azerbaïdjan serait à ce point
affaiblie, qu'il lui serait difficile de reprendre à coup sûr le
pouvoir par la tricherie et les falsifications. Ce qui veut dire qu'il
faut envisager tous les développements politiques de l'Emirat de Bakou
dans la perspective du maintien de la position et de la richesse
d'Aliyev. Au cas où la guerre reste la seule voie pour Ilham Aliyev de
garder sa mainmise sur le pouvoir, il la fera. Cependant, comme il n'y
a presqu'aucune opposition actuellement en Azerbaïdjan, je ne pense
pas que l'Emir ne se sente menacé directement par quiconque. Ilham
Aliyev par lui-même, n'est intéressé aujourd'hui ni par la victoire ni
à fortiori par une défaite de l'armée azerbaïdjanaise. En Orient, les
peuples ne pardonnent pas aux émirs vaincus ; en même temps, rien
n'est aussi dangereux pour les tyrans de l'Orient que les soldats et
les officiers d'une armée victorieuse.
----------------------------------------------------------------
Selon certaines sources, Israêl se servirait des bases aériennes
d'Azerbaïdjan pour frapper les sites nucléaires d'Iran.
Dans le même temps on apprend de sources militaires iraniennes
qu'Israël concentre des troupes au Nord de l'Iran, tandis que le Porte
avion Enterprise croise dans la région.
From: A. Papazian
HAUT KARABAGH
samedi 26 juin 2010, par Jean Eckian/armenews
"... même si je pense que la guerre est hautement improbable, il ne
faut pas totalement l'exclure."
Par Ara Papian, ancien ambassadeur d'Arménie au Canada
Directeur, Centre `Modus Vivendi'
21 juin 2010
Je suis d'accord avec l'opinion exprimée plusieurs fois selon
laquelle, s'agissant du Karabagh (Artsakh), les politiques suivies par
Ilham Aliyev sont fondées essentiellement sur des questions de
politique intérieure. Ilham, comme son père, appartient à cette école
d'hommes politiques pour qui seul le pouvoir est sacro-saint, offrant
des possibilités d'amasser des fortunes immenses avec un tel statut.
En conséquence, c'est de ce point de vue que l'on doit évaluer la
possibilité qu'Aliyev déclenche la guerre sur le front de l'Artsakh.
Toute guerre comporte des conséquences graves et imprévisibles pour
les autorités au pouvoir. Ilham Aliyev, je crois, n'a pas oublié que
le pouvoir a changé de mains en Azerbaïdjan à cause de la défaite
militaire en Artsakh. Aliyev a-t-il vraiment une quelconque garantie
qu'il pourra mettre le camp arménien à genoux par la guerre ? Je suis
convaincu que ce n'est pas le cas. Qui plus est, la probabilité que
l'Azerbaïdjan puisse perdre encore plus de territoires dans une guerre
est encore plus grande. Essayons d'évaluer ce que coûterait à
l'Azerbaïdjan une hypothétique victoire sur l'Artsakh. Si nous allons
loin, jusqu'à imaginer l'impossible, disons que les forces armées
azerbaïdjanaises s'efforcent de détruire l'armée arménienne (ce qui ne
peut se concevoir, s'agissant d'une armée retranchée sur ses positions
défensives) et se débarrasse de tous les Arméniens d'Artsakh (en
réalité, cette guerre n'est pas seulement entre deux armées, mais
aussi entre deux peuples), quelle serait alors la situation en
Azerbaïdjan ? En plus des dizaines de milliers de morts au cours de la
guerre, l'Azerbaïdjan devrait se retrouver au bord d'un effondrement
économique total. En réalité, l'Azerbaïdjan ne survit aujourd'hui que
grce aux exportations de gaz naturel et de pétrole. Ce n'est que par
leur vente que l'Azerbaïdjan s'arme à présent et montre ses muscles
régulièrement à l'Artsakh et à l'Arménie. Ce qui signifie que puits de
pétrole, oléoducs, gazoducs et autres infrastructures sont des
éléments d'importance stratégique et donc des cibles naturelles.
N'est-il pas évident qu'aux toutes premières heures de la guerre, il
pourrait ne rester, là où elles se trouvaient habituellement, qu'un
amas de ferraille fumant ? Il faut relever que l'Azerbaïdjan ne peut
prendre des contre-mesures équivalentes, dans la mesure où l'économie
arménienne, même avec tous ses points faibles, est incomparablement
moins vulnérable, dans la mesure où nous n'avons pas deux ou trois
structures dont la destruction provoquerait la cessation de nos
exportations, en nous privant de 90% de nos revenus. A côté de cela,
Aliyev n'est pas seulement responsable envers son propre peuple, mais
aussi devant les compagnies étrangères qui ont fait d'énormes
investissements dans ce secteur, et dont beaucoup n'ont pas encore
atteint le seuil de rentabilité. Pourquoi Aliyev aurait-t-il besoin
d'une guerre ? L'Emir de Bakou est tout à fait content de lui,
récoltant les fruits des ressources minières d'un pays entier, tandis
que son peuple vit en état de pauvreté extrême. Aliyev fait usage d'un
anti-arménianisme fanatique pour trouver du soutien à son pouvoir volé
et pour entretenir sa fortune volée. Aliyev est tout simplement un
voleur - ceux qui volent le pouvoir sont tout de même des voleurs - et
ses sentiments sont tiraillés en permanence. C'est pourquoi, même si
je pense que la guerre est hautement improbable, il ne faut pas
totalement l'exclure. Dans une situation de tension, les guerres se
produisent aussi par elles-mêmes. Cependant, à l'occasion d'un
changement délibéré de politique, je pense qu'Aliev pourrait se lancer
dans une telle aventure (il n'y a pas d'autres nom pour cela) dans un
seul cas : celui où sa situation en Azerbaïdjan serait à ce point
affaiblie, qu'il lui serait difficile de reprendre à coup sûr le
pouvoir par la tricherie et les falsifications. Ce qui veut dire qu'il
faut envisager tous les développements politiques de l'Emirat de Bakou
dans la perspective du maintien de la position et de la richesse
d'Aliyev. Au cas où la guerre reste la seule voie pour Ilham Aliyev de
garder sa mainmise sur le pouvoir, il la fera. Cependant, comme il n'y
a presqu'aucune opposition actuellement en Azerbaïdjan, je ne pense
pas que l'Emir ne se sente menacé directement par quiconque. Ilham
Aliyev par lui-même, n'est intéressé aujourd'hui ni par la victoire ni
à fortiori par une défaite de l'armée azerbaïdjanaise. En Orient, les
peuples ne pardonnent pas aux émirs vaincus ; en même temps, rien
n'est aussi dangereux pour les tyrans de l'Orient que les soldats et
les officiers d'une armée victorieuse.
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Selon certaines sources, Israêl se servirait des bases aériennes
d'Azerbaïdjan pour frapper les sites nucléaires d'Iran.
Dans le même temps on apprend de sources militaires iraniennes
qu'Israël concentre des troupes au Nord de l'Iran, tandis que le Porte
avion Enterprise croise dans la région.
From: A. Papazian