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    Génocide arménien et loi criminalisant l'esclavage et la traite des Noirs

    INTERNATIONAL

    dimanche2 mai 2010, par Stéphane/armenews

    Le Sénégal a choisi l'année de ses 50 ans d'indépendance pour déclarer
    l'esclavage et la traite négrière, crime contre l'humanité.

    Une loi en ce sens vient d'être adoptée successivement par l'
    Assemblée nationale et le Sénat, faisant du Sénégal un des tout
    premier pays du monde à criminaliser ces pratiques dégradantes.

    Mais aux yeux des spécialistes, il s'agit simplement d'une loi
    symbolique qui n'a pas de portée significative au niveau
    international.

    La traite négrière, dont le Sénégal garde des stigmates, avec île
    historique de Gorée au large de Dakar, désigne le commerce des
    esclaves dont ont été est victimes des millions de Noirs africains
    pendant près de quatre siècles.

    Cette pratique a "fondamentalement" changé l'ordre économique
    mondiale, estime le ministre sénégalais de la Justice, Me El Hadj
    Amadou. Par conséquent, ajoute-t-il, "le devoir de mémoire impose à
    tous les peuples d'Afrique et de la diaspora de ne rien laisser dans
    l'oubli"

    Pour le Sénégalais Karfa Diallo, membre fondateur de la fondation
    européenne du Mémorial de la traite négrière, Diverscités, "cette loi
    arrive tardivement mais elle est quand même la bienvenue". Sa
    fondation avait convaincu le président Wade de faire adopter cette
    loi, au cours d'une rencontre avec lui en février dernier.

    Analysant la portée juridique de cette loi, l'avocat sénégalais Assane
    Ndioba Ndiaye renseigne qu'il se pose un problème "d' opposabilité, de
    reconnaissance internationale".

    "C'est une loi qui restera symbolique au niveau national et qui
    servira de repère historique dans la conscience collective des
    Sénégalais. Mais elle n'aura pas d'effet au niveau international. Un
    peu comme la loi sur le génocide Arménien", affirme-t-il.

    Selon lui, cette loi déclarant l'esclavage et la traite négrière crime
    contre l'humanité peut avoir beaucoup plus d'effet au niveau
    international si elle est portée par des institutions internationales
    comme les Nations Unies, l'Union africain. Néanmoins, estime l'avocat,
    elle servira sur le "principe de réconfort moral pour des générations
    à venir".

    L'historien Ibrahima Seck de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar
    abonde dans le même sens. Pour lui, il est important d'un point de vue
    des principes de voter une telle loi qui "participe au combat pour la
    mémoire".

    Mais, "sur le plan juridique va-t-on pousser la lutte jusqu'à arriver
    un jour à la question de la réparation?", se demande l' universitaire
    qui rappelle que la traite se faisait à travers des réseaux
    d'approvisionnement bien "organisés et intégrés".Donc, quelque part,
    les conséquences sont partagées à propos de ce crime. Car "il y a des
    chefs africains qui ont collaboré à ce commerce", souligne-t-il.

    Quoi qu'il en soit, les populations africaines ont besoin de leur
    mémoire pour construire leur avenir, relève Karfa Diallo car "un
    peuple sans mémoire et un peuple sans avenir".

    C'est pourquoi, renseigne-t-il, "la fondation Diverscités a décidé de
    lancer cette campagne en direction des Etats africains pour déclarer
    l'esclavage et la traite r crime contre l'humanité".

    Le choix du Sénégal par la fondation Diverscités dans cette campagne
    de sensibilisation est stratégique.

    "C'est un pays qui est à l'avant-garde des questions de développement
    et de droit de l'homme en Afrique. C'est pourquoi nous avons estimé
    que le Sénégal ferait une bonne porte d'entrée en Afrique et, une fois
    qu'il vote la loi, ça peut faire tche d' huile en direction des
    autres pays africains" confie M.Diallo.

    La France est le seul pays au monde à avoir légiféré en 2001 sur
    l'esclavage et la traite négrière, avec la loi Taubira, du nom de la
    députée Guyanaise, Christian Taubira (candidate du parti radical de
    gauche en 2002).
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