LE GENOCIDE ARMENIEN, UNE HISTOIRE COMMUNE POUR LES JEUNES GENERATIONS
Stephane
armenews
4 mai 2010
FRANCE
PARIS - Ils ont entre 20 et 25 ans : Francais d'origine armenienne,
leur generation n'a pas connu les survivants des massacres de
1915-1917, et pourtant ils adhèrent a la memoire familiale avec
parfois une posture plus militante que leurs parents pour reclamer
la reconnaissance du genocide.
Sur la place de la Republique, a Paris, Thade Gharapetian assiste a
la veillee organisee vendredi par plusieurs associations de jeunesse
armenienne. Lorsqu'il etait etudiant, cet ingenieur de 24 ans a milite
au sein d'une de ces organisations, comme de nombreux jeunes de son
âge, pour que le "genocide" armenien soit reconnu.
"Notre generation a grandi avec le sentiment qu'il y avait la une chose
a defendre. On a vraiment l'impression d'avoir une histoire commune",
explique-t-il a un journaliste de l'AFP. De fait, dans chaque famille,
les memoires regorgent de souvenirs douloureux et d'anecdotes transmis
de generation en generation.
Pour s'y etre beaucoup interesse, Thade connaît par coeur l'histoire
de sa famille. Il raconte avec une emotion contenue comment son
arrière-grand-père, après avoir tente de resister aux soldats turcs,
fut deporte vers les deserts de Syrie avec son epouse enceinte :
elle est morte en accouchant de la future grand-mère de Thade.
Quatre generations se sont succede depuis le genocide. "C'est toujours
bouleversant de se souvenir qu'on a voulu exterminer notre peuple",
temoigne Aris Seropyan, 20 ans. "Mais la souffrance est relative,
car je n'ai jamais connu ces gens. On a seulement les temoignages
que nous ont relayes nos parents ou nos grands-parents", confie-t-il
Pour Aris, "il n'y a plus aucun tabou" aujourd'hui a parler en famille
de cette sombre page d'histoire, alors que, dit-il, les generations
precedentes "n'en parlaient pas".
Son arrière-grand-père, debarque a Marseille, dans le quartier
du Merlan, avant d'y exercer la profession de cordonnier, n'avait
qu'une obsession : "que ses enfants reussissent", explique Aris,
dont le grand-père etait directeur de banque. La mère d'Aris sera
medecin. Le jeune homme, lui, est actuellement etudiant en ecole de
commerce a Nice.
Alors que ses aïeux semblaient vouloir enfouir les souffrances
endurees ainsi qu'une partie de leur identite pour mieux s'integrer
en France, Aris affirme que le besoin de reconnaissance du "genocide"
s'est renforce au sein des jeunes generations.
Helène Boghossian, 25 ans, reconnaît pourtant ne suivre "que d'assez
loin" le debat sur la reconnaissance du "genocide". "Chez nous, on a
adopte un point de vue plus historique qu'emotionnel pour en parler",
explique Helène, journaliste a Paris.
Elle raconte que sa mère "a longtemps habite avec ses deux tantes,
qui n'arretaient pas de ressasser et parlaient sans cesse de +choses
horribles+ et de +grand malheur+. Mais elle savait finalement peu de
choses avant de se replonger la-dedans il y a une dizaine d'annees".
Lorsque sa maman s'est mise a rechercher des photos, des temoignages,
et a construire son arbre genealogique, Helène s'interesse elle aussi
peu a peu a cette reconstitution de la memoire.
Mais contrairement a de nombreux jeunes d'origine armenienne,
elle dit se sentir "assez distante de la communaute", et "beaucoup
moins radicale que certains", se considerant volontiers comme une
"exception".
Ce relatif detachement ne lui fait pas pour autant oublier ses
origines et son identite : "Je me sens appartenir a un peuple",
dit-elle. "La culture reste, a travers la cuisine ou les jeux comme
le backgammon. Mais pour moi, c'est quelque-chose de plus personnel,
de plus intime."
Stephane
armenews
4 mai 2010
FRANCE
PARIS - Ils ont entre 20 et 25 ans : Francais d'origine armenienne,
leur generation n'a pas connu les survivants des massacres de
1915-1917, et pourtant ils adhèrent a la memoire familiale avec
parfois une posture plus militante que leurs parents pour reclamer
la reconnaissance du genocide.
Sur la place de la Republique, a Paris, Thade Gharapetian assiste a
la veillee organisee vendredi par plusieurs associations de jeunesse
armenienne. Lorsqu'il etait etudiant, cet ingenieur de 24 ans a milite
au sein d'une de ces organisations, comme de nombreux jeunes de son
âge, pour que le "genocide" armenien soit reconnu.
"Notre generation a grandi avec le sentiment qu'il y avait la une chose
a defendre. On a vraiment l'impression d'avoir une histoire commune",
explique-t-il a un journaliste de l'AFP. De fait, dans chaque famille,
les memoires regorgent de souvenirs douloureux et d'anecdotes transmis
de generation en generation.
Pour s'y etre beaucoup interesse, Thade connaît par coeur l'histoire
de sa famille. Il raconte avec une emotion contenue comment son
arrière-grand-père, après avoir tente de resister aux soldats turcs,
fut deporte vers les deserts de Syrie avec son epouse enceinte :
elle est morte en accouchant de la future grand-mère de Thade.
Quatre generations se sont succede depuis le genocide. "C'est toujours
bouleversant de se souvenir qu'on a voulu exterminer notre peuple",
temoigne Aris Seropyan, 20 ans. "Mais la souffrance est relative,
car je n'ai jamais connu ces gens. On a seulement les temoignages
que nous ont relayes nos parents ou nos grands-parents", confie-t-il
Pour Aris, "il n'y a plus aucun tabou" aujourd'hui a parler en famille
de cette sombre page d'histoire, alors que, dit-il, les generations
precedentes "n'en parlaient pas".
Son arrière-grand-père, debarque a Marseille, dans le quartier
du Merlan, avant d'y exercer la profession de cordonnier, n'avait
qu'une obsession : "que ses enfants reussissent", explique Aris,
dont le grand-père etait directeur de banque. La mère d'Aris sera
medecin. Le jeune homme, lui, est actuellement etudiant en ecole de
commerce a Nice.
Alors que ses aïeux semblaient vouloir enfouir les souffrances
endurees ainsi qu'une partie de leur identite pour mieux s'integrer
en France, Aris affirme que le besoin de reconnaissance du "genocide"
s'est renforce au sein des jeunes generations.
Helène Boghossian, 25 ans, reconnaît pourtant ne suivre "que d'assez
loin" le debat sur la reconnaissance du "genocide". "Chez nous, on a
adopte un point de vue plus historique qu'emotionnel pour en parler",
explique Helène, journaliste a Paris.
Elle raconte que sa mère "a longtemps habite avec ses deux tantes,
qui n'arretaient pas de ressasser et parlaient sans cesse de +choses
horribles+ et de +grand malheur+. Mais elle savait finalement peu de
choses avant de se replonger la-dedans il y a une dizaine d'annees".
Lorsque sa maman s'est mise a rechercher des photos, des temoignages,
et a construire son arbre genealogique, Helène s'interesse elle aussi
peu a peu a cette reconstitution de la memoire.
Mais contrairement a de nombreux jeunes d'origine armenienne,
elle dit se sentir "assez distante de la communaute", et "beaucoup
moins radicale que certains", se considerant volontiers comme une
"exception".
Ce relatif detachement ne lui fait pas pour autant oublier ses
origines et son identite : "Je me sens appartenir a un peuple",
dit-elle. "La culture reste, a travers la cuisine ou les jeux comme
le backgammon. Mais pour moi, c'est quelque-chose de plus personnel,
de plus intime."