"LA TURQUIE APPARTIENT-ELLE TOUJOURS A L'OCCIDENT?"
Jean Eckian
armenews
20 mai 2010
En marge de la journee du 18 mai consacree a la revendication de la
mise a l'ordre du jour du Senat du projet de loi criminalisant la
negation du genocide des Armeniens, les Nouvelles d'Armenie et l'Arche
avaient organise, plus tôt dans l'après-midi, une conference debat
sur le thème " La Turquie appartient-elle toujours a l'occident ? ".
Reunis dans la salle Gaston Monnerville du palais du Luxembourg,
Frederic Encel (directeur de recherches a l'Institut francais de
geopolitique, professeur de relations internationale a l'Ecole
Superieure de Gestion (ESG) et maître de conference a Sciences Po
Paris), Gaïdz Minassian (chercheur associe a la Fondation pour la
Recherche Strategique (FRS) et maître de conference a Sciences
Po Paris) , Marc Semo, chef du service International au journal
Liberation, et Bernard Guetta, journaliste specialiste de geopolitique
internationale, prix Albert Londres (1981), se sont pretes a l'exercice
de decryptage de l'influence turque, du Caucase au proche Orient.
Sur la question de l'eventuelle entree de la Turquie dans l'Union
Europeenne, deux thèses s'affrontent, tout en se rejoignant en fin
de compte Ainsi, si pour Frederic Encel, l'argumentaire consiste a
en appeler a la reconnaissance du genocide des Armeniens avant toute
chose, pour Bernard Guetta (favorable a l'adhesion), il est desormais
hautement improbable que la Turquie puisse entrer dans l'Union. Du
moins, pas avant 25 a 30 ans. En ligne de mire, " la violence islamiste
qui a considerablement refroidie l'Union Europeenne " et la perspective
d'une exponantielle immigration musulmane. Un elargissement qui serait
porteur de desordre. " La barque est pleine ", dit-il, ajoutant :
" mais qu'on le veuille ou non, la Turquie est un acteur majeur de
la scène internationale. " Un point sur lequel tous les orateurs
convergent a l'exemple du recent rapprochement turco-russe et de
l'hyper activite diplomatique du ministre Davutoglu dans la region.
En cause, un anti-americanisme, selon Marc Semo, " depuis la seconde
guerre d'Iraq et en regard des questions kurdes ". De meme qu'un "
elargissement de l'Otan a l'Est n'est pas une bonne chose pour la
Turquie ", souligne Gaïdz Minassian.
Pour Marc Semo, nous serions en presence d'un " neo abdulhamisme
plutôt que d'un neo ottomanisme, puisque l'Empire [turc] visait
l'Ouest bien avant l'Armenie ". " La population turque a toujours
garde cette memoire d'Empire. Le soft turkish power ", dit-il. Ce a
quoi Gaïdz Minassian ajoute qu' " avec le nationalisme, la Turquie
se heurte a la mondialisation ".
Jean Eckian
armenews
20 mai 2010
En marge de la journee du 18 mai consacree a la revendication de la
mise a l'ordre du jour du Senat du projet de loi criminalisant la
negation du genocide des Armeniens, les Nouvelles d'Armenie et l'Arche
avaient organise, plus tôt dans l'après-midi, une conference debat
sur le thème " La Turquie appartient-elle toujours a l'occident ? ".
Reunis dans la salle Gaston Monnerville du palais du Luxembourg,
Frederic Encel (directeur de recherches a l'Institut francais de
geopolitique, professeur de relations internationale a l'Ecole
Superieure de Gestion (ESG) et maître de conference a Sciences Po
Paris), Gaïdz Minassian (chercheur associe a la Fondation pour la
Recherche Strategique (FRS) et maître de conference a Sciences
Po Paris) , Marc Semo, chef du service International au journal
Liberation, et Bernard Guetta, journaliste specialiste de geopolitique
internationale, prix Albert Londres (1981), se sont pretes a l'exercice
de decryptage de l'influence turque, du Caucase au proche Orient.
Sur la question de l'eventuelle entree de la Turquie dans l'Union
Europeenne, deux thèses s'affrontent, tout en se rejoignant en fin
de compte Ainsi, si pour Frederic Encel, l'argumentaire consiste a
en appeler a la reconnaissance du genocide des Armeniens avant toute
chose, pour Bernard Guetta (favorable a l'adhesion), il est desormais
hautement improbable que la Turquie puisse entrer dans l'Union. Du
moins, pas avant 25 a 30 ans. En ligne de mire, " la violence islamiste
qui a considerablement refroidie l'Union Europeenne " et la perspective
d'une exponantielle immigration musulmane. Un elargissement qui serait
porteur de desordre. " La barque est pleine ", dit-il, ajoutant :
" mais qu'on le veuille ou non, la Turquie est un acteur majeur de
la scène internationale. " Un point sur lequel tous les orateurs
convergent a l'exemple du recent rapprochement turco-russe et de
l'hyper activite diplomatique du ministre Davutoglu dans la region.
En cause, un anti-americanisme, selon Marc Semo, " depuis la seconde
guerre d'Iraq et en regard des questions kurdes ". De meme qu'un "
elargissement de l'Otan a l'Est n'est pas une bonne chose pour la
Turquie ", souligne Gaïdz Minassian.
Pour Marc Semo, nous serions en presence d'un " neo abdulhamisme
plutôt que d'un neo ottomanisme, puisque l'Empire [turc] visait
l'Ouest bien avant l'Armenie ". " La population turque a toujours
garde cette memoire d'Empire. Le soft turkish power ", dit-il. Ce a
quoi Gaïdz Minassian ajoute qu' " avec le nationalisme, la Turquie
se heurte a la mondialisation ".