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Azerbaidjan : Le gouvernement bat en breche son devoir international

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    AZERBAIDJAN : LE GOUVERNEMENT BAT EN BRECHE SON DEVOIR INTERNATIONAL DE PRESERVER LA LIBRE EXPRESSION A LA VEILLE DES ELECTIONS ; AGISSEZ EN FAVEUR D'UN REDACTEUR EMPRISONNE
    Stephane

    armenews
    mercredi10 novembre 2010
    AZERBAIDJAN

    Le redacteur azerbaïdjanais Eynulla Fatullaïev croupit en prison
    depuis avril 2007 sur la foi d'accusations bidon - en depit d'un
    jugement de la Cour europeenne des droits de l'homme (CEDH) cette
    annee qui exigeait sa remise en liberte, selon ce que rapporte
    l'Institut pour la liberte et la sûrete des reporters (Institute for
    Reporters' Freedom and Safety, IRFS). Cette affaire met en lumière
    l'echec du gouvernement azerbaïdjanais, incapable de se conformer
    a ses engagements internationaux en matière de libre expression -
    et risque de saper la legitimite des elections du 7 novembre, disent
    les membres de l'IFEX, dont six groupes sont revenus recemment d'une
    mission d'etude conjointe sur la situation de la libre expression
    dans le pays.

    Fatullaïev purge une peine de huit ans et demi de prison après avoir
    ecrit un article dans lequel il affirmait que l'Azerbaïdjan pourrait
    soutenir une attaque americaine contre l'Iran voisin. Il a ete trouve
    coupable d'avoir profere une menace terroriste, d'incitation a un
    conflit ethnique et d'evasion fiscale. En juillet il a egalement ete
    condamne a 30 mois de prison sur des charges distinctes de possession
    de drogue qu'il soutient etre denuees de fondement.

    La CEDH a statue en avril dernier que l'incarceration de Fatullaïev
    constituait une violation de ses droits a la libre expression et a
    un procès equitable. Le gouvernement a interjete appel du jugement,
    mais le 4 octobre, la Grande Chambre de la Cour europeenne a confirme
    le jugement du 22 avril.

    " En tant qu'Etat membre du Conseil de l'Europe et partie a la Cour
    europeenne des droits de l'homme, l'Azerbaïdjan a l'obligation de se
    conformer " aux jugements de la CEDH, indique une lettre adressee au
    President Ilham Aliïev et signee par 11 organisations internationales
    de defense de la libre expression, dont un grand nombre sont membres
    de l'IFEX. " Nous demandons a votre gouvernement de se conformer
    entièrement au jugement de la CEDH, y compris en liberant immediatement
    et sans condition monsieur Fatullaïev. "

    À ce jour, Fatullaïev est toujours en prison. Dans un texte qu'il a
    ecrit pour commemorer la Journee de solidarite avec les prisonniers
    politiques (30 octobre) et pour expliquer sa recente grève de la
    faim de six jours, il declare : " je veux etre un homme libre et
    je veux voir tous les Azerbaïdjanais etre libres. J'ai epuise tous
    les moyens a ma disposition pour me battre a partir de la prison ;
    bien que cela semble paradoxal, j'ai entrepris ma grève de la faim
    parce que j'aime la vie, parce que je veux survivre, et comme moyen de
    protestation contre un comportement criminel, je n'avais pas d'autre
    moyen de combattre que de commencer une grève de la faim. "

    La Cour supreme d'Azerbaïdjan etudiera a sa session du 11 novembre
    la decision de la CEDH.

    Les membres de l'IFEX denoncent avec persistance l'Azerbaïdjan a
    cause du traitement très sevère qu'il reserve aux medias independants.

    D'après les membres qui sont alles en mission recemment, la situation
    epouvantable de la liberte d'expression dans le pays s'explique par
    un certain nombre de " tendances troublantes ", notamment par la
    pratique qui consiste a emprisonner les journalistes et les blogueurs
    qui emettent des opinions critiques ; par la violence contre les
    journalistes et l'impunite qui protège ceux qui commettent ces
    gestes ; et par l'existence persistante des lois sur la diffamation
    criminelle. De plus, les cas comme celui de Fatullaïev ont un profond
    effet demoralisateur chez les journalistes qui prefèrent ne rien
    ecrire sur certaines affaires par crainte d'un sort similaire.

    Un redacteur qui a parle a la mission d'etude a rapporte qu'il avait
    cesse de compter le nombre de fois qu'il avait ete menace ou attaque.

    Un autre journaliste a dit que " la vie de chaque citoyen ou
    journaliste qui veut etre libre est constamment menacee ". Dans les
    regions a l'exterieur de la capitale, la situation des journalistes
    est encore pire. Ils sont constamment confrontes a la violence et
    aux menaces, et la plupart des incidents ne sont pas rapportes.

    " Il existe une poignee de medias independants qui tentent de
    survivre dans un climat de peur et d'intimidation generalisees ;
    leurs finances sont extremement mauvaises et ils ont un auditoire
    insignifiant. Il faut, de toute urgence, des reformes draconiennes
    ", declare Rodrigo Bonilla, de l'Association mondiale des journaux
    et des editeurs de nouvelles (AMJ-IFRA), qui coordonnait la mission.

    La mission conjointe sur la liberte d'expression a ete menee du 7 au 9
    septembre par des membres du Groupe international de partenariat pour
    l'Azerbaïdjan (International Partnership Group for Azerbaijan). Les
    organisations participantes comprenaient : ARTICLE 19, Freedom House,
    Index on Censorship, la Federation internationale des journalistes,
    Reporters sans frontières, et AMJ-IFRA, qui sont membres de l'IFEX
    ; ainsi que le Media Diversity Institute, les Fondations de l'Open
    Society et le groupe Press Now.

    Ces constatations reflètent les violations documentees dans le rapport
    de 94 pages de Human Rights Watch, " Beaten, Blacklisted, and Behind
    Bars : The Vanishing Space for Freedom of Expression in Azerbaijan "
    (Tabasses, sur la liste noire et derrière les barreaux : L'espace
    evanescent de la liberte d'expression en Azerbaïdjan). Human Rights
    Watch a interviewe plus de 37 journalistes de la presse ecrite et
    de la radio et des redacteurs en juin et a obtenu la preuve que des
    dizaines de journalistes ont ete poursuivis pour diffamation civile et
    penale et autres delits criminels. La police a commis des agressions
    physiques contre des journalistes, s'ingerant de manière deliberee
    dans leurs efforts d'enquete sur des sujets d'interet public.

    " Un debat public vigoureux est vital si on veut des elections libres
    et equitables ", dit l'auteur du rapport, Giorgi Gogia. " Mais vous
    ne pouvez avoir de scrutin libre et equitable lorsque les gens qui
    rapportent la nouvelle sont en prison ou sont harceles pour les forcer
    a garder le silence. "

    L'IRFS surveille les medias pendant la periode electorale, avec le
    soutien de l'OSCE.

    L'IRFS vous demande en outre de signer une lettre de soutien a
    Fatullaïev avant que la Cour supreme n'examine la decision de la CEDH
    le 11 novembre.




    From: A. Papazian
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