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L'Epuration Des Grecs Egeens En 1914 : Un Cas De Turcisation Violent

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  • L'Epuration Des Grecs Egeens En 1914 : Un Cas De Turcisation Violent

    L'éPURATION DES GRECS éGéENS EN 1914 : UN CAS DE TURCISATION VIOLENTE

    Armenian Trends - Mes Arménies
    Publié le : 09-08-2011

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    invite a lire cette information traduite par Georges Festa et publiée
    sur le site 'Armenian Trends - Mes Arménies' le 8 aoÃ"t 2011 2011.

    Photo : Vue de CeÅ~_me, Turquie, 2005 © fr.wikipedia.org

    L'épuration des Grecs égéens en 1914 : un cas de turcisation
    violente

    par Matthias Bjørnlund

    Journal of Genocide Research, vol. 10, n° 1, mars 2008

    En 1992, l'historien grec Ioannis Hassiotis écrivait : Â" Bizarrement,
    les historiens grecs et arméniens traitent les premières
    persécutions des Grecs en 1913-14 et le génocide arménien de
    1915 comme des phénomènes isolés. Â" (1) Cette tendance a traiter
    en tant que phénomènes isolés divers aspects de la politique du
    Comité Union et Progrès (CUP), que je qualifierais de Â" turcisation
    violente Â" - la politique interconnectée d'épuration ethnique et
    de génocide, par exemple, visant a l'homogénéisation de l'empire
    ottoman - n'est pas nouvelle et ne se rencontre pas seulement dans
    les écrits des scientifiques grecs et arméniens. Avant, pendant et
    après la Seconde Guerre mondiale, une grande partie des diplomates,
    missionnaires, etc., principalement occidentaux, présents dans
    l'empire, témoigneront et signaleront en premier lieu cet aspect
    spécifique de la politique du CUP que fut le génocide arménien -
    un fait souvent reflété dans les études scientifiques, lesquelles
    tendent de même a se focaliser davantage sur cet événement que sur
    la persécution d'autres groupes (2). Deux raisons principales a cela,
    semble-t-il : 1) avant, pendant et après le génocide arménien, un
    grand nombre de ces observateurs (en particulier, les missionnaires)
    Å"uvraient parmi les Arméniens, et non les Grecs et les Assyriens ;
    et 2) ces observateurs étaient donc généralement plus réceptifs
    aux souffrances de ceux parmi lesquels ils avaient littéralement
    bâti leur existence et se trouvaient dans des emplacements
    géographiques d'où ils pouvaient surtout observer la destruction
    des Arméniens. Troisième motif, beaucoup d'entre eux observèrent le
    génocide arménien, avec ses massacres et ses marches de mort très
    fréquents, a grande échelle et systématiques, comme plus condensé
    dans le temps et plus radical dans son intention et sa mise en Å"uvre
    que les autres campagnes de destruction.

    Or nombre d'observateurs virent dans les autres groupes non turcs
    des cibles de la politique du CUP et établirent un lien avec cette
    politique. Pour ne citer que quelques exemples : au Sénat ottoman,
    durant la Première Guerre mondiale, Ahmed Riza, porte-parole de haut
    rang de l'opposition turque, critiquera la persécution des Arméniens,
    des Grecs et des Arabes, ainsi que la confiscation de leurs biens (3).

    Ambassadeur du Danemark a Constantinople, Carl Ellis Wandel
    rapportera de quelle manière le CUP recourut a l'extermination
    pour mettre un terme a ce qu'il considérait comme une domination
    des Arabes, des Arméniens et des Grecs au sein du Parlement ottoman,
    susceptible de lui faire perdre le pouvoir (4). George E. White laisse
    entendre que le but du CUP est de Â" créer un Etat uniforme, l'un
    de nationalité turque, l'autre d'orthodoxie musulmane Â" au moyen
    de la déportation des Arméniens et des Grecs et la suppression des
    Alévis, Â" non orthodoxes Â" (5). Membre du Comité Américain pour
    le Secours Arménien et Syrien [American Committee for Armenian and
    Syrian Relief], William Walker Rockwell déclare qu'un grand nombre
    d'Arméniens et de Syriens ont été notablement décimés suite a
    la politique du CUP et qu'il existe une Â" misère effrayante parmi
    les Juifs palestiniens Â" (6). H.

    F. Ulrichsen, parlementaire, membre de l'organisation des Amis
    Danois des Arméniens (7) et secrétaire de l'ambassadeur Wandel de
    1914 a 1916, soutient que le CUP et la Â" 'politique d'épuration'
    ['Udrensningspolitik'] kémaliste [...] ont pour but la suppression
    de toutes les instances étrangères - chrétiens et Juifs - qui
    exercaient une influence certaine en Turquie Â" (8).

    Ce genre d'observations commencent maintenant a être prises en compte
    par les chercheurs travaillant sur la période du CUP et des débuts
    du kémalisme, lesquels soulignent le rôle de la Â" reconfiguration
    ethnique Â" (9) ou de Â" l'ingénierie démographique Â" (10),
    éléments planifiés, interconnectés et proactifs (par opposition
    a Â" accidentels Â", isolés ou réactifs) de cette politique. Si
    l'historiographie turque nie ou sous-estime traditionnellement cette
    politique, ces scientifiques, qu'ils utilisent ou non le mot G,
    suggèrent maintenant que le génocide arménien fut un aspect de la
    politique de turcisation, encore qu'il soit habituellement décrit sous
    sa violence la plus extrême (11). D'après Taner Akcam, le CUP, avant
    la Première Guerre mondiale, Â" formula une politique qu'il commenca a
    mettre a exécution dans la région égéenne a l'encontre des Grecs
    et que, durant les années de guerre, il élargit afin d'inclure
    les Assyriens, les Chaldéens, les Syriens et en particulier les
    Arméniens, une politique qui finit par devenir génocidaire. [...] Des
    rapports détaillés furent préparés [par l'Organisation Spéciale],
    mettant l'accent sur l'élimination de la population chrétienne. Ces
    mesures furent mises en Å"uvre dans la région égéenne au printemps
    1914. Â" (12) La présente étude vise a étudier de plus près ces
    persécutions d'avant-guerre visant les Grecs égéens sous l'aspect
    d'une turcisation violente, a savoir, davantage qu'une [série] isolée
    d'incidents n'ayant que peu ou pas de rapport avec d'autres exemples
    de persécutions collectives par le CUP ou tout objectif global de
    turcisation de la part du CUP. Les sources se composent de rapports
    publiés, de mémoires, etc., et aussi de travaux scientifiques,
    en mettant l'accent sur des matériaux d'archives danois inédits,
    qui ajoutent au savoir existant sur ces événements.

    Les débuts de la turcisation violente

    Vu de la position privilégiée des observateurs dans la grande
    cité portuaire de Smyrne (Izmir) et a Constantinople (Istanbul),
    la capitale ottomane, la politique de persécution collective débuta
    véritablement par la tentative d'épuration ethnique contre les Grecs
    ottomans vivant alors le long du littoral égéen (13). Des tentatives
    pour supprimer du secteur économique les influences des non-Turcs
    furent lancées par le CUP, après qu'une faction radical du Comité se
    fÃ"t emparé du pouvoir en 1913, et cette politique fut mise en Å"uvre
    via l'épuration de plus de 100 000 Grecs de la région égéenne et
    de Thrace durant le printemps et l'été 1914 (14). Des reportages
    signalent que des milliers de Grecs en Thrace sont contraints par les
    autorités d'embarquer pour la Grèce ou de se convertir a l'islam (15)
    et que les Grecs de la région de Rodosto souffrent dans les campagnes
    et les routes, tandis que des Albanais et des Crétois musulmans sont
    installés dans leurs foyers (16). Ce fut apparemment le résultat de
    mÃ"res réflexions et d'enquêtes préliminaires de la part du CUP,
    bien qu'il fÃ"t décidé de dissimuler le lien entre, d'un côté,
    le CUP et les instances gouvernementales comme le ministère de la
    Guerre, et de l'autre, l'Organisation Spéciale (OS) laquelle mit a
    exécution l'opération (17).

    Le principal témoin Â" danois Â" de ces événements, Alfred van der
    Zee, consul du Danemark a Smyrne, dans le vilayet d'Aidin (Smyrne),
    depuis 1910, était en fait hollandais (18). Né aux Pays-Bas,
    le 9 mai 1872, cet homme d'affaires gérait les services locaux
    de l'entreprise familiale Â" W. F. van der Zee Â" et parlait le
    hollandais, l'anglais, le francais, l'italien, l'allemand, le grec
    et le turc (19). Il était aussi courtier maritime et agent pour le
    compte de la Compagnie maritime danoise DFDS (20). Le vice-consul au
    consulat danois de Smyrne était alors John Atkinson de Jongh, Levantin
    hollandais, qui occupait cette fonction depuis 1877 (21). En juin
    1914, Van der Zee signale a Wandel, son supérieur a Constantinople,
    qu'une mesure de bannissement sur une large échelle, systématique
    et violente, des Â" Grecs, en général pacifiques et travailleurs Â"
    est entreprise sur ordre du gouvernement central (22).

    Cette politique était en partie dictée par des préoccupations
    sécuritaires, du moins percues comme telles. Le CUP tenait les Grecs
    ottomans pour suspects, sur le compte de leurs liens supposés avec
    l'Etat grec et, plus particulièrement, voulait éviter que les Grecs
    résidant le long de la côte en arrivassent a servir de cinquième
    colonne. Péril jugé imminent, car la Grèce, via l'intervention des
    puissances européennes, s'était récemment assuré le contrôle
    des îles voisines de Chios et de Mytilène (Lesbos). Ces îles,
    pensait-on, pouvaient servir a lancer des attaques (23). Par
    ailleurs, la persécution a l'encontre des Grecs égéens (ioniens)
    pouvait contribuer a faire pression sur le gouvernement grec, afin de
    résoudre le litige insulaire d'une manière profitable au gouvernement
    ottoman (24). Or ce litige insulaire et les préoccupations d'ordre
    sécuritaire n'étaient pas apparemment les seuls motifs, tandis que
    celles d'ordre économique, politique et ethno-religieux semblent
    avoir fait de la politique d'épuration une partie d'un projet plus
    vaste de turcisation. Van der Zee signale qu'en mars 1914, les valis
    de Smyrne et des régions avoisinantes effectuent des tournées
    d'inspection vers les villes et les villages côtiers des vilayets,
    Â" conseillant Â" aux autorités locales d'expulser les Grecs :

    Â" Il y a trois mois environ, le gouverneur général de Smyrne
    [le vali Rahmi Bey], agissant, comme je le pense, sur instructions
    du ministère, a inspecté les petites localités situées sur
    la côte de cette province. Il semblerait que, lors de cette
    tournée administrative, il ait donné des ordres semi-officiels aux
    sous-gouverneurs pour obliger la population grecque qui y habite a
    évacuer ces localités. Aucun ordre d'expulsion n'a été décrété,
    mais les autorités turques ont pu recourir a ces mesures retorses et
    vexatoires dont elles sont coutumières. D'après ce que je crois,
    les mêmes instructions ont été données par les gouverneurs des
    autres provinces maritimes. Â" (25)

    Cette interprétation générale est appuyée par Hans-Lukas Kieser,
    qui cite les mémoires de Mahmut Celal Bey (Bayar), en charge
    de la cellule du CUP a Smyrne en 1914 et qui deviendra ensuite
    le troisième Président de la Turquie : Â" [...] Le CUP et le
    ministère de la Guerre, dirigé par [Enver Pacha] depuis le 3 janvier
    1914, travaillaient, parallèlement aux activités régulières du
    gouvernement, a la liquidation des Â" concentrations de non-musulmans
    Â" dans la région égéenne [...] Â" (26). D'après l'ambassadeur
    Wandel, c'est le docteur Nazim Bey - membre dirigeant du premier cercle
    du CUP, qui orchestrera ensuite le génocide arménien (27) - qui, lors
    des guerres balkaniques de 1912-13, développa un plan pour installer
    les musulmans, eux-mêmes violemment épurés de Macédoine, en divers
    endroits dans l'empire, d'où les non-musulmans seraient déportés
    (28). L'ambassadeur ottoman a Athènes, Galip Kemali (Söylemezoglu),
    proposa même aux autorités grecques que les musulmans des provinces
    administratives grecques de Macédoine et d'Epire fissent l'objet
    d'un échange avec les populations grecques rurales de la province de
    Smyrne et de la Thrace ottomane. Le Premier ministre grec Venizelos
    approuva apparemment ce type d'échange aux alentours de l'opération
    d'épuration en 1914, a condition qu'il fÃ"t volontaire et que
    cessassent la persécution et la migration forcée des Grecs (29).

    L'éclatement du premier conflit mondial empêcha cet échange,
    mais avant même que les autorités, représentées par la Direction
    générale de l'Installation des tribus et des réfugiés, relevant du
    ministère de l'Intérieur, aient décidé de ne pas attendre l'accord
    du gouvernement grec (30). Si bien qu'en 1914, le plan fut lancé
    effectivement, d'une manière résolument violente et délibérée
    qui a été comparée a la politique nazie d'Â" aryanisation Â" -
    définie comme la Â" réorganisation des ressources économiques en
    faveur des citoyens Â" ethniquement souhaitables Â", partant, de l'Etat
    lui-même, ethniquement défini Â" (31). Aux yeux du CUP, être Â"
    ethniquement souhaitable Â" signifiait être Turc et musulman, tandis
    qu'a partir de 1914, les musulmans non turcs (a savoir les Kurdes),
    déportés vers les zones auparavant occupées par des chrétiens,
    étaient censés s'assimiler (autrement dit, se turciser) en renoncant
    a leur identité ethnique (32). Une politique discriminatoire visait
    déja les chrétiens. Le système électoral, par exemple, fut concu
    de manière a discriminer lourdement ces derniers, tandis que les
    autorités, en dépit de leurs promesses, ne rendirent pas les terres
    anatoliennes aux Arméniens qui avaient été expulsés durant ou
    après les massacres d'Abd ul-Hamid II (33).

    Dès le coup d'Etat de 1913, les nouveaux dirigeants, plus radicaux, du
    CUP tentèrent de donner l'illusion qu'ils poursuivraient les efforts
    visant a Â" ottomaniser Â" et centraliser l'empire d'une manière
    pacifique et démocratique. Or, comme le relèvent Wandel et d'autres
    observateurs, si cela avait jamais constitué la politique du CUP,
    tel n'était plus le cas (34). Bien au contraire, note Feroz Ahmad,
    répression et violence devinrent l'ordre du jour (35). Même si
    Wandel avait conscience que l'étendue de la radicalisation était
    en partie causée par des événements échappant au contrôle du
    CUP, il souligne que cela ne résultait pas simplement de mesures
    défensives ad hoc visant, mettons, l'impérialisme occidental, mais
    qu'il s'agissait d'une part intégrante d'une politique active,
    délibérée, enracinée dans les convictions suprématistes
    de la Turquie, ayant fondamentalement pour but de préserver son
    pouvoir. Comme l'on ne croyait plus que cela pÃ"t être réalisé par
    un empire multiethnique, multireligieux, dominé par la Turquie, le
    but serait atteint en créant en quelque sorte une Â" Turquie pour les
    Turcs Â", sur le plan économique, politique, linguistique et ethnique,
    de plus en plus combiné avec la vision panturcique expansionniste
    d'un empire turc unifiant les Turcs ethniques d'Asie et de Russie (36).

    En conséquence, Wandel décrit la nature du CUP en présentant
    ses membres non comme de grands idéalistes ou hommes d'Etat, mais
    comme des organisateurs recourant a tous les moyens possibles pour
    renforcer leur organisation, luttant davantage pour le pouvoir que
    pour des idéaux : Â" Pour certains, leur intégrité ne fait aucun
    doute, mais il est généralement admis que [le CUP] continuera de
    poursuivre la politique qu'il a déja lancée, une politique qui
    a déja entraîné tant de conflits. Â" Il est convaincu que cette
    politique finira par conduire a un Â" suicide national Â" (37). En
    fait, bien que le prix en fÃ"t exorbitant, il s'agissait d'une étape
    importante menant a la création d'une nation relativement homogène,
    sinon stable, a savoir la république moderne de Turquie (38). Or,
    comme le souligne aussi Wandel, bien que de nombreux Jeunes-Turcs
    ne fussent pas de Â" grands idéalistes Â", ils partageaient de
    vagues idéaux, lesquels, entre autres, servaient a légitimer leur
    monopole du pouvoir en particulier et celui des Turcs ethniques en
    général, tout en prévenant la désintégration de l'empire grâce
    a la centralisation et a l'homogénéisation (39).

    La nation, a commencer par les secteurs du commerce et de la langue,
    devait être épurée des Â" éléments étrangers Â" afin d'instaurer
    une culture et une économie nationales (40). Il s'agissait de bâtir
    une nation au moyen de la marginalisation ou de la destruction des
    composantes non turques du creuset multiculturel millénaire anatolien,
    avant tout, un processus qui exigeait de réécrire l'histoire et
    la définition des non Turcs comme Autre (41). Dans un long rapport,
    Wandel décrit comment, après la prise du pouvoir par la dictature du
    CUP, les magasins turcs a Constantinople affichèrent : Â" Ce magasin
    est musulman. Â" (42) Les chrétiens n'étaient pas tous loyaux, mais
    selon le diplomate, si les chrétiens étaient en général opposés
    au système de centralisation du CUP et au principe Â" La Turquie
    pour les Turcs Â", ils considérèrent comme nécessaire le fait de
    travailler avec le CUP, plutôt que de rompre avec lui, lorsqu'il fut
    question d'améliorer leurs conditions d'existence (43). Et cela,
    en dépit du fait que les chrétiens de l'empire étaient soumis a
    ce que Wandel présente comme un régime répressif et xénophobe,
    lequel exercait une discrimination systématique a leur encontre (44).

    Du boycott a la persécution violente

    Comme l'on sait, l'épuration de 1914 fut lancée initialement via un
    boycott économique rigoureux et d'autres mesures d'intimidation (45).

    Comme le constate Van der Zee, la région égéenne était
    déja peu peuplée et comptait de nombreuses terres arables, avec
    beaucoup d'espace pour des colons musulmans, même si les autorités
    avaient choisi de ne pas expulser les Grecs (46). Dans la mesure où
    l'épuration faisait partie d'un projet économique, elle fut donc mise
    en Å"uvre comme un moyen de créer une économie nationale dominée
    par les Turcs et les musulmans - la logique politique l'emporta sur les
    préoccupations d'ordre économique durant les années 1910, comme cela
    a été souligné (47). L'objectif d'une turcisation économique était
    de créer une classe dominée par les Turcs ou des musulmans turcisés,
    percus par le CUP (et ensuite par les kémalistes) comme loyaux, non
    seulement du fait de leurs caractéristiques ethnico-religieuses, mais
    parce qu'ils devaient leur position a ceux qui avaient Â" supprimé
    la concurrence Â". Les chefs d'entreprises chrétiens, d'autre part,
    avaient acquis une certaine indépendance et avaient fini par être
    percus comme des obstacles, non seulement a cause de leur origine
    ethnique et de leur religion, mais de leur appartenance a une classe
    économique percue comme cultivant une allégeance limitée envers
    l'Etat (48).

    Inga Nalbandian, écrivaine et journaliste correspondante danoise,
    mariée a Mardiros Nalbandian, un intellectuel arménien de Galata,
    rapporte de Constantinople que des Â" agents Â" pénètrent dans
    le compartiment réservé aux dames sur un ferry du Bosphore et
    conseillent aux musulmanes de ne pas faire d'achats auprès de
    chrétiens. Elle signale aussi que cela n'est qu'une petite partie
    d'une campagne chauviniste plus vaste, destinée a ruiner de nombreux
    chrétiens. Par exemple, a l'Université de Constantinople, les trois
    professeurs grecs furent limogés sans avertissement, ni motif, ainsi
    que trois de leurs cinq collègues arméniens. Nalbandian commente
    cette politique :

    Â" C'est toute une vague qui s'abat ; le motif du boycott est double.

    L'adoption des Â" réformes en Asie Mineure Â" [les récentes
    réformes imposées par les puissances occidentales concernant
    les vilayets arméniens ottomans - M.B.] - ce chiffon rouge agité
    face au taureau turc - doit être punie, et sévèrement punie, et
    comme il est considéré comme trop dangereux de lancer un massacre
    a ciel ouvert, les Arméniens doivent être frappés sur un plan
    financier. Et concernant les Grecs - a savoir, les Grecs ottomans -,
    la question insulaire encore en suspens joue un grand rôle ; ajoutons
    par ailleurs l'animosité nourrie par les Turcs et pas seulement par
    le tout puissant Enver Pacha et, a travers lui, tout le gouvernement,
    contre les Grecs ottomans, qui compteraient nombre d'hommes riches
    ayant versé et continuant de verser des sommes importantes pour la
    marine grecque. Â" (49)

    Mais, comme le boycott n'eut pas l'effet escompté - Â" [tandis que]
    les rayah [bétail] grecs s'accrochaient néanmoins a leurs champs
    Â", comme le note Van der Zee (50) -, l'épuration des Grecs prit
    la forme d'une violente persécution. Comme le rapporte le consul,
    le 19 juin 1914 :

    Â" Suite a des allusions ouvertes selon lesquelles il serait
    souhaitable pour eux de partir [d'Adramyt / Edremit - MB], des
    menaces de mise a mort ont été formulées et, finalement, ces
    menaces commencent a prendre forme via le meurtre de villageois
    revenant de leurs champs et l'agression des citadins. Un règne de
    terreur est institué et les Grecs, saisis de panique, s'enfuient
    aussi vite qu'ils le peuvent dans l'île voisine de Mytilène. Le
    mouvement s'étend rapidement a Kemer, Kilissekeuy, Kinick, Pergamos
    et Soma. Des bachi-bouzouks [troupes turques d'irréguliers - MB]
    armés attaquent les populations locales, s'emparent du bétail,
    chassent les habitants de leurs fermes, dont ils ont pris possession
    par la force. Les détails de ce qui eut lieu [sont] atroces ;
    les femmes furent violées, les jeunes filles enlevées, certaines
    périssant du fait des mauvais traitements subis, les nourrissons au
    sein abattus ou mutilés avec leurs mères. Â" (51)

    Ces bachi-bouzouks, qualifiés alternativement de Â" bandes turques Â"
    ou de tchétés dans les rapports, étaient au nombre de 8 a 10 000
    dans le seul vilayet d'Aidin, financés et administrés, d'après
    Van der Zee, par l'Etat (52). Beaucoup de ces bandes comptaient des
    membres de l'Organisation Spéciale (OS), ainsi que des réfugiés
    musulmans radicalisés, originaires des Balkans et du Caucase,
    nommés muhadjirs (53), qui pillèrent et massacrèrent Â" autant
    de Grecs, qu'ils haïssaient, que possible Â" (54). Par la suite,
    ces bandes attaquèrent aussi de manière systématique les citoyens
    grecs non ottomans et leurs biens, et la justification donnée
    par les autorités pouvait indiquer que l'opération n'était pas
    seulement considérée comme une mesure sécuritaire, mais revêtait
    une logique idéologique, pour ne pas dire xénophobe : Â" Que les
    étrangers partent et achètent des fermes dans leurs terres ! Â" (55)
    Hans-Lukas Kieser soutient que, pour le CUP, l'épuration constituait
    aussi Â" des représailles pour le mal que, selon cette instance,
    les musulmans sous domination grecque avaient enduré depuis les
    guerres balkaniques Â" (56). Comme le rapporte le journal danois
    København, en date du 17 juin 1914, après ces guerres, le Â"
    harcèlement administratif grec Â" poussa des dizaines de milliers
    de musulmans a abandonner leurs foyers (57). Le CUP et au moins un
    nombre considérable de muhadjirs s'étaient donc radicalisés au
    point de devenir anti-chrétiens, et bien que les chrétiens qu'ils
    persécutaient maintenant appartenaient a des populations qui vivaient
    en Anatolie depuis des milliers d'années, ils n'étaient pas seulement
    désignés comme Â" infidèles Â", mais aussi comme Â" étrangers Â"
    (58).

    Ayhan Aktar décrit les événements dans la région égéenne comme Â"
    une tension se manifestant a travers un comportement de foule hostile
    et une bureaucratie d'Etat davantage nationaliste [...] Â" (59),
    sans parvenir a établir un lien entre ces manifestations. Or, selon
    Kuchcubachızâde Esref, un dirigeant de l'Organisation Spéciale,
    l'épuration était de fait un événement planifié. Ce denier cite
    Enver Pacha, déclarant le 23 février 1914 que les non musulmans
    devaient être éliminés, ces derniers ayant démontré qu'ils
    ne soutenaient pas la continuité de l'Etat, et que le salut de ce
    même Etat était lié a des mesures drastiques les visant (60). Le
    consul général de Russie a Smyrne, Andrew D. Kalmykow, relate un
    entretien qu'il eut a cette époque avec le ministre de l'Intérieur
    Talaat Pacha, en présence de Rahmi Bey. Selon Kalmykow, l'échange
    qui suit eut lieu entre Rahmi et Talaat : Â" Que puis-je faire ? -
    demanda le vali en souriant. Nous avons envoyé des fermiers turcs
    coloniser la côte, mais les paysans grecs ne voudront pas cohabiter
    avec eux, ni partir de leur propre gré. Â" Â" Non, Rahmi ! - répondit
    Talaat Pacha. Les Grecs ne peuvent pas rester. Ils sont obligés de
    partir. Ils doivent s'en aller ! Â" (61)

    Le massacre de Phocea, au nord de la ville de Smyrne, qui débuta dans
    la nuit du 12 juin [1914], fut l'une des pires agressions de cette
    campagne. Après avoir pillé les villages au sud de Menemen, obligeant
    les Grecs a fuir, les bachi-bouzouks attaquèrent la ville de Phocea
    sur trois côtés - d'après Van der Zee, ils furent aidés par des
    Crétois qui travaillaient dans les dépôts de sel, se référant
    a des Crétois musulmans qui avaient auparavant émigré ou été
    expulsés (62).

    Le 25 juin, le consul cite un témoin oculaire de la destruction de
    la ville :

    Â" En l'espace d'un quart d'heure, après que l'assaut ait débuté,
    chaque embarcation dans le port était bondée de gens essayant
    de partir et, lorsqu'on ne put trouver d'autres embarcations, les
    habitants cherchèrent refuge sur la petite péninsule où s'élevait
    le phare. Je vis onze corps d'hommes et de femmes gisant morts sur
    le rivage. Je ne saurais dire combien furent tués, mais tentant
    de pénétrer dans une maison dont la porte était entrouverte, je
    découvris deux autres cadavres gisant dans l'entrée. Chaque magasin
    de la ville fut pillé et les produits qui ne pouvaient être emmenés
    étaient détruits sans raison. Â" (63)

    Les autorités tentèrent apparemment de couvrir cet assaut, mais deux
    jours après, un bateau a vapeur francais arrivant a Smyrne diffusa la
    nouvelle (64). L'équipage avait apercu un grand nombre de gens sur
    le promontoire et embarqua quelque 700 Â" malheureux a demi affamés
    Â" vers Mytilène. La, les autorités envoyèrent des bateaux afin
    de porter secours aux 5 a 6 000 rescapés et les amener sur l'île
    (65). D'après le témoin oculaire francais Manciet, cette ville qui
    comptait entre 8 et 9 000 Grecs d'origine et environ 400 Turcs fut
    méthodiquement détruite et pillée par des bandes bien armées, et
    bien que les autorités de Smyrne envoyèrent des troupes régulières
    a Phocea, officiellement pour y rétablir l'ordre, ces soldats
    continuèrent de détruire la ville. Manciet se déclare persuadé que
    les bachi-bouzouks étaient organisés et armés par les autorités
    afin d'expulser les chrétiens (66). Les attaques simultanées contre
    les Grecs de la péninsule de Kara Bournou, qui coïncidèrent avec
    l'installation de 600 familles muhadjirs a Kato-Panayia et celle de
    plusieurs autres, de même origine, a Tchesmé, devant se substituer
    aux Grecs d'Alatsata, indiquent de même qu'une campagne anti-Grecs
    de grande ampleur, organisée et efficace, avait lieu (67). Les Grecs
    fuirent la région par dizaines de milliers afin d'éviter pillages et
    massacres, tandis que les muhadjirs étaient aidés par les autorités
    locales pour les chasser et s'emparer de leurs biens (68).

    Par exemple, Ayhan Aktar relate comment les Grecs de la ville côtière
    de Tchesmé, face a l'île de Chios, s'enfuirent immédiatement, après
    que Hilmi Uran ait été nommé gouverneur de la ville en mai 1914 :
    Â" Quelques jours seulement après l'arrivée [d'Uran], la communauté
    grecque dans et autour de Tchesmé fut saisie de panique et organisa
    les moyens de transport vers l'île la plus proche, Chios. Quelque 40
    000 Grecs émigrèrent en deux semaines. Â" (69) Le calendrier peut
    apparaître comme une coïncidence, or il semble plus probable que ce
    dernier renvoie au caractère organisé de l'épuration, avec l'aide
    d'officiels locaux nommés par les autorités centrales pour mettre
    en Å"uvre le projet. Ce fut apparemment aussi le cas, lorsque, en juin
    1913, Mehmed Rechid, un Jeune-Turc radical, ardent nationaliste animé
    d'une haine d'inspiration religieuse et raciale envers les chrétiens,
    fut précipitamment nommé mutassarif de la sous-province de Karesi,
    au nord de la région égéenne, où il s'employa a expulser les Grecs
    (70).

    Quant a Tchesmé, les Grecs s'enfuirent si rapidement que leurs
    maisons et leurs biens furent laissés en grande partie intacts. En
    tant que gouverneur du lieu, Uran eut la responsabilité d'organiser
    la redistribution méthodique des biens des Grecs, mais avant qu'il
    ne puisse s'acquitter de sa tâche, l'endroit fut pillé par la
    population locale ou des muhadjirs en provenance de Salonique (71).

    En général, les bachi-bouzouks semblent n'avoir rencontré que peu de
    résistance, mais dans le village de Serekieuy, district de Menemen,
    les Grecs formèrent une résistance armée qui se traduisit par une
    lutte féroce, quatre heures durant, jusqu'a ce que les défenseurs
    manquassent de munitions. Les villageois, en nombre inférieur et
    sans fusils, livrèrent alors un combat au corps a corps, jusqu'a
    ce qu'ils soient massacrés (72). Quelques-uns parvinrent a s'enfuir
    vers la ville voisine de Menemen, mais comme cette dernière comptait
    quelque 20 000 habitants, les bachi-bouzouks abattirent tous les
    habitants qui abandonnaient la ville, sans pour autant oser tenter
    une attaque directe. Ce qui pourrait renvoyer au fait que, même si
    la turcisation au moyen des persécutions constituait la politique
    du CUP, il s'agissait d'une politique qui, du moins sur ce point,
    ne pouvait être suivie trop ouvertement ou a l'aide d'un recours
    généralisé aux forces militaires régulières (73). De manière
    furtive, un Â" déni plausible Â" et des préoccupations d'ordre
    politique l'emportaient sur la volonté d'épurer totalement la
    zone. L'on estime néanmoins qu'entre 150 et 200 000 Grecs ottomans
    abandonnèrent leurs foyers avant l'éclatement de la Première
    Guerre mondiale, que ce soit par la force directe ou, comme cela a
    été avancé, Â" volontairement Â", autrement dit sous la menace de
    la force (74).

    1914 : déni et signification

    En dépit des tentatives pour maintenir le secret sur cette épuration
    et nier tant son existence que sa responsabilité a cet égard, le
    gouvernement ottoman dut rapidement changer de cap, en particulier
    du fait des pressions de la France. Par ailleurs, les persécutions
    suscitèrent l'ire et l'amertume de la Grèce, qui se mit a mobiliser
    ses forces, comme le fit l'empire ottoman, mais le CUP avait conscience
    de ne pas être prêt a une guerre que beaucoup estimaient probable,
    si l'épuration ne cessait pas (75). Par exemple, dans un entretien
    avec un quotidien danois en juin 1914, le roi de Grèce Constantin Ier
    déclare que la paix ne pourra être maintenue, aussi longtemps que
    la persécution des Grecs se poursuivra (76). Dans son édition du 26
    avril 1914, le journal danois Nationaltidende rapporte que le consul
    de Grèce a Smyrne a tenté d'approcher Rahmi Bey afin de clarifier
    le sujet des expulsions, mais qu'il obtint pour toute réponse que ce
    dernier Â" était parti a la campagne Â" (77). Après des consultations
    avec l'ambassadeur d'Autriche a Constantinople, Johann Pallavicini,
    Wandel fut convaincu que, même si ni la Grèce, ni l'empire ottoman
    n'étaient prêts a une guerre, une telle guerre était inévitable
    dans un avenir proche ; il était aussi persuadé que les Grecs
    d'Anatolie connaîtraient le pire destin qu'ils aient jamais connu
    (78). Prédiction des plus exacte, car durant la Première Guerre
    mondiale des persécutions plus violentes encore frapperont de manière
    systématique les Grecs (79). Et en juin 1917, la Grèce rejoindra
    finalement ses alliés dans la guerre contre l'empire ottoman.

    Concernant le développement de la politique de déni de la part du
    CUP, les réactions officielles aux événements de 1914 renvoient a
    certains aspects du déni contemporain (et présent), par exemple,
    du génocide arménien : la thèse selon laquelle le gouvernement,
    lorsqu'il en vint aux massacres et aux persécutions, n'avait aucun
    contrôle sur les officiels locaux ou les bandes de tueurs désignées,
    et les tentatives de contrôler les préjudices exercés en étouffant
    les affaires, déplacant les responsabilités et utilisant la
    propagande. Talaat déclara en juin 1914 que les Â" incidents
    regrettables Â" dans la région de Smyrne s'étaient produits car
    beaucoup d'officiels locaux croyaient encore que les ordres qu'ils
    recevaient du gouvernement visant a protéger la population grecque
    étaient envoyés sous la pression des grandes puissances, autrement
    dit non envoyés pour de bon (80).

    D'après Talaat, l'entière responsabilité de ces méfaits incombait
    donc a Rahmi Bey. Henry Morgenthau, ambassadeur des Etats-Unis
    a Constantinople, rapporte que Talaat n'admettait pas que les
    officiels du gouvernement fussent entièrement responsables de ce
    qu'il qualifiait de Â" soulèvements Â". Ce qui, au passage, pourrait
    constituer une reconnaissance implicite du fait que les officiels
    assumaient la responsabilité principale de ces événements (81).

    Talaat alla jusqu'a entreprendre que ce Van der Zee nomme une Â"
    tournée grotesque Â" des villes et localités de la région de
    Smyrne, faisant des discours promettant une sécurité entière,
    alors que les Grecs locaux devaient rester chez eux pour ne pas être
    maltraités ou abattus (82). D'après un télégramme de Talaat a la
    Porte, envoyé durant son séjour a Smyrne, la cour martiale de cette
    ville condamna 47 personnes a des peines allant de trois a cinq ans
    de prison pour avoir pillé des biens appartenant a des Grecs. Ce qui
    pourrait indiquer que le ministre de l'Intérieur voulait adresser un
    message selon lequel les persécutions anti-Grecs n'étaient, du moins
    officiellement, pas, ou plus, acceptables. Il est aussi rapporté que
    deux Grecs seraient jugés, car ils auraient amené les Grecs a quitter
    le pays en répandant la rumeur de massacres de la part des Turcs (83).

    Talaat prétend aussi que les Grecs de la région de Tchesmé
    sont partis volontairement et qu'ils n'ont jamais été attaqués
    (84). Impossible de déterminer a partir de ces sources si Talaat,
    a ce moment-la, avait vraiment décidé que la campagne lancée sous
    ses auspices dÃ"t être alors stoppée ou mise en attente. Van der Zee
    ne voit cependant aucune raison d'avoir confiance dans les autorités :

    Â" Pour ajouter un épisode de plus a cette misérable farce, le
    gouvernement impérial s'intéresse aux délégués [les drogmans,
    autrement dit les interprètes représentant les principales ambassades
    étrangères - MB], afin de montrer a l'Europe civilisée que la tâche
    de réparation est menée avec sincérité ; il promène maintenant ces
    messieurs dans des automobiles et des trains spéciaux, leur prodiguant
    de bons dîners et des vins fins, tandis que les victimes de ses
    atrocités mendient leur pain ou vivent de la charité qui leur est
    octroyée. J'ignore ce que ces représentants des grandes puissances
    auront a leur dire, mais, de toute manière, une chose est sÃ"re :
    quel que soit leur rapport, les mesures tyranniques ne cesseront pas,
    bien qu'elles soient exécutées plus ou moins ouvertement, comme le
    prouve définitivement le communiqué du Grand Vizir aux compagnies
    américaines. Dans son communiqué a la Singer Co., sise a Smyrne,
    le consul général des Etats-Unis Horton déclare qu'il Â" a recu
    pour instruction, de la part de [son] ambassadeur, de l'informer
    qu'il a obtenu l'assurance du Grand Vizir que, durant deux mois, les
    employés grecs ne seront pas importunés, mais qu'a l'expiration de
    ce délai, ils devront être remplacés Â" (85).

    L'appréciation (peut-être inexacte), par le consul, de la fonction
    de drogman était partagée par l'ambassadeur de Grande-Bretagne a
    Constantinople, Sir Louis Mallet, lequel précise a Morgenthau que
    les puissances européennes s'apprêtent a Â" blanchir Â" l'empire,
    car déclencher maintenant un conflit ne leur paraît pas opportun.

    Tandis que l'on affirme officiellement qu'un millier seulement de
    Grecs ont quitté l'empire et qu'ils l'ont fait de leur propre gré
    et contre le souhait des autorités, la presse ottomane reconnaît
    que les persécutions, quoique censées revêtir un caractère non
    autorisé, sont généralisées. D'après l'ambassadeur Wandel, Tanin
    relate que, pendant qu'une meute de 8 a 10 000 pillards poursuit ses
    actes de violence autour de Smyrne, le gouvernement a pris des mesures
    qui rétabliront indubitablement l'ordre. Autre journal officiel,
    Tercuman-i Hakikat affirme que les puissances, en ne dénoncant pas
    explicitement la politique ottomane concernant la Grèce et les Grecs
    ottomans, approuvent en fait l'attitude de l'empire. Que cela soit
    vrai ou non compte peut-être moins que le fait que les nationalistes
    turcs se sentirent en quelque sorte encouragés par l'absence d'une
    intervention extérieure énergique - après tout, ni la Grèce,
    ni quelque autre nation s'avéra disposée a entrer en guerre contre
    l'empire ottoman afin de porter secours a une minorité persécutée.

    Les journaux ottomans tentèrent cependant de donner l'impression que
    la Grèce ou les Grecs en général étaient également responsables
    de ces Â" incidents Â", comme lorsqu'ils signalent des bandes de
    pillards grecs, présentés comme tels, utilisant les îles de la
    mer Egée comme bases pour leurs raids. Cette thèse peut même
    être exagérée, si l'on songe au fait que Stamboul l'illustre en
    citant un télégramme relatant un incident concernant un bateau
    avec trois pillards grecs qui auraient tiré sur des personnes
    près de Tchesmé. Or rien ne prouve que Wandel, pas plus que Van
    der Zee, ait jugé la propagande officielle digne de foi. Wandel fut
    convaincu par les rapports de son consul sur l'épuration des Grecs,
    comme en témoigne une lettre adressée a celui-ci. Wandel mentionne
    les rapports des 19 et 25 juin, lesquels, souligne-t-il, ont été
    envoyés, contrairement a la procédure habituelle, directement au
    ministère danois des Affaires Etrangères.

    Remarques conclusives

    En 1914, l'objectif de la turcisation n'est pas d'exterminer, mais
    d'expulser autant de Grecs de la région égéenne que possible, non
    seulement par Â" mesure de sécurité Â", mais dans le déploiement
    d'une politique de boycott économique et politique, tout en créant
    parallèlement un espace vital pour les muhadjirs chassés de leurs
    foyers dans des conditions tout aussi brutales. Cette politique
    se nourrit d'une idéologie politique radicalement exclusionniste,
    pertinemment définie par Aktar, bien qu'il semble l'appliquer a un
    contexte de l'après-Première Guerre mondiale : Â" Le programme de
    turcisation peut [...] être défini en pratique comme un ensemble
    de politiques visant a établir la suprématie inconditionnelle de
    l'identité ethnique turque dans quasiment tous les aspects de la vie
    sociale et économique. Â" Wandel estimait que les pertes résultant
    des persécutions étaient irréparables, puisqu'une Â" classe de gens
    industrieux avait été chassée, alors que la province était déja
    faiblement peuplée. L'on peut prédire que la province pâtira des
    résultats de cet échec politique durant les années a venir. Â" Cette
    opinion est encore partagée par des chercheurs aujourd'hui, lorsqu'ils
    évaluent les conséquences de la disparition virtuelle des chrétiens
    d'Asie Mineure. Or les possibilités créées pour les musulmans de
    prendre la relève, après le départ des Grecs, en devenant eux-mêmes
    entrepreneurs ; les expériences pratiques d'épuration ethnique ;
    l'impunité générale dont bénéficièrent les perpétrateurs ;
    et le relatif Â" succès Â" politique de l'épuration - Grecs fuyant
    par dizaines de milliers, abandonnant leurs maisons et leurs biens pour
    qu'ils soient repris par des réfugiés musulmans -, tout cela signifie
    que des mesures encore plus radicales pouvaient être considérées non
    seulement comme possibles, mais bien comme une autre extension d'une
    politique d'ingénierie sociale au moyen de la turcisation. En outre,
    comme le confiera Talaat a Morgenthau durant le génocide arménien :
    Â" Les pertes commerciales ne nous importent en rien. Â"

    Aux yeux du CUP, un des avantages majeurs de la turcisation était
    que les puissances européennes fussent mises en présence d'un fait
    accompli. Les chrétiens, qui avaient servi d'alibi pour une ingérence
    dans ce que le CUP considérait comme les affaires intérieures de
    l'empire, devaient partir. La politique d'épuration menée en 1914
    renvoie donc a la politique d'extermination de la Première Guerre
    mondiale, sinon dans le sens que cette politique fut programmée pour
    s'inscrire dans un Â" grand projet Â" de ce qui a été qualifié de
    génocides partiels et globaux, du moins en ce sens qu'ils étaient
    profondément liés. Il convient de ne pas ignorer certains aspects
    tels que les différences entre l'objectif et la mise en Å"uvre des
    événements de 1914 et le génocide arménien, et que l'empire ottoman
    déclinant était dans une situation difficile pouvant conduire a
    des décisions affectant des groupes non turcs, lesquelles furent
    davantage dictées par les circonstances que par une adhésion au
    principe de turcisation. Or tout laisse penser que ces politiques
    anti-Grecs et anti-Arméniens résultèrent dans une large mesure
    de débats Â" rationnels Â" et xénophobes étroitement liés,
    intrinsèquement génocidaires. Des liens institutionnels existent,
    allant du CUP via la Direction générale de l'Installation des tribus
    et des réfugiés a l'Organisation Spéciale. Des liens idéologiques,
    plus ou moins rudimentaires, existent - Â" la Turquie aux Turcs Â",
    l'identification de Â" l'ennemi intérieur Â" (Grecs, Arméniens)
    avec Â" l'ennemi extérieur Â" (la Grèce, l'Entente). Des liens
    économiques existent, dans la mesure où la disparition de la Â"
    concurrence chrétienne Â" était susceptible d'ouvrir la voie a une
    économie nationale turco-musulmane.

    Et des liens personnels existent, incarnés de la facon peut-être
    la plus frappante par Mehmed Rechid, mentionné plus haut. En 1914,
    il s'impliqua dans l'épuration des Grecs, tandis qu'il dirigera
    l'extermination des Arméniens et des Assyriens dans la région de
    Diyarbakir en 1915-16. Lewis Einstein, de l'ambassade des Etats-Unis
    a Constantinople, écrit dans son journal, le 1er mai 1915, que,
    bien que menacé militairement de tous côtés durant la Première
    Guerre mondiale, le gouvernement ottoman est enclin a briser les
    vestiges d'une soi-disant opposition politique : Â" Ils ont écrasé
    l'opposition turque, ils ont expulsé les Grecs, et maintenant c'est le
    tour des Arméniens [...] Â". Wandel estime que la raison pour laquelle
    le CUP agit ainsi est fondamentalement de préserver son pouvoir
    par tous les moyens, pour lui-même en particulier et pour les Turcs
    en général. Or le pouvoir peut être obtenu ou préservé grâce
    a de nombreux moyens et les preuves suggèrent que le CUP choisit
    délibérément les moyens qui impliquaient une persécution ou une
    destruction de groupe, conduisant au lien peut-être le plus important
    entre les destins des Grecs et des Arméniens : la disparition quasi
    complète de ces deux groupes du territoire turco-ottoman.

    Notes

    1. Ioannis K. Hassiotis, Â" The Armenian genocide and the Greeks :
    response and records (1915-1923) Â", in : Richard G. Hovanissian,
    éd., The Armenian Genocide : History, Politics, Ethics, Londres :
    Macmillan, 1992, p. 135.

    2. Pour une intéressante exception, voir l'étude de James J. Reid,
    Â" Necrophilia and alienation, or death and exile Â", Journal of the
    Society for Armenian Studies, vol. 9, 1996-97, p. 105.123.

    3. UM, 139, D. 1., Â" Tyrkiet - Indre Forhold Â", pk. 2, N° CLXXV,
    20/12, 1917. Voir aussi Ayhan Aktar, Â" Debating the Armenian massacres
    in the last Ottoman parliament, November-December 1918 Â", History
    Workshop Journal, Vol. 64, 2007, p. 260.

    4. UM, 139, N. 1., Â" Armenien Â", N° LIV, 10/3, 1916.

    5. George E. White, Â" Some non-conforming Turks Â", Moslem World, Vol.

    8, No 3, 1918, p. 248, cité in Hans-Lukas Kieser, Â" Some remarks on
    Alevi responses to the Missionaries in Eastern Anatolia (19th-20th
    cc.) Â", 2000 - lien : http://www.hist.net/kieser/pu/responses.html
    (consulté en décembre 2005).

    6. Â" The total of Armenian and Syrian dead Â", Current History
    Magazine, November 1916.

    7. Sur cette organisation, voir Matthias Bjørnlund, Â" Karen
    Jeppe, Aage Meyer Benedictsen, and the Ottoman Armenians
    : National survival in imperial and colonial settings Â",
    Haigazian Armenological Review, vol. 28, 2008, p. 9-43 - lien :
    http://www.ermenisoykirimi.net/dansk.htm 8. Armeniervennen, Vol. 5,
    Nos 1-2, 1925, p. 5. Ulrichsen séjourna dans l'empire ottoman, puis
    en Turquie, durant des périodes substantielles en 1919 et 1924 :
    UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Kopibog 1914-1921 Â", No 13, 7/4, 1919 ; Armeniervennen,
    Vol. 5, Nos 1-2, 1925, p. 4-5. Lors de son séjour en en 1924, il
    écrit (id., p. 5) : Â" Des milliers de riches Grecs ont quitté
    précipitamment Constantinople, lorsqu'ils apprirent le sort de
    leurs compatriotes a Smyrne. Des milliers d'autres se retrouvent
    sans travail, simplement parce qu'ils sont chrétiens. L'exigence des
    Jeunes-Turcs selon laquelle tous les citoyens sont égaux aux yeux de
    la loi a même été abandonnée par les Jeunes-Turcs, bien avant. Les
    mêmes kémalistes, qui ont aboli le califat et dont les dirigeants
    se déclaraient indifférents en matière religieuse, réclament
    maintenant que seuls des musulmans travaillent pour l'Etat et les
    compagnies autorisées. Brousse [Bursa], que la confrérie étudiante
    a visité en juillet cette année, a déja été nettoyée de ses
    Grecs et de ses Arméniens. Le quartier le plus prospère est vide,
    les églises et les écoles sont a l'abandon, les fenêtres brisées,
    le mobilier plus ou moins détruit. Â" (A moins que cela ne soit
    indiqué ailleurs, toutes les traductions [anglaises] sont de l'A. -
    MB). Sur la persécution des Juifs ottomans, voir par ex.

    Matthias Bjørnlund, Â" 'When the cannons talk, the diplomats must
    be silent' : un diplomate danois a Constantinople durant le génocide
    arménien Â", Genocide Studies and Prevention, Vol. I, N° 2, 2006, p.

    208-209.

    9. Soner Cagaptay, Islam, Secularism, and Nationalism in Modern Turkey,
    Londres - New York : Routledge, 2006, p. 9.

    10. Hilmar Kaiser, Â" The Ottoman government and the end
    of the Ottoman social formation, 1915-1917 Â", 2001 - lien :
    http://www.hist.net/kieser/aghet/Essays/EssayKaiser.html (consulté
    en aoÃ"t 2007) ; Nesim Seker, Â" Demographic engineering in the late
    Ottoman Empire and the Armenians Â", Middle Eastern Studies, Vol. 43,
    No 43, 2007, p. 463.

    11. Voir, par ex., Taner Akcam, A Shameful Act : The Armenian Genocide
    and the Question of Turkish Responsability, New York : Metropolitan
    Books, 2006, p. 102-103 ; Hans-Lukas Kieser, Â" Armenians, Turks,
    and Europe in the shadow of World War I : recent historiographical
    developments Â", in : Hans-Lukas Kieser et Elmar Plozza, éd.,
    Der Völkermord an den Armeniern, die Turkei und Europa/The Armenian
    Genocide, Turkey and Europe, Zurich : Chronos Verlag, 2006, p. 48 : Â"
    Le sort des Arméniens dans le contexte d'une guerre totale n'apparaît
    pas comme un monolithe isolé : tout montre qu'il fait partie du
    puzzle - marquant le sommet de l'iceberg - d'une violence et d'une
    coercition étatiques visant a la construction d'une nation ethnique
    turque en Anatolie, en opposition a d'autres projets politiques. Les
    expériences des Ottomans orthodoxes (Rum) expulsés ou Â" échangés
    Â" et des Assyriens/Syriaques (Suryani et Asuri) massacrés, ainsi
    que celles des musulmans et des muhacir réinstallés (réfugiés
    des Balkans et du Caucase, a mesure qu'ils étaient assimilés au
    sein de la nation turque en Anatolie) s'inscrivent dans un panorama
    plus large. Â" 12. Akcam, Genocide Studies and Prevention, 2006,
    p. 133-134. Voir aussi David Gaunt, Massacres, Resistance, Protectors
    : Muslim-Christian Relations in Eastern Anatolia During World War I,
    Piscataway, NJ / Gorgias Press, 2006, p. 65.

    13. Sur les utilisations de l'expression Â" épuration ethnique
    Â" pour décrire ces événements, voir Roger W. Smith, Â"
    Introduction Â", in : Morgenthau, 2003, p. xxxiv, et Halil Berktay,
    Â" A genocide, three constituencies, thoughts for the future (Part
    I) Â", Armenian Weekly, Vol. 73, No 16, 21 April 2007 - lien :
    http://www.hairenik.com/armenianweekly/gin042107_03.htm (consulté
    en aoÃ"t 2007). D'après Smith, 1973, p. 31, les événements de 1914
    ne furent Â" pas un 'massacre' au sens des massacres d'Arméniens et
    de Bulgares, bien que de nombreux cas de meurtres, destructions et
    viols se soient produits. Ce fut ce que les Grecs nomment diogmos -
    persécution. Â" 14. Henry Morgenthau, Ambassador Morgenthau's Story,
    Wayne State : Wayne State University Press, 2003 (1ère éd. 1918),
    p. 222-223 ; Taner Akcam, From Empire to Republic : Turkish
    Nationalism and the Armenian Genocide, Londres et New York : Zed
    Books, 2004, p. 147 ; Arnold Toynbee, The Western Question in Greece
    and Turkey, Londres, 1992 (1ère éd. 1922), p. 140 ; A. A. Pallis,
    Â" Racial migrations in the Balkans during the years 1912-1924 Â",
    The Geographical Journal, Vol.

    66, No 4, 1925, p. 318. D'après Van der Zee, entre 70 et 80
    000 Grecs furent expulsés avant juin 1914 : UM, 5. L. 15., Â"
    Grækenland-Tyrkiet : Politiske Forhold Â", pk. 1, No 41, 27/6, 1914.

    15. Nationaltidende, 19 avril 1914 ; 26 avril 1914 ; 19 mai 1914.

    16. Nationaltidende, 30 avril 1914.

    17. Akcam, 2004, p. 144-149.

    18. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk
    repræsentation.

    1822-1920. Korrespondencesager vedr. Danske konsulater i Levanten
    1864-1918 Â", pk. 27, Â" Upplysningar om danska konsulstjänstmän
    och om d. vicekonsulars [illisible] 1911 Â", 12/1, 1911.

    19. Ibid.

    20. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk
    repræsentation.

    1822-1920. Korrespondencesager vedr. Danske konsulater i Levanten
    1864-1918 Â", pk. 27, Â" Cons. de Danemark, Smyrne Â", 31/3, 1910.

    21. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk
    repræsentation.

    1822-1920. Korrespondencesager vedr. Danske konsulater i Levanten
    1864-1918 Â", pk. 27, Â" Upplysningar om danska konsulstjänstmän och
    om d. vicekonsulars [illisible] 1911 Â", 2/11, 1911. Des membres de la
    famille De Jongh, le marchand Oscar De Jongh et son épouse, furent
    tués par la cavalerie turque le 9 septembre 1922, le premier jour
    de la destruction de Smyrne : Daily Telegraph, 29 septembre 1922, in
    Lysimachos Oeconomos, The Tragedy of the Christian Near East, Londres
    : The Anglo-Hellenic League, 1923, p. 7-8. Voir aussi George Horton,
    The Blight of Asia : An Account of the Systematic Extermination of
    Christian Populations by Mohammedans and of the Culpability of Certain
    Great Powers ; with the True Story of the Burning of Smyrna, Londres :
    Sterndale Classics, 2003 (1ère éd. 1926), p. 85.

    22. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916 Â",
    25/6, 1914. Voir aussi Horton, 2003, p. 28-34.

    23. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916 Â",
    19/6, 1914 ; UM, 5. L. 15., Â" Grækenland-Tyrkiet : Politiske Forhold
    Â", pk.

    1, No 31, 23/6, 1914. Sur l'importance pour le CUP de reprendre les
    îles sous domination grecque : Ahmed Djemal Pacha, Erinnerungen eines
    Turkischen Staatsmannes, Munich : Drei Masken Verlag, 1922, p. 17,
    55, 111-112 ; William Peter Kaldis, Â" Background for conflict :
    Greece, Turkey, and the Aegean Islands, 1912-1914 Â", Journal of
    Modern History, Vol. 51, No 2, 1979, p. 1119-1146 ; Henry Morgenthau,
    United States Diplomacy on the Bosphorus : The Diaries of Ambassador
    Morgenthau, 1913-1916, comp. et intr. Ara Sarafian, Princeton et
    Londres : Gomidas Institute, 2004, p. 19-20.

    24. Michael Llewellyn Smith, Ionian Vision : Greece in Asia Minor
    1919-1922, Londres : Allen Lane, 1973, p. 32.

    25. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916
    Â", 19/6, 1914. Les citations de Van der Zee, extraites de rapports
    écrits en anglais, ont été publiées en toute discrétion.

    26. Hans-Lukas Kieser, Â" Dr Mehmed Reshid (1873-1919) : a political
    doctor Â", in : Hans-Lukas Kieser et Dominik J. Schaller, éd., Der
    Völkermord an den Armeniern und die Shoah/The Armenian Genocide
    and the Shoah, Zurich : Chronos Verlag, 2002, p. 257. Suite a une
    conversation avec Bedri Bey, chef de la police de Constantinople,
    Morgenthau écrit dans son journal, le 25 mai 1914, qu'il pense que le
    CUP a pour objectif d'expulser les Grecs, ainsi que les Bulgares, les
    Serbes et les Albanais : Morgenthau, 2004, p. 60-61. Le 2 juillet 1914,
    il a un entretien avec Talaat, qui semble Â" déterminé a pousser
    les Grecs des campagnes, non des villes, a quitter leur pays Â"
    (ibid., p. 74).

    27. Voir, par ex., Ugur Umit Ungör, Â" When persecution bleeds into
    mass murder : the processive nature of genocide Â", Genocide Studies
    and Prevention, Vol. 1, No 2, 2006, p. 173.

    28. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk
    repræsentation.

    1914-1922. Noter og indberetninger om den politiske udvikling Â",
    Â" Verdenskrigen. Politiske Indberetninger om Tyrkiets Stilling,
    Juni 1917-Aug. 1918 Â", No LXVII, 24/7, 1918.

    29. Yannis G. Mourelos, Â" The 1914 persecutions and the first
    attempt at a exchange of minorities between Greece and Turkey Â",
    Balkan Studies, Vol. 26, No 2, 1985 ; Ayhan Aktar, Â" Homogenising
    the nation, Turkifying the economy : the Turkish experience of the
    population exchange reconsidered Â", in : Renée Hischon, éd.,
    Crossing the Aegean : An Appraisal of the 1923 Compulsory Population
    Exchange between Greece and Turkey, New York - Oxford : Berghahn
    Books, 2003, p. 83 ; Smith, 1973, p. 32-33 ; Norman M. Naimark, Fires
    of Hatred : Ethnic Cleansing in Twentieth-Century Europe, Harvard :
    Harvard University Press, 2001, p. 43. Concernant les persécutions
    antérieures de chrétiens en Macédoine, voir Marjorie Housepian,
    The Smyrna Affair : The First Comprehensive Account of the Burning
    of the City and the Expulsion of the Christians from Turkey in 1922,
    New York : Harcourt, 1971, p. 19-20.

    30. Taner Akcam, Â" The Ottoman documents and the genocidal policies
    of the Committee of Union and Progress [Ittihat ve Terraki] towards
    the Armenians in 1915 Â", Genocide Studies and Prevention, Vol. 1,
    No 2, 2006, p. 133.

    31. Donald Bloxham, Â" Determinants of the Armenian genocide Â", in
    : Richard G. Hovannisian, éd., Looking Backward, Moving Forward :
    Confronting the Armenian Genocide, New Brunswick : Transaction, 2003,
    p. 29-30.

    32. Akcam, Genocide Studies and Prevention, 2006, p. 134-135. Voir
    aussi Bjørnlund, ibid., p. 206-209. Sur la turcisation continue des
    Kurdes et autres groupes non turcs durant les années 1920 et 1930,
    voir Cagaptay, 2006, passim.

    33. UM, 139. D. 1., Â" Tyrkiet-Indre Forhold Â", pk. 1, No II, 24/7,
    1914. Voir aussi Bloxham, in Hovannisian, éd., 2003, p. 28 ; Anahide
    Ter Minassian, Â" Van 1915 Â", in : Richard G. Hovannisian, éd.,
    Armenian Van / Vaspurakan, Costa Mesa, CA : Mazda, 2000, p. 211.

    34. Voir, par ex., Hugh Poulton, Top Hat, Grey Wolf and Crescent -
    Turkish Nationalism and the Turkish Republic, Londres : Hurst, 1997,
    p. 80-81 ; Christopher J. Walker, Armenia - The Survival of a Nation,
    New York : St. Martins Press, 1981, p. 188-195 ; Akcam, 2004, p. 65.

    35. Feroz Ahmad, The Young Turks : The Committee of Union and Progress
    in Turkish politics, Oxford : Oxford University Press, 1969, p. 163.

    36. Voir, par ex., Erik J. Zurcher, Turkey - A Modern History,
    Londres : I. B. Tauris, 1997, p. 132-137.

    37. UM, 139. D. 1., Â" Tyrkiet-Indre Forhold Â", pk. 1, No CLX,
    22/9, 1915.

    38. Ugur Umit Ungör, Â" A reign of terror - CUP rule in Diyarbekir
    Province, 1913-1918 Â", thèse de mastère, Université d'Amsterdam,
    2005, p. 6.

    39. Ronald Grigor Suny, Â" The holocaust before the Holocaust :
    reflections on the Armenian genocide Â", in : Kieser et Schaller,
    éd., 2002, p. 94-98 ; Bloxham, in Hovannisian, éd., 2003, p. 24-34 ;
    Ungör, 2005, p. 13-15, 17 f.

    40. Ungör, 2005, p. 20-21 ; Akcam, 2004, p. 138-139. Sur le lien
    entre la politique linguistique du CUP et le génocide qui suivit
    : Hilmar Kaiser, Imperialism, Racism, and Development Theories :
    The Construction of a Dominant Paradigm on the Ottoman Armenians,
    Ann Arbor, MI : Gomidas Institute, 1998, p. 28.

    41. Akcam, 2004, p. x ; Robert Melson, Â" Provocation or nationalism
    : a critical inquiry into the Armenian genocide of 1915 Â", in :
    Richard Hovannisian, éd., The Armenian Genocide in Perspective,
    New Brunswick : Transaction Publishers, 1986, p. 77.

    42. UM, 139. D. 1, Â" Politiske Begivenheder i Tyrkiet i 1914 Â",
    26/1, 1915.

    43. UM, 139. D. 1, Â" Tyrkiet-Indre Forhold Â", pk. 1, No II, 24/7,
    1914.

    44. Ibid.

    45. Une des conséquences du boycott fut que les Turcs ne furent pas
    autorisés a travailler pour des chrétiens : Morgenthau, 2004, p. 68,
    70. Sur la fermeture des églises et des écoles grecques orthodoxes
    comme protestation contre le boycott et les persécutions, voir
    ibid., p. 70 ; UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk
    repræsentation Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske
    udvikling, 1914-1922 Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov.

    1914-marts 1916 Â", 19/6, 1914. Sur les boycotts économiques dans
    l'empire ottoman : Halil Inalcik, éd., An Economic and Social History
    of the Ottoman Empire, 1300-1914, Cambridge : Cambridge University
    Press, 1994, p. 840-841.

    46. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916
    Â", 25/6, 1914. La plupart des muhadjirs qui s'installèrent dans
    la région égéenne n'étaient pas familiers avec le climat ou les
    conditions agricoles de la zone (beaucoup ne parlaient même pas le
    turc), ce qui, d'après le gouverneur local de Tchesmé, Hilmi Uran,
    se traduisit rapidement par une dégradation significative du niveau
    de vie : Aktar, in Hirschon, éd., 2003, p. 84.

    47. Caglar Keyder, Â" The consequences of the exchange of populations
    for Turkey Â", in : Hirschon, éd., 2003, p. 45.

    48. Ibid., p. 51 ; Aktar, in Hirschon, éd., 2003, p. 91.

    49. Nationaltidende, 29 avril 1914. Voir aussi Nationaltidende,
    20 juin 1914.

    50. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916 Â",
    19/6, 1914.

    51. Ibid. Sur la violence sexuelle liée aux persécutions de 1914,
    voir aussi Horton, 2003, p. 32.

    52. Voir aussi Smith, 1973, p. 31.

    53. Sur les antécédents des centaines de milliers de muhadjirs,
    et leurs expériences atroces durant les guerres balkaniques ou dans
    l'empire russe, voir, par ex., Aktar, in Hirschon, éd., 2003, p. 82
    ; Smith, 1973, p. 30-31 ; Stephen D. Shenfield, Â" The Circassians :
    a forgotten genocide ? Â", in : Mark Levene et Penny Roberts, éd.,
    The Massacre in History, Londres et New York : Berghahn Books, 1999, p.

    149-162. Pour un témoignage oculaire danois sur les atrocités
    commises par les Bulgares contre des civils musulmans et grecs en
    1912 : Franz von Jessen, Mænd og Kampe paa Balkan, Copenhague :
    Gyldendal, 1913, p.

    236-240.

    54. UM, 139. D. 1., Â" Politiske Begivenheder i Tyrkiet i 1914 Â",
    26/1, 1915, p. 17. Sur une estimation du nombre des bachi-bouzouks :
    UM, 5.

    L. 15., Â" Grækenland-Tyrkiet : Politiske Forhold Â", pk. 1, No
    31, 23/6, 1914. Sur la Â" haine des Turcs vis-a-vis des Grecs Â",
    voir aussi Morgenthau, 2004, p. 68 ; Vahram Dadrian, To the Desert
    : Pages from My Diary, Princeton et Londres : Gomidas Institute,
    2003, p. 8, où l'A. relate qu'en novembre 1914, le jour de la
    proclamation du djihad, un rassemblement se tint a Tchorum [Corum]
    Â" auquel les dignitaires grecs et arméniens de la ville furent
    aussi conviés. Ceux qui prirent la parole soulignèrent qu'il n'y
    avait aucune différence entre les chrétiens, quelle que soit leur
    nationalité : ils étaient tous des ennemis malveillants des Turcs. Â"
    55. UM, 2-0355, Â" Konstantinople/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916 Â",
    19/6, 1914.

    56. Kieser, in Kieser et Schaller, éd., 2002, p. 257. Voir aussi
    Smith, 1973, p. 51.

    57. Voir aussi Nationaltidende, 2 avril 1914, relatant comment des
    milliers de musulmans ont été récemment expulsés de Salonique.

    58. Kieser, in Kieser et Schaller, éd., 2002, p. 257. Rahmi et
    d'autres nationalistes radicaux de haut rang, comme Talaat et
    Mustafa Kemal (Ataturk), étaient originaires des Balkans. Ils se
    radicalisèrent suite a la perte de leur patrie et de membres de
    leurs familles et figurèrent parmi les Jeunes-Turcs les plus résolus
    quant a la création d'une nouvelle patrie, ethniquement homogène,
    en Anatolie.

    Pour une introduction : Erik-Jan Zurcher, Â" Greek and
    Turkish refugees and deportees 1912-1924 Â", 2003 - lien :
    http://www.let.leidenuniv.nl/tcimo/tulp/Research/ejz18.htm (consulté
    en aoÃ"t 2007). Voir aussi Akcam, A Shameful Act, 2006, p. 85-87 ;
    Andrew D. Kalmykow, Memoirs of a Russian Diplomat : Outposts of the
    Empire, 1893-1917, éd. Alexandra Kalmykow, Yale : Yale University
    Press, 1971, p. 253 ; Cagaptay, 2006, p. 7.

    59. Aktar, in Hirschon, éd., 2003, p. 83.

    60. Cité in Akcam, Genocide Studies and Prevention, 2006, p. 133.

    61. Kalmykow, 1971, p. 258.

    62. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916 Â",
    25/6, 1914. Sur les colons crétois musulmans avant la Première
    Guerre mondiale : Sophia Koufopoulou, Â" Muslims Cretans in Turkey :
    the reformulation of ethnic identity in an Aegean community Â", in :
    Hirschon, éd., 2003, p. 211.

    63. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916
    Â", 25/6, 1914. Voir aussi Smith, 1973, p. 31-32 ; The Scotsman, 19
    juin 1914 ; Atlanta Constitution, 17 juin 1914 ; Zwei Kriegsjahre in
    Konstantinopel : Skizzen deutsch-jungturkischer Moral und Politik,
    Lausanne, 1917, p. 150-151.

    64. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916 Â",
    25/6, 1914.

    65. Ibid. Voir aussi Morgenthau, 2004, p. 71.

    66. In Horton, 2003, p. 28-33.

    67. Voir aussi Nationaltidende, 8 juin 1914.

    68. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916 Â",
    25/6, 1914.

    69. Aktar, in Hirschon, éd., 2003, p. 83. Un total de 18 000 Grecs
    fuirent vers Chios, où ils vivaient démunis, et les autorités
    grecques éprouvèrent de grandes difficultés pour subvenir a leurs
    besoins. 4 000 réfugiés au total fuirent vers l'île déserte de
    Khunnil, où ils mouraient de faim : Politiken, 24 juin 1914. Voir
    aussi Manchester Guardian, 29 juin 1914.

    70. Kieser, in Kieser et Schaller, éd., 2002, p. 257-261.

    71. Aktar, in Hirschon, éd., 2003, p. 83-84.

    72. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916 Â",
    19/6, 1914.

    73. D'après les ambassadeurs danois en Russie et en Autrche-Hongrie,
    H. Scavenius et F. Lerche, une des raisons pour lesquelles les
    autorités mirent fin a l'épuration des Grecs fut que les deux
    cuirassés Dreadnought que la Grande-Bretagne avait venu a l'empire
    [ottoman] n'avaient pas encore été livrés. La Grèce demeurait
    encore la puissance navale supérieure et les Ottomans prirent soin
    de ne pas donner a la Grèce un motif de déclarer la guerre : UM,
    5. L. 15., Â" Grækenland-Tyrkiet : Politiske Forhold Â", pk. 1,
    No XV, 18/6, 1914 ; No XXVI, 18/6, 1914. Voir aussi Nationaltidende,
    13 juin 1914 ; 15 juin 1914 ; 19 juin 1914 ; København, 17 juin 1914.

    74. Aktar, in Hirschon, éd., 2003, p. 83.

    75. UM, 139. D. 1., Â" Tyrkiet-Indre Forhold Â", pk. 1, Â"
    Politiske Begivenheder i Tyrkiet i 1914. Indsendt af Gesandtskabet
    i Konstantinopel 26/1, 1915 Â", p. 17 ; UM, 5. L. 15., Â"
    Grækenland-Tyrkiet : Politiske Forhold Â", pk. 1, No 26, 19/6, 1914 ;
    UM, 5. L. 15., Â" Grækenland-Tyrkiet : Politiske Forhold Â", pk. 1,
    No 28, 20/6, 1914. Voir aussi Dimitri Pentzopoulos, The Balkan Exchange
    of Minorities and Its Impact on Greece, Londres : Hurst, 1962, rééd.

    2002, p. 53-54 ; Morgenthau, 2004, p. 67 ; Kaldis, 1979, p. 1138 ;
    Nationaltidende, 15 juin 1914.

    76. Politiken, 22 juin 1914.

    77. Nationaltidende, 26 avril 1914.

    78. UM, 5. L. 15., Â" Grækenland-Tyrkiet : Politiske Forhold Â",
    pk. 1, No 26, 19/6, 1914.

    79. Akcam, 2004, p. 146-147 ; UM, 139, N. 2., Â" Tyrkiet : Behandling
    af Grækere paa tyrkisk Omraade Â", No X, 14/1, 1917.

    80. UM, 5. L. 15., Â" Grækenland-Tyrkiet : Politiske Forhold Â",
    pk. 1, No 13, 9/6, 1914.

    81. Morgenthau, 2004, p. 75.

    82. UM, 5. L. 15., Â" Grækenland-Tyrkiet : Politiske Forhold Â",
    pk. 1, No 41, 27/6, 1914. Voir aussi Akcam, 2004, p. 145-146.

    83. Nationaltidende, 19 juin 1914.

    84. Nationaltidende, 23 juin 1914.

    85. UM, 2-0355, Â" Konstantinopel/Istanbul, diplomatisk repræsentation
    Â", Â" Noter og indberetninger om den politiske udvikling, 1914-1922
    Â", Â" Verdenskrigen. Rapporter fra Smyrna. Nov. 1914-marts 1916 Â",
    25/6, 1914. Voir aussi Morgenthau, 2004, p. 67.

    Source : http://www.armenica.org/material/bjornlund_aegean_greeks.pdf
    Publié sous forme de chapitre in Dominik J. Schaller & Jurgen
    Zimmerer, éd., Late Ottoman Genocides: The dissolution of the Ottoman
    Empire and Young Turkish population and extermination policies, London
    & New York: Routledge 2009, pp. 34-50 Traduction : © Georges Festa -
    07.2011. Reproduction soumise a autorisation.

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