LA FIN DE L'RE ATATURK
FEAJD
Publie le : 17-08-2011
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
invite a lire la traduction d'un article en anglais du journal armenien
PanArmenian.net parue sur le site de la Federation Euro-Armenienne
pour la Justice et la Democratie le 12 août 2011.
Traduction Gerard Merdjanian - Commentaires du site de la Federation
Euro-Armenienne :
Effectivement il est peu courant que les quatre plus hautes tetes
militaires sautent en meme temps. Mais si le Premier ministre turc
Recep Tayyip Erdogan veut mener a bien la ligne politique que se
sont fixes lui et son parti, il lui faut elimer les geneurs et les
empecheurs de tourner en rond.
La Turquie n'a pas d'ennemis exterieurs a proprement parle, et ce n'est
pas la modeste Armenie qui va l'attaquer pour reprendre possession
des territoires qu'elle a confisque et annexe, puis officialise par
des Traites.
Meme s'il est modere, l'AKP d'Erdogan est avant tout un parti
religieux et en tant que telle la cohabitation dans un Etat laïc
n'est pas chose aisee. Avec Ergenekon, deja un certain nombre de
militaires retraites et de Haut-fonctionnaires avaient ete 'elimines'
de la sphère publique et ne restaient dans l'Etat-profond que quelques
militaires d'actif. Le coup de balai du 29 Juillet, a eu raison d'eux.
Reste le problème Kurde. 15 millions de personnes ce n'est pas rien, vu
qu'elles representent 20% de la population. D'autant qu'il n'est plus
question de les deporter ou de les massacrer comme pour les Armeniens ;
cela ferait desordre face a la communaute internationale et 'adieu'
tous les liens avec les Occidentaux. Aussi, la politique d'Ankara
consiste a les ignorer en tant que minorite et les considère certes
comme des Turcs, mais de seconde zone, en les confinant au fin fond
de l'Anatolie.
Les ennemis de la Turquie sont ses propres demons, son intolerance
vis-a-vis des minorites de tout bord et surtout croire que le
nationalisme exacerbe est la cle de tous maux. La fanfaronnade a des
limites surtout quand on occupe depuis 37 un pays voisin et que l'on
porte la tache infamante de pays genocidaire.
* Brève energetique *
Aleksandr-Khetaguri_mediumLe ministre georgien de l'Energie Aleksandr
Khetaguri a declare que la Georgie va probablement vendre a des
investisseurs etrangers une participation minoritaire (25%) de la
section georgienne du pipeline fournissant du gaz naturel russe a
l'Armenie. Les actions seront mises sur les marchee bousiers de New
York, Londres et Varsovie ; rapporte l'agence Bizzone.info.
Le parlement georgien avait decide l'an dernier la vente partielle
du pipeline Nord-Sud, quand il a retire ce consortium de la liste
des actifs strategiques de l'Etat non- privatisables.
La decision a souleve des craintes a Erevan que la compagnie petrolière
d'Etat azerbaïdjanais (SOCAR) qui gère le reseau domestique georgien
de distribution de gaz, acquière ce pipeline et decide de bloquer les
livraisons de gaz, vitales pour l'Armenie. Certains hauts responsables
azeris ont exprime un interet dans un tel rachat.
"Le gouvernement georgien ne compte pas vendre de participation
majoritaire dans le pipeline. Il y a des installations strategiques
qui continueront a etre geres par le gouvernement," avait declare le
Premier ministre, Nika Gilauri, a Erevan en Fevrier dernier.
Les autorites armeniennes ont elles aussi exprimees leur confiance aux
autorites de Tbilissi, persuadees qu'elles conserveront le contrôle
du principal gazoduc qui approvisionne actuellement que l'Armenie.
Malgre l'importation de gaz iranien depuis Mai 2009, l'Armenie reste
fortement dependante du gaz russe. En outre, plus de 80% de son reseau
de distribution de gaz est detenu par le conglomerat russe Gazprom.
***
*
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a finalement mis un terme
a la Turquie de Kemal Ataturk. Pour la première fois dans l'histoire
de la Republique de Turquie, les Chefs des trois armees, terre air et
mer, ont demissionne avant-terme. C'est un phenomène sans precedent,
mais il s'intègre bien dans le plan adopte par le Parti Justice et
Developpement (AKP) qui consiste a transformer l'Etat turc, de laïque
a islamique modere. L'AKP peut maintenant savourer sa victoire sur
les militaires.
D'autre part Erdogan peut ainsi rappeler l'histoire recente de son
pays, dirige cinq fois par des militaires suite a des coups d'Etat. La
Turquie n'avait pas eu de president 100% civil avant d'Abdullah Gul.
Les politiques, interieure et etrangère, de la Turquie etaient decidees
par l'Etat-major militaire (l'Etat profond), et cela semblait etre
une situation perenne. Gal-Isik-Kosaner1_mediumLe Chef d'Etat-major,
Isik Kosaner, est pousse a demissionner le 29 Juillet dernier, après
une rencontre en tete-a-tete avec le Premier ministre.
Erdogan a voulu mettre Kosaner en retraite anticipee, en reponse,
Kosaner a demissionne après 37 ans de bons et loyaux services, suivi
par les trois demissions des commandants en Chef des Armees de terre,
de mer et l'air. En fait, le plan "Bayloz" et Ergenekon ont fait
leur travail. Maintenant il est trop tard pour savoir s'il y avait
effectivement ou pas un plan pour un nouveau coup d'Etat militaire.
Très probablement qu'il y avait 'anguille sous roche', mais M.
Erdogan, connaissant l'experience amère de ses predecesseurs, a
prefere jouer la securite.
Le 4 août, lors de la reunion du Conseil militaire supreme de la
Turquie, le General de gendarmerie, Necdet Ozel, a ete nomme Chef
d'Etat-major des Armees, Gal-Necdet-Ozel1_maxile General Hayri
Kivrikoglu, commandant en Chef des forces terrestres, l'amiral Emin
Bilgel, celui de la marine, pour l'Armee de l'air le General Mehmet
Erten, tandis que le General Bekir Kalyoncu a pris le poste laisse
vacant a la tete de la gendarmerie. En outre, la demission de 14
generaux emprisonnes etait attendue, mais aux dernières nouvelles,
la decision a ete reportee d'un an, afin de renforcer la position
du nouveau chef d'Etat-major. Comme indique par les medias, c'est
la première fois que tous les commandants en Chef sont des diplômes
des academies militaires turques. Auparavant, ces postes etaient
occupes par des diplômes [Turcs] d'ecoles militaires americaines
et europeennes.
Au palmarès d'Isik Kosaner, on lit que sa brigade faisait partie des
troupes turques qui ont occupe le Nord de Chypre et ont expulse les
165.000 Grecs qui y residaient.
Selon un expert de l'Universite Marmara d'Istanbul, Behlul Ozkan,
pour la première fois dans l'histoire turque de hauts commandants
militaires ont decide de demissionner plutôt que prendre le pouvoir
et destituer le gouvernement elu. Curieusement, certains experts
occidentaux evaluent ces changements comme "une victoire pour la
democratie et la societe civile", alors qu'il n'y a rien de tel ! On
notera que, pour diverses raisons, l'Occident considère tout changement
dans nombre de pays comme une victoire de la democratie, meme quand
cela n'a rien a voir. Il n'est pas necessaire de chercher des exemples
bien loin : ainsi les recents evenements dans le monde arabe qui ont
abouti a un regime militaire, notamment en Egypte, et qui sans raison
sont presentes au monde comme une victoire democratique. Desormais,
l'Occident essaie de faire la meme chose pour la Turquie, en ne tenant
pas compte du système politique ni de la mentalite orientale.
Une attitude similaire a egalement prise par des journaux turcs
d'opposition, notamment Taraf qui considère ce chamboulement dans
l'Etat-major comme une etape importante sur le long chemin de la
Turquie vers la democratie. Selon le quotidien Zaman, le nouveau Chef
d'Etat-major, Necdet Ozel, est "un militaire avec une forte legitimite
democratique." Milliyet, quant a lui, se referant a l'expert Asli
Aydintasbas, ecrit que les demissions marquent la fin d'une epoque,
dans laquelle l'Armee etait la gardienne de la laïcite, etablie par
Mustafa Kemal - Ataturk. Ainsi, la première Republique turque se
terminerait pour laisser la place a la seconde. Cependant, compte
tenue de l'histoire de la Turquie, il est difficile de croire que
l'Armee se taira a jamais.
La societe turque s'eloigne de la laïcite, en devenant une republique
islamique a parti unique. Mais l'armee ne sera pas en mesure de la
sortir de cet enlisement, si cela devait arriver. Ceux qui qualifient
les derniers developpements comme un triomphe de la societe civile,
risquent forts de dechanter, car dans les faits, la Turquie se dirige
non vers la democratie, mais vers l'islamisme.
Karine Ter-Sahakian - PanArmenian.net
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Source/Lien : FEAJD
FEAJD
Publie le : 17-08-2011
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PanArmenian.net parue sur le site de la Federation Euro-Armenienne
pour la Justice et la Democratie le 12 août 2011.
Traduction Gerard Merdjanian - Commentaires du site de la Federation
Euro-Armenienne :
Effectivement il est peu courant que les quatre plus hautes tetes
militaires sautent en meme temps. Mais si le Premier ministre turc
Recep Tayyip Erdogan veut mener a bien la ligne politique que se
sont fixes lui et son parti, il lui faut elimer les geneurs et les
empecheurs de tourner en rond.
La Turquie n'a pas d'ennemis exterieurs a proprement parle, et ce n'est
pas la modeste Armenie qui va l'attaquer pour reprendre possession
des territoires qu'elle a confisque et annexe, puis officialise par
des Traites.
Meme s'il est modere, l'AKP d'Erdogan est avant tout un parti
religieux et en tant que telle la cohabitation dans un Etat laïc
n'est pas chose aisee. Avec Ergenekon, deja un certain nombre de
militaires retraites et de Haut-fonctionnaires avaient ete 'elimines'
de la sphère publique et ne restaient dans l'Etat-profond que quelques
militaires d'actif. Le coup de balai du 29 Juillet, a eu raison d'eux.
Reste le problème Kurde. 15 millions de personnes ce n'est pas rien, vu
qu'elles representent 20% de la population. D'autant qu'il n'est plus
question de les deporter ou de les massacrer comme pour les Armeniens ;
cela ferait desordre face a la communaute internationale et 'adieu'
tous les liens avec les Occidentaux. Aussi, la politique d'Ankara
consiste a les ignorer en tant que minorite et les considère certes
comme des Turcs, mais de seconde zone, en les confinant au fin fond
de l'Anatolie.
Les ennemis de la Turquie sont ses propres demons, son intolerance
vis-a-vis des minorites de tout bord et surtout croire que le
nationalisme exacerbe est la cle de tous maux. La fanfaronnade a des
limites surtout quand on occupe depuis 37 un pays voisin et que l'on
porte la tache infamante de pays genocidaire.
* Brève energetique *
Aleksandr-Khetaguri_mediumLe ministre georgien de l'Energie Aleksandr
Khetaguri a declare que la Georgie va probablement vendre a des
investisseurs etrangers une participation minoritaire (25%) de la
section georgienne du pipeline fournissant du gaz naturel russe a
l'Armenie. Les actions seront mises sur les marchee bousiers de New
York, Londres et Varsovie ; rapporte l'agence Bizzone.info.
Le parlement georgien avait decide l'an dernier la vente partielle
du pipeline Nord-Sud, quand il a retire ce consortium de la liste
des actifs strategiques de l'Etat non- privatisables.
La decision a souleve des craintes a Erevan que la compagnie petrolière
d'Etat azerbaïdjanais (SOCAR) qui gère le reseau domestique georgien
de distribution de gaz, acquière ce pipeline et decide de bloquer les
livraisons de gaz, vitales pour l'Armenie. Certains hauts responsables
azeris ont exprime un interet dans un tel rachat.
"Le gouvernement georgien ne compte pas vendre de participation
majoritaire dans le pipeline. Il y a des installations strategiques
qui continueront a etre geres par le gouvernement," avait declare le
Premier ministre, Nika Gilauri, a Erevan en Fevrier dernier.
Les autorites armeniennes ont elles aussi exprimees leur confiance aux
autorites de Tbilissi, persuadees qu'elles conserveront le contrôle
du principal gazoduc qui approvisionne actuellement que l'Armenie.
Malgre l'importation de gaz iranien depuis Mai 2009, l'Armenie reste
fortement dependante du gaz russe. En outre, plus de 80% de son reseau
de distribution de gaz est detenu par le conglomerat russe Gazprom.
***
*
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a finalement mis un terme
a la Turquie de Kemal Ataturk. Pour la première fois dans l'histoire
de la Republique de Turquie, les Chefs des trois armees, terre air et
mer, ont demissionne avant-terme. C'est un phenomène sans precedent,
mais il s'intègre bien dans le plan adopte par le Parti Justice et
Developpement (AKP) qui consiste a transformer l'Etat turc, de laïque
a islamique modere. L'AKP peut maintenant savourer sa victoire sur
les militaires.
D'autre part Erdogan peut ainsi rappeler l'histoire recente de son
pays, dirige cinq fois par des militaires suite a des coups d'Etat. La
Turquie n'avait pas eu de president 100% civil avant d'Abdullah Gul.
Les politiques, interieure et etrangère, de la Turquie etaient decidees
par l'Etat-major militaire (l'Etat profond), et cela semblait etre
une situation perenne. Gal-Isik-Kosaner1_mediumLe Chef d'Etat-major,
Isik Kosaner, est pousse a demissionner le 29 Juillet dernier, après
une rencontre en tete-a-tete avec le Premier ministre.
Erdogan a voulu mettre Kosaner en retraite anticipee, en reponse,
Kosaner a demissionne après 37 ans de bons et loyaux services, suivi
par les trois demissions des commandants en Chef des Armees de terre,
de mer et l'air. En fait, le plan "Bayloz" et Ergenekon ont fait
leur travail. Maintenant il est trop tard pour savoir s'il y avait
effectivement ou pas un plan pour un nouveau coup d'Etat militaire.
Très probablement qu'il y avait 'anguille sous roche', mais M.
Erdogan, connaissant l'experience amère de ses predecesseurs, a
prefere jouer la securite.
Le 4 août, lors de la reunion du Conseil militaire supreme de la
Turquie, le General de gendarmerie, Necdet Ozel, a ete nomme Chef
d'Etat-major des Armees, Gal-Necdet-Ozel1_maxile General Hayri
Kivrikoglu, commandant en Chef des forces terrestres, l'amiral Emin
Bilgel, celui de la marine, pour l'Armee de l'air le General Mehmet
Erten, tandis que le General Bekir Kalyoncu a pris le poste laisse
vacant a la tete de la gendarmerie. En outre, la demission de 14
generaux emprisonnes etait attendue, mais aux dernières nouvelles,
la decision a ete reportee d'un an, afin de renforcer la position
du nouveau chef d'Etat-major. Comme indique par les medias, c'est
la première fois que tous les commandants en Chef sont des diplômes
des academies militaires turques. Auparavant, ces postes etaient
occupes par des diplômes [Turcs] d'ecoles militaires americaines
et europeennes.
Au palmarès d'Isik Kosaner, on lit que sa brigade faisait partie des
troupes turques qui ont occupe le Nord de Chypre et ont expulse les
165.000 Grecs qui y residaient.
Selon un expert de l'Universite Marmara d'Istanbul, Behlul Ozkan,
pour la première fois dans l'histoire turque de hauts commandants
militaires ont decide de demissionner plutôt que prendre le pouvoir
et destituer le gouvernement elu. Curieusement, certains experts
occidentaux evaluent ces changements comme "une victoire pour la
democratie et la societe civile", alors qu'il n'y a rien de tel ! On
notera que, pour diverses raisons, l'Occident considère tout changement
dans nombre de pays comme une victoire de la democratie, meme quand
cela n'a rien a voir. Il n'est pas necessaire de chercher des exemples
bien loin : ainsi les recents evenements dans le monde arabe qui ont
abouti a un regime militaire, notamment en Egypte, et qui sans raison
sont presentes au monde comme une victoire democratique. Desormais,
l'Occident essaie de faire la meme chose pour la Turquie, en ne tenant
pas compte du système politique ni de la mentalite orientale.
Une attitude similaire a egalement prise par des journaux turcs
d'opposition, notamment Taraf qui considère ce chamboulement dans
l'Etat-major comme une etape importante sur le long chemin de la
Turquie vers la democratie. Selon le quotidien Zaman, le nouveau Chef
d'Etat-major, Necdet Ozel, est "un militaire avec une forte legitimite
democratique." Milliyet, quant a lui, se referant a l'expert Asli
Aydintasbas, ecrit que les demissions marquent la fin d'une epoque,
dans laquelle l'Armee etait la gardienne de la laïcite, etablie par
Mustafa Kemal - Ataturk. Ainsi, la première Republique turque se
terminerait pour laisser la place a la seconde. Cependant, compte
tenue de l'histoire de la Turquie, il est difficile de croire que
l'Armee se taira a jamais.
La societe turque s'eloigne de la laïcite, en devenant une republique
islamique a parti unique. Mais l'armee ne sera pas en mesure de la
sortir de cet enlisement, si cela devait arriver. Ceux qui qualifient
les derniers developpements comme un triomphe de la societe civile,
risquent forts de dechanter, car dans les faits, la Turquie se dirige
non vers la democratie, mais vers l'islamisme.
Karine Ter-Sahakian - PanArmenian.net
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