REVUE DE PRESSE
A Deir Ezzor, un semblant de normalité
Au nord-est de la Syrie, sur les rives de l'Euphrate, Deir Ezzor n'a
pas été épargnée par la contestation qui s'est emparée depuis la
mi-mars de la plupart des villes moyennes du pays.
Le 7 août, à l'aube, les chars de l'armée syrienne ont fait feu sur
des quartiers de cette cité d'environ 280 000 habitants. Selon une
tactique militaire déjà éprouvée, l'armée a ensuite organisé le siège
de la ville, le temps de nettoyer les poches de résistance.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme ( OSDH), basé à Londres, y
a répertorié une vingtaine de morts et de nombreuses arrestations.
« Une large partie de la population choisit l'attentisme » Hier, dans
le cadre d'une visite organisée par les autorités, une journaliste de
l'Agence France-Presse a pu voir une douzaine de blindés quitter la
ville et des habitants lancer du riz et des fleurs sur les soldats.
De nombreuses cités sont ainsi partagées entre des opposants virulents
au pouvoir, des partisans inféodés au régime, et une large partie de
la population qui choisit l'attentisme.
Deir Ezzor est une cité des confins désertiques, à 450 km de Damas,
marquée par les traditions bédouines très vivaces dans la région, et
par une population kurde bien implantée le long des routes conduisant
à l'Irak et à la Turquie.
Cette cité très ancienne a vu de nombreux conquérants, des armées
entières et des caravanes de commerce, traverser l'Euphrate. Au temps
du mandat français sur la Syrie (1920-1944), elle représentait une
position défensive avancée.
Pétrole et tourisme Depuis un quart de siècle, la construction d'un
barrage sur l'Euphrate, qui a fortement augmenté les surfaces
agricoles irriguées, et l'exploitation de gisements de pétrole dans la
région, lui ont donné un rôle économique important.
Deir Ezzor est aussi, en temps normal, une escale touristique non loin
de la frontière irakienne.
C'est le point de départ pour la découverte des antiquités
mésopotamiennes, sur les rives de l'Euphrate et de son affluent, Al
Khabour, qui ont vu naître et se développer de grandes civilisations
antiques, puis des métropoles grecques et romaines.
"Fin mars, des touristes s'y promenaient encore" À 85 km au sud se
trouve Doura Europos (As Saliha), fondée au IVe siècle avant J.-C. et
qui vit se succéder Perses, Romains, et Palmyriens.
En 1915-1916, des dizaines de milliers d'Arméniens expulsés par
l'armée turque d'Anatolie y ont été déportés et massacrés.
Un mémorial a été érigé dans la ville. Les visiteurs peuvent aussi
marcher sur le « pont des Français », pont suspendu piétonnier
construit sous le mandat français en 1924.
Fin mars, des touristes s'y promenaient encore. Aujourd'hui, les
hôtels sont vides dans un pays où insurrections et répression
paralysent une économie fragile.
Agnès ROTIVEL
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/A-Deir-Ezzor-un-semblant-de-normalite-_EP_-2011-08-16-699542
samedi 20 août 2011,
Sté[email protected]
A Deir Ezzor, un semblant de normalité
Au nord-est de la Syrie, sur les rives de l'Euphrate, Deir Ezzor n'a
pas été épargnée par la contestation qui s'est emparée depuis la
mi-mars de la plupart des villes moyennes du pays.
Le 7 août, à l'aube, les chars de l'armée syrienne ont fait feu sur
des quartiers de cette cité d'environ 280 000 habitants. Selon une
tactique militaire déjà éprouvée, l'armée a ensuite organisé le siège
de la ville, le temps de nettoyer les poches de résistance.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme ( OSDH), basé à Londres, y
a répertorié une vingtaine de morts et de nombreuses arrestations.
« Une large partie de la population choisit l'attentisme » Hier, dans
le cadre d'une visite organisée par les autorités, une journaliste de
l'Agence France-Presse a pu voir une douzaine de blindés quitter la
ville et des habitants lancer du riz et des fleurs sur les soldats.
De nombreuses cités sont ainsi partagées entre des opposants virulents
au pouvoir, des partisans inféodés au régime, et une large partie de
la population qui choisit l'attentisme.
Deir Ezzor est une cité des confins désertiques, à 450 km de Damas,
marquée par les traditions bédouines très vivaces dans la région, et
par une population kurde bien implantée le long des routes conduisant
à l'Irak et à la Turquie.
Cette cité très ancienne a vu de nombreux conquérants, des armées
entières et des caravanes de commerce, traverser l'Euphrate. Au temps
du mandat français sur la Syrie (1920-1944), elle représentait une
position défensive avancée.
Pétrole et tourisme Depuis un quart de siècle, la construction d'un
barrage sur l'Euphrate, qui a fortement augmenté les surfaces
agricoles irriguées, et l'exploitation de gisements de pétrole dans la
région, lui ont donné un rôle économique important.
Deir Ezzor est aussi, en temps normal, une escale touristique non loin
de la frontière irakienne.
C'est le point de départ pour la découverte des antiquités
mésopotamiennes, sur les rives de l'Euphrate et de son affluent, Al
Khabour, qui ont vu naître et se développer de grandes civilisations
antiques, puis des métropoles grecques et romaines.
"Fin mars, des touristes s'y promenaient encore" À 85 km au sud se
trouve Doura Europos (As Saliha), fondée au IVe siècle avant J.-C. et
qui vit se succéder Perses, Romains, et Palmyriens.
En 1915-1916, des dizaines de milliers d'Arméniens expulsés par
l'armée turque d'Anatolie y ont été déportés et massacrés.
Un mémorial a été érigé dans la ville. Les visiteurs peuvent aussi
marcher sur le « pont des Français », pont suspendu piétonnier
construit sous le mandat français en 1924.
Fin mars, des touristes s'y promenaient encore. Aujourd'hui, les
hôtels sont vides dans un pays où insurrections et répression
paralysent une économie fragile.
Agnès ROTIVEL
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/A-Deir-Ezzor-un-semblant-de-normalite-_EP_-2011-08-16-699542
samedi 20 août 2011,
Sté[email protected]