ENCHAiNE A UN ARBRE PENDANT TROIS MOIS : LE CALVAIRE D'UN CASQUE BLEU AU DARFOUR
collectifvan.org
24-08-2011
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
invite a lire cette information publiee sur le site de l'ONU le 19
août 2011.
ONU
19 août 2011 - Lorsque Istvan Papp s'est reveille le matin du 7 octobre
de l'annee dernière, il ne pouvait pas se douter qu'il passerait les
trois prochains mois a se reveiller a ciel ouvert, encercle par des
chameaux et enchaîne a un arbre a proximite de la frontière soudanaise
avec le Tchad.
Ce jeudi la, le Casque bleu civil des Nations unies etait parti
effectuer une mission de maintien de la paix conjointement menee par
les Nations Unies et l'Union africaine (MINUAD) - dont le but etait
de superviser le programme pour le desarmement, la demobilisation et
la reintegration d'anciens combattants - puis il est retourne chez
lui et a partage cette experience avec quatre autres collègues a El
Fasher, la capitale de l'Etat du Nord-Darfour, au Soudan.
Comme il le faisait depuis un an et demi a la nuit tombee, M. Papp
s'appretait a monter sur son toit pour telephoner a sa famille en
Hongrie lorsque soudain tout a change.
" J'etais dans le couloir, juste en face de ma chambre lorsque j'ai
vu une personne debout dans le hall tenant une mitrailleuse et nous
criant dessus pour que nous entrions tous dans une chambre où ils
nous ont attaches."
Un nombre inconnu d'hommes armes a penetre dans la residence.
A 55 ans, Istvan Papp etait conscient des dangers d'exercer une telle
mission dans des zones isolees. Durant ses 31 annees d'activite au
service des forces armees hongroises, et egalement après sa retraite,
il a servi dans plusieurs operations de maintien de la paix en Iraq,
en Iran, dans le Sinaï, au Mozambique, en Republique democratique
du Congo (RDC) et au Nepal, mais il a aussi passe plusieurs annees
dans les bureaux du Departement des operations de maintien de la paix
(DOMP) au siège des Nations Unies a New York.
Dans une certaine mesure, sa formation l'avait prepare a ce qui
s'est passe. Cependant, au regard du calvaire qu'il vient de subir,
M. Papp estime qu'aucun entraînement ne prepare a de telles conditions
de survie. " Tu n'arrives pas a croire que cela t'arrive. Tu ne te
rends pas compte de ce qui se passe ", raconte-t-il.
Les coups de crosse de la mitrailleuse sur ses reins l'ont mene a
prendre conscience de la gravite de la situation dans laquelle il se
trouvait lors de cette nuit venteuse du jeudi.
Aux côtes d'un colocataire serbe, il etait conduit, sous la menace
du canon, vers un vehicule des Nations Unies gare a l'exterieur de
la residence. L'un de ses ravisseurs au volant, les autres assis sur
les sièges, ils sont partis. Profitant d'un moment de distraction,
le colocataire de M. Papp est parvenu a s'enfuir du vehicule dont
les portes n'etaient pas closes. Ce fut une toute autre histoire pour
Istvan Papp, attache a l'arrière du 4X4.
" Dans un sens, j'etais content qu'il soit parti parce qu'au moins il
serait en mesure de donner l'alerte. Il pourrait faire quelque chose
qui pourrait aussi m'aider ", explique M. Papp. " Mais j'etais attache,
jete a l'arrière du vehicule. Je n'avais aucune chance. "
De ses autres colocataires, deux ont ete enfermes dans un autre
vehicule mais accompagnes par moins de ravisseurs ils sont parvenus
a s'echapper. Le cinquième colocataire ne s'etait pas fait remarque
par les ravisseurs durant leur effraction.
Le vehicule des Nations unies transportant M. Papp a ete abandonne
a El Fasher. Il a alors ete transfere vers deux autres vehicules -
le dernier transfert s'est effectue a proximite de la base de la
MINUAD - avant de finalement filer a toute allure vers la frontière
avec le Tchad a 400 kilomètres d'El Fasher.
Ce fut un long periple, alors que le choc de ce qui venait de se
produire s'estompait, la situation dans laquelle se trouvait M. Papp
s'aggravait.
" Je n'avais aucune idee durant les premières heures de ce qui etait
en train de se passer. Tu obeis juste et fais ce qu'on te demande de
faire. J'avais lu une brochure de l'ONU sur le comportement a adopter
lors d'un enlèvement - tu te rappelles qu'il vaut mieux attendre -
ils ne t'ont pas tue, c'est bon signe, " raconte M. Papp.
Plus tard, ceci a ete confirme lorsque un ou deux jours après
l'enlèvement, ses ravisseurs ont organise un appel via telephone
satellite a la Radio Dabanga - une radio independante neerlandaise
couvrant les evenements au Darfour - ce qui etait la première occasion
pour M. Papp de donner signe de vie.
" Lorsque tu entends pour la première fois qu'ils cherchent a obtenir
une rancon, cela signifie qu'ils vont te nourrir, veiller a ta securite
et au reste, " confie-t-il. " Ils m'ont dit que mon boulot etait de
rester en bonne sante, qu'ils veilleraient a ma securite, qu'ils me
nourriraient, me fourniraient de l'eau et qu'ils assureraient les
negociations car c'etaient leur affaire. "
Les ravisseurs demandaient une rancon de 1 million de dollars -
cependant, la politique des Nations Unies est de ne pas payer de
rancons et la responsabilite de la securite des membres des Nations
unies dans les zones d'operation de maintien de la paix incombe en
premier lieu aux autorites locales.
Initialement, M. Papp a conserve un certain niveau de liberte
personnelle mais cela n'a pas dure.
" Durant les 10 premiers jours, j'etais traite comme un vieil homme,
il m'aimait bien et je n'etais pas attache. J'etais surveille
mais j'avais une certaine liberte de mouvement, je pouvais aller
aux toilettes ", explique M. Papp. " Mais dix jours plus tard,
lorsqu'ils ont appris que j'etais un ancien militaire - je devais
leur dire ce genre d'information, ils auraient cherche a les obtenir,
il etait donc mieux que je prenne les devants - ils ont alors decide
de m'enchaîner durant la nuit puis, après deux ou trois jours, durant
la journee egalement, soit 24h/24. "
Les chaînes devinrent une part centrale et recurrente du quotidien du
Casque Bleu, aux côtes d'un troupeau de chameaux et de nombreux arbres.
" Nous changions d'endroit tous les deux ou trois jours. Peu importe
où nous allions, leur première preoccupation etait de trouver un arbre
auquel m'attacher ", explique Istvan Papp. " Lorsqu'ils trouvaient un
arbre adequat, dessinant une ombre durant la journee, ils attachaient
une extremite de la chaîne a l'arbre et l'autre a ma jambe gauche ou
droite. "
Malgre ces conditions, M. Papp appreciait la relative prevenance dont
faisaient part ses ravisseurs.
" J'ai toujours eu le choix de la jambe a laquelle je voulais
etre enchaîne ", dit-il. " Durant la journee, lorsque le soleil se
deplacait, je devais changer de place. La chaîne etait longue de trois
mètres, composee de 96 maillons. Cela me permettait une petite liberte
de mouvement, juste assez pour suivre l'ombre qui se deplacait. "
Connaissant la zone dans laquelle il etait detenu ainsi que la
population, il etait persuade qu'aucune operation de secours ne
pouvait aboutir. " Ces gens-la se trouvaient dans une zone hors de
contrôle du gouvernement et de la police, " dit-il. " Ils etaient
chez eux, personne ne pouvait penetrer dans la zone sans leur accord
prealable. Ils avaient de très bonnes indications et informations. Ils
etaient au courant de tout deplacement dans les alentours. Il etait
curieux de voir qu'ils etaient en permanence en compagnie de leur
troupeau de chameaux. Pendant la nuit, ils dormaient normalement,
les chameaux assurant la garde. Rien n'echappait a leur vigilance. Si
quelqu'un tentait de nous approcher, ils sonnaient l'alerte en se
mettant a faire du bruit."
S'exprimant dans un melange de francais, d'anglais, d'arabe et de
langage corporel, les ravisseurs de M. Papp lui ont explique que son
enlèvement etait une pure histoire de business et qu'il ne serait pas
maltraite. Ils lui ont fourni un tapis et une couverture afin qu'il
puisse dormir.
" Lorsqu'il s'est mis a faire vraiment froid, après deux semaines,
ils m'ont donne une seconde couverture car je grelottais. Je mangeais
la meme chose qu'eux, buvais la meme chose qu'eux, je sentais le meme
froid que mes ravisseurs, " raconte le Casque Bleu. " Ils avaient pris
pour habitude de me dire que nous etions dans le meme camp : " notre
interet est le meme " - d'une certaine manière, ils avaient raison. "
M. Papp portait une paire de jeans, une chemise a manches courtes et
des sandales lorsqu'il a ete kidnappe. Ses vetements ont ete changes
pour une djellaba - une robe traditionnelle arabe portee dans la region
- tandis que ses sandales, usees par trois semaines de deplacements
continus, ont ete remplacees par des baskets.
" Ce n'est pas toujours aussi grave que ce qu'on peut penser,
" dit-il. " Ils m'ont demande quelle pointure je chaussais, j'ai
repondu " 42-43 ", entre les deux ". Vous ne pouvez pas imaginez
ce qu'ils ont fait : Ils ont achete la chaussure gauche, taille 43,
et celle de droite, taille 42. C'etait amusant. "
Mais, cela n'a pas ete amusant tout le temps. Avec le temps, le moral
de M. Papp dependait de l'humeur de ses ravisseurs.
" Votre humeur change avec la leur. Si les negociations avec les
Nations Unies ou le gouvernement soudanais s'ameliorent - qu'il y a une
chance que quelque chose se produise - alors ils etaient de meilleure
humeur et souriaient, et mon humeur s'en trouvait aussi amelioree
car il y avait ainsi de l'espoir ", dit-il. " Quand ils se criaient
les uns sur les autres et se disputaient, j'avais alors l'impression
que quelque chose n'allait pas et mon moral en prenait un coup. "
Tandis que les efforts pour le liberer se poursuivaient, la vie
quotidienne etait centree sur l'attente - et sur la manière de passer
le temps attache a un arbre.
" Nous nous reveillions a cinq heures, un ou deux d'entre eux
preparaient le feu, d'autres la prière du matin. Aux alentours de six
heures, après la prière, ils preparaient le the et m'en apportaient. A
cette heure-ci, il faisait encore froid, je prenais donc juste ma tasse
de the sous ma couverture et la buvais. Lorsque le soleil etait haut
dans le ciel, je pouvais saisir cette occasion pour me lever et aller
aux toilettes. Je revenais a ma place, la rangeais, la nettoyais et
prenais un petit-dejeuner a dix heures, " raconte M. Papp.
" Le repas principal etait servi aux alentours de trois heures de
l'après-midi. J'avais pris l'habitude d'en conserver la moitie pour
le dîner pour avoir trois repas. Puis lorsque la nuit tombait, je
reprenais un the et je me couchais. C'etait la routine quotidienne.
Mais je devais en permanence trouver quelque chose pour passer le
temps. Lorsque j'etais allonge, ce n'etait pas bon quand je me mettais
a reflechir. Vraiment pas bon. "
" Je devais avoir de l'activite physique pour depenser mon energie.
Une manière d'y parvenir etait de rendre ma place plus confortable,
en enlevant les pierres sous mon tapis. J'essayais de les remplacer par
des graviers pour le rendre plus doux. Quand nous restions quelque part
pour deux ou trois jours, cela valait la peine d'investir de l'energie
dans la construction d'un mur. La plupart du temps nous restions dans
des lits de rivière, je construisais alors un petit mur, de 50 a 60
centimètres de haut, pour empecher le vent de s'infiltrer mais aussi
pour avoir un peu plus d'intimite. Je cherchais alors des petites
pierres, si j'en trouvais qui ressemblaient a un animal ou a quelque
chose, je les gardais pour faire une petite collection. Je trouvais des
petits morceaux de bois et d'herbe sechee, je les placais parallèlement
les uns aux autres en faisant des tours pour voir quelle hauteur je
pouvais atteindre. Des insectes aussi : j'ai trouve des sauterelles,
des fourmis, je jouais avec. Vous ne pouvez pas imaginer toutes les
petites choses auxquelles ont peut penser pour passer le temps. "
Mais après les 40 a 50 premiers jours, les ravisseurs mirent un terme
aux appels reguliers destines a donner signes de vie.
" Avant cela, tous les deux jours je pouvais parler aux Nations
unies, je pouvais leur dire que j'allais bien. Ils me demandaient si
j'etais en bonne sante, si je mangeais correctement. Les Nations Unies
nous telephonaient, aussi les ravisseurs n'avaient pas a payer les
coûts des appels ; c'etait plutôt regulier. Comme le temps passait,
ils commencaient a s'impatienter que rien ne se produise, un moyen
de pression etait donc de rompre la communication avec moi. Ils
continuaient de dire " Istvan est la, il se porte bien, mais il pourra
vous parler seulement si vous nous donnez quelque chose de concret et
ne vous contentez pas de questionner la sante d'Istvan, s'il mange ou
s'il boit, " - ils voulaient quelque chose d'autre, " raconte M. Papp.
Et meme s'il les conditions etaient difficiles, les pensees de M. Papp
revenaient constamment vers sa famille. " Lorsque vous etes allonge
sur le dos et que vous regardez les etoiles dans le ciel et les avions
volaient, et que vous pensez que des personnes sont assises dans ces
avions, qu'elles sont avec leur famille, qu'elles rentrent chez elles.
Alors vos souvenirs et votre imagination se mettent en route "
Alors qu'il appreciait son traitement relativement bienveillant,
ne pas savoir si ou quand il serait libere etait pesant.
" Ils ne m'ont pas frappe - mais bien sûr, j'avais une sorte de
pression mentale due a l'incertitude. C'est vraiment ce qu'il y a de
plus dur, lorsque vous ne savez pas combien de temps vous resterez la
et que vous ignorez où en sont les negociations - vous savez seulement
que jour après jour rien ne se passe ", raconte-t-il. " Ils essayaient
de me calmer en me disant " Istvan, inch'Allah ils paieront, tu seras
libere, demain ou après demain. ". Cela ne venait pas. Au debut, ils
me disaient que si personne ne payait, ils me relâcheraient au bout
de 30 jours. Trente jours sont passes. Après 60 jours, je ne faisais
plus meme attention a ce qu'ils me disaient. Mais ma liberation a ete
soudaine. Je ne m'attendais vraiment pas a ce que cela se produise. "
Debut janvier, trois mois après son enlèvement, les ravisseurs de M.
Papp ont indique qu'il serait conduit en haut d'une colline proche de
la Khartoum, la capitale du Soudan, où il serait remis aux mains du
gouvernement soudanais. Après des heures de conduite pour se rendre
au lieu dit, il a ete guide vers un helicoptère a destination d'El
Fasher - on lui a alors demande quelle taille de pantalon il portait.
" Je n'etais vraiment pas sûr d'etre bel et bien libere jusqu'a
mon arrivee a El Fasher parce que lorsque je suis arrive en haut
de la colline - je ne savais pas si c'etait un coup monte. Lorsque
l'helicoptère m'a depose a El Fasher, j'ai vu le Representant special
adjoint de la MINUAD, Mohamed Yonis, le medecin-chef et deux ou
trois autres amis des Nations unies ainsi que le gouverneur avec des
militaires et d'autres amis, aussi côte soudanais, et la j'ai realise :
" Je suis OK, je suis sauf, ", dit le Casque Bleu.
Après une brève rencontre avec la presse, M. Papp s'est change et a
endosse des vetements propres fournis par le gouvernement, les membres
de la MINUAD l'ont alors conduit vers un premier examen medical et un
debriefing. Il a ensuite reserve un vol vers Khartoum, où - après une
autre rencontre avec la presse, il a rencontre le Vice-president du
Soudan, Ali Osman Tham, avant d'etre conduit l'hôpital pour un examen
medical approfondi. Il a passe la nuit dans un hôtel de Khartoum et
le jour suivant, le 6 janvier, l'Ambassadeur de Hongrie en Egypte et
au Soudan l'a accompagne pour un vol a destination du Caire, d'où il
s'est ensuite rendu, sous escorte mise en place par le gouvernement
hongrois, a Budapest.
" Je pleurais, je dois l'admettre. Je suis un militaire dans l'âme
mais j'avais les larmes aux yeux lorsque j'ai foule le sol hongrois,
" a-t-il declare. " Et j'ai fais la meme chose que j'avais faite a El
Fasher et a Khartoum : J'ai touche le sol avec mon front. " C'est ma
terre natale, je suis a la maison. " Cela a ete le veritable moment
où j'ai su que j'etais rentre chez moi, que j'etais a nouveau libre. "
Conduit a un endroit loin de l'aeroport, M. Papp a retrouve sa
famille - sa femme et ses deux enfants - avant d'etre amene devant
les journalistes. Ses deux precedentes brèves rencontres avec la
presse etaient un apercu de ce qu'il l'attendait les jours suivants
a mesure que la nouvelle de sa liberation se repandait.
" Peu de Hongrois ont ete enleves, c'est donc quelque chose
d'assez nouveau et ce que j'ai appris le jour après, lorsque
j'etais rentre chez moi et que je suis alle faire des courses,
j'ai rencontre du monde, et je me suis rendu compte que les medias
avaient particulièrement bien tenu informe le public des evenements
anterieurs et posterieurs a ma liberation. Ils avaient relaye beaucoup
d'informations me concernant, les gens me reconnaissaient et je
sentais que mon cas avait uni les Hongrois, ce qui n'est pourtant
pas une chose aisee ", dit-il.
Ayant ete le premier officier des Nations unies en charge du programme
de desarmement, demobilisation et reintegration au Darfour, couple
a son desir de rester actif après sa retraite des Forces armees
hongroises, M. Papp etait pret a retourner exercer son activite
mais cela n'a pas ete possible en raison de considerations liees a
sa securite.
Après une periode de repos, il a ete affecte au debut de l'annee a une
autre operation de maintien de la paix, la Mission des Nations Unies
pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Il a indique que retourner
sur le terrain n'etait pas un problème pour lui, surtout sachant que
lorsqu'il etait attache a un arbre au Darfour, sa situation n'avait
pas ete oubliee, un fait confirme lors de sa visite au siège des
Nations Unies a New-York debut mars.
" Vous savez, vous ne pensez pas que les hauts grades puissent
vouloir vous voir. Oui, j'etais certain qu'ils etaient au courant
de par les rapports quotidiens, mais j'ai vraiment ete surpris que
le Sous Secretaire general du Departement de la sûrete et de la
securite, le Sous Secretaire general du Departement des Operations
de maintien de la paix et puis le Secretaire general lui-meme aient
donne de leur temps pour me voir, moi et ma famille - et ce n'etait
pas une entrevue d'une minute, juste pour nous serrer la main, j'ai
pu voir a des petites choses qu'ils avaient prepare notre rencontre,
comme par exemple le fait qu'ils prononcent correctement mon nom,
qu'ils connaissent mon parcours, " souligne M. Papp.
Certaines de leurs questions etaient similaires aux questions
auxquelles il a repondu depuis sa liberation, et M. Papp s'attend a
ce que les questions se poursuivent.
" La question qui m'a ete posee le plus de fois est " Comment
ressentez-vous le fait d'etre un heros? " Et bien, je ne le suis pas.
Je ne suis pas un heros. Je suis un Casque Bleu qui a eu assez de
chance pour que les negociations aboutissent grâce a la fois aux
equipes des Nations Unies et de la Hongrie, avec les Soudanais,
et qui a ete libere, " souligne-t-il. " Mon travail a seulement ete
d'etre endurant et, comme je dis toujours, d'aimer la vie. C'etait
mon travail : rester en vie. Et le reste, grâce a Dieu, a ete effectue
par les autres. Ce n'est pas facile de rester en vie - mais ce n'est
pas facile non plus de mourir juste comme ca. "
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Source/Lien : ONU
From: A. Papazian
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24-08-2011
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août 2011.
ONU
19 août 2011 - Lorsque Istvan Papp s'est reveille le matin du 7 octobre
de l'annee dernière, il ne pouvait pas se douter qu'il passerait les
trois prochains mois a se reveiller a ciel ouvert, encercle par des
chameaux et enchaîne a un arbre a proximite de la frontière soudanaise
avec le Tchad.
Ce jeudi la, le Casque bleu civil des Nations unies etait parti
effectuer une mission de maintien de la paix conjointement menee par
les Nations Unies et l'Union africaine (MINUAD) - dont le but etait
de superviser le programme pour le desarmement, la demobilisation et
la reintegration d'anciens combattants - puis il est retourne chez
lui et a partage cette experience avec quatre autres collègues a El
Fasher, la capitale de l'Etat du Nord-Darfour, au Soudan.
Comme il le faisait depuis un an et demi a la nuit tombee, M. Papp
s'appretait a monter sur son toit pour telephoner a sa famille en
Hongrie lorsque soudain tout a change.
" J'etais dans le couloir, juste en face de ma chambre lorsque j'ai
vu une personne debout dans le hall tenant une mitrailleuse et nous
criant dessus pour que nous entrions tous dans une chambre où ils
nous ont attaches."
Un nombre inconnu d'hommes armes a penetre dans la residence.
A 55 ans, Istvan Papp etait conscient des dangers d'exercer une telle
mission dans des zones isolees. Durant ses 31 annees d'activite au
service des forces armees hongroises, et egalement après sa retraite,
il a servi dans plusieurs operations de maintien de la paix en Iraq,
en Iran, dans le Sinaï, au Mozambique, en Republique democratique
du Congo (RDC) et au Nepal, mais il a aussi passe plusieurs annees
dans les bureaux du Departement des operations de maintien de la paix
(DOMP) au siège des Nations Unies a New York.
Dans une certaine mesure, sa formation l'avait prepare a ce qui
s'est passe. Cependant, au regard du calvaire qu'il vient de subir,
M. Papp estime qu'aucun entraînement ne prepare a de telles conditions
de survie. " Tu n'arrives pas a croire que cela t'arrive. Tu ne te
rends pas compte de ce qui se passe ", raconte-t-il.
Les coups de crosse de la mitrailleuse sur ses reins l'ont mene a
prendre conscience de la gravite de la situation dans laquelle il se
trouvait lors de cette nuit venteuse du jeudi.
Aux côtes d'un colocataire serbe, il etait conduit, sous la menace
du canon, vers un vehicule des Nations Unies gare a l'exterieur de
la residence. L'un de ses ravisseurs au volant, les autres assis sur
les sièges, ils sont partis. Profitant d'un moment de distraction,
le colocataire de M. Papp est parvenu a s'enfuir du vehicule dont
les portes n'etaient pas closes. Ce fut une toute autre histoire pour
Istvan Papp, attache a l'arrière du 4X4.
" Dans un sens, j'etais content qu'il soit parti parce qu'au moins il
serait en mesure de donner l'alerte. Il pourrait faire quelque chose
qui pourrait aussi m'aider ", explique M. Papp. " Mais j'etais attache,
jete a l'arrière du vehicule. Je n'avais aucune chance. "
De ses autres colocataires, deux ont ete enfermes dans un autre
vehicule mais accompagnes par moins de ravisseurs ils sont parvenus
a s'echapper. Le cinquième colocataire ne s'etait pas fait remarque
par les ravisseurs durant leur effraction.
Le vehicule des Nations unies transportant M. Papp a ete abandonne
a El Fasher. Il a alors ete transfere vers deux autres vehicules -
le dernier transfert s'est effectue a proximite de la base de la
MINUAD - avant de finalement filer a toute allure vers la frontière
avec le Tchad a 400 kilomètres d'El Fasher.
Ce fut un long periple, alors que le choc de ce qui venait de se
produire s'estompait, la situation dans laquelle se trouvait M. Papp
s'aggravait.
" Je n'avais aucune idee durant les premières heures de ce qui etait
en train de se passer. Tu obeis juste et fais ce qu'on te demande de
faire. J'avais lu une brochure de l'ONU sur le comportement a adopter
lors d'un enlèvement - tu te rappelles qu'il vaut mieux attendre -
ils ne t'ont pas tue, c'est bon signe, " raconte M. Papp.
Plus tard, ceci a ete confirme lorsque un ou deux jours après
l'enlèvement, ses ravisseurs ont organise un appel via telephone
satellite a la Radio Dabanga - une radio independante neerlandaise
couvrant les evenements au Darfour - ce qui etait la première occasion
pour M. Papp de donner signe de vie.
" Lorsque tu entends pour la première fois qu'ils cherchent a obtenir
une rancon, cela signifie qu'ils vont te nourrir, veiller a ta securite
et au reste, " confie-t-il. " Ils m'ont dit que mon boulot etait de
rester en bonne sante, qu'ils veilleraient a ma securite, qu'ils me
nourriraient, me fourniraient de l'eau et qu'ils assureraient les
negociations car c'etaient leur affaire. "
Les ravisseurs demandaient une rancon de 1 million de dollars -
cependant, la politique des Nations Unies est de ne pas payer de
rancons et la responsabilite de la securite des membres des Nations
unies dans les zones d'operation de maintien de la paix incombe en
premier lieu aux autorites locales.
Initialement, M. Papp a conserve un certain niveau de liberte
personnelle mais cela n'a pas dure.
" Durant les 10 premiers jours, j'etais traite comme un vieil homme,
il m'aimait bien et je n'etais pas attache. J'etais surveille
mais j'avais une certaine liberte de mouvement, je pouvais aller
aux toilettes ", explique M. Papp. " Mais dix jours plus tard,
lorsqu'ils ont appris que j'etais un ancien militaire - je devais
leur dire ce genre d'information, ils auraient cherche a les obtenir,
il etait donc mieux que je prenne les devants - ils ont alors decide
de m'enchaîner durant la nuit puis, après deux ou trois jours, durant
la journee egalement, soit 24h/24. "
Les chaînes devinrent une part centrale et recurrente du quotidien du
Casque Bleu, aux côtes d'un troupeau de chameaux et de nombreux arbres.
" Nous changions d'endroit tous les deux ou trois jours. Peu importe
où nous allions, leur première preoccupation etait de trouver un arbre
auquel m'attacher ", explique Istvan Papp. " Lorsqu'ils trouvaient un
arbre adequat, dessinant une ombre durant la journee, ils attachaient
une extremite de la chaîne a l'arbre et l'autre a ma jambe gauche ou
droite. "
Malgre ces conditions, M. Papp appreciait la relative prevenance dont
faisaient part ses ravisseurs.
" J'ai toujours eu le choix de la jambe a laquelle je voulais
etre enchaîne ", dit-il. " Durant la journee, lorsque le soleil se
deplacait, je devais changer de place. La chaîne etait longue de trois
mètres, composee de 96 maillons. Cela me permettait une petite liberte
de mouvement, juste assez pour suivre l'ombre qui se deplacait. "
Connaissant la zone dans laquelle il etait detenu ainsi que la
population, il etait persuade qu'aucune operation de secours ne
pouvait aboutir. " Ces gens-la se trouvaient dans une zone hors de
contrôle du gouvernement et de la police, " dit-il. " Ils etaient
chez eux, personne ne pouvait penetrer dans la zone sans leur accord
prealable. Ils avaient de très bonnes indications et informations. Ils
etaient au courant de tout deplacement dans les alentours. Il etait
curieux de voir qu'ils etaient en permanence en compagnie de leur
troupeau de chameaux. Pendant la nuit, ils dormaient normalement,
les chameaux assurant la garde. Rien n'echappait a leur vigilance. Si
quelqu'un tentait de nous approcher, ils sonnaient l'alerte en se
mettant a faire du bruit."
S'exprimant dans un melange de francais, d'anglais, d'arabe et de
langage corporel, les ravisseurs de M. Papp lui ont explique que son
enlèvement etait une pure histoire de business et qu'il ne serait pas
maltraite. Ils lui ont fourni un tapis et une couverture afin qu'il
puisse dormir.
" Lorsqu'il s'est mis a faire vraiment froid, après deux semaines,
ils m'ont donne une seconde couverture car je grelottais. Je mangeais
la meme chose qu'eux, buvais la meme chose qu'eux, je sentais le meme
froid que mes ravisseurs, " raconte le Casque Bleu. " Ils avaient pris
pour habitude de me dire que nous etions dans le meme camp : " notre
interet est le meme " - d'une certaine manière, ils avaient raison. "
M. Papp portait une paire de jeans, une chemise a manches courtes et
des sandales lorsqu'il a ete kidnappe. Ses vetements ont ete changes
pour une djellaba - une robe traditionnelle arabe portee dans la region
- tandis que ses sandales, usees par trois semaines de deplacements
continus, ont ete remplacees par des baskets.
" Ce n'est pas toujours aussi grave que ce qu'on peut penser,
" dit-il. " Ils m'ont demande quelle pointure je chaussais, j'ai
repondu " 42-43 ", entre les deux ". Vous ne pouvez pas imaginez
ce qu'ils ont fait : Ils ont achete la chaussure gauche, taille 43,
et celle de droite, taille 42. C'etait amusant. "
Mais, cela n'a pas ete amusant tout le temps. Avec le temps, le moral
de M. Papp dependait de l'humeur de ses ravisseurs.
" Votre humeur change avec la leur. Si les negociations avec les
Nations Unies ou le gouvernement soudanais s'ameliorent - qu'il y a une
chance que quelque chose se produise - alors ils etaient de meilleure
humeur et souriaient, et mon humeur s'en trouvait aussi amelioree
car il y avait ainsi de l'espoir ", dit-il. " Quand ils se criaient
les uns sur les autres et se disputaient, j'avais alors l'impression
que quelque chose n'allait pas et mon moral en prenait un coup. "
Tandis que les efforts pour le liberer se poursuivaient, la vie
quotidienne etait centree sur l'attente - et sur la manière de passer
le temps attache a un arbre.
" Nous nous reveillions a cinq heures, un ou deux d'entre eux
preparaient le feu, d'autres la prière du matin. Aux alentours de six
heures, après la prière, ils preparaient le the et m'en apportaient. A
cette heure-ci, il faisait encore froid, je prenais donc juste ma tasse
de the sous ma couverture et la buvais. Lorsque le soleil etait haut
dans le ciel, je pouvais saisir cette occasion pour me lever et aller
aux toilettes. Je revenais a ma place, la rangeais, la nettoyais et
prenais un petit-dejeuner a dix heures, " raconte M. Papp.
" Le repas principal etait servi aux alentours de trois heures de
l'après-midi. J'avais pris l'habitude d'en conserver la moitie pour
le dîner pour avoir trois repas. Puis lorsque la nuit tombait, je
reprenais un the et je me couchais. C'etait la routine quotidienne.
Mais je devais en permanence trouver quelque chose pour passer le
temps. Lorsque j'etais allonge, ce n'etait pas bon quand je me mettais
a reflechir. Vraiment pas bon. "
" Je devais avoir de l'activite physique pour depenser mon energie.
Une manière d'y parvenir etait de rendre ma place plus confortable,
en enlevant les pierres sous mon tapis. J'essayais de les remplacer par
des graviers pour le rendre plus doux. Quand nous restions quelque part
pour deux ou trois jours, cela valait la peine d'investir de l'energie
dans la construction d'un mur. La plupart du temps nous restions dans
des lits de rivière, je construisais alors un petit mur, de 50 a 60
centimètres de haut, pour empecher le vent de s'infiltrer mais aussi
pour avoir un peu plus d'intimite. Je cherchais alors des petites
pierres, si j'en trouvais qui ressemblaient a un animal ou a quelque
chose, je les gardais pour faire une petite collection. Je trouvais des
petits morceaux de bois et d'herbe sechee, je les placais parallèlement
les uns aux autres en faisant des tours pour voir quelle hauteur je
pouvais atteindre. Des insectes aussi : j'ai trouve des sauterelles,
des fourmis, je jouais avec. Vous ne pouvez pas imaginer toutes les
petites choses auxquelles ont peut penser pour passer le temps. "
Mais après les 40 a 50 premiers jours, les ravisseurs mirent un terme
aux appels reguliers destines a donner signes de vie.
" Avant cela, tous les deux jours je pouvais parler aux Nations
unies, je pouvais leur dire que j'allais bien. Ils me demandaient si
j'etais en bonne sante, si je mangeais correctement. Les Nations Unies
nous telephonaient, aussi les ravisseurs n'avaient pas a payer les
coûts des appels ; c'etait plutôt regulier. Comme le temps passait,
ils commencaient a s'impatienter que rien ne se produise, un moyen
de pression etait donc de rompre la communication avec moi. Ils
continuaient de dire " Istvan est la, il se porte bien, mais il pourra
vous parler seulement si vous nous donnez quelque chose de concret et
ne vous contentez pas de questionner la sante d'Istvan, s'il mange ou
s'il boit, " - ils voulaient quelque chose d'autre, " raconte M. Papp.
Et meme s'il les conditions etaient difficiles, les pensees de M. Papp
revenaient constamment vers sa famille. " Lorsque vous etes allonge
sur le dos et que vous regardez les etoiles dans le ciel et les avions
volaient, et que vous pensez que des personnes sont assises dans ces
avions, qu'elles sont avec leur famille, qu'elles rentrent chez elles.
Alors vos souvenirs et votre imagination se mettent en route "
Alors qu'il appreciait son traitement relativement bienveillant,
ne pas savoir si ou quand il serait libere etait pesant.
" Ils ne m'ont pas frappe - mais bien sûr, j'avais une sorte de
pression mentale due a l'incertitude. C'est vraiment ce qu'il y a de
plus dur, lorsque vous ne savez pas combien de temps vous resterez la
et que vous ignorez où en sont les negociations - vous savez seulement
que jour après jour rien ne se passe ", raconte-t-il. " Ils essayaient
de me calmer en me disant " Istvan, inch'Allah ils paieront, tu seras
libere, demain ou après demain. ". Cela ne venait pas. Au debut, ils
me disaient que si personne ne payait, ils me relâcheraient au bout
de 30 jours. Trente jours sont passes. Après 60 jours, je ne faisais
plus meme attention a ce qu'ils me disaient. Mais ma liberation a ete
soudaine. Je ne m'attendais vraiment pas a ce que cela se produise. "
Debut janvier, trois mois après son enlèvement, les ravisseurs de M.
Papp ont indique qu'il serait conduit en haut d'une colline proche de
la Khartoum, la capitale du Soudan, où il serait remis aux mains du
gouvernement soudanais. Après des heures de conduite pour se rendre
au lieu dit, il a ete guide vers un helicoptère a destination d'El
Fasher - on lui a alors demande quelle taille de pantalon il portait.
" Je n'etais vraiment pas sûr d'etre bel et bien libere jusqu'a
mon arrivee a El Fasher parce que lorsque je suis arrive en haut
de la colline - je ne savais pas si c'etait un coup monte. Lorsque
l'helicoptère m'a depose a El Fasher, j'ai vu le Representant special
adjoint de la MINUAD, Mohamed Yonis, le medecin-chef et deux ou
trois autres amis des Nations unies ainsi que le gouverneur avec des
militaires et d'autres amis, aussi côte soudanais, et la j'ai realise :
" Je suis OK, je suis sauf, ", dit le Casque Bleu.
Après une brève rencontre avec la presse, M. Papp s'est change et a
endosse des vetements propres fournis par le gouvernement, les membres
de la MINUAD l'ont alors conduit vers un premier examen medical et un
debriefing. Il a ensuite reserve un vol vers Khartoum, où - après une
autre rencontre avec la presse, il a rencontre le Vice-president du
Soudan, Ali Osman Tham, avant d'etre conduit l'hôpital pour un examen
medical approfondi. Il a passe la nuit dans un hôtel de Khartoum et
le jour suivant, le 6 janvier, l'Ambassadeur de Hongrie en Egypte et
au Soudan l'a accompagne pour un vol a destination du Caire, d'où il
s'est ensuite rendu, sous escorte mise en place par le gouvernement
hongrois, a Budapest.
" Je pleurais, je dois l'admettre. Je suis un militaire dans l'âme
mais j'avais les larmes aux yeux lorsque j'ai foule le sol hongrois,
" a-t-il declare. " Et j'ai fais la meme chose que j'avais faite a El
Fasher et a Khartoum : J'ai touche le sol avec mon front. " C'est ma
terre natale, je suis a la maison. " Cela a ete le veritable moment
où j'ai su que j'etais rentre chez moi, que j'etais a nouveau libre. "
Conduit a un endroit loin de l'aeroport, M. Papp a retrouve sa
famille - sa femme et ses deux enfants - avant d'etre amene devant
les journalistes. Ses deux precedentes brèves rencontres avec la
presse etaient un apercu de ce qu'il l'attendait les jours suivants
a mesure que la nouvelle de sa liberation se repandait.
" Peu de Hongrois ont ete enleves, c'est donc quelque chose
d'assez nouveau et ce que j'ai appris le jour après, lorsque
j'etais rentre chez moi et que je suis alle faire des courses,
j'ai rencontre du monde, et je me suis rendu compte que les medias
avaient particulièrement bien tenu informe le public des evenements
anterieurs et posterieurs a ma liberation. Ils avaient relaye beaucoup
d'informations me concernant, les gens me reconnaissaient et je
sentais que mon cas avait uni les Hongrois, ce qui n'est pourtant
pas une chose aisee ", dit-il.
Ayant ete le premier officier des Nations unies en charge du programme
de desarmement, demobilisation et reintegration au Darfour, couple
a son desir de rester actif après sa retraite des Forces armees
hongroises, M. Papp etait pret a retourner exercer son activite
mais cela n'a pas ete possible en raison de considerations liees a
sa securite.
Après une periode de repos, il a ete affecte au debut de l'annee a une
autre operation de maintien de la paix, la Mission des Nations Unies
pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Il a indique que retourner
sur le terrain n'etait pas un problème pour lui, surtout sachant que
lorsqu'il etait attache a un arbre au Darfour, sa situation n'avait
pas ete oubliee, un fait confirme lors de sa visite au siège des
Nations Unies a New-York debut mars.
" Vous savez, vous ne pensez pas que les hauts grades puissent
vouloir vous voir. Oui, j'etais certain qu'ils etaient au courant
de par les rapports quotidiens, mais j'ai vraiment ete surpris que
le Sous Secretaire general du Departement de la sûrete et de la
securite, le Sous Secretaire general du Departement des Operations
de maintien de la paix et puis le Secretaire general lui-meme aient
donne de leur temps pour me voir, moi et ma famille - et ce n'etait
pas une entrevue d'une minute, juste pour nous serrer la main, j'ai
pu voir a des petites choses qu'ils avaient prepare notre rencontre,
comme par exemple le fait qu'ils prononcent correctement mon nom,
qu'ils connaissent mon parcours, " souligne M. Papp.
Certaines de leurs questions etaient similaires aux questions
auxquelles il a repondu depuis sa liberation, et M. Papp s'attend a
ce que les questions se poursuivent.
" La question qui m'a ete posee le plus de fois est " Comment
ressentez-vous le fait d'etre un heros? " Et bien, je ne le suis pas.
Je ne suis pas un heros. Je suis un Casque Bleu qui a eu assez de
chance pour que les negociations aboutissent grâce a la fois aux
equipes des Nations Unies et de la Hongrie, avec les Soudanais,
et qui a ete libere, " souligne-t-il. " Mon travail a seulement ete
d'etre endurant et, comme je dis toujours, d'aimer la vie. C'etait
mon travail : rester en vie. Et le reste, grâce a Dieu, a ete effectue
par les autres. Ce n'est pas facile de rester en vie - mais ce n'est
pas facile non plus de mourir juste comme ca. "
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Source/Lien : ONU
From: A. Papazian