REVUE DE PRESSE
Quelle est la portée des excuses d'Erdogan au peuple kurde ? Peut-on
envisager le même scénario vis-à-vis des Arméniens ?
Réponse d'Alican Tayla, chercheur associé à l'IRIS, spécialiste de la Turquie
Les excuses du Premier ministre Erdogan n'ont pas été adressées
spécifiquement au peuple kurde. Les massacres de Dersim en 1937-1938
ont concerné les Alévis, qui comptaient en leur sein un très grand
nombre de Kurdes. Il convient de distinguer ces deux minorités : les
Kurdes représentent une minorité ethnique, alors que les Alévis sont
une minorité religieuse au sein de la population majoritairement
sunnite. Ce n'est pas tant le critère ethnique que l'appartenance
religieuse qui fut au centre de ces massacres. De ce fait, les
victimes furent surtout des Alévis. Cette minorité religieuse est
encore la plus représentée en Turquie à l'heure actuelle. On comprend
ainsi mieux pourquoi il ne s'agit pas d'excuses générales au peuple
kurde.
Les massacres de Dersim représentent depuis très longtemps un tabou.
La déclaration d'Erdogan permettrait ainsi d'ouvrir la discussion sur
ce qui s'est réellement déroulé à Dersim. Sans vouloir considérer le
contexte politique actuel, c'est une déclaration qui peut être
qualifiée d'historique.
En tenant compte des circonstances de cette déclaration, on comprend
qu'il ne s'agit pas d'une politique dont il faudrait attendre un
élargissement à des questions comme la question kurde ou le génocide
arménien. C'est un député de Dersim, membre du parti CHP, qui a
soulevé cette question au cours d'une interview. À cette
interrogation, le Premier ministre Erdogan a répondu : « Si l'on peut
parler d'excuses au nom de l'État, dans ce cas-là oui, je peux dire
que je m'excuse. » Cette réponse et les circonstances de l'interview,
montrent qu'il n'y a pas eu véritablement une préparation avec des
conséquences auxquelles il faudrait s'attendre sur le long terme.
Il faut rappeler également que la question du génocide arménien est
bien plus délicate à trancher et à aborder. D'ailleurs Erdogan a dit à
plusieurs reprises il y a quelques années, qu'il n'était pas question
que ce soit de sa part, ou de celle de la Turquie, de s'excuser par
rapport à ce qui s'est passé en 1915.
http://www.affaires-strategiques.info/spip.php ?article5878
dimanche 4 décembre 2011,
Stéphane ©armenews.com
Quelle est la portée des excuses d'Erdogan au peuple kurde ? Peut-on
envisager le même scénario vis-à-vis des Arméniens ?
Réponse d'Alican Tayla, chercheur associé à l'IRIS, spécialiste de la Turquie
Les excuses du Premier ministre Erdogan n'ont pas été adressées
spécifiquement au peuple kurde. Les massacres de Dersim en 1937-1938
ont concerné les Alévis, qui comptaient en leur sein un très grand
nombre de Kurdes. Il convient de distinguer ces deux minorités : les
Kurdes représentent une minorité ethnique, alors que les Alévis sont
une minorité religieuse au sein de la population majoritairement
sunnite. Ce n'est pas tant le critère ethnique que l'appartenance
religieuse qui fut au centre de ces massacres. De ce fait, les
victimes furent surtout des Alévis. Cette minorité religieuse est
encore la plus représentée en Turquie à l'heure actuelle. On comprend
ainsi mieux pourquoi il ne s'agit pas d'excuses générales au peuple
kurde.
Les massacres de Dersim représentent depuis très longtemps un tabou.
La déclaration d'Erdogan permettrait ainsi d'ouvrir la discussion sur
ce qui s'est réellement déroulé à Dersim. Sans vouloir considérer le
contexte politique actuel, c'est une déclaration qui peut être
qualifiée d'historique.
En tenant compte des circonstances de cette déclaration, on comprend
qu'il ne s'agit pas d'une politique dont il faudrait attendre un
élargissement à des questions comme la question kurde ou le génocide
arménien. C'est un député de Dersim, membre du parti CHP, qui a
soulevé cette question au cours d'une interview. À cette
interrogation, le Premier ministre Erdogan a répondu : « Si l'on peut
parler d'excuses au nom de l'État, dans ce cas-là oui, je peux dire
que je m'excuse. » Cette réponse et les circonstances de l'interview,
montrent qu'il n'y a pas eu véritablement une préparation avec des
conséquences auxquelles il faudrait s'attendre sur le long terme.
Il faut rappeler également que la question du génocide arménien est
bien plus délicate à trancher et à aborder. D'ailleurs Erdogan a dit à
plusieurs reprises il y a quelques années, qu'il n'était pas question
que ce soit de sa part, ou de celle de la Turquie, de s'excuser par
rapport à ce qui s'est passé en 1915.
http://www.affaires-strategiques.info/spip.php ?article5878
dimanche 4 décembre 2011,
Stéphane ©armenews.com