REVUE DE PRESSE
Monsieur Erdogan, les journalistes ne sont pas vos pantins !
Le Premier ministre turc a accusé la presse de `soutenir le
terrorisme` du mouvement armé kurde PKK. Le célèbre éditorialiste
Hasan Cemal, du quotidien Milliyet, ne mâche pas ses mots pour lui
répondre.
16.11.2011?|?Hasan Cemal?|?Milliyet
Alors que je suis en train de penser à cette réunion où le Premier
ministre turc Erdogan a demandé aux patrons de presse et de médias de
`servir l'Etat` [dans le cadre de la lutte contre le PKK] et à ses
paroles demandant aux éditorialistes de `revoir leur position` au
sujet des arrestations opérées dans les rangs jugés proches du PKK,
j'ai envie d'écrire à notre Premier ministre : `A vos ordres, monsieur
Erdogan ! Vous avez raison. Nous, les journalistes, devrions cesser de
faire le jeu de la propagande terroriste. Se rendre dans les monts
Kandil [base logistique du PKK dans le nord de l'Irak] devrait
désormais être interdit aux journalistes. Il faudrait d'ailleurs que
ceux qui l'ont fait soient excommuniés de la communauté
journalistique. Tous les articles en rapport avec la question kurde
devraient obligatoirement commencer par un slogan dénonçant le PKK.
Pourquoi ne pas promulguer une loi sanctionnant les journalistes qui,
dans leurs articles, n'auraient pas précisé que le PKK est une
'organisation terroriste sanguinaire' et que Ã-calan [chef du PKK,
emprisonné en Turquie], est un 'tueur de nourrissons' ? Ceux qui ne
respecteraient pas cette loi iraient ainsi en prison. Ce n'est que de
cette façon que les brebis égarées seraient remises dans le droit
chemin.`
J'ai ensuite renoncé à écrire cela de peur que ce texte ne soit pris
au sérieux. J'ai donc laissé de côté l'ironie pour dire ceci à R.T.
Erdogan : `Ce n'est pas moi, le journaliste, qui dois revoir mes
positions, monsieur le Premier ministre, mais bien vous. La tactique
consistant à dire que 'ceux qui ne sont pas avec moi sont pour les
terroristes' a fait son temps. Vous ne pouvez plus de cette façon
tirer le tapis sous les pieds de ceux qui vous critiquent. Il est
inquiétant de voir qu'après avoir été courageux dans la reconnaissance
de la réalité kurde et du PKK, au point de faire rencontrer par votre
envoyé spécial, aujourd'hui responsable des services de renseignements
(MIT), des émissaires du PKK venus des monts Kandil, vous adoptiez
désormais une politique réduisant cette problématique à une question
de sécurité. Il ne s'agit évidemment pas d'approuver les actes
terroristes et violents du PKK, mais vous rendez-vous compte que cette
évolution réjouit tant les faucons au sein du PKK que les milieux
ultranationalistes turcs. Il y a certainement - pas seulement dans les
médias, mais aussi dans votre entourage - de plus en plus de gens
prêts à vous dire qu'ils sont à vos ordres, d'autres qui vous ont
méprisé dans le passé mais qui aujourd'hui vous flattent. Espérons
qu'à l'instar de ce qui s'est déjà produit il n'y a pas si longtemps
chez nous cela ne conduise pas à un autoritarisme de type
conservateur. Monsieur le Premier ministre, vous avez une forte
légitimité démocratique. Utilisez-la alors pour ne pas tomber dans le
piège du cycle de vengeance engendré par ces violences et pour
conduire notre pays vers la paix. Il y a encore tellement de choses Ã
faire en faveur de la paix, de la démocratie et des droits de l'homme.
Par exemple, nous ne sommes encore nulle part concernant
l'enseignement du kurde, langue qui n'est même pas en option au sein
de notre enseignement. Pour atteindre la paix, il faut déposer les
armes et faire en sorte que le PKK mette un terme à ses actions
terroristes contre des civils, ses attaques contre l'armée et décrète
un cessez-le-feu. Il n'y a pas d'autre solution. La paix n'est pas au
bout du fusil.`
Cela vaut-il encore la peine d'écrire ce genre d'éditorial ou est-ce
déjà trop tard ?
http://www.courrierinternational.com/article/2011/11/16/monsieur-erdogan-les-journalistes-ne-sont-pas-vos-pantins
dimanche 11 décembre 2011,
Stéphane ©armenews.com
Monsieur Erdogan, les journalistes ne sont pas vos pantins !
Le Premier ministre turc a accusé la presse de `soutenir le
terrorisme` du mouvement armé kurde PKK. Le célèbre éditorialiste
Hasan Cemal, du quotidien Milliyet, ne mâche pas ses mots pour lui
répondre.
16.11.2011?|?Hasan Cemal?|?Milliyet
Alors que je suis en train de penser à cette réunion où le Premier
ministre turc Erdogan a demandé aux patrons de presse et de médias de
`servir l'Etat` [dans le cadre de la lutte contre le PKK] et à ses
paroles demandant aux éditorialistes de `revoir leur position` au
sujet des arrestations opérées dans les rangs jugés proches du PKK,
j'ai envie d'écrire à notre Premier ministre : `A vos ordres, monsieur
Erdogan ! Vous avez raison. Nous, les journalistes, devrions cesser de
faire le jeu de la propagande terroriste. Se rendre dans les monts
Kandil [base logistique du PKK dans le nord de l'Irak] devrait
désormais être interdit aux journalistes. Il faudrait d'ailleurs que
ceux qui l'ont fait soient excommuniés de la communauté
journalistique. Tous les articles en rapport avec la question kurde
devraient obligatoirement commencer par un slogan dénonçant le PKK.
Pourquoi ne pas promulguer une loi sanctionnant les journalistes qui,
dans leurs articles, n'auraient pas précisé que le PKK est une
'organisation terroriste sanguinaire' et que Ã-calan [chef du PKK,
emprisonné en Turquie], est un 'tueur de nourrissons' ? Ceux qui ne
respecteraient pas cette loi iraient ainsi en prison. Ce n'est que de
cette façon que les brebis égarées seraient remises dans le droit
chemin.`
J'ai ensuite renoncé à écrire cela de peur que ce texte ne soit pris
au sérieux. J'ai donc laissé de côté l'ironie pour dire ceci à R.T.
Erdogan : `Ce n'est pas moi, le journaliste, qui dois revoir mes
positions, monsieur le Premier ministre, mais bien vous. La tactique
consistant à dire que 'ceux qui ne sont pas avec moi sont pour les
terroristes' a fait son temps. Vous ne pouvez plus de cette façon
tirer le tapis sous les pieds de ceux qui vous critiquent. Il est
inquiétant de voir qu'après avoir été courageux dans la reconnaissance
de la réalité kurde et du PKK, au point de faire rencontrer par votre
envoyé spécial, aujourd'hui responsable des services de renseignements
(MIT), des émissaires du PKK venus des monts Kandil, vous adoptiez
désormais une politique réduisant cette problématique à une question
de sécurité. Il ne s'agit évidemment pas d'approuver les actes
terroristes et violents du PKK, mais vous rendez-vous compte que cette
évolution réjouit tant les faucons au sein du PKK que les milieux
ultranationalistes turcs. Il y a certainement - pas seulement dans les
médias, mais aussi dans votre entourage - de plus en plus de gens
prêts à vous dire qu'ils sont à vos ordres, d'autres qui vous ont
méprisé dans le passé mais qui aujourd'hui vous flattent. Espérons
qu'à l'instar de ce qui s'est déjà produit il n'y a pas si longtemps
chez nous cela ne conduise pas à un autoritarisme de type
conservateur. Monsieur le Premier ministre, vous avez une forte
légitimité démocratique. Utilisez-la alors pour ne pas tomber dans le
piège du cycle de vengeance engendré par ces violences et pour
conduire notre pays vers la paix. Il y a encore tellement de choses Ã
faire en faveur de la paix, de la démocratie et des droits de l'homme.
Par exemple, nous ne sommes encore nulle part concernant
l'enseignement du kurde, langue qui n'est même pas en option au sein
de notre enseignement. Pour atteindre la paix, il faut déposer les
armes et faire en sorte que le PKK mette un terme à ses actions
terroristes contre des civils, ses attaques contre l'armée et décrète
un cessez-le-feu. Il n'y a pas d'autre solution. La paix n'est pas au
bout du fusil.`
Cela vaut-il encore la peine d'écrire ce genre d'éditorial ou est-ce
déjà trop tard ?
http://www.courrierinternational.com/article/2011/11/16/monsieur-erdogan-les-journalistes-ne-sont-pas-vos-pantins
dimanche 11 décembre 2011,
Stéphane ©armenews.com