LES ALAOUITES DE TURQUIE DEFENDENT L'ACTION D'ASSAD ET DEFENDENT SA CHUTE
Stephane
armenews.com
mercredi 14 decembre 2011
A Antakya, petite ville turque cosmopolite aux confins de la Syrie,
les prises de position d'Ankara contre le regime de Damas ne font pas
l'unanimite. Au sein de la forte communaute alaouite de la ville,
on defend l'action du president Assad, un alaouite, et on redoute
sa chute.
"Nous savons très bien qu'il n'y a pas d'oppression en Syrie. Bien
sûr qu'il y a quelques petits problèmes (...) Mais il faut laisser du
temps au regime du president Bachar al-Assad pour mettre en place les
reformes democratiques", affirme Ali Yeral, president de l'association
Ehli Beyt des alaouites d'Antakya.
"Des millions de gens sortent dans la rue pour soutenir ses reformes.
Mais certaines televisions, en particulier Al-Jazeera, font tout pour
passer ca sous silence et vont au contraire montrer 200 ou 300 membres
d'une organisation terroriste sanguinaire en train de manifester",
poursuit le responsable associatif.
Les alaouites, une confession musulmane heterodoxe proche du chiisme,
sont près de deux millions en Syrie, où ils sont fortement representes
dans les rangs de l'armee et du parti Baas au pouvoir.
En Turquie, la communaute, arabophone -a ne pas confondre avec les
alevis anatoliens, turcophones et kurdophones-, est forte de plusieurs
centaines de milliers de representants vivant principalement dans
la province d'Antakya et entretenant des liens etroits avec l'autre
côte de la frontière. "Tout est calme dans les villes (syriennes). A
Lattaquie (nord-ouest) il n'y a rien, les gens qui passent chez nous
disent qu'ils vivent normalement", assure Suheyla Kocak, comedienne
au theatre municipal d'Antakya, dont la troupe, la première a monter
une pièce en arabe en Turquie, a joue plusieurs fois en Syrie. "Où
est-ce que les incidents se produisent ? Dans des zones reculees,
a l'ecart, la où les gens sont ignares et où ils peuvent facilement
perdre la tete. C'est dans ce genre d'endroits qu'ils se battent et
s'entretuent", commente l'artiste alaouite.
Pour Yusuf Mutlu, restaurateur, les fauteurs de troubles, ce sont
les Frères musulmans, un mouvement interdit en Syrie, où il a
ete violemment reprime par l'armee en 1980 a Jisr al-Choughour
(nord-ouest), près de la frontière turque, puis en 1982 a Hama
(centre).
"Est-ce qu'il s'agit d'une armee ou bien d'un parti des Frères
musulmans ? En tout cas, tout ceux qui creent des incidents sont des
Frères musulmans", declare M. Mutlu, lui aussi alaouite, qui regarde
avec peu de sympathie les quelque 7.500 Syriens refugies dans la
province d'Antakya et leurs recits sur des devastations commises par
l'armee syrienne.
L'homme n'est pas convaincu non plus par les appels d'Ankara a
une demission d'Assad et la mise en place de sanctions economiques
pour contraindre le regime de Damas a mettre fin a la repression des
mouvements d'opposition, qui a fait plus de 4.000 morts en neuf mois,
alors que les relations entre les deux pays etaient au beau fixe il
y a encore un an.
Mais surtout, il craint une assimilation de la communaute alaouite
avec le regime. "En tant qu'alaouite, ca m'a profondement blesse (...)
qu'un responsable de la Republique turque fasse de la discrimination
confessionnelle", declare-t-il, denoncant des propos du vice-president
du parti AKP (islamo-conservateur) au pouvoir, Huseyin Celik, qui
debut septembre avait souligne le rôle des alaouites dans les organes
du pouvoir syrien.
Car derrière cette assimilation se cache la menace de represailles
contre la communaute, en Syrie et ailleurs, previent Ali Yeral. "En cas
de renversement d'Assad, c'est evident qu'il va y avoir un massacre
des alaouites. Après ca, le Hezbollah libanais sera dans la ligne
de mire, puis l'Irak, puis l'Iran, et ca s'etendra a la Turquie et
a l'Arabie saoudite...", annonce-t-il.
Stephane
armenews.com
mercredi 14 decembre 2011
A Antakya, petite ville turque cosmopolite aux confins de la Syrie,
les prises de position d'Ankara contre le regime de Damas ne font pas
l'unanimite. Au sein de la forte communaute alaouite de la ville,
on defend l'action du president Assad, un alaouite, et on redoute
sa chute.
"Nous savons très bien qu'il n'y a pas d'oppression en Syrie. Bien
sûr qu'il y a quelques petits problèmes (...) Mais il faut laisser du
temps au regime du president Bachar al-Assad pour mettre en place les
reformes democratiques", affirme Ali Yeral, president de l'association
Ehli Beyt des alaouites d'Antakya.
"Des millions de gens sortent dans la rue pour soutenir ses reformes.
Mais certaines televisions, en particulier Al-Jazeera, font tout pour
passer ca sous silence et vont au contraire montrer 200 ou 300 membres
d'une organisation terroriste sanguinaire en train de manifester",
poursuit le responsable associatif.
Les alaouites, une confession musulmane heterodoxe proche du chiisme,
sont près de deux millions en Syrie, où ils sont fortement representes
dans les rangs de l'armee et du parti Baas au pouvoir.
En Turquie, la communaute, arabophone -a ne pas confondre avec les
alevis anatoliens, turcophones et kurdophones-, est forte de plusieurs
centaines de milliers de representants vivant principalement dans
la province d'Antakya et entretenant des liens etroits avec l'autre
côte de la frontière. "Tout est calme dans les villes (syriennes). A
Lattaquie (nord-ouest) il n'y a rien, les gens qui passent chez nous
disent qu'ils vivent normalement", assure Suheyla Kocak, comedienne
au theatre municipal d'Antakya, dont la troupe, la première a monter
une pièce en arabe en Turquie, a joue plusieurs fois en Syrie. "Où
est-ce que les incidents se produisent ? Dans des zones reculees,
a l'ecart, la où les gens sont ignares et où ils peuvent facilement
perdre la tete. C'est dans ce genre d'endroits qu'ils se battent et
s'entretuent", commente l'artiste alaouite.
Pour Yusuf Mutlu, restaurateur, les fauteurs de troubles, ce sont
les Frères musulmans, un mouvement interdit en Syrie, où il a
ete violemment reprime par l'armee en 1980 a Jisr al-Choughour
(nord-ouest), près de la frontière turque, puis en 1982 a Hama
(centre).
"Est-ce qu'il s'agit d'une armee ou bien d'un parti des Frères
musulmans ? En tout cas, tout ceux qui creent des incidents sont des
Frères musulmans", declare M. Mutlu, lui aussi alaouite, qui regarde
avec peu de sympathie les quelque 7.500 Syriens refugies dans la
province d'Antakya et leurs recits sur des devastations commises par
l'armee syrienne.
L'homme n'est pas convaincu non plus par les appels d'Ankara a
une demission d'Assad et la mise en place de sanctions economiques
pour contraindre le regime de Damas a mettre fin a la repression des
mouvements d'opposition, qui a fait plus de 4.000 morts en neuf mois,
alors que les relations entre les deux pays etaient au beau fixe il
y a encore un an.
Mais surtout, il craint une assimilation de la communaute alaouite
avec le regime. "En tant qu'alaouite, ca m'a profondement blesse (...)
qu'un responsable de la Republique turque fasse de la discrimination
confessionnelle", declare-t-il, denoncant des propos du vice-president
du parti AKP (islamo-conservateur) au pouvoir, Huseyin Celik, qui
debut septembre avait souligne le rôle des alaouites dans les organes
du pouvoir syrien.
Car derrière cette assimilation se cache la menace de represailles
contre la communaute, en Syrie et ailleurs, previent Ali Yeral. "En cas
de renversement d'Assad, c'est evident qu'il va y avoir un massacre
des alaouites. Après ca, le Hezbollah libanais sera dans la ligne
de mire, puis l'Irak, puis l'Iran, et ca s'etendra a la Turquie et
a l'Arabie saoudite...", annonce-t-il.