REVUE DE PRESSE
Un certain mois d'avril à Adana
C'est l'histoire d'un génocide redouté, annoncé et arrivé. Celui, dès
avril 1909, des Arméniens d'Adana, ville industrieuse de Cilicie, dans
le sud de la Turquie. Qui croirait qu'un écrivain d'aujourd'hui sache
encore faire envoûtant poème épique de pareil massacre, y retrouve les
secrets de l'antique Grec Homère dans L'Iliade ou du Latin Virgile
dans L'Enéide ? Daniel Arsand a cette grce, dans un récit tout
ensemble délicat et furieux, intimiste et lyrique, qui conte comment,
du 5 au 27 avril 1909, 30 000 Arméniens seront éliminés par de
Jeunes-Turcs furieux.
L'écrivain nous fait pénétrer dans les foyers réinventés de
quelques-uns d'entre eux, chrétiens et musulmans mêlés. Orfèvre,
poète, prostituée, dirigeant, mendiant : Arsand recrée leurs
maisonnées avec une tendresse mélancolique. Les deux communautés se
savent condamnées au combat et semblent attendre de s'entre-tuer pour
accomplir leur destin. De page en page, la tension monte. Hommes et
femmes s'apprêtent au désastre avec des sentiments bizarres. Daniel
Arsand rend toute sa complexité à l'épouvantable guerre fratricide. Au
milieu d'un récit choral, éclaté, son héros n'est-il pas un traître ?
Et celui par qui advient la tragédie, un inconscient ? De magnifiques
figures - héroïques ou lches - se confrontent dans la fresque noire
découpée en chapitres aussi tranchants que l'Histoire, la Mort, le
Temps... Très peu d'Arméniens réchapperont de ces premiers massacres
et ils ne s'en remettront jamais. Après avoir détaillé l'horreur -
sans voyeurisme -, Arsand montre des exilés solitaires ou sans désirs.
Des vivants n'aspirant qu'à rejoindre leurs morts. Omniprésents autour
d'eux...
Fabienne Pascaud
Telerama n° 3226 - 12 novembre 2011
dimanche 18 décembre 2011,
Stéphane ©armenews.com
From: A. Papazian
Un certain mois d'avril à Adana
C'est l'histoire d'un génocide redouté, annoncé et arrivé. Celui, dès
avril 1909, des Arméniens d'Adana, ville industrieuse de Cilicie, dans
le sud de la Turquie. Qui croirait qu'un écrivain d'aujourd'hui sache
encore faire envoûtant poème épique de pareil massacre, y retrouve les
secrets de l'antique Grec Homère dans L'Iliade ou du Latin Virgile
dans L'Enéide ? Daniel Arsand a cette grce, dans un récit tout
ensemble délicat et furieux, intimiste et lyrique, qui conte comment,
du 5 au 27 avril 1909, 30 000 Arméniens seront éliminés par de
Jeunes-Turcs furieux.
L'écrivain nous fait pénétrer dans les foyers réinventés de
quelques-uns d'entre eux, chrétiens et musulmans mêlés. Orfèvre,
poète, prostituée, dirigeant, mendiant : Arsand recrée leurs
maisonnées avec une tendresse mélancolique. Les deux communautés se
savent condamnées au combat et semblent attendre de s'entre-tuer pour
accomplir leur destin. De page en page, la tension monte. Hommes et
femmes s'apprêtent au désastre avec des sentiments bizarres. Daniel
Arsand rend toute sa complexité à l'épouvantable guerre fratricide. Au
milieu d'un récit choral, éclaté, son héros n'est-il pas un traître ?
Et celui par qui advient la tragédie, un inconscient ? De magnifiques
figures - héroïques ou lches - se confrontent dans la fresque noire
découpée en chapitres aussi tranchants que l'Histoire, la Mort, le
Temps... Très peu d'Arméniens réchapperont de ces premiers massacres
et ils ne s'en remettront jamais. Après avoir détaillé l'horreur -
sans voyeurisme -, Arsand montre des exilés solitaires ou sans désirs.
Des vivants n'aspirant qu'à rejoindre leurs morts. Omniprésents autour
d'eux...
Fabienne Pascaud
Telerama n° 3226 - 12 novembre 2011
dimanche 18 décembre 2011,
Stéphane ©armenews.com
From: A. Papazian