SARKOZY, LA PROMESSE D'EREVAN
Par Charles Jaigu
Le Figaro
http://www.lefigaro.fr/politique/2011/12/20/01002-20111220ARTFIG00604-sarkozy-la-promesse-d-erevan.php
20 dec 2011
France
Le 7 octobre dernier, a Erevan (Armenie), lors d'une conference de
presse avec son homologue Serge Sarkissian, Nicolas Sarkozy avait
fait une mise au point pesee au mot près sur les consequences de
toute entreprise de negation du genocide armenien sur le sol francais.
Il se devait d'aller plus loin que son predecesseur, Jacques Chirac
qui, en 2006, avait invite les Turcs a "reconnaître" le genocide. Il se
devait aussi de repondre a l'opposition qui, par la voix de Francois
Hollande, avait plaide pour que le nouveau Senat, a majorite de
gauche, mette au vote la proposition de loi sur la penalisation du
negationnisme, rejete au debut de l'annee par l'UMP. Il se devait
enfin d'honorer sa promesse de faire voter cette loi, dans les limbes
au Senat depuis 2006.
Sarkozy devait le faire, sans tomber pour autant dans le piège d'une
brouille avec "la grande nation turque" selon son expression. Sans
trop heurter nombre de deputes et proches conseillers hostiles a une
enième loi memorielle.
"Geste de paix" "Il ne peut pas y avoir de reconciliation durable sur
la negation des souffrances" a-t-il explique en exhortant la Turquie
a un "gigantesque pas en avant". "Il ne revient pas a la France de
poser un ultimatum a qui que ce soit, (...) mais enfin, le temps
n'est pas infini, 1915-2011, il me semble que pour la reflexion,
c'est suffisant", avait prevenu le chef de l'Etat, en ajoutant, pour
la première fois explicitement, que si la Turquie ne faisait pas ce
"geste de paix" il envisagerait de proposer l'adoption d'un texte de
loi reprimant specifiquement la negation du genocide armenien.
Si la forme se voulait respectueuse, il s'agissait bien, sur le fond,
d'une injonction. Sans surprise, Ankaragene a denonce une posture
"electorale". Finalement, Sarkozy a tenu la promesse faite a Erevan.
Avec ce geste, Sarkozy reconquiert le c~\ur des Armeniens de France
qui avaient vote pour lui en 2007, au moment où Hollande etait sur le
point de lui griller la politesse. Il assume aussi un rapport de forces
avec le colerique Recep Tayyip Erdogan. Le president francais sait
bien que le PS n'osera pas se prononcer clairement contre l'adhesion
de la Turquie a l'Europe.
Il se relegitime par ce geste a l'egard des electeurs de la droite
et du centre qui ont toujours refuse l'entree d'un pays fort de 80
millions de musulmans.
Par Charles Jaigu
Le Figaro
http://www.lefigaro.fr/politique/2011/12/20/01002-20111220ARTFIG00604-sarkozy-la-promesse-d-erevan.php
20 dec 2011
France
Le 7 octobre dernier, a Erevan (Armenie), lors d'une conference de
presse avec son homologue Serge Sarkissian, Nicolas Sarkozy avait
fait une mise au point pesee au mot près sur les consequences de
toute entreprise de negation du genocide armenien sur le sol francais.
Il se devait d'aller plus loin que son predecesseur, Jacques Chirac
qui, en 2006, avait invite les Turcs a "reconnaître" le genocide. Il se
devait aussi de repondre a l'opposition qui, par la voix de Francois
Hollande, avait plaide pour que le nouveau Senat, a majorite de
gauche, mette au vote la proposition de loi sur la penalisation du
negationnisme, rejete au debut de l'annee par l'UMP. Il se devait
enfin d'honorer sa promesse de faire voter cette loi, dans les limbes
au Senat depuis 2006.
Sarkozy devait le faire, sans tomber pour autant dans le piège d'une
brouille avec "la grande nation turque" selon son expression. Sans
trop heurter nombre de deputes et proches conseillers hostiles a une
enième loi memorielle.
"Geste de paix" "Il ne peut pas y avoir de reconciliation durable sur
la negation des souffrances" a-t-il explique en exhortant la Turquie
a un "gigantesque pas en avant". "Il ne revient pas a la France de
poser un ultimatum a qui que ce soit, (...) mais enfin, le temps
n'est pas infini, 1915-2011, il me semble que pour la reflexion,
c'est suffisant", avait prevenu le chef de l'Etat, en ajoutant, pour
la première fois explicitement, que si la Turquie ne faisait pas ce
"geste de paix" il envisagerait de proposer l'adoption d'un texte de
loi reprimant specifiquement la negation du genocide armenien.
Si la forme se voulait respectueuse, il s'agissait bien, sur le fond,
d'une injonction. Sans surprise, Ankaragene a denonce une posture
"electorale". Finalement, Sarkozy a tenu la promesse faite a Erevan.
Avec ce geste, Sarkozy reconquiert le c~\ur des Armeniens de France
qui avaient vote pour lui en 2007, au moment où Hollande etait sur le
point de lui griller la politesse. Il assume aussi un rapport de forces
avec le colerique Recep Tayyip Erdogan. Le president francais sait
bien que le PS n'osera pas se prononcer clairement contre l'adhesion
de la Turquie a l'Europe.
Il se relegitime par ce geste a l'egard des electeurs de la droite
et du centre qui ont toujours refuse l'entree d'un pays fort de 80
millions de musulmans.