PARIS ET ANKARA S'AFFRONTENT SUR L'ARMENIE
Par Assiya Hamza
Europe1
http://www.europe1.fr/International/Paris-et-Ankara-s-affrontent-sur-l-Armenie-872177/
20 dec 2011
La proposition de loi penalisant la negation le genocide armenien
pourrait entraîner une crise.
Le torchon brûle entre Paris et Ankara. Alors que l'Assemblee nationale
doit etudier jeudi une proposition de loi condamnant la negation du
genocide armenien, la Turquie multiplie les menaces de represailles
diplomatiques et economiques.
"Il n'est pas question pour nous d'accepter cette proposition de
loi (...) qui denie le droit de rejeter des accusations infondees et
injustes contre notre pays et notre nation", a reagi dans un communique
le chef de l'Etat turc, Abdullah Gul, en exhortant Paris a renoncer
a une loi "inacceptable".
La proposition de loi de Valerie Boyer, cosignee par plus d'une
quarantaine de deputes de la majorite presidentielle, propose
de sanctionner d'un an de prison et de 45.000 euros d'amendes la
contestation des genocides reconnus par la loi. Le cas armenien serait
donc automatiquement concerne.
1,5 million de morts entre 1915 et 1917 Pour les Armeniens et une
vingtaine d'autres pays, l'Empire ottoman a orchestre de 1915 a 1917
un genocide qui a fait 1,5 million de morts.
Son existence est reconnu par la France depuis 2001.
La Turquie, elle, refuse de parler de genocide. Ankara admet bien
la mort de 500.000 personnes mais seulement en tant que victimes des
aleas de la Première guerre mondiale.
Deux delegations turques, l'une composee d'industriels, l'autre
de parlementaires, ont ete envoyees a Paris pour tenter d'empecher
un examen du texte de loi. Ces parlementaires ont rencontre mardi
Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du president francais
Nicolas Sarkozy, puis le ministre des Affaires etrangères Alain Juppe.
Si le texte est adopte, la crise entre la France et la Turquie serait
inevitable. Et les consequences plutôt fâcheuses. Très en pointe sur
les dossiers iraniens et syriens, Paris ne peut se permettre d'etre
persona non grata pour Ankara, incontournable pour le règlement de
ces deux questions sensibles.
Une mesure electoraliste pour les Turcs La Turquie accuse le
gouvernement francais de vouloir, avec cette loi, recuperer lors
de la presidentielle de 2012 le vote de quelque 500.000 "Armeniens
de France". "Tous les cinq ans cette question revient avant les
elections" presidentielle et legislatives pour obtenir les voix des
Francais d'origine armenienne, s'est insurgee Umit Boyner, presidente
du patronat turc, TUSIAD.
Ankara pourrait egalement toucher au porte-monnaie. En 2010, les
echanges commerciaux avec la 17e economie mondiale, ont represente
près de 12 milliards d'euros pour la France.
En matière economique, "si cette loi est adoptee, il y aura beaucoup
de dommages et consequences pour les deux pays", a estime lundi le
patron de l'Union des Chambres de commerce et des Bourses de Turquie
(TOBB), Rifat Hisarciklioglu.
Le millier d'entreprises francaises operant en Turquie pourrait se
voir priver de marches publics dans les domaines des transports, de
l'armement et du nucleaire. Sans oublier la cooperation culturelle,
scientifique et technologique turco-francaise.
Vers une adoption sans difficulte Pas de quoi intimider Paris. La
Turquie "est membre de l'Organisation mondiale du commerce et est
liee a l'Union europeenne par un accord d'union douanière. Ces deux
engagements juridiques impliquent un traitement non discriminatoire
a l'egard des entreprises de l'UE", a replique mardi le ministère
francais des Affaires etrangères.
En depit de quelques voix discordantes, gauche et droite devraient
soutenir le texte.
Par Assiya Hamza
Europe1
http://www.europe1.fr/International/Paris-et-Ankara-s-affrontent-sur-l-Armenie-872177/
20 dec 2011
La proposition de loi penalisant la negation le genocide armenien
pourrait entraîner une crise.
Le torchon brûle entre Paris et Ankara. Alors que l'Assemblee nationale
doit etudier jeudi une proposition de loi condamnant la negation du
genocide armenien, la Turquie multiplie les menaces de represailles
diplomatiques et economiques.
"Il n'est pas question pour nous d'accepter cette proposition de
loi (...) qui denie le droit de rejeter des accusations infondees et
injustes contre notre pays et notre nation", a reagi dans un communique
le chef de l'Etat turc, Abdullah Gul, en exhortant Paris a renoncer
a une loi "inacceptable".
La proposition de loi de Valerie Boyer, cosignee par plus d'une
quarantaine de deputes de la majorite presidentielle, propose
de sanctionner d'un an de prison et de 45.000 euros d'amendes la
contestation des genocides reconnus par la loi. Le cas armenien serait
donc automatiquement concerne.
1,5 million de morts entre 1915 et 1917 Pour les Armeniens et une
vingtaine d'autres pays, l'Empire ottoman a orchestre de 1915 a 1917
un genocide qui a fait 1,5 million de morts.
Son existence est reconnu par la France depuis 2001.
La Turquie, elle, refuse de parler de genocide. Ankara admet bien
la mort de 500.000 personnes mais seulement en tant que victimes des
aleas de la Première guerre mondiale.
Deux delegations turques, l'une composee d'industriels, l'autre
de parlementaires, ont ete envoyees a Paris pour tenter d'empecher
un examen du texte de loi. Ces parlementaires ont rencontre mardi
Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du president francais
Nicolas Sarkozy, puis le ministre des Affaires etrangères Alain Juppe.
Si le texte est adopte, la crise entre la France et la Turquie serait
inevitable. Et les consequences plutôt fâcheuses. Très en pointe sur
les dossiers iraniens et syriens, Paris ne peut se permettre d'etre
persona non grata pour Ankara, incontournable pour le règlement de
ces deux questions sensibles.
Une mesure electoraliste pour les Turcs La Turquie accuse le
gouvernement francais de vouloir, avec cette loi, recuperer lors
de la presidentielle de 2012 le vote de quelque 500.000 "Armeniens
de France". "Tous les cinq ans cette question revient avant les
elections" presidentielle et legislatives pour obtenir les voix des
Francais d'origine armenienne, s'est insurgee Umit Boyner, presidente
du patronat turc, TUSIAD.
Ankara pourrait egalement toucher au porte-monnaie. En 2010, les
echanges commerciaux avec la 17e economie mondiale, ont represente
près de 12 milliards d'euros pour la France.
En matière economique, "si cette loi est adoptee, il y aura beaucoup
de dommages et consequences pour les deux pays", a estime lundi le
patron de l'Union des Chambres de commerce et des Bourses de Turquie
(TOBB), Rifat Hisarciklioglu.
Le millier d'entreprises francaises operant en Turquie pourrait se
voir priver de marches publics dans les domaines des transports, de
l'armement et du nucleaire. Sans oublier la cooperation culturelle,
scientifique et technologique turco-francaise.
Vers une adoption sans difficulte Pas de quoi intimider Paris. La
Turquie "est membre de l'Organisation mondiale du commerce et est
liee a l'Union europeenne par un accord d'union douanière. Ces deux
engagements juridiques impliquent un traitement non discriminatoire
a l'egard des entreprises de l'UE", a replique mardi le ministère
francais des Affaires etrangères.
En depit de quelques voix discordantes, gauche et droite devraient
soutenir le texte.