LE GENOCIDE ARMENIEN AU CENTRE D'UNE GRAVE CRISE ENTRE PARIS ET ANKARA
Liberation
http://www.liberation.fr/depeches/01012378699-negation-du-genocide-armenien-debat-parlementaire-maintenu-jeudi
20 dec 2011
France
PARIS (AFP) - Faisant fi de vives critiques turques, l'Assemblee
nationale francaise a decide - avec l'assentiment du gouvernement
- d'examiner jeudi une proposition de loi condamnant la negation
du genocide armenien, au risque d'une grave crise diplomatique et
economique avec Ankara.
"Il n'est pas question pour nous d'accepter cette proposition de
loi (...) qui denie le droit de rejeter des accusations infondees et
injustes contre notre pays et notre nation", a reagi dans un communique
le chef de l'Etat turc, Abdullah Gul, en exhortant Paris a renoncer
a une loi "inacceptable".
Selon son entourage, M. Gul a tente pendant deux jours de joindre
son homologue francais Nicolas Sarkozy, mais en vain.
Le texte conteste prevoit un an de prison et 45.000 euros d'amende
en cas de negation d'un genocide reconnu par la loi. Paris a admis
en 2001 l'existence d'un genocide d'Armeniens entre 1915 et 1917
(1,5 million de morts, selon les Armeniens).
Si elle reconnaît que jusqu'a 500.000 personnes sont mortes au cours
de cette periode, la Turquie considère qu'elles ont ete les victimes
des aleas de la Première Guerre mondiale et non d'un genocide.
Deux delegations turques, l'une composee d'hommes d'affaires, l'autre
de parlementaires, ont tente en debut de semaine a Paris d'inflechir
la position francaise sur la proposition de loi.
"Nous esperons que cette loi ne sera pas adoptee", a declare mardi
soir Volkan Bozkir, president de la commission des Affaires etrangères
de la Grande Assemblee nationale de Turquie, après avoir rencontre
l'ensemble de la classe politique francaise. Majorite comme opposition
ont cependant annonce vouloir voter en faveur de la proposition de loi.
La delegation parlementaire a aussi vu le ministre francais
des Affaires etrangères, Alain Juppe, qui s'est dit, selon son
porte-parole, convaincu que les deux pays pourraient surmonter leur
differend au vu de l'etroite cooperation qui les anime dans les grands
dossiers internationaux comme la Syrie.
Ces derniers jours, la Turquie a menace la France de multiples
represailles diplomatiques, economiques et culturelles si la loi
etait adoptee.
Ankara pourrait ainsi rappeler pour consultations son ambassadeur et
declarer persona non grata son homologue francais en Turquie.
En matière economique, le millier d'entreprises francaises operant en
Turquie risque de se voir priver de marches publics dans les domaines
des transports, de l'armement et du nucleaire. En 2010, la Turquie
a compte près de 12 milliards d'euros d'echanges avec la France.
La Turquie "est membre de l'Organisation mondiale du commerce et
liee a l'Union europeenne par un accord d'union douanière. Ces deux
engagements juridiques impliquent un traitement non discriminatoire
a l'egard des entreprises de l'UE", a souligne le ministère francais
des Affaires etrangères.
La cooperation culturelle, scientifique et technologique
turco-francaise pourrait etre egalement gelee par Ankara, selon une
source proche du gouvernement turc.
A l'appui de ses diatribes, Ankara a notamment accuse le gouvernement
francais de vouloir, avec cette loi, beneficier a la presidentielle
de 2012 en France du vote de quelque 500.000 "Armeniens de France".
Nicolas Sarkozy leur avait promis avant son election en 2007 qu'il
soutiendrait un tel texte. En octobre dernier, il avait a nouveau juge
"pas acceptable" la negation du genocide armenien.
"Tous les cinq ans cette question revient avant les elections"
presidentielle et legislatives pour obtenir les voix des Francais
d'origine armenienne, s'est insurgee Umit Boyner, presidente du
patronat turc, TUSIAD.
Liberation
http://www.liberation.fr/depeches/01012378699-negation-du-genocide-armenien-debat-parlementaire-maintenu-jeudi
20 dec 2011
France
PARIS (AFP) - Faisant fi de vives critiques turques, l'Assemblee
nationale francaise a decide - avec l'assentiment du gouvernement
- d'examiner jeudi une proposition de loi condamnant la negation
du genocide armenien, au risque d'une grave crise diplomatique et
economique avec Ankara.
"Il n'est pas question pour nous d'accepter cette proposition de
loi (...) qui denie le droit de rejeter des accusations infondees et
injustes contre notre pays et notre nation", a reagi dans un communique
le chef de l'Etat turc, Abdullah Gul, en exhortant Paris a renoncer
a une loi "inacceptable".
Selon son entourage, M. Gul a tente pendant deux jours de joindre
son homologue francais Nicolas Sarkozy, mais en vain.
Le texte conteste prevoit un an de prison et 45.000 euros d'amende
en cas de negation d'un genocide reconnu par la loi. Paris a admis
en 2001 l'existence d'un genocide d'Armeniens entre 1915 et 1917
(1,5 million de morts, selon les Armeniens).
Si elle reconnaît que jusqu'a 500.000 personnes sont mortes au cours
de cette periode, la Turquie considère qu'elles ont ete les victimes
des aleas de la Première Guerre mondiale et non d'un genocide.
Deux delegations turques, l'une composee d'hommes d'affaires, l'autre
de parlementaires, ont tente en debut de semaine a Paris d'inflechir
la position francaise sur la proposition de loi.
"Nous esperons que cette loi ne sera pas adoptee", a declare mardi
soir Volkan Bozkir, president de la commission des Affaires etrangères
de la Grande Assemblee nationale de Turquie, après avoir rencontre
l'ensemble de la classe politique francaise. Majorite comme opposition
ont cependant annonce vouloir voter en faveur de la proposition de loi.
La delegation parlementaire a aussi vu le ministre francais
des Affaires etrangères, Alain Juppe, qui s'est dit, selon son
porte-parole, convaincu que les deux pays pourraient surmonter leur
differend au vu de l'etroite cooperation qui les anime dans les grands
dossiers internationaux comme la Syrie.
Ces derniers jours, la Turquie a menace la France de multiples
represailles diplomatiques, economiques et culturelles si la loi
etait adoptee.
Ankara pourrait ainsi rappeler pour consultations son ambassadeur et
declarer persona non grata son homologue francais en Turquie.
En matière economique, le millier d'entreprises francaises operant en
Turquie risque de se voir priver de marches publics dans les domaines
des transports, de l'armement et du nucleaire. En 2010, la Turquie
a compte près de 12 milliards d'euros d'echanges avec la France.
La Turquie "est membre de l'Organisation mondiale du commerce et
liee a l'Union europeenne par un accord d'union douanière. Ces deux
engagements juridiques impliquent un traitement non discriminatoire
a l'egard des entreprises de l'UE", a souligne le ministère francais
des Affaires etrangères.
La cooperation culturelle, scientifique et technologique
turco-francaise pourrait etre egalement gelee par Ankara, selon une
source proche du gouvernement turc.
A l'appui de ses diatribes, Ankara a notamment accuse le gouvernement
francais de vouloir, avec cette loi, beneficier a la presidentielle
de 2012 en France du vote de quelque 500.000 "Armeniens de France".
Nicolas Sarkozy leur avait promis avant son election en 2007 qu'il
soutiendrait un tel texte. En octobre dernier, il avait a nouveau juge
"pas acceptable" la negation du genocide armenien.
"Tous les cinq ans cette question revient avant les elections"
presidentielle et legislatives pour obtenir les voix des Francais
d'origine armenienne, s'est insurgee Umit Boyner, presidente du
patronat turc, TUSIAD.