GENOCIDE ARMENIEN : LE TON MONTE ENTRE PARIS ET ANKARA
leJDD.fr
http://www.lejdd.fr/International/Europe/Actualite/La-loi-sur-le-genocide-armenien-menace-les-relations-franco-turques-442413/
19 dec 2011
France
La proposition de loi visant a reprimer la negation des genocides en
France, dont le genocide armenien, sera bel et bien examinee jeudi par
les deputes. Une loi qui provoque la colère d'Ankara, et qui pourrait
entacher durablement les relations franco-turques. Le president turc,
Abdullah Gul, l'a jugee mardi "inacceptable".
En deplacement en Armenie le 7 octobre dernier, Nicolas Sarkozy
avait laisse entendre que si la Turquie ne faisait pas "un geste
de paix" envers l'Armenie, la France ferait voter un texte de loi
specifique reprimant la negation Udu genocide de 1915. Ce texte est
a l'agenda de l'Assemblee nationale jeudi. Une proposition de loi
deposee par la deputee UMP des Bouches-du-Rhône, Valerie Boyer, qui
vise en effet a punir d'un an de prison et de 45.000 euros d'amende
"l'apologie, la negation ou la banalisation grossière publiques des
crimes de genocide, des crimes contre l'Humanite et des crimes de
guerre", ainsi que "la contestation ou la minimisation outrancière
des genocides reconnus par loi". Une proposition de loi qui englobe
donc le genocide armenien - 1,5 million de morts en 1915 -, reconnu
comme tel par la France en 2001.
Le texte a immediatement provoque la colère de la Turquie, qui, si elle
admet que 500.000 personnes sont mortes entre 1915 et 1917, refuse le
qualificatif de "genocide". Son president, Abdullah Gul, a exhorte
mardi la France a abandonner une loi "inacceptable". "Il n'est pas
question pour nous d'accepter cette proposition de loi (...) qui denie
le droit de rejeter des accusations infondees et injustes contre notre
pays et notre nation", a-t-il declare, souhaitant que "la raison et le
bon sens l'emportent en France" et que le projet soit abandonne "dans
les plus brefs delais". Et d'esperer "que l'amitie pluricentenaire
franco-turque, les interets communs et leur alliance [dans l'Otan]
ne soient pas sacrifiees pour de petits calculs electoralistes". Car
dans ce dossier, Ankara soupconne Paris d'avoir des arrière-pensees
electoralistes. Il faut dire que durant la campagne electorale de
2007, le candidat Sarkozy avait promis aux quelque 500.000 Armeniens
qui vivent en France de faire voter une telle loi.
"Des consequences graves et irreparables" Selon le Premier ministre
turc, RecepTayyip Erdogan, la Turquie s'opposera "par tous les
moyens diplomatiques a ces demarches populistes, injustes et
illegales". Il a par ailleurs rappele le passe colonialiste de la
France, affirmant que Paris avait commis des "tueries inhumaines"
en Algerie et au Rwanda. Le Premier ministre turc a ensuite menace
la France de "consequences graves, irreparables" sur les relations
bilaterales. La Turquie envisagerait notamment le rappel de son
ambassadeur dans l'Hexagone et l'expulsion du diplomate francais
en poste a Ankara. Deux delegations turques - l'une regroupant des
parlementaires, l'autre des entrepreneurs - se trouvent actuellement
a Paris pour convaincre les deputes d'abandonner ce texte.
Mais la France n'a pas l'intention de revenir en arrière. Ainsi, la
Conference des presidents de l'Assemblee nationale a maintenu mardi
son examen jeudi dans l'Hemicycle. Jean-Marc Ayrault, le president
du groupe PS a l'Assemblee nationale, a annonce que les deputes
socialistes voteraient la proposition de loi UMP. Le ministère des
Affaires etrangères a par ailleurs mis la Turquie en garde contre
d'eventuelles represailles economiques, alors que les echanges
avec Ankara representent 12 milliards d'euros par an. "Sur le volet
commercial, il faut bien garder present a l'esprit le respect des
règles internationales", a ainsi declare son porte-parole, Bernard
Valero. Et de rappeler que la Turquie est membre de l'OMC et liee
a l'Union europeenne par un accord d'union douanière : "Ces deux
engagements juridiques impliquent un traitement non discriminatoire
a l'egard des entreprises de l'UE."
Pour tenter de calmer le jeu, plusieurs elus de la majorite ont
souligne mardi que le texte visait les genocides en general, et non
le genocide armenien en particulier. "Il s'agit d'une initiative
parlementaire qui n'est absolument pas centree sur la question
armenienne. C'est au contraire un texte large sur les propos racistes,
xenophobes et negationnistes", a ainsi souligne Bernard Accoyer,
qui s'est lui-meme dit "pas personnellement favorable aux lois qui
pretendent encadrer l'expression ou le travail des historiens". Mais
il en faudra plus pour convaincre Ankara.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
leJDD.fr
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19 dec 2011
France
La proposition de loi visant a reprimer la negation des genocides en
France, dont le genocide armenien, sera bel et bien examinee jeudi par
les deputes. Une loi qui provoque la colère d'Ankara, et qui pourrait
entacher durablement les relations franco-turques. Le president turc,
Abdullah Gul, l'a jugee mardi "inacceptable".
En deplacement en Armenie le 7 octobre dernier, Nicolas Sarkozy
avait laisse entendre que si la Turquie ne faisait pas "un geste
de paix" envers l'Armenie, la France ferait voter un texte de loi
specifique reprimant la negation Udu genocide de 1915. Ce texte est
a l'agenda de l'Assemblee nationale jeudi. Une proposition de loi
deposee par la deputee UMP des Bouches-du-Rhône, Valerie Boyer, qui
vise en effet a punir d'un an de prison et de 45.000 euros d'amende
"l'apologie, la negation ou la banalisation grossière publiques des
crimes de genocide, des crimes contre l'Humanite et des crimes de
guerre", ainsi que "la contestation ou la minimisation outrancière
des genocides reconnus par loi". Une proposition de loi qui englobe
donc le genocide armenien - 1,5 million de morts en 1915 -, reconnu
comme tel par la France en 2001.
Le texte a immediatement provoque la colère de la Turquie, qui, si elle
admet que 500.000 personnes sont mortes entre 1915 et 1917, refuse le
qualificatif de "genocide". Son president, Abdullah Gul, a exhorte
mardi la France a abandonner une loi "inacceptable". "Il n'est pas
question pour nous d'accepter cette proposition de loi (...) qui denie
le droit de rejeter des accusations infondees et injustes contre notre
pays et notre nation", a-t-il declare, souhaitant que "la raison et le
bon sens l'emportent en France" et que le projet soit abandonne "dans
les plus brefs delais". Et d'esperer "que l'amitie pluricentenaire
franco-turque, les interets communs et leur alliance [dans l'Otan]
ne soient pas sacrifiees pour de petits calculs electoralistes". Car
dans ce dossier, Ankara soupconne Paris d'avoir des arrière-pensees
electoralistes. Il faut dire que durant la campagne electorale de
2007, le candidat Sarkozy avait promis aux quelque 500.000 Armeniens
qui vivent en France de faire voter une telle loi.
"Des consequences graves et irreparables" Selon le Premier ministre
turc, RecepTayyip Erdogan, la Turquie s'opposera "par tous les
moyens diplomatiques a ces demarches populistes, injustes et
illegales". Il a par ailleurs rappele le passe colonialiste de la
France, affirmant que Paris avait commis des "tueries inhumaines"
en Algerie et au Rwanda. Le Premier ministre turc a ensuite menace
la France de "consequences graves, irreparables" sur les relations
bilaterales. La Turquie envisagerait notamment le rappel de son
ambassadeur dans l'Hexagone et l'expulsion du diplomate francais
en poste a Ankara. Deux delegations turques - l'une regroupant des
parlementaires, l'autre des entrepreneurs - se trouvent actuellement
a Paris pour convaincre les deputes d'abandonner ce texte.
Mais la France n'a pas l'intention de revenir en arrière. Ainsi, la
Conference des presidents de l'Assemblee nationale a maintenu mardi
son examen jeudi dans l'Hemicycle. Jean-Marc Ayrault, le president
du groupe PS a l'Assemblee nationale, a annonce que les deputes
socialistes voteraient la proposition de loi UMP. Le ministère des
Affaires etrangères a par ailleurs mis la Turquie en garde contre
d'eventuelles represailles economiques, alors que les echanges
avec Ankara representent 12 milliards d'euros par an. "Sur le volet
commercial, il faut bien garder present a l'esprit le respect des
règles internationales", a ainsi declare son porte-parole, Bernard
Valero. Et de rappeler que la Turquie est membre de l'OMC et liee
a l'Union europeenne par un accord d'union douanière : "Ces deux
engagements juridiques impliquent un traitement non discriminatoire
a l'egard des entreprises de l'UE."
Pour tenter de calmer le jeu, plusieurs elus de la majorite ont
souligne mardi que le texte visait les genocides en general, et non
le genocide armenien en particulier. "Il s'agit d'une initiative
parlementaire qui n'est absolument pas centree sur la question
armenienne. C'est au contraire un texte large sur les propos racistes,
xenophobes et negationnistes", a ainsi souligne Bernard Accoyer,
qui s'est lui-meme dit "pas personnellement favorable aux lois qui
pretendent encadrer l'expression ou le travail des historiens". Mais
il en faudra plus pour convaincre Ankara.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress