FRANCE : CLASSE POLITIQUE UNIE CONTRE LA NEGATION DU GENOCIDE ARMENIEN
Stephane
armenews.com
jeudi 22 decembre 2011
A quatre mois de la presidentielle, la droite au pouvoir en France
et l'opposition de gauche soutiennent avec un rare consensus la
proposition de loi penalisant la negation du genocide armenien,
en depit de voix discordantes et des menaces de la Turquie.
La colère d'Ankara et les tentatives d'hommes d'affaires et de
parlementaires turcs venus a Paris pour tenter de convaincre la
classe politique et l'opinion publique de l'inanite du projet n'y
ont rien fait.
L'examen de la proposition de loi a l'Assemblee nationale a ete
maintenu a jeudi et les parlementaires de droite et de gauche ont
annonce qu'ils voteraient en sa faveur. "Le texte sera adopte sans
difficultes", a estime le patron des deputes de la majorite UMP
Christian Jacob.
Presente par une deputee du parti presidentiel, le texte conteste
prevoit un an de prison et 45.000 euros d'amende en cas de negation
d'un genocide reconnu par la loi. Paris a admis en 2001 l'existence
d'un genocide d'Armeniens entre 1915 et 1917 (1,5 million de morts
selon les Armeniens).
Si elle reconnaît que jusqu'a 500.000 personnes sont mortes au cours
de cette periode, la Turquie considère qu'elles ont ete les victimes
des aleas de la Première Guerre mondiale et non d'un genocide.
"Ce n'est pas une loi memorielle, pas la reconnaissance d'un genocide,
mais la repression de la negation de ce qui a ete reconnu par la loi",
a fait valoir M. Jacob.
"Nous avons vote une première loi qui etait la reconnaissance par
la France du genocide armenien", voter la deuxième "c'est une forme
de coherence", a egalement commente le chef des deputes socialistes
Jean-Marc Ayrault.
Une proposition de loi similaire avait ete presentee au Parlement en
2006 cette fois par des deputes socialistes, entraînant les memes
reactions furieuses de la Turquie. Mais elle avait ete finalement
enterree.
Les voix discordantes existent toujours y compris dans la majorite
où certains ne cachent pas leur embarras.
Le president de la commission des Affaires etrangères Axel Poniatowski
a admis que la situation etait "compliquee" alors que la Turquie est
devenue un allie incontournable dans le règlement des dossiers syrien
et iranien sur lesquels la France cherche a jouer un rôle central.
Le president UMP de l'Assemblee, Bernard Accoyer, a reconnu qu'il
n'etait "pas favorable aux textes qui pretendent encadrer l'expression
ou le travail des historiens". Il a juge peu probable que le texte
soit adopte definitivement par le Parlement d'ici au printemps.
Dans les journaux, historiens et juristes argumentent pour ou contre
a coups de tribunes interposees.
"En adoptant cette loi, nos legislateurs rendront service a la societe
turque elle-meme qui ne supporte plus les dogmes dans lesquels l'Etat
l'enferme", exhorte l'historien Raymond Kevorkian dans Liberation.
"Si haïssable que soient les propos ou les ecrits de quelques
negationnistes, l'arme penale est liberticide", s'alarme le juriste
Francois Terre dans Le Figaro.
La Turquie, qui accuse le president Nicolas Sarkozy de visees
electoralistes avant la presidentielle du printemps 2012 (les Armeniens
de France sont evalues a 500.000), a menace la France de represailles
diplomatiques, economiques et culturelles si la loi etait adoptee.
"Ce qui explique aujourd'hui cette avancee, ce sont des considerations
electorales et de periode", estime le politologue Stephane Rozès,
president de Cap (Conseils, analyses et perspectives).
D'une part "les Armeniens francais ont des relais importants", d'autre
part alors que "la France se retracte sur la nation ces dernières
annees, c'est une facon de dire que la nation francaise est maître
de definir la question des genocides et de la necessaire repression
par rapport au negationnisme", dit-il.
From: A. Papazian
Stephane
armenews.com
jeudi 22 decembre 2011
A quatre mois de la presidentielle, la droite au pouvoir en France
et l'opposition de gauche soutiennent avec un rare consensus la
proposition de loi penalisant la negation du genocide armenien,
en depit de voix discordantes et des menaces de la Turquie.
La colère d'Ankara et les tentatives d'hommes d'affaires et de
parlementaires turcs venus a Paris pour tenter de convaincre la
classe politique et l'opinion publique de l'inanite du projet n'y
ont rien fait.
L'examen de la proposition de loi a l'Assemblee nationale a ete
maintenu a jeudi et les parlementaires de droite et de gauche ont
annonce qu'ils voteraient en sa faveur. "Le texte sera adopte sans
difficultes", a estime le patron des deputes de la majorite UMP
Christian Jacob.
Presente par une deputee du parti presidentiel, le texte conteste
prevoit un an de prison et 45.000 euros d'amende en cas de negation
d'un genocide reconnu par la loi. Paris a admis en 2001 l'existence
d'un genocide d'Armeniens entre 1915 et 1917 (1,5 million de morts
selon les Armeniens).
Si elle reconnaît que jusqu'a 500.000 personnes sont mortes au cours
de cette periode, la Turquie considère qu'elles ont ete les victimes
des aleas de la Première Guerre mondiale et non d'un genocide.
"Ce n'est pas une loi memorielle, pas la reconnaissance d'un genocide,
mais la repression de la negation de ce qui a ete reconnu par la loi",
a fait valoir M. Jacob.
"Nous avons vote une première loi qui etait la reconnaissance par
la France du genocide armenien", voter la deuxième "c'est une forme
de coherence", a egalement commente le chef des deputes socialistes
Jean-Marc Ayrault.
Une proposition de loi similaire avait ete presentee au Parlement en
2006 cette fois par des deputes socialistes, entraînant les memes
reactions furieuses de la Turquie. Mais elle avait ete finalement
enterree.
Les voix discordantes existent toujours y compris dans la majorite
où certains ne cachent pas leur embarras.
Le president de la commission des Affaires etrangères Axel Poniatowski
a admis que la situation etait "compliquee" alors que la Turquie est
devenue un allie incontournable dans le règlement des dossiers syrien
et iranien sur lesquels la France cherche a jouer un rôle central.
Le president UMP de l'Assemblee, Bernard Accoyer, a reconnu qu'il
n'etait "pas favorable aux textes qui pretendent encadrer l'expression
ou le travail des historiens". Il a juge peu probable que le texte
soit adopte definitivement par le Parlement d'ici au printemps.
Dans les journaux, historiens et juristes argumentent pour ou contre
a coups de tribunes interposees.
"En adoptant cette loi, nos legislateurs rendront service a la societe
turque elle-meme qui ne supporte plus les dogmes dans lesquels l'Etat
l'enferme", exhorte l'historien Raymond Kevorkian dans Liberation.
"Si haïssable que soient les propos ou les ecrits de quelques
negationnistes, l'arme penale est liberticide", s'alarme le juriste
Francois Terre dans Le Figaro.
La Turquie, qui accuse le president Nicolas Sarkozy de visees
electoralistes avant la presidentielle du printemps 2012 (les Armeniens
de France sont evalues a 500.000), a menace la France de represailles
diplomatiques, economiques et culturelles si la loi etait adoptee.
"Ce qui explique aujourd'hui cette avancee, ce sont des considerations
electorales et de periode", estime le politologue Stephane Rozès,
president de Cap (Conseils, analyses et perspectives).
D'une part "les Armeniens francais ont des relais importants", d'autre
part alors que "la France se retracte sur la nation ces dernières
annees, c'est une facon de dire que la nation francaise est maître
de definir la question des genocides et de la necessaire repression
par rapport au negationnisme", dit-il.
From: A. Papazian