Le Parisien, France
23 dec 2011
La Turquie rappelle son ambassadeur en France
L'Assemblée a voté une loi pénalisant la négation du génocide
arménien. Le Premier ministre turc a suspendu sa coopération politique
et militaire avec la France. L'ambassadeur de Turquie à Paris a quitté
la France vendredi matin.
NATHALIE SEGAUNES
Ça n'a pas traîné ! Deux heures à peine après le vote - à main levée
et à une forte majorité des 50 députés présents - d'une loi pénalisant
la négation du génocide arménien, Ankara a rappelé son ambassadeur à
Paris. La Turquie a suspendu sa coopération politique et militaire
avec la France. SUR LE MÊME SUJET
Génocide arménien : Hollande dénonce une «opération électorale»Recep
Tayyip Erdogan, Premier ministre turc, a annoncé que, «
progressivement », d'autres mesures pourraient être mises en `uvre. «
Malheureusement, cette proposition de loi a été adoptée malgré tous
nos avertissements, a-t-il déploré. Cela va ouvrir des plaies
irréparables et très profondes dans les relations bilatérales. » Il
s'en est pris particulièrement à Nicolas Sarkozy, l'accusant d'avoir
instrumentalisé le génocide arménien à des fins électoralistes, à
quelques mois de l'élection présidentielle.
Un fort consensus droite-gauche
Le débat qui s'est déroulé hier matin dans l'hémicycle, sous l'`il
vigilant de l'ambassadeur arménien à Paris et sous la pression de
milliers de manifestants franco-turcs, a cependant été marqué par un
fort consensus droite-gauche. Les élus de circonscriptions où vivent
de nombreux Arméniens, UMP ou PS, se sont succédé pour approuver la
condamnation à un an d'emprisonnement et 45000 d'amende de toute
négation publique d'un génocide reconnu par la loi depuis 2001. Le
député UMP de Paris Claude Goasguen a invité ses collègues à « assumer
l'acte politique » que représente cette loi : « Nous ne pouvons pas
approuver l'attitude d'un Etat négationniste qui continue à développer
une propagande moderne et active. » A cet égard, le député PS de
Seine-Saint-Denis Bruno Leroux a rappelé qu'un « ministre turc a nié,
le 6 avril dernier au Sénat, le génocide en Arménie ».
Un député villiériste a profité du débat pour réclamer que le texte
reconnaisse aussi « le génocide vendéen de 1793-1794 ». L'amendement a
finalement été retiré, son auteur facétieux convenant que « les
Vendéens ont depuis surmonté leur douleur »...
Seules quelques voix discordantes sont venues briser ce consensus.
François Bayrou a ainsi jugé ce texte « déraisonnable et dangereux ».
« Il aura pour conséquence de traduire devant la justice des jeunes
Turcs qui se contenteraient de répéter ce qu'ils ont entendu dans leur
famille, a-t-il observé. Faire flamber les braises, ça représente un
risque. » Jean Bardet, député UMP du Val-d'Oise, a estimé que le
Parlement n'a pas à rédiger un « code de l'histoire politiquement
correcte ». Le socialiste Jean Glavany a estimé pour sa part que, «
dans la course aux communautarismes, il faut savoir dire stop! ». «
Vous savez tous que cette loi est inconstitutionnelle, a aussi
souligné le député des Hautes-Pyrénées : elle s'effondrera comme un
chteau de cartes. » D'ores et déjà, le texte a peu de chances d'être
examiné par le Sénat, et donc d'être adopté définitivement avant la
fin de la législature. Le prochain gouvernement devrait hériter de ce
sujet passionnel.
VIDEO. Génocide arménien : manifestation devant l'Assemblée
http://www.leparisien.fr/international/video-la-turquie-rappelle-son-ambassadeur-en-france-23-12-2011-1781400.php
23 dec 2011
La Turquie rappelle son ambassadeur en France
L'Assemblée a voté une loi pénalisant la négation du génocide
arménien. Le Premier ministre turc a suspendu sa coopération politique
et militaire avec la France. L'ambassadeur de Turquie à Paris a quitté
la France vendredi matin.
NATHALIE SEGAUNES
Ça n'a pas traîné ! Deux heures à peine après le vote - à main levée
et à une forte majorité des 50 députés présents - d'une loi pénalisant
la négation du génocide arménien, Ankara a rappelé son ambassadeur à
Paris. La Turquie a suspendu sa coopération politique et militaire
avec la France. SUR LE MÊME SUJET
Génocide arménien : Hollande dénonce une «opération électorale»Recep
Tayyip Erdogan, Premier ministre turc, a annoncé que, «
progressivement », d'autres mesures pourraient être mises en `uvre. «
Malheureusement, cette proposition de loi a été adoptée malgré tous
nos avertissements, a-t-il déploré. Cela va ouvrir des plaies
irréparables et très profondes dans les relations bilatérales. » Il
s'en est pris particulièrement à Nicolas Sarkozy, l'accusant d'avoir
instrumentalisé le génocide arménien à des fins électoralistes, à
quelques mois de l'élection présidentielle.
Un fort consensus droite-gauche
Le débat qui s'est déroulé hier matin dans l'hémicycle, sous l'`il
vigilant de l'ambassadeur arménien à Paris et sous la pression de
milliers de manifestants franco-turcs, a cependant été marqué par un
fort consensus droite-gauche. Les élus de circonscriptions où vivent
de nombreux Arméniens, UMP ou PS, se sont succédé pour approuver la
condamnation à un an d'emprisonnement et 45000 d'amende de toute
négation publique d'un génocide reconnu par la loi depuis 2001. Le
député UMP de Paris Claude Goasguen a invité ses collègues à « assumer
l'acte politique » que représente cette loi : « Nous ne pouvons pas
approuver l'attitude d'un Etat négationniste qui continue à développer
une propagande moderne et active. » A cet égard, le député PS de
Seine-Saint-Denis Bruno Leroux a rappelé qu'un « ministre turc a nié,
le 6 avril dernier au Sénat, le génocide en Arménie ».
Un député villiériste a profité du débat pour réclamer que le texte
reconnaisse aussi « le génocide vendéen de 1793-1794 ». L'amendement a
finalement été retiré, son auteur facétieux convenant que « les
Vendéens ont depuis surmonté leur douleur »...
Seules quelques voix discordantes sont venues briser ce consensus.
François Bayrou a ainsi jugé ce texte « déraisonnable et dangereux ».
« Il aura pour conséquence de traduire devant la justice des jeunes
Turcs qui se contenteraient de répéter ce qu'ils ont entendu dans leur
famille, a-t-il observé. Faire flamber les braises, ça représente un
risque. » Jean Bardet, député UMP du Val-d'Oise, a estimé que le
Parlement n'a pas à rédiger un « code de l'histoire politiquement
correcte ». Le socialiste Jean Glavany a estimé pour sa part que, «
dans la course aux communautarismes, il faut savoir dire stop! ». «
Vous savez tous que cette loi est inconstitutionnelle, a aussi
souligné le député des Hautes-Pyrénées : elle s'effondrera comme un
chteau de cartes. » D'ores et déjà, le texte a peu de chances d'être
examiné par le Sénat, et donc d'être adopté définitivement avant la
fin de la législature. Le prochain gouvernement devrait hériter de ce
sujet passionnel.
VIDEO. Génocide arménien : manifestation devant l'Assemblée
http://www.leparisien.fr/international/video-la-turquie-rappelle-son-ambassadeur-en-france-23-12-2011-1781400.php