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La crise entre Ankara et Paris risque de se prolonger par Burak AKIN

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    FRANCE
    La crise entre Ankara et Paris risque de se prolonger par Burak AKINCI


    La Turquie a coupé les ponts diplomatiques avec la France après le
    vote d'un texte de loi pénalisant le génocide arménien et la tourmente
    pourrait durer plus longtemps que lors de précédentes crises, les
    Turcs étant blessés dans leur fierté nationale.

    La réaction d'Ankara au vote français, jeudi, a été particulièrement
    forte : la Turquie, acteur régional incontournable et économie
    émergente, a immédiatement gelé toute coopération politique et
    militaire avec la France, son alliée dans l'Otan.

    L'ambassadeur turc à Paris a été rappelé pour consultations, et celui
    de la France est opportunément en vacances.

    Vendredi, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a lancé une
    nouvelle charge d'une rare violence : la France a commis un `génocide`
    en Algérie, a-t-il dit. `Les Algériens ont été brûlés collectivement
    dans des fours. Ils ont été martyrisés sans pitié`, a-t-il même
    déclaré.

    Quant au président Nicolas Sarkozy, il ferait bien de s'informer de
    ces massacres auprès de son père Pal qui, selon M. Erdogan, a servi
    dans la Légion étrangère dans l'ancienne colonie française.

    Le dirigeant turc a accusé M. Sarkozy d'être en chasse de voix avant
    l'élection présidentielle de 2012 en France. `Le président français
    Sarkozy a commencé à rechercher des gains électoraux en utilisant la
    haine du musulman et du Turc`, a-t-il déclaré.

    La Turquie, qui refuse d'admettre le génocide de 1,5 million
    d'Arméniens sous l'Empire ottoman (1915-1917), reconnu par la France
    et une vingtaine de pays, avait prévenu d'un tel scénario.

    Des délégations turques de parlementaires et de chefs d'entreprises
    ont fait en vain la navette entre les deux capitales, pour tenter
    d'empêcher le vote de cette loi, qui punit d'une peine
    d'emprisonnement la négation du génocide.

    `Ce texte est une atteinte à la liberté d'expression et à la fierté
    des Turcs`, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale turque, sous
    couvert d'anonymat.

    Et d'assurer, rappelant les précédentes brouilles entre les deux pays
    sur le génocide arménien, que la Turquie de 2011 ne sera plus le
    `punching-ball` des Français, à chaque veille d'élection, pour tenter
    d'attirer les voix d'une diaspora arménienne forte d'environ 500.000
    personnes.

    Sous la direction du gouvernement islamo-conservateur de M. Erdogan,
    la Turquie s'est affirmée à la fois économiquement, avec une
    croissance record de 9,6% pour les neuf premiers mois de 2011, et
    diplomatiquement, devenant un acteur de poids et un modèle pour les
    pays du `printemps arabe`.

    La France risque d'être écartée de cette sphère d'influence qu'a btie
    la Turquie, en particulier sur le dossier sensible de la Syrie, M.
    Erdogan ayant annoncé le gel des échanges politiques avec Paris et de
    toute coopération militaire.

    `Il n'y a plus de Turquie sur la défensive, il y a maintenant une
    Turquie active, forte sur tous les fronts (...) Le temps de nous
    imposer quoi que ce soit est révolu`, a affirmé vendredi le chef de la
    diplomatie turque, Ahmet Davutoglu.

    En 2006, lors d'une première tentative de faire adopter un texte
    similaire au Sénat français, la réaction d'Ankara s'était concentrée
    sur le domaine économique. Mais la riposte est aujourd'hui plus
    graduelle, dans un premier temps limitée aux aspects diplomatique et
    militaire, fait remarquer Yusuf Kanli dans le quotidien Hürriyet Daily
    News. Et elle risque de durer plus longtemps.

    `M. Erdogan a indiqué que cette fois la réaction turque pourrait aller
    au delà de certaines mesures spontanées et symboliques visant à
    apaiser l'ire de l'opinion publique turque`, écrit le commentateur.

    Vendredi matin, la presse turque tirait à boulets rouges contre cette
    loi votée par une quarantaine d'élus.

    `Les Misérables` titrait ainsi en français le journal libéral Radikal,
    tandis que Sözcü, plus irrévérencieux, mettait en Une : `45
    maniaques`.

    samedi 24 décembre 2011,
    Stéphane ©armenews.com

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