Europe1
Dec 23 2011
Génocide arménien : la France isolée ?
Par Charles Carrasco
DÉCRYPTAGE - Plusieurs pays ont reconnu le génocide mais peu l'ont
inscrit dans la loi.
La question du génocide arménien est restée très longtemps taboue.
Jeudi, la France a fait un grand pas pour sa reconnaissance en
inscrivant dans "le marbre" de la loi la pénalisation des génocides,
dont celui de l'Arménie. Ce texte prévoit un an d'emprisonnement et
45.000 euros d'amende pour toute personne niant publiquement l'un des
deux génocides reconnu par la loi française. Jusqu'à présent, seule la
négation du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale
était punie par la loi. Si cette loi a déclenché une levée de
boucliers en Turquie, la France est loin d'être le seul pays à avoir
reconnu le génocide. Par contre, c'est l'un des seuls à le pénaliser.
Ceux qui l'ont reconnu. Officiellement, l'Uruguay a été le premier
pays à reconnaître le génocide arménien en 1965, suivi dans les années
80 par Chypre. La véritable prise en compte du génocide arménien n'est
apparue réellement qu'en 1987. Le Parlement européen et le Conseil de
l'Europe reconnaissent conjointement le génocide qui a eu lieu entre
avril 1915 et juillet 1916 et qui a coûté la vie à plus d'un million
d'Arméniens.
Deux autres puissances mondiales se sont également prononcées sur les
massacres perpétrés sur le peuple arménien : la Chambre des
représentants des Etats-Unis en 1984 et la Douma russe en 1995. Toutes
les deux ont reconnu le caractère de "génocide".
Depuis, la Suède, le Liban , le Vatican, l'Argentine ou bien encore le
Canada ont reconnu le génocide arménien. Le Bundestag allemand a
accepté une résolution condamnant les massacres mais ne reconnaît pas
le "génocide" tout comme la Grande-Bretagne.
Ceux qui le pénalisent. Deux pays ont voté la pénalisation de la
négation du génocide arménien. En Suisse, c'est "l'affaire Perincek"
qui a fait jurisprudence. A plusieurs reprises, Dogu Perincek, le
président du parti des travailleurs de Turquie, a nié publiquement le
génocide arménien lors de plusieurs déplacements en Suisse. En 2007,
il a été condamné par le tribunal fédéral suisse. C'est une première
mondiale. : le tribunal a considéré que la négation du génocide
constitue une menace pour l'identité du peuple arménien.
En 2011, la Slovaquie a également voté un projet de loi criminalisant
la négation du génocide. Dès 2009, le ministre de la Justice, Stefan
Harabin avait annoncé qu'il préparait une modification de la loi
punissant ceux qui nient l'Holocauste juif, en l'étendant au génocide
arménien. Désormais, ce délit est puni de cinq ans d'emprisonnement.
Ceux qui ne l'ont pas encore reconnu.La Turquie, où la question est
toujours très sensible, refuse toujours de reconnaître le génocide.
Certains députés UMP, comme Renaud Muselier, parle de "négationnisme
d'Etat". Toujours est-il que le débat sur la reconnaissance du
génocide arménien est lancé dans plusieurs pays. C'est le cas en
Israël où la gauche laïque fait pression pour promouvoir une motion à
l'Assemblée. Le président de la "Knesset", Reuven Rivlin, a annoncé
qu'une discussion sur cette question se tiendra le 27 décembre
prochain. Mais les négociations ont peu de chances d'aboutir car le
gouvernement a précisé ne pas vouloir nuire à leur partenariat
stratégique avec l'Azerbaïdjan, un fidèle allié de la Turquie.
http://www.europe1.fr/International/Genocide-armenien-la-France-isolee-877273/
Dec 23 2011
Génocide arménien : la France isolée ?
Par Charles Carrasco
DÉCRYPTAGE - Plusieurs pays ont reconnu le génocide mais peu l'ont
inscrit dans la loi.
La question du génocide arménien est restée très longtemps taboue.
Jeudi, la France a fait un grand pas pour sa reconnaissance en
inscrivant dans "le marbre" de la loi la pénalisation des génocides,
dont celui de l'Arménie. Ce texte prévoit un an d'emprisonnement et
45.000 euros d'amende pour toute personne niant publiquement l'un des
deux génocides reconnu par la loi française. Jusqu'à présent, seule la
négation du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale
était punie par la loi. Si cette loi a déclenché une levée de
boucliers en Turquie, la France est loin d'être le seul pays à avoir
reconnu le génocide. Par contre, c'est l'un des seuls à le pénaliser.
Ceux qui l'ont reconnu. Officiellement, l'Uruguay a été le premier
pays à reconnaître le génocide arménien en 1965, suivi dans les années
80 par Chypre. La véritable prise en compte du génocide arménien n'est
apparue réellement qu'en 1987. Le Parlement européen et le Conseil de
l'Europe reconnaissent conjointement le génocide qui a eu lieu entre
avril 1915 et juillet 1916 et qui a coûté la vie à plus d'un million
d'Arméniens.
Deux autres puissances mondiales se sont également prononcées sur les
massacres perpétrés sur le peuple arménien : la Chambre des
représentants des Etats-Unis en 1984 et la Douma russe en 1995. Toutes
les deux ont reconnu le caractère de "génocide".
Depuis, la Suède, le Liban , le Vatican, l'Argentine ou bien encore le
Canada ont reconnu le génocide arménien. Le Bundestag allemand a
accepté une résolution condamnant les massacres mais ne reconnaît pas
le "génocide" tout comme la Grande-Bretagne.
Ceux qui le pénalisent. Deux pays ont voté la pénalisation de la
négation du génocide arménien. En Suisse, c'est "l'affaire Perincek"
qui a fait jurisprudence. A plusieurs reprises, Dogu Perincek, le
président du parti des travailleurs de Turquie, a nié publiquement le
génocide arménien lors de plusieurs déplacements en Suisse. En 2007,
il a été condamné par le tribunal fédéral suisse. C'est une première
mondiale. : le tribunal a considéré que la négation du génocide
constitue une menace pour l'identité du peuple arménien.
En 2011, la Slovaquie a également voté un projet de loi criminalisant
la négation du génocide. Dès 2009, le ministre de la Justice, Stefan
Harabin avait annoncé qu'il préparait une modification de la loi
punissant ceux qui nient l'Holocauste juif, en l'étendant au génocide
arménien. Désormais, ce délit est puni de cinq ans d'emprisonnement.
Ceux qui ne l'ont pas encore reconnu.La Turquie, où la question est
toujours très sensible, refuse toujours de reconnaître le génocide.
Certains députés UMP, comme Renaud Muselier, parle de "négationnisme
d'Etat". Toujours est-il que le débat sur la reconnaissance du
génocide arménien est lancé dans plusieurs pays. C'est le cas en
Israël où la gauche laïque fait pression pour promouvoir une motion à
l'Assemblée. Le président de la "Knesset", Reuven Rivlin, a annoncé
qu'une discussion sur cette question se tiendra le 27 décembre
prochain. Mais les négociations ont peu de chances d'aboutir car le
gouvernement a précisé ne pas vouloir nuire à leur partenariat
stratégique avec l'Azerbaïdjan, un fidèle allié de la Turquie.
http://www.europe1.fr/International/Genocide-armenien-la-France-isolee-877273/