LE MENSONGE, L'INFAMIE ET L'IGNORANCE
Ara
armenews.com
lundi 26 decembre 2011
Le mensonge, l'infamie et l'ignorance Jeudi 22 decembre, en reaction
au vote de l'Assemblee Nationale visant a sanctionner la negation du
genocide des Armeniens, un tsunami d'inepties a frappe la France.
Passage en revue des faux semblants, cliches et autres expressions
d'inculture qui ont emaille le debat sur le sujet.
" Il n'appartient pas au Parlement de faire l'histoire ". L'histoire a
deja ete ecrite. Et n'en deplaise a M. Bayrou, De Villepin, Chevènement
ou Lang, il appartient en revanche au Parlement de proteger les
citoyens Francais rescapes de l'entreprise extermination et la France
en general des ravages d'une propagande d'Etat. Ce qui constitue le
volet politique du genocide, son stade supreme, pour reprendre le
mot de Bernard-Henri Levy. Le negationnisme n'est pas un problème
historique, mais d'une grande actualite. C'est la continuation de
l'annihilation par d'autres moyens. Et comme dans tous les crime
l'assassin cherche a effacer ses traces. Le negationnisme entend de
plus poursuivre les rescapes jusque-la où ils sont et attenter a leur
dignite. Dans cette dernière dimension, il s'agit d'une expression
raciste et armenophobe qui procède de la meme ideologie meurtrière
et du meme fanatisme que celui ayant sous-tendu le passage a l'acte
en 1915. Il appartient au Parlement de s'en saisir a differents
motifs et en particulier, en ce qu'il est constitutif d'un risque de
trouble a l'ordre public. En 2001, la Chambre des deputes ne s'est pas
positionnee par rapport a une question d'histoire. En reconnaissant
le genocide elle a apporte une reponse politique a une politique
d'Etat de deni. La violence des reactions d'Ankara a l'interdiction
de sa propagande negationniste sur le sol nationale donne la mesure
du caractère prioritaire de cette politique turque. Ankara se dit
pret a activer d'enormes moyens pour pouvoir la poursuivre. Face a
ce chantage diplomatico-commercial, le meilleur rempart, c'est la
loi. On n'est pas dans l'histoire, mais dans l'actualite.
" Il faut mettre un terme aux lois memorielles ". N'en deplaise a M.
Accoyer, la proposition de loi que les deputes ont adopte, jeudi 22
decembre n'est pas une " loi memorielle ", mais juste la transposition
d'une directive-cadre de l'Union europeenne, adoptee par Bruxelles en
2008, sur la lutte contre la contestation des genocides reconnus par
la loi francaise. La France, dans son bon droit, n'a fait qu'importer
un texte communautaire. En toute liberte et sans offenser personne
puisque la Turquie n'est meme pas mentionnee, ni les evenements
de 1915. Par ailleurs, d'autres Parlements ont vote des textes a
caractère historique, comme le Conseil de l'Europe sur les crimes
commis par les communistes a l'epoque de l'URSS. Et personne n'a
conteste cette avancee de la democratie. Enfin, si on reprend cet
argumentaire, pourquoi les legislateurs seraient-ils competents pour
voter une loi contre le clonage alors qu'ils ne sont pas scientifiques
et incompetents pour adopter un texte contre le negationnisme alors
que l'Histoire est une science ? Il existe un principe de precaution
morale qui est valable aussi bien dans la bioethique que contre le
negationnisme.
" Le Parlement n'a pas a voter un texte portant sur un fait etranger
a la France ". N'en deplaise a M. Badinter, les relations etroites
entre la France et l'Armenie remontent aux premiers siècles de notre
ère pour ne plus jamais se desserrer. Elles ont eu de cesse de se
confondre. Le 24 mai 1915, la France, la Russie et la Grande-Bretagne
adressent une missive a l'Empire ottoman dans laquelle la Triple
Entente lui indique qu'il devra repondre après la guerre des crimes
contre l'humanite commis sur sa population armenienne. La France
a toujours ete fortement presente et interventionniste dans cette
region. Elle a appose sa signature au bas de multiples traites en
faveur des droits des minorites de l'Empire ottoman. Son implication
dans la reconnaissance du genocide des Armeniens procède donc de
ses engagements passes et relève de sa responsabilite historique. De
leur côte les Armeniens ont paye au prix du sang verse leur tribut a
cette histoire particulière d'amitie. On ne rappellera pour memoire
que les volontaires de la Legion armenienne tombes aux côtes des
soldats francais lors de la Première Guerre mondiale, les engages dans
l'armee francaise en 1939, en 1946 ou en 1954 alors qu'ils n'etaient
pas citoyens de la Republique, les resistants du groupe Manouchian,
rescapes du genocide de 1915 et fusilles par la police de Vichy pour
s'etre battu pour la liberte et la liberation de la France. Si tous les
peuples sous domination imperiale ont gagne leur independance au XIXe
comme au XXe siècle, cela s'est fait au nom des valeurs universelles
que la Revolution francaise incarne. A chaque fois que les Armeniens
ou d'autres peuples ont voulu s'approprier ces messages de Liberte
pour s'affranchir du joug turc, l'Empire ottoman leur a repondu par
le fer et le feu ! Comment Badinter, un heritier politique revendique
de Jaurès et de Blum peut-il faire fi de cette dimension ?
" La France n'a pas a se meler des problèmes des autres ". Mais,
a ce rythme que cessent alors les diplomaties du monde entier et
que les ONG soupent leur action humanitaire a travers le monde ! Que
l'on arrete de se meler du genocide du Darfour ! Que l'on cesse de
parler de la tragedie du Tibet en Chine ! Que l'on ferme les yeux
sur toutes les violations des droits de l'homme dans le monde ! Ce
serait un comble pour notre Republique, berceau des droits de l'homme !
" Ce texte est de nature electoraliste ". Mais qu'est-ce qui n'est
pas de nature electoraliste aujourd'hui ? Et pourquoi lorsqu'un
gouvernement, a la recherche de popularite, legifère en faveur des
agriculteurs, des enseignants, des medecins ou des laboratoires
pharmaceutiques, personne ne parle d'approche electoraliste et
qu'arrivee aux Armeniens, la demarche ne serait qu'electorale de la
part de ce meme gouvernement ?
" Ce texte va porter atteinte aux relations economiques avec la Turquie
". Près de onze ans après la loi francaise reconnaissant le genocide
des Armeniens, le volume des relations economiques et commerciales
entre la Turquie et la France s'elève a environ 11 milliards d'euros,
alors que la Turquie avait vigoureusement proteste contre ce texte de
loi en 2001. L'argument mercantile tombe donc tout seul. Par ailleurs,
pourquoi s'enthousiasmer a travers le monde en faveur du mouvement
des Indignes fondamentalement porte par une ethique internationale et
contester le choix des deputes quand ils mettent la morale au-dessus du
pouvoir de l'argent ?!?! Cela fait près d'un siècle que les Armeniens
sont les Indignes sans sepulture et traînes dans la boue par ce
negationnisme de l'Etat turc. Ce texte est un acte fort en faveur
d'une moralisation des relations internationales, au moins a l'echelle
europeenne. Ceux qui s'y opposent sont des cyniques, qui mettent les
interets commerciaux au-dessus de toute autre considerations.
" Il faut creer une commission d'historiens turcs et armeniens pour
regler leur differend ". Pourquoi mettre en place une commission
d'enquete sur 1915 alors que tous les Instituts specialises dans la
recherche sur les genocides confirment la realite du genocide des
Armeniens. Cette demande correspond a une manoeuvre de la propagande
negationniste turque. Visant a noyer le problème, elle induit en
outre que le genocide serait sujet a caution. Accepter cette idee,
c'est faire le jeu des revisionnistes et negationnistes. Cette
meme demande est egalement utilisee par Ahamadinejad pour contester
la Shoah. Par ailleurs, en 2001, lors d'une initiative americaine
soutenue par le Departement d'Etat, un dialogue armeno-turc, noue entre
ex-diplomates des deux pays, a saisi le Centre international pour la
justice transitionnelle (CIJT), base a New York, en vue de determiner
si les tueries et deportations des Armeniens de l'Empire ottoman
constituaient un genocide au regard de la Convention des Nations
Unies de 1948. Lorsque le CIJT a repondu que " oui, le genocide des
Armeniens est une realite incontestable ", la delegation turque a
claque la porte des negociations et mis fin aux discussions. Voila
un exemple de dialogue avorte par la Turquie, que nous portons a la
connaissance des ignorants des relations armeno-turques...
" Ce texte porte atteinte a la liberte d'expression ". Qu'on se le
dise : ce texte ne porte nullement atteinte a la liberte d'expression.
Toute personne a le droit de penser et de dire ce qu'elle veut. Le
juge condamne, le cas echeant, la "negation ou la banalisation
grossière et publique des genocides reconnus par la loi". Les mots
importants sont "grossières" et "publique". On peut etre raciste,
xenophobe ou negationniste c'est le droit de chacun de l'etre et de le
rester. Mais diffuser du racisme, de la xenophobie ou du negationnisme
est inadmissible dans l'espace public.
" Les lois memorielles ne servent a rien ". N'en deplaise a Pierre
Nora, il n'existe pas de " lois memorielles ". C'est une expression
de journalistes, un raccourci comme tant d'autres pour simplifier
une problematique.
Mais plus serieusement encore, la mondialisation a deconcentre les
histoires nationales et confronte les points de vue. L'histoire
globale, qui incarne un nouveau " nous " mondial, et non plus
occidental, se fonde sur la prise en compte de la diversite des
peuples trop longtemps occultee, mais aussi sur une volonte de voir
leur dignite respectee par la marche du temps et prise en compte par
les sciences sociales. Elle repose aussi sur la confrontation a parts
egales entre une histoire jusque-la dominante et une histoire dominee.
Aucun Etat ne peut vivre a l'abri de cette confrontation. Et la où
" Liberte pour l'Histoire " denonce une loi memorielle, il n'y a
qu'une manifestation d'Histoire globale contre toute domination. Les
vaincus et les humilies ont autant de droits que les vainqueurs a
ecrire l'Histoire. Ne pas comprendre ce tournant epistemologique,
c'est ne pas comprendre le XXIe siècle.
Contester les genocides c'est assassiner les victimes une deuxième
fois et attenter a la dignite des survivants. Et pour la Turquie mener
une propagande negationniste d'Etat, c'est continuer au plan politique
l'action genocidaire. Il s'agit donc d'un acte politique d'agression
qui appelle un acte politique de resistance : le vote du Parlement. Si
la Turquie reconnaît son histoire, sort de son deni, avec transparence
et verite, la sagesse, la raison et le bon sens l'emporteront. Tant
qu'elle s'enveloppera dans les draps de son negationnisme d'Etat,
elle se heurtera au tribunal de l'Histoire.... Et au jugement de la
democratie et du Droit.
La redaction des " Nouvelles d'Armenie Magazine "
Ara
armenews.com
lundi 26 decembre 2011
Le mensonge, l'infamie et l'ignorance Jeudi 22 decembre, en reaction
au vote de l'Assemblee Nationale visant a sanctionner la negation du
genocide des Armeniens, un tsunami d'inepties a frappe la France.
Passage en revue des faux semblants, cliches et autres expressions
d'inculture qui ont emaille le debat sur le sujet.
" Il n'appartient pas au Parlement de faire l'histoire ". L'histoire a
deja ete ecrite. Et n'en deplaise a M. Bayrou, De Villepin, Chevènement
ou Lang, il appartient en revanche au Parlement de proteger les
citoyens Francais rescapes de l'entreprise extermination et la France
en general des ravages d'une propagande d'Etat. Ce qui constitue le
volet politique du genocide, son stade supreme, pour reprendre le
mot de Bernard-Henri Levy. Le negationnisme n'est pas un problème
historique, mais d'une grande actualite. C'est la continuation de
l'annihilation par d'autres moyens. Et comme dans tous les crime
l'assassin cherche a effacer ses traces. Le negationnisme entend de
plus poursuivre les rescapes jusque-la où ils sont et attenter a leur
dignite. Dans cette dernière dimension, il s'agit d'une expression
raciste et armenophobe qui procède de la meme ideologie meurtrière
et du meme fanatisme que celui ayant sous-tendu le passage a l'acte
en 1915. Il appartient au Parlement de s'en saisir a differents
motifs et en particulier, en ce qu'il est constitutif d'un risque de
trouble a l'ordre public. En 2001, la Chambre des deputes ne s'est pas
positionnee par rapport a une question d'histoire. En reconnaissant
le genocide elle a apporte une reponse politique a une politique
d'Etat de deni. La violence des reactions d'Ankara a l'interdiction
de sa propagande negationniste sur le sol nationale donne la mesure
du caractère prioritaire de cette politique turque. Ankara se dit
pret a activer d'enormes moyens pour pouvoir la poursuivre. Face a
ce chantage diplomatico-commercial, le meilleur rempart, c'est la
loi. On n'est pas dans l'histoire, mais dans l'actualite.
" Il faut mettre un terme aux lois memorielles ". N'en deplaise a M.
Accoyer, la proposition de loi que les deputes ont adopte, jeudi 22
decembre n'est pas une " loi memorielle ", mais juste la transposition
d'une directive-cadre de l'Union europeenne, adoptee par Bruxelles en
2008, sur la lutte contre la contestation des genocides reconnus par
la loi francaise. La France, dans son bon droit, n'a fait qu'importer
un texte communautaire. En toute liberte et sans offenser personne
puisque la Turquie n'est meme pas mentionnee, ni les evenements
de 1915. Par ailleurs, d'autres Parlements ont vote des textes a
caractère historique, comme le Conseil de l'Europe sur les crimes
commis par les communistes a l'epoque de l'URSS. Et personne n'a
conteste cette avancee de la democratie. Enfin, si on reprend cet
argumentaire, pourquoi les legislateurs seraient-ils competents pour
voter une loi contre le clonage alors qu'ils ne sont pas scientifiques
et incompetents pour adopter un texte contre le negationnisme alors
que l'Histoire est une science ? Il existe un principe de precaution
morale qui est valable aussi bien dans la bioethique que contre le
negationnisme.
" Le Parlement n'a pas a voter un texte portant sur un fait etranger
a la France ". N'en deplaise a M. Badinter, les relations etroites
entre la France et l'Armenie remontent aux premiers siècles de notre
ère pour ne plus jamais se desserrer. Elles ont eu de cesse de se
confondre. Le 24 mai 1915, la France, la Russie et la Grande-Bretagne
adressent une missive a l'Empire ottoman dans laquelle la Triple
Entente lui indique qu'il devra repondre après la guerre des crimes
contre l'humanite commis sur sa population armenienne. La France
a toujours ete fortement presente et interventionniste dans cette
region. Elle a appose sa signature au bas de multiples traites en
faveur des droits des minorites de l'Empire ottoman. Son implication
dans la reconnaissance du genocide des Armeniens procède donc de
ses engagements passes et relève de sa responsabilite historique. De
leur côte les Armeniens ont paye au prix du sang verse leur tribut a
cette histoire particulière d'amitie. On ne rappellera pour memoire
que les volontaires de la Legion armenienne tombes aux côtes des
soldats francais lors de la Première Guerre mondiale, les engages dans
l'armee francaise en 1939, en 1946 ou en 1954 alors qu'ils n'etaient
pas citoyens de la Republique, les resistants du groupe Manouchian,
rescapes du genocide de 1915 et fusilles par la police de Vichy pour
s'etre battu pour la liberte et la liberation de la France. Si tous les
peuples sous domination imperiale ont gagne leur independance au XIXe
comme au XXe siècle, cela s'est fait au nom des valeurs universelles
que la Revolution francaise incarne. A chaque fois que les Armeniens
ou d'autres peuples ont voulu s'approprier ces messages de Liberte
pour s'affranchir du joug turc, l'Empire ottoman leur a repondu par
le fer et le feu ! Comment Badinter, un heritier politique revendique
de Jaurès et de Blum peut-il faire fi de cette dimension ?
" La France n'a pas a se meler des problèmes des autres ". Mais,
a ce rythme que cessent alors les diplomaties du monde entier et
que les ONG soupent leur action humanitaire a travers le monde ! Que
l'on arrete de se meler du genocide du Darfour ! Que l'on cesse de
parler de la tragedie du Tibet en Chine ! Que l'on ferme les yeux
sur toutes les violations des droits de l'homme dans le monde ! Ce
serait un comble pour notre Republique, berceau des droits de l'homme !
" Ce texte est de nature electoraliste ". Mais qu'est-ce qui n'est
pas de nature electoraliste aujourd'hui ? Et pourquoi lorsqu'un
gouvernement, a la recherche de popularite, legifère en faveur des
agriculteurs, des enseignants, des medecins ou des laboratoires
pharmaceutiques, personne ne parle d'approche electoraliste et
qu'arrivee aux Armeniens, la demarche ne serait qu'electorale de la
part de ce meme gouvernement ?
" Ce texte va porter atteinte aux relations economiques avec la Turquie
". Près de onze ans après la loi francaise reconnaissant le genocide
des Armeniens, le volume des relations economiques et commerciales
entre la Turquie et la France s'elève a environ 11 milliards d'euros,
alors que la Turquie avait vigoureusement proteste contre ce texte de
loi en 2001. L'argument mercantile tombe donc tout seul. Par ailleurs,
pourquoi s'enthousiasmer a travers le monde en faveur du mouvement
des Indignes fondamentalement porte par une ethique internationale et
contester le choix des deputes quand ils mettent la morale au-dessus du
pouvoir de l'argent ?!?! Cela fait près d'un siècle que les Armeniens
sont les Indignes sans sepulture et traînes dans la boue par ce
negationnisme de l'Etat turc. Ce texte est un acte fort en faveur
d'une moralisation des relations internationales, au moins a l'echelle
europeenne. Ceux qui s'y opposent sont des cyniques, qui mettent les
interets commerciaux au-dessus de toute autre considerations.
" Il faut creer une commission d'historiens turcs et armeniens pour
regler leur differend ". Pourquoi mettre en place une commission
d'enquete sur 1915 alors que tous les Instituts specialises dans la
recherche sur les genocides confirment la realite du genocide des
Armeniens. Cette demande correspond a une manoeuvre de la propagande
negationniste turque. Visant a noyer le problème, elle induit en
outre que le genocide serait sujet a caution. Accepter cette idee,
c'est faire le jeu des revisionnistes et negationnistes. Cette
meme demande est egalement utilisee par Ahamadinejad pour contester
la Shoah. Par ailleurs, en 2001, lors d'une initiative americaine
soutenue par le Departement d'Etat, un dialogue armeno-turc, noue entre
ex-diplomates des deux pays, a saisi le Centre international pour la
justice transitionnelle (CIJT), base a New York, en vue de determiner
si les tueries et deportations des Armeniens de l'Empire ottoman
constituaient un genocide au regard de la Convention des Nations
Unies de 1948. Lorsque le CIJT a repondu que " oui, le genocide des
Armeniens est une realite incontestable ", la delegation turque a
claque la porte des negociations et mis fin aux discussions. Voila
un exemple de dialogue avorte par la Turquie, que nous portons a la
connaissance des ignorants des relations armeno-turques...
" Ce texte porte atteinte a la liberte d'expression ". Qu'on se le
dise : ce texte ne porte nullement atteinte a la liberte d'expression.
Toute personne a le droit de penser et de dire ce qu'elle veut. Le
juge condamne, le cas echeant, la "negation ou la banalisation
grossière et publique des genocides reconnus par la loi". Les mots
importants sont "grossières" et "publique". On peut etre raciste,
xenophobe ou negationniste c'est le droit de chacun de l'etre et de le
rester. Mais diffuser du racisme, de la xenophobie ou du negationnisme
est inadmissible dans l'espace public.
" Les lois memorielles ne servent a rien ". N'en deplaise a Pierre
Nora, il n'existe pas de " lois memorielles ". C'est une expression
de journalistes, un raccourci comme tant d'autres pour simplifier
une problematique.
Mais plus serieusement encore, la mondialisation a deconcentre les
histoires nationales et confronte les points de vue. L'histoire
globale, qui incarne un nouveau " nous " mondial, et non plus
occidental, se fonde sur la prise en compte de la diversite des
peuples trop longtemps occultee, mais aussi sur une volonte de voir
leur dignite respectee par la marche du temps et prise en compte par
les sciences sociales. Elle repose aussi sur la confrontation a parts
egales entre une histoire jusque-la dominante et une histoire dominee.
Aucun Etat ne peut vivre a l'abri de cette confrontation. Et la où
" Liberte pour l'Histoire " denonce une loi memorielle, il n'y a
qu'une manifestation d'Histoire globale contre toute domination. Les
vaincus et les humilies ont autant de droits que les vainqueurs a
ecrire l'Histoire. Ne pas comprendre ce tournant epistemologique,
c'est ne pas comprendre le XXIe siècle.
Contester les genocides c'est assassiner les victimes une deuxième
fois et attenter a la dignite des survivants. Et pour la Turquie mener
une propagande negationniste d'Etat, c'est continuer au plan politique
l'action genocidaire. Il s'agit donc d'un acte politique d'agression
qui appelle un acte politique de resistance : le vote du Parlement. Si
la Turquie reconnaît son histoire, sort de son deni, avec transparence
et verite, la sagesse, la raison et le bon sens l'emporteront. Tant
qu'elle s'enveloppera dans les draps de son negationnisme d'Etat,
elle se heurtera au tribunal de l'Histoire.... Et au jugement de la
democratie et du Droit.
La redaction des " Nouvelles d'Armenie Magazine "