GENOCIDE ARMENIEN : QUE S'EST-IL PASSE EN 1915-1916 ?
Jean Eckian
armenews.com
mardi 27 decembre 2011
La proposition de loi penalisant la negation des genocides dont le
genocide armenien continue de faire des remous. Mais que sait-on au
juste de cet evènement et pourquoi la Turquie rejette si fortement le
terme de genocide ? Nouvel echelon de tension dans la polemique sur la
proposition de loi reprimant les genocides, dont celui des Armeniens.
Valerie Boyer, la deputee UMP a l'origine de cette proposition,
declare avoir recu des menaces de mort et son site web a ete pirate.
Deja jeudi 23 decembre, le Premier ministre turc, reagissait très
violemment a la proposition de loi en accusant a son tour la France de
genocide en Algerie. Que s'est-il donc passe en 1915-1916 et pourquoi
la Turquie ne veut pas entendre parler de genocide ?
1. Un massacre debute au XIXe siècle
Le genocide armenien a eu lieu d'avril 1915 a juillet 1916 et a coûte
la vie a un million deux cent mille Armeniens, soit les deux-tiers
de la population armenienne vivant en Turquie a l'epoque. C'est l'un
des premiers genocides du XXe siècle. Mais les exactions contre les
Armeniens avaient commence dès la fin du XIXe siècle.
A la veille de la grande guerre, la decadence de l'empire ottoman
s'accelère. Pour consolider son pouvoir, le sultan Abdul-Hamid II
attise les haines religieuses, a l'instar des derniers tsars de Russie.
Entre 1894 et 1896, comme les Armeniens reclament des reformes et
une modernisation des institutions, le sultan en fait massacrer 200
a 250 000 avec l'aide des montagnards kurdes.
Un million d'Armeniens sont depouilles de leurs biens et des milliers
sont convertis de force. Des centaines d'eglises sont brûlees ou
transformees en mosquees... Le sultan tente de s'imposer en chef
spirituel des musulmans en tant que calife. Mais il est depose en
1909 par le mouvement des Jeunes-Turcs. Ces derniers lui reprochent
de livrer l'empire aux appetits etrangers et de favoriser les Arabes.
2. Des tueries poursuivies par les Jeunes-Turcs
Les Jeunes-Turcs installent au pouvoir un Comite Union et Progrès
dirige par Enver Pacha, et designent un nouveau sultan, Mohamed V. Le
nouveau pouvoir donne au pays une Constitution laïque... ainsi qu'une
devise empruntee a la France : "Liberte, Egalite, Fraternite". Mais
leur ideologie s'appuie sur un nationalisme exacerbe et notamment le
"touranisme".
Cette ideologie prône l'union de tous les peuples de langue turque
ou assimilee, partout dans le monde et jusqu'en Chine : Anatolie,
Azerbaïdjan, Kazakhstan... Cette doctrine s'appuie aussi sur une vision
racialement homogène de la nation turque. Dès 1909, les Jeunes-Turcs
s'attaquent aux Armeniens d'Asie : entre 20 000 et 30 000 d'entre
eux sont tues a Adana le 1er avril 1909.
La guerre declaree par le sultan le 1er novembre 1914 leur donne
l'occasion de mettre en place leur projet d'epuration ethnique. Sous
pretexte de deplacer les populations pour des raisons militaires,
les Armeniens sont deportes vers Alep (en Syrie) dans des conditions
telles que la plupart meurent en chemin.
Puis les massacres seront encore plus directement ordonnes. En 1914,
le ministre de l'Interieur Talaat Pacha ordonne l'assassinat des
Armeniens d'Istanbul puis des Armeniens de l'armee, avant de s'attaquer
aux Armeniens des sept provinces orientales. Le telegramme du ministre
a la direction des Jeunes-Turcs de la prefecture d'Alep est edifiant :
"Le gouvernement a decide de detruire tous les Armeniens residant en
Turquie. Il faut mettre fin a leur existence, aussi criminelles que
soient les mesures a prendre. Il ne faut tenir compte ni de l'âge,
ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici."
Une "loi provisoire de deportation" du 27 mai 1915 fixe le cadre
reglementaire de la deportation des survivants ainsi que de la
spoliation des victimes.
Lire la suite sur le site Quoi ? -ICI
Jean Eckian
armenews.com
mardi 27 decembre 2011
La proposition de loi penalisant la negation des genocides dont le
genocide armenien continue de faire des remous. Mais que sait-on au
juste de cet evènement et pourquoi la Turquie rejette si fortement le
terme de genocide ? Nouvel echelon de tension dans la polemique sur la
proposition de loi reprimant les genocides, dont celui des Armeniens.
Valerie Boyer, la deputee UMP a l'origine de cette proposition,
declare avoir recu des menaces de mort et son site web a ete pirate.
Deja jeudi 23 decembre, le Premier ministre turc, reagissait très
violemment a la proposition de loi en accusant a son tour la France de
genocide en Algerie. Que s'est-il donc passe en 1915-1916 et pourquoi
la Turquie ne veut pas entendre parler de genocide ?
1. Un massacre debute au XIXe siècle
Le genocide armenien a eu lieu d'avril 1915 a juillet 1916 et a coûte
la vie a un million deux cent mille Armeniens, soit les deux-tiers
de la population armenienne vivant en Turquie a l'epoque. C'est l'un
des premiers genocides du XXe siècle. Mais les exactions contre les
Armeniens avaient commence dès la fin du XIXe siècle.
A la veille de la grande guerre, la decadence de l'empire ottoman
s'accelère. Pour consolider son pouvoir, le sultan Abdul-Hamid II
attise les haines religieuses, a l'instar des derniers tsars de Russie.
Entre 1894 et 1896, comme les Armeniens reclament des reformes et
une modernisation des institutions, le sultan en fait massacrer 200
a 250 000 avec l'aide des montagnards kurdes.
Un million d'Armeniens sont depouilles de leurs biens et des milliers
sont convertis de force. Des centaines d'eglises sont brûlees ou
transformees en mosquees... Le sultan tente de s'imposer en chef
spirituel des musulmans en tant que calife. Mais il est depose en
1909 par le mouvement des Jeunes-Turcs. Ces derniers lui reprochent
de livrer l'empire aux appetits etrangers et de favoriser les Arabes.
2. Des tueries poursuivies par les Jeunes-Turcs
Les Jeunes-Turcs installent au pouvoir un Comite Union et Progrès
dirige par Enver Pacha, et designent un nouveau sultan, Mohamed V. Le
nouveau pouvoir donne au pays une Constitution laïque... ainsi qu'une
devise empruntee a la France : "Liberte, Egalite, Fraternite". Mais
leur ideologie s'appuie sur un nationalisme exacerbe et notamment le
"touranisme".
Cette ideologie prône l'union de tous les peuples de langue turque
ou assimilee, partout dans le monde et jusqu'en Chine : Anatolie,
Azerbaïdjan, Kazakhstan... Cette doctrine s'appuie aussi sur une vision
racialement homogène de la nation turque. Dès 1909, les Jeunes-Turcs
s'attaquent aux Armeniens d'Asie : entre 20 000 et 30 000 d'entre
eux sont tues a Adana le 1er avril 1909.
La guerre declaree par le sultan le 1er novembre 1914 leur donne
l'occasion de mettre en place leur projet d'epuration ethnique. Sous
pretexte de deplacer les populations pour des raisons militaires,
les Armeniens sont deportes vers Alep (en Syrie) dans des conditions
telles que la plupart meurent en chemin.
Puis les massacres seront encore plus directement ordonnes. En 1914,
le ministre de l'Interieur Talaat Pacha ordonne l'assassinat des
Armeniens d'Istanbul puis des Armeniens de l'armee, avant de s'attaquer
aux Armeniens des sept provinces orientales. Le telegramme du ministre
a la direction des Jeunes-Turcs de la prefecture d'Alep est edifiant :
"Le gouvernement a decide de detruire tous les Armeniens residant en
Turquie. Il faut mettre fin a leur existence, aussi criminelles que
soient les mesures a prendre. Il ne faut tenir compte ni de l'âge,
ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici."
Une "loi provisoire de deportation" du 27 mai 1915 fixe le cadre
reglementaire de la deportation des survivants ainsi que de la
spoliation des victimes.
Lire la suite sur le site Quoi ? -ICI