AU NOM DE HRAN DINK, LE "MARTIN LUTHER KING" ARMéNIEN ASSASSINé EN TURQUIE
Atlantico.fr
http://www.atlantico.fr/rdvinvite/turquie-genocide-armenie-hrant-dink-revue-blog-louise-hoffmann-254567.html?google_editors_picks=true
27 dec 2011
France
Le mot clé de la semaine sur toutes les blogosphères est "génocide".
France, Arménie, Turquie, Algérie, et maintenant IsraÃ"l. Dans le
pugilat général, en Turquie et ailleurs, le nom d'un héros et martyr
de la purulente question du génocide arménien est souvent cité,
celui de Hran Dink, un arménien vivant en Turquie, assassiné en 2007.
Capture d'écran du site piraté de la députée Valérie Boyer
(photo du blog Les moutons enragés)
Dans l'incendie franco-turco-arménien qui enflamme la dernière page
du calendrier 2011, sur la face modérée de Facebook et des blogs,
plusieurs blogueurs ou journalistes, qu'ils soient turcs, arméniens,
ou d'autres pays, ont évoqué la mémoire de Hrant Dink, comme un
appel au calme.
Hran Din, le "Martin Luther King arménien"
Hrant Dink était un arménien de Turquie, vivant en Turquie,
et dirigeait l'unique journal publié en arménien et en turc
de Turquie, Agos. Jugé et menacé pour ses rappels du génocide
arménien en Turquie même, il militait cependant pour une troisième
voie et refusait la pénalisation des propos négationnistes. Il
a été assassiné en 2007 par un homme de main a la solde des
ultra-nationalistes.
Photo du blog arménien Ianyan
Le blog arménien Ianyan commémorait au 3e anniversaire de son
assassinat ainsi, l'an dernier, en des temps plus calmes :
"Pour faire comprendre en quelques mots, Hrant Dink était
l'équivalent arménien de Martin Luther King. Il restait ferme
sur ses positions peu conventionnelles et ne leur cherchait pas
d'excuses. Cétait quel qu'un qui avait compris que le seul chemin vers
la compréhension et la paix était la communication. Il était aussi
celui qui avait déclaré, de facon très imagée : " Les relations
Turquie Arménie devraient être tirées du puits profond de 1915
mètres" (ndr: allusion a la date retenue pour le génocide arménien).
"Lui, contrairement a la majorité des "diasporains" (arméniens),
vivait et respirait parmi les Turcs. Voici un homme qui a tenté de
combler le fossé entre les deux populations affligées d'une histoire
dramatique, un homme qui a suggéré a la diaspora arménienne de
se libérer de la haine profondément enracinée contre les Turcs,
sans jamais cesser de se battre pour les droits humains et ceux des
minorités. Pour Dink, la haine et la violence n'était pas synonymes
avec la reconnaissance de la discrimination. Pour lui, elle était
contre-productive."
"Il avait naturellement ses critiques, mais il suffit de se souvenir
de ses funérailles, durant lesquelles deux cent milles personnes
ont défilé pour protester contre son assassinat, en chantant "Nous
sommes tous Hrant Drink" pour voir l'impact incroyable qu'il a eu sur
les Arméniens comme sur les Turcs. Ceci devrait suffire aux deux
camps pour comprendre que pour réussir, il faut sortir du fameux
puits mentionné plus haut".
Dans un éditorial très re-tweeté ces derniers jours sur le site
d'informations en ligne turc Today's Zaman, (en anglais) Orhan Kemal
Cengiz a également cité Hrant Dink, et sa déclaration de 2006,
après être passé en procès pour avoir rappelé le génocide
arménien, alors que la France (déja) parlait de pénaliser la
négation du génocide arménien. Il s'exprimait ainsi sur ce projet
de loi:
"Hrant Dink : Quand cette loi est apparue, nous avons été prompts
a déclarer collectivement qu'elle aurait des conséquences néfastes.
...Comme vous le savez, j'ai été jugé en Turquie pour avoir dit que
le génocide des Arméniens avait eu lieu, et j'ai dit a quel point
c'est mal. Pourtant, en même temps, je ne peux pas accepter qu'en
France on pourrait désormais être jugé pour avoir nié le génocide
arménien. Si ce projet de loi est voté, je serai parmi les premiers
a me rendre en France pour violer la loi. Et ensuite, nous pourrons
regarder la république turque et le gouvernement francais faire la
course pour me condamner. Nous pourrons regarder et voir qui des deux
me jettera le premier en prison....Je pense vraiment que la France, si
elle vote cette loi, portera tort non seulement a l'Union Européenne,
mais aux Arméniens dans le monde entier. Elle endommagera également
la normalisation des relations entre l'Arménie et la Turquie. Ce dont
les gens ont besoin est de dialogue, et tout ce que font ces lois,
c'est empêcher un tel dialogue."[...]
Orhan Kemal Cengiz a cité Hrant Dink en soutien a sa profession de
foi de Turc démocrate, publié le jour même du vote du projet de
loi a l'Assemblée en France, et qu'il argumentait dans "Est-ce que
vous aidez la Turquie a se confronter a 1915 ?":
"La Turquie s'est énormément démocratisée ces dernières
années. Le rôle de l'armée a diminué, comme son influence sur
le système politique, mais nous n'en sommes pas a des niveaux de
non-retour. Tant que la Turquie poursuit sa démocratisation,
tant qu'elle reste une société ouverte, sa confrontation
avec le passé s'approfondira avec chaque jour qui passe. C'est
inévitable. Il existe un lien crucial entre la démocratisation
et la confrontation. Pouvez-vous contribuer a ce processus de
démocratisation en poussant la Turquie hors de l'Europe, ou
en soutenant des nationalistes a travers ce genre de manÅ"uvres
extérieures ?
Moi, et tant d'autres personnes ouvertes et démocrates dans ce
pays, veulent que la Turquie se confronte complètement a 1915,
pas seulement parce que nous estimons que cela signifiera que la
justice a été rendue pour les victimes, mais aussi parce que nous
croyons que sans cette confrontation, la Turquie ne sera jamais un
pays véritablement démocratique.
Nous voulons que cette confrontation ait lieu pour notre avenir,
pour le futur de nos enfants, et ainsi de suite. Nous ne voulons pas
être sous la coupe de la mentalité de Talat PaÅ~_a,le cerveau des
événements de 1915. Nous ne voulons pas vivre avec l'héritage
du génocide arménien, des tabous, des meurtres et des massacres
incessants, sous la tutelle des militaire, de gangs a l'intérieur
de l'Etat, et ainsi de suite.
Nous sommes au milieu de cette transition.[...] Le génocide arménien
et d'autres tabous sont débattus de facon directe et les militaires
sont poussés de plus en plus vers leurs casernes avec chaque jour
qui passe. Ce processus n'est pas encore achevé cependant. Après de
graves crises, et surtout des combinaisons de crises a la fois internes
et externes, cette tutelle des militaires pourrait revenir. Tout ce
qu'il y faut, c'est de pousser la Turquie hors de l'Europe, l'acculer
dans tous les angles avec des lois similaires sur la négation du
génocide, d'augmenter le niveau de violence a travers le conflit
kurde, et ainsi de suite.
Une Turquie qui revient a son ancien statut quo (tutelle des militaire,
gangs d'Ã~Itat avec l'impunité la plus complète pour s'embarquer
dans des atteintes massives aux droits humains, etc) ne sera pas
seulement une menace énorme pour toute cette région du monde
(a commencer par l'Arménie), mais signifiera qu'elle (la Turquie)
ne se confrontera jamais a son passé, jamais".
Pour le troisième anniversaire de la mort du "Luther King arménien",
la journaliste hollandaise Frederike Geerdink, en poste en Turquie,
se souvenait elle aussi de Hrant Dink sur son blog a l'occasion de
l'anniversaire de sa mort, mais pour souligner que justice n'avait
pas été rendue a un homme de réconciliation, qui est aujourd'hui
soudain très cité.
"Et maintenant, trois ans plus tard, ou en sommes-nous ? Est-ce que le
meurtre a été résolu, est-ce que les coupables ont été punis ? Pas
du tout. Les avocats de Hrant Dink ont publié un rapport et conclu
que nous en sommes toujours au même point qu'il y a trois ans. Seul
l'homme de main Ogun Samast est derrière les barreaux. Chacun sait
qui a négligé de prêter attention aux menaces de morts dont Dink
faisait l'objet, mais même si au début il y a eu une enquête
d'ouverte contre eux, les charges contre tous ces types ont été
abandonnées. Ils ont tous des postes a responsabilités, dans, par
exemple, les services de police. Ce que nous pouvons en conclure,
c'est que dans l'appareil d'état (turc), tout le monde se fiche de
la justice pour ce meurtre horrible.
Le quatrième anniversaire de l'assassinat de Hran Dink sera
commémoré le 19 janvier 2012;
Atlantico.fr
http://www.atlantico.fr/rdvinvite/turquie-genocide-armenie-hrant-dink-revue-blog-louise-hoffmann-254567.html?google_editors_picks=true
27 dec 2011
France
Le mot clé de la semaine sur toutes les blogosphères est "génocide".
France, Arménie, Turquie, Algérie, et maintenant IsraÃ"l. Dans le
pugilat général, en Turquie et ailleurs, le nom d'un héros et martyr
de la purulente question du génocide arménien est souvent cité,
celui de Hran Dink, un arménien vivant en Turquie, assassiné en 2007.
Capture d'écran du site piraté de la députée Valérie Boyer
(photo du blog Les moutons enragés)
Dans l'incendie franco-turco-arménien qui enflamme la dernière page
du calendrier 2011, sur la face modérée de Facebook et des blogs,
plusieurs blogueurs ou journalistes, qu'ils soient turcs, arméniens,
ou d'autres pays, ont évoqué la mémoire de Hrant Dink, comme un
appel au calme.
Hran Din, le "Martin Luther King arménien"
Hrant Dink était un arménien de Turquie, vivant en Turquie,
et dirigeait l'unique journal publié en arménien et en turc
de Turquie, Agos. Jugé et menacé pour ses rappels du génocide
arménien en Turquie même, il militait cependant pour une troisième
voie et refusait la pénalisation des propos négationnistes. Il
a été assassiné en 2007 par un homme de main a la solde des
ultra-nationalistes.
Photo du blog arménien Ianyan
Le blog arménien Ianyan commémorait au 3e anniversaire de son
assassinat ainsi, l'an dernier, en des temps plus calmes :
"Pour faire comprendre en quelques mots, Hrant Dink était
l'équivalent arménien de Martin Luther King. Il restait ferme
sur ses positions peu conventionnelles et ne leur cherchait pas
d'excuses. Cétait quel qu'un qui avait compris que le seul chemin vers
la compréhension et la paix était la communication. Il était aussi
celui qui avait déclaré, de facon très imagée : " Les relations
Turquie Arménie devraient être tirées du puits profond de 1915
mètres" (ndr: allusion a la date retenue pour le génocide arménien).
"Lui, contrairement a la majorité des "diasporains" (arméniens),
vivait et respirait parmi les Turcs. Voici un homme qui a tenté de
combler le fossé entre les deux populations affligées d'une histoire
dramatique, un homme qui a suggéré a la diaspora arménienne de
se libérer de la haine profondément enracinée contre les Turcs,
sans jamais cesser de se battre pour les droits humains et ceux des
minorités. Pour Dink, la haine et la violence n'était pas synonymes
avec la reconnaissance de la discrimination. Pour lui, elle était
contre-productive."
"Il avait naturellement ses critiques, mais il suffit de se souvenir
de ses funérailles, durant lesquelles deux cent milles personnes
ont défilé pour protester contre son assassinat, en chantant "Nous
sommes tous Hrant Drink" pour voir l'impact incroyable qu'il a eu sur
les Arméniens comme sur les Turcs. Ceci devrait suffire aux deux
camps pour comprendre que pour réussir, il faut sortir du fameux
puits mentionné plus haut".
Dans un éditorial très re-tweeté ces derniers jours sur le site
d'informations en ligne turc Today's Zaman, (en anglais) Orhan Kemal
Cengiz a également cité Hrant Dink, et sa déclaration de 2006,
après être passé en procès pour avoir rappelé le génocide
arménien, alors que la France (déja) parlait de pénaliser la
négation du génocide arménien. Il s'exprimait ainsi sur ce projet
de loi:
"Hrant Dink : Quand cette loi est apparue, nous avons été prompts
a déclarer collectivement qu'elle aurait des conséquences néfastes.
...Comme vous le savez, j'ai été jugé en Turquie pour avoir dit que
le génocide des Arméniens avait eu lieu, et j'ai dit a quel point
c'est mal. Pourtant, en même temps, je ne peux pas accepter qu'en
France on pourrait désormais être jugé pour avoir nié le génocide
arménien. Si ce projet de loi est voté, je serai parmi les premiers
a me rendre en France pour violer la loi. Et ensuite, nous pourrons
regarder la république turque et le gouvernement francais faire la
course pour me condamner. Nous pourrons regarder et voir qui des deux
me jettera le premier en prison....Je pense vraiment que la France, si
elle vote cette loi, portera tort non seulement a l'Union Européenne,
mais aux Arméniens dans le monde entier. Elle endommagera également
la normalisation des relations entre l'Arménie et la Turquie. Ce dont
les gens ont besoin est de dialogue, et tout ce que font ces lois,
c'est empêcher un tel dialogue."[...]
Orhan Kemal Cengiz a cité Hrant Dink en soutien a sa profession de
foi de Turc démocrate, publié le jour même du vote du projet de
loi a l'Assemblée en France, et qu'il argumentait dans "Est-ce que
vous aidez la Turquie a se confronter a 1915 ?":
"La Turquie s'est énormément démocratisée ces dernières
années. Le rôle de l'armée a diminué, comme son influence sur
le système politique, mais nous n'en sommes pas a des niveaux de
non-retour. Tant que la Turquie poursuit sa démocratisation,
tant qu'elle reste une société ouverte, sa confrontation
avec le passé s'approfondira avec chaque jour qui passe. C'est
inévitable. Il existe un lien crucial entre la démocratisation
et la confrontation. Pouvez-vous contribuer a ce processus de
démocratisation en poussant la Turquie hors de l'Europe, ou
en soutenant des nationalistes a travers ce genre de manÅ"uvres
extérieures ?
Moi, et tant d'autres personnes ouvertes et démocrates dans ce
pays, veulent que la Turquie se confronte complètement a 1915,
pas seulement parce que nous estimons que cela signifiera que la
justice a été rendue pour les victimes, mais aussi parce que nous
croyons que sans cette confrontation, la Turquie ne sera jamais un
pays véritablement démocratique.
Nous voulons que cette confrontation ait lieu pour notre avenir,
pour le futur de nos enfants, et ainsi de suite. Nous ne voulons pas
être sous la coupe de la mentalité de Talat PaÅ~_a,le cerveau des
événements de 1915. Nous ne voulons pas vivre avec l'héritage
du génocide arménien, des tabous, des meurtres et des massacres
incessants, sous la tutelle des militaire, de gangs a l'intérieur
de l'Etat, et ainsi de suite.
Nous sommes au milieu de cette transition.[...] Le génocide arménien
et d'autres tabous sont débattus de facon directe et les militaires
sont poussés de plus en plus vers leurs casernes avec chaque jour
qui passe. Ce processus n'est pas encore achevé cependant. Après de
graves crises, et surtout des combinaisons de crises a la fois internes
et externes, cette tutelle des militaires pourrait revenir. Tout ce
qu'il y faut, c'est de pousser la Turquie hors de l'Europe, l'acculer
dans tous les angles avec des lois similaires sur la négation du
génocide, d'augmenter le niveau de violence a travers le conflit
kurde, et ainsi de suite.
Une Turquie qui revient a son ancien statut quo (tutelle des militaire,
gangs d'Ã~Itat avec l'impunité la plus complète pour s'embarquer
dans des atteintes massives aux droits humains, etc) ne sera pas
seulement une menace énorme pour toute cette région du monde
(a commencer par l'Arménie), mais signifiera qu'elle (la Turquie)
ne se confrontera jamais a son passé, jamais".
Pour le troisième anniversaire de la mort du "Luther King arménien",
la journaliste hollandaise Frederike Geerdink, en poste en Turquie,
se souvenait elle aussi de Hrant Dink sur son blog a l'occasion de
l'anniversaire de sa mort, mais pour souligner que justice n'avait
pas été rendue a un homme de réconciliation, qui est aujourd'hui
soudain très cité.
"Et maintenant, trois ans plus tard, ou en sommes-nous ? Est-ce que le
meurtre a été résolu, est-ce que les coupables ont été punis ? Pas
du tout. Les avocats de Hrant Dink ont publié un rapport et conclu
que nous en sommes toujours au même point qu'il y a trois ans. Seul
l'homme de main Ogun Samast est derrière les barreaux. Chacun sait
qui a négligé de prêter attention aux menaces de morts dont Dink
faisait l'objet, mais même si au début il y a eu une enquête
d'ouverte contre eux, les charges contre tous ces types ont été
abandonnées. Ils ont tous des postes a responsabilités, dans, par
exemple, les services de police. Ce que nous pouvons en conclure,
c'est que dans l'appareil d'état (turc), tout le monde se fiche de
la justice pour ce meurtre horrible.
Le quatrième anniversaire de l'assassinat de Hran Dink sera
commémoré le 19 janvier 2012;