L'ASSASSIN DU JOURNALISTE HRANT DINK POURRAIT ETRE RELAXE
Stephane
armenews.com
jeudi 20 janvier 2011,
TURQUIE
Reporters sans frontières exprime son indignation et sa consternation
face a la possible relaxe d'Ogun Samast, assassin presume d'Hrant Dink,
directeur de publication de l'hebdomadaire Agos, tue par balles le
19 janvier 2007, devant les locaux de son journal.
Ogun Samast avait ete interpelle le 20 janvier 2007, a la gare routière
de Samsun (Nord) alors qu'il tentait de se rendre dans la region de
Trazbon. Il est detenu depuis lors dans la prison de type F de Kandira,
au sud d'Istanbul.
Il est inculpe avec 19 autres personnes, dont les commanditaires
presumes Yasin Hayal et Erhan Tuncel, pour l'homicide du journaliste
et l'appartenance a un groupe terroriste. Cependant, le procès (en
cours actuellement) n'a pas permis d'identifier les vrais responsables
au sein de l'appareil d'Etat.
Le 25 octobre 2010, la 14e chambre de la cour d'assises d'Istanbul a
transfere le dossier d'Ogun Samast au tribunal d'assises pour enfants
d'Istanbul, l'accuse etant âge de 17 ans au moment des faits. Or,
selon la loi sur les procedures penales (CMK), un mineur ne peut etre
detenu plus de cinq ans s'il n'a toujours pas ete reconnu coupable
et que sa peine n'a pas ete confirmee dans ces delais. Ogun Samast
pourrait donc, en vertu de cette loi, etre libere en janvier 2012.
Le transfert du dossier d'Ogun Samast constitue un enième contretemps
dans le procès qui doit determiner les responsables de la mort du
journaliste. Le 6 janvier 2011, l'avocate d'Hrant Dink, Fethiye Cetin,
a publie un rapport denoncant les trop faibles avancees du procès.
Selon elle, il ne fait aucun doute que les forces de police et
la gendarmerie de Trabzon ainsi que la police d'Istanbul et les
renseignements generaux ont tout fait pour dissimuler les pièces a
convictions qui pourraient etablir leur eventuelle implication dans
cette affaire. Elle a ainsi declare a Reporters sans frontières : "Le
meurtre n'est pas l'affaire de trois ou cinq jeunes qui sont passes
a l'acte, pousses par des sentiments nationalistes. On ne peut pas
non plus parler de quelques fonctionnaires qui se sont infiltres au
sein de l'Etat pour eliminer Hrant Dink. L'Etat est implique a tous
les niveaux, a commencer par l'etat-major de l'armee, la justice,
le gouvernement, les forces de l'ordre, les medias, les forces
paramilitaires ; tous les acteurs politiques ont joue un rôle dans
son meurtre, pour le dissimuler ou pour empecher que les veritables
responsables ne soient identifies."
La poursuite, pour la deuxième fois, du journaliste Nedim Sener, auteur
du livre "L'assassinat de Dink et les mensonges des renseignements",
prouve a quel point la recherche des commanditaires pose problème
aux autorites turques. Inculpe pour "atteinte au secret de la
correspondance privee", "insulte a la personne" et "tentative
d'influencer le bon deroulement d'un procès", le journaliste de
Milliyet risquait jusqu'a 12 ans de prison. Il a heureusement ete
relaxe le 23 decembre 2010.
Les elements d'enquete apportes dans son livre ont d'ailleurs ete
utilises par la Cour europeenne des droits de l'homme (CEDH) qui
a condamne la Turquie a 133 595 euros de dommages et interets pour
avoir attente au droit a la vie, a la liberte d'expression et a un
recours effectif d'Hrant Dink. Le 14 septembre 2010, la CEDH a etabli
que les autorites turques n'ont pas pris les mesures necessaires pour
empecher l'assassinat du journaliste et qu'aucune enquete efficace et
independante n'a ete menee pour determiner le rôle des fonctionnaires
de l'Etat dans ce meurtre.
Les longueurs et les irregularites qui entachent la procedure
judiciaire revèlent a quel point la justice turque peut etre a deux
vitesses : rapide a condamner les journalistes pour propagande d'une
organisation terroriste, extremement lente a juger les coupables de
l'assassinat de l'un d'entre eux. Reporters sans frontières s'alarme
qu'en raison de la lenteur du processus judiciaire, l'assassin d'Hrant
Dink, majeur depuis plus de deux ans, puisse etre libere sans avoir
purge de peine. L'organisation rappelle que le procès avait ete tenu
a huis clos jusqu'a la majorite d'Ogun Samast afin que ses droits en
tant que mineur soient respectes. Il est extremement inquietant pour
la lutte contre l'impunite qu'un tel criminel, qui n'a jusqu'a present
fait preuve d'aucun remord ou repentir, soit ainsi relaxe. Enfin,
si le deroulement du procès aboutit a sa liberation, il est peu
probable que les veritables commanditaires du meurtre soient juges
et condamnes. Alors que le 19 janvier prochain, les quatre ans de sa
disparition seront commemores, il est urgent que justice soit enfin
faite a Hrant Dink et a sa famille.
La prochaine audience se deroulera le 7 fevrier 2011.
From: A. Papazian
Stephane
armenews.com
jeudi 20 janvier 2011,
TURQUIE
Reporters sans frontières exprime son indignation et sa consternation
face a la possible relaxe d'Ogun Samast, assassin presume d'Hrant Dink,
directeur de publication de l'hebdomadaire Agos, tue par balles le
19 janvier 2007, devant les locaux de son journal.
Ogun Samast avait ete interpelle le 20 janvier 2007, a la gare routière
de Samsun (Nord) alors qu'il tentait de se rendre dans la region de
Trazbon. Il est detenu depuis lors dans la prison de type F de Kandira,
au sud d'Istanbul.
Il est inculpe avec 19 autres personnes, dont les commanditaires
presumes Yasin Hayal et Erhan Tuncel, pour l'homicide du journaliste
et l'appartenance a un groupe terroriste. Cependant, le procès (en
cours actuellement) n'a pas permis d'identifier les vrais responsables
au sein de l'appareil d'Etat.
Le 25 octobre 2010, la 14e chambre de la cour d'assises d'Istanbul a
transfere le dossier d'Ogun Samast au tribunal d'assises pour enfants
d'Istanbul, l'accuse etant âge de 17 ans au moment des faits. Or,
selon la loi sur les procedures penales (CMK), un mineur ne peut etre
detenu plus de cinq ans s'il n'a toujours pas ete reconnu coupable
et que sa peine n'a pas ete confirmee dans ces delais. Ogun Samast
pourrait donc, en vertu de cette loi, etre libere en janvier 2012.
Le transfert du dossier d'Ogun Samast constitue un enième contretemps
dans le procès qui doit determiner les responsables de la mort du
journaliste. Le 6 janvier 2011, l'avocate d'Hrant Dink, Fethiye Cetin,
a publie un rapport denoncant les trop faibles avancees du procès.
Selon elle, il ne fait aucun doute que les forces de police et
la gendarmerie de Trabzon ainsi que la police d'Istanbul et les
renseignements generaux ont tout fait pour dissimuler les pièces a
convictions qui pourraient etablir leur eventuelle implication dans
cette affaire. Elle a ainsi declare a Reporters sans frontières : "Le
meurtre n'est pas l'affaire de trois ou cinq jeunes qui sont passes
a l'acte, pousses par des sentiments nationalistes. On ne peut pas
non plus parler de quelques fonctionnaires qui se sont infiltres au
sein de l'Etat pour eliminer Hrant Dink. L'Etat est implique a tous
les niveaux, a commencer par l'etat-major de l'armee, la justice,
le gouvernement, les forces de l'ordre, les medias, les forces
paramilitaires ; tous les acteurs politiques ont joue un rôle dans
son meurtre, pour le dissimuler ou pour empecher que les veritables
responsables ne soient identifies."
La poursuite, pour la deuxième fois, du journaliste Nedim Sener, auteur
du livre "L'assassinat de Dink et les mensonges des renseignements",
prouve a quel point la recherche des commanditaires pose problème
aux autorites turques. Inculpe pour "atteinte au secret de la
correspondance privee", "insulte a la personne" et "tentative
d'influencer le bon deroulement d'un procès", le journaliste de
Milliyet risquait jusqu'a 12 ans de prison. Il a heureusement ete
relaxe le 23 decembre 2010.
Les elements d'enquete apportes dans son livre ont d'ailleurs ete
utilises par la Cour europeenne des droits de l'homme (CEDH) qui
a condamne la Turquie a 133 595 euros de dommages et interets pour
avoir attente au droit a la vie, a la liberte d'expression et a un
recours effectif d'Hrant Dink. Le 14 septembre 2010, la CEDH a etabli
que les autorites turques n'ont pas pris les mesures necessaires pour
empecher l'assassinat du journaliste et qu'aucune enquete efficace et
independante n'a ete menee pour determiner le rôle des fonctionnaires
de l'Etat dans ce meurtre.
Les longueurs et les irregularites qui entachent la procedure
judiciaire revèlent a quel point la justice turque peut etre a deux
vitesses : rapide a condamner les journalistes pour propagande d'une
organisation terroriste, extremement lente a juger les coupables de
l'assassinat de l'un d'entre eux. Reporters sans frontières s'alarme
qu'en raison de la lenteur du processus judiciaire, l'assassin d'Hrant
Dink, majeur depuis plus de deux ans, puisse etre libere sans avoir
purge de peine. L'organisation rappelle que le procès avait ete tenu
a huis clos jusqu'a la majorite d'Ogun Samast afin que ses droits en
tant que mineur soient respectes. Il est extremement inquietant pour
la lutte contre l'impunite qu'un tel criminel, qui n'a jusqu'a present
fait preuve d'aucun remord ou repentir, soit ainsi relaxe. Enfin,
si le deroulement du procès aboutit a sa liberation, il est peu
probable que les veritables commanditaires du meurtre soient juges
et condamnes. Alors que le 19 janvier prochain, les quatre ans de sa
disparition seront commemores, il est urgent que justice soit enfin
faite a Hrant Dink et a sa famille.
La prochaine audience se deroulera le 7 fevrier 2011.
From: A. Papazian