MIEUX VAUT LAVER SON LINGE SALE EN FAMILLE
De Harut Sassounian
The California Courier
30-06-2011
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le president Serzh
Sargsyan a fait une apparition importante a l'Assemblee parlementaire
du Conseil de l'Europe (APCE) a Strasbourg la semaine dernière. Dans
un discours eclair de 30 minutes, il a couvert les affaires etrangères
et internes de l'Armenie, presentant son pays sous le meilleur angle
possible devant un public etranger distingue. Après son discours,
le president Sargsyan a eu 30 minutes pour repondre aux questions
des delegues de l'APCE. La question qui a le plus attire l'attention
a ete posee par la deputee armenienne Zaruhi Postanjyan, membre
du parti d'opposition Heritage. Elle a dit au president Sargsyan :
"Le pays est gouverne par un regime autoritaire. Les elections sont
truquees depuis 1995. Ne serait-il pas preferable d'organiser des
elections extraordinaires et equitables et ensuite de "demissionner"
? Le journaliste armeno-americain Harut Sassounian debat ici de la
pertinence pour une deputee armenienne de critiquer Serzh Sargsyan
devant le Conseil de l'Europe. Le Collectif VAN vous propose la
traduction de cet editorial du 29 juin 2011.
L'Armenie lave son linge sale en public
Le president Serzh Sargsyan a fait une apparition importante a
l'Assemblee parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a Strasbourg la
semaine dernière. Dans un discours eclair de 30 minutes, il a couvert
les affaires etrangères et internes de l'Armenie, presentant son pays
sous le meilleur angle possible devant un public etranger distingue.
Concernant les affaires interieures, le president Sargsyan a mentionne
la lutte contre la corruption, la tenue "d'elections equitables
et transparentes" et le besoin de surmonter "les consequences des
evenements tragiques de mars 2008."
Le president a rappele aux deputes europeens que l'Armenie "partageait
un heritage historique et culturel" avec l'Europe et il a parle
des negociations en cours pour resoudre le conflit de l'Artsakh
(Karabagh). Il a condamne "le niveau extreme d'armenophobie et de
racisme" en Azerbaïdjan et il a mentionne la difficulte de faire "une
concession a la partie qui cherche une excuse pour nous tirer dessus."
Le president Sargsyan a poursuivi en accusant le gouvernement turc de
saper la "normalisation" des relations Armenie-Turquie "en imposant
des conditions prerequises et en n'honorant pas ses engagements, ce
qui a rendu impossible la ratification des protocoles signes." Il a
appele la Turquie et l'Azerbaïdjan a mettre fin "au blocus illegal
de l'Armenie" et il a accuse la Turquie "non seulement de ne pas
reconnaître le genocide, mais de s'engager dans une politique de
deni brutal du genocide des Armeniens, perpetre au sein de l'Empire
ottoman en 1915." Il a promis que les Armeniens et toutes les personnes
concernees par les crimes contre l'humanite "resteront par consequent
concentres sur la reconnaissance internationale du genocide armenien."
Après son discours, le president Sargsyan a eu 30 minutes pour repondre
aux questions des delegues de l'APCE representant la Lituanie, la
France, la Suisse, la Russie, la Moldavie, la Hollande, l'Armenie
et l'Irlande. Cinq Azerbaidjanais s'etaient inscrits sur la liste
des parlementaires pour poser des questions, mais aucun d'eux ne l'a
fait. Les delegues de la Turquie avaient pris la decision unanime de
ne pas poser de question au president armenien, comme l'a rapporte
le quotidien turc Hurriyet.
La question qui a le plus attire l'attention a ete posee par la
deputee armenienne Zaruhi Postanjyan, membre du parti d'opposition
Heritage. Elle a dit au president Sargsyan : "Le pays est gouverne par
un regime autoritaire. Les elections sont truquees depuis 1995. Ne
serait-il pas preferable d'organiser des elections extraordinaires
et equitables et ensuite de "demissionner" ?
Alors que le president turc de l'APCE, Mevlut Cavusoglu pouffait
de rire en entendant la question, le president Sargsyan a repondu
calmement qu'il etait informe très regulièrement des opinions qu'elle
avait exprime librement au Parlement, dans la rue et les medias. Il
a ajoute qu'il n'avait pas l'intention d'organiser des elections
extraordinaires, car cela n'etait pas necessaire, et en outre difficile
a organiser selon les dispositions constitutionnelles. Il a encourage
Mme Postanjyan a participer aux prochaines elections parlementaires
regulièrement prevues.
Il est donc peu surprenant que le discours du president Sargsyan a
l'APCE ait ete salue par ses partisans et critique par ses opposants.
Le point le plus important pour toutes les personnes concernees
aurait dû etre de se demander si les mots forts du president
se transformeraient en actes dans un futur proche. Cependant, la
controverse immediate s'est centree sur la pertinence des critiques
de Mme Postanjyan a l'encontre du president, sur un sol etranger.
Certains hommes politiques armeniens sont d'avis qu'il etait
inapproprie de la part de Mme Postanjyan d'attaquer le president
Sargsyan dans une salle du Conseil de l'Europe. D'autres pensent
que ses "mots durs" ont involontairement beneficie au president,
car dans un veritable "regime autoritaire", elle aurait ete exclue
de la delegation armenienne, dechue de son immunite parlementaire et
poursuivie en justice. De fait, certains deputes europeens se sont
demande si des delegues turcs ou azeris auraient ose critiquer leur
president a l'APCE.
Les hommes politiques americains utilisent l'expression "la politique
s'arrete au bord de l'eau"* pour indiquer leur volonte de mettre de
côte les conflits internes afin de presenter un front uni a leurs
adversaires. Si l'on applique cet adage a l'Armenie, on peut mettre
en doute la sagesse de faire ce genre de commentaires malveillants
devant le Conseil de l'Europe, que l'on soit d'accord ou non avec le
president ou sa politique. L'Armenie etant regulièrement attaquee
par les delegues turcs et azeris dans les forums internationaux,
il est mal avise de joindre sa voix a celles de ceux qui ternissent
la reputation de l'Armenie.
Ce problème surgit aussi au moment où certains Armeniens tentent de
faire pression sur leurs dirigeants en exposant leurs conflits internes
a des gouvernements etrangers ou devant des cours internationales. Si
leur frustration est comprehensible, faire intervenir une entite
etrangère dans un conflit interne nuit a l'image de l'Armenie a
l'etranger. Dans ces cas precis, le gouvernement armenien porte aussi
sa part de responsabilite, car il n'a pas reussi a garantir l'integrite
des tribunaux nationaux, forcant par consequent les citoyens a obtenir
justice ailleurs.
Avant de faire des commentaires critiques sur la gouvernance de
l'Armenie en dehors du pays, en particulier les membres du Parlement
qui ont amplement l'occasion d'exprimer leurs opinions dans leur
propre pays, il convient de mesurer les avantages qui existent a faire
pression sur les autorites pour qu'elles respectent les droits du
peuple par rapport aux dommages causes a la reputation internationale
du pays.
*NdT sur l'expression "Politics stops at the water's edge" : d'abord
suggeree par le senateur Republicain Arthur Vandenberg en 1947. L'idee
a ete largement adoptee sous l'Administration Truman. Vandenberg
est connu pour avoir abandonne ses vues isolationnistes de politique
etrangère americaine en faveur d'une perspective plus internationale.
Une de ses declarations principales indiquait que les hommes politiques
americains devraient toujours presenter un front uni face a d'autres
pays, malgre des desaccords politiques sur leur propre sol.
C'est ce que signifie cette expression.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 30 juin
2011 - www.collectifvan.org
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De Harut Sassounian
The California Courier
30-06-2011
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le president Serzh
Sargsyan a fait une apparition importante a l'Assemblee parlementaire
du Conseil de l'Europe (APCE) a Strasbourg la semaine dernière. Dans
un discours eclair de 30 minutes, il a couvert les affaires etrangères
et internes de l'Armenie, presentant son pays sous le meilleur angle
possible devant un public etranger distingue. Après son discours,
le president Sargsyan a eu 30 minutes pour repondre aux questions
des delegues de l'APCE. La question qui a le plus attire l'attention
a ete posee par la deputee armenienne Zaruhi Postanjyan, membre
du parti d'opposition Heritage. Elle a dit au president Sargsyan :
"Le pays est gouverne par un regime autoritaire. Les elections sont
truquees depuis 1995. Ne serait-il pas preferable d'organiser des
elections extraordinaires et equitables et ensuite de "demissionner"
? Le journaliste armeno-americain Harut Sassounian debat ici de la
pertinence pour une deputee armenienne de critiquer Serzh Sargsyan
devant le Conseil de l'Europe. Le Collectif VAN vous propose la
traduction de cet editorial du 29 juin 2011.
L'Armenie lave son linge sale en public
Le president Serzh Sargsyan a fait une apparition importante a
l'Assemblee parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a Strasbourg la
semaine dernière. Dans un discours eclair de 30 minutes, il a couvert
les affaires etrangères et internes de l'Armenie, presentant son pays
sous le meilleur angle possible devant un public etranger distingue.
Concernant les affaires interieures, le president Sargsyan a mentionne
la lutte contre la corruption, la tenue "d'elections equitables
et transparentes" et le besoin de surmonter "les consequences des
evenements tragiques de mars 2008."
Le president a rappele aux deputes europeens que l'Armenie "partageait
un heritage historique et culturel" avec l'Europe et il a parle
des negociations en cours pour resoudre le conflit de l'Artsakh
(Karabagh). Il a condamne "le niveau extreme d'armenophobie et de
racisme" en Azerbaïdjan et il a mentionne la difficulte de faire "une
concession a la partie qui cherche une excuse pour nous tirer dessus."
Le president Sargsyan a poursuivi en accusant le gouvernement turc de
saper la "normalisation" des relations Armenie-Turquie "en imposant
des conditions prerequises et en n'honorant pas ses engagements, ce
qui a rendu impossible la ratification des protocoles signes." Il a
appele la Turquie et l'Azerbaïdjan a mettre fin "au blocus illegal
de l'Armenie" et il a accuse la Turquie "non seulement de ne pas
reconnaître le genocide, mais de s'engager dans une politique de
deni brutal du genocide des Armeniens, perpetre au sein de l'Empire
ottoman en 1915." Il a promis que les Armeniens et toutes les personnes
concernees par les crimes contre l'humanite "resteront par consequent
concentres sur la reconnaissance internationale du genocide armenien."
Après son discours, le president Sargsyan a eu 30 minutes pour repondre
aux questions des delegues de l'APCE representant la Lituanie, la
France, la Suisse, la Russie, la Moldavie, la Hollande, l'Armenie
et l'Irlande. Cinq Azerbaidjanais s'etaient inscrits sur la liste
des parlementaires pour poser des questions, mais aucun d'eux ne l'a
fait. Les delegues de la Turquie avaient pris la decision unanime de
ne pas poser de question au president armenien, comme l'a rapporte
le quotidien turc Hurriyet.
La question qui a le plus attire l'attention a ete posee par la
deputee armenienne Zaruhi Postanjyan, membre du parti d'opposition
Heritage. Elle a dit au president Sargsyan : "Le pays est gouverne par
un regime autoritaire. Les elections sont truquees depuis 1995. Ne
serait-il pas preferable d'organiser des elections extraordinaires
et equitables et ensuite de "demissionner" ?
Alors que le president turc de l'APCE, Mevlut Cavusoglu pouffait
de rire en entendant la question, le president Sargsyan a repondu
calmement qu'il etait informe très regulièrement des opinions qu'elle
avait exprime librement au Parlement, dans la rue et les medias. Il
a ajoute qu'il n'avait pas l'intention d'organiser des elections
extraordinaires, car cela n'etait pas necessaire, et en outre difficile
a organiser selon les dispositions constitutionnelles. Il a encourage
Mme Postanjyan a participer aux prochaines elections parlementaires
regulièrement prevues.
Il est donc peu surprenant que le discours du president Sargsyan a
l'APCE ait ete salue par ses partisans et critique par ses opposants.
Le point le plus important pour toutes les personnes concernees
aurait dû etre de se demander si les mots forts du president
se transformeraient en actes dans un futur proche. Cependant, la
controverse immediate s'est centree sur la pertinence des critiques
de Mme Postanjyan a l'encontre du president, sur un sol etranger.
Certains hommes politiques armeniens sont d'avis qu'il etait
inapproprie de la part de Mme Postanjyan d'attaquer le president
Sargsyan dans une salle du Conseil de l'Europe. D'autres pensent
que ses "mots durs" ont involontairement beneficie au president,
car dans un veritable "regime autoritaire", elle aurait ete exclue
de la delegation armenienne, dechue de son immunite parlementaire et
poursuivie en justice. De fait, certains deputes europeens se sont
demande si des delegues turcs ou azeris auraient ose critiquer leur
president a l'APCE.
Les hommes politiques americains utilisent l'expression "la politique
s'arrete au bord de l'eau"* pour indiquer leur volonte de mettre de
côte les conflits internes afin de presenter un front uni a leurs
adversaires. Si l'on applique cet adage a l'Armenie, on peut mettre
en doute la sagesse de faire ce genre de commentaires malveillants
devant le Conseil de l'Europe, que l'on soit d'accord ou non avec le
president ou sa politique. L'Armenie etant regulièrement attaquee
par les delegues turcs et azeris dans les forums internationaux,
il est mal avise de joindre sa voix a celles de ceux qui ternissent
la reputation de l'Armenie.
Ce problème surgit aussi au moment où certains Armeniens tentent de
faire pression sur leurs dirigeants en exposant leurs conflits internes
a des gouvernements etrangers ou devant des cours internationales. Si
leur frustration est comprehensible, faire intervenir une entite
etrangère dans un conflit interne nuit a l'image de l'Armenie a
l'etranger. Dans ces cas precis, le gouvernement armenien porte aussi
sa part de responsabilite, car il n'a pas reussi a garantir l'integrite
des tribunaux nationaux, forcant par consequent les citoyens a obtenir
justice ailleurs.
Avant de faire des commentaires critiques sur la gouvernance de
l'Armenie en dehors du pays, en particulier les membres du Parlement
qui ont amplement l'occasion d'exprimer leurs opinions dans leur
propre pays, il convient de mesurer les avantages qui existent a faire
pression sur les autorites pour qu'elles respectent les droits du
peuple par rapport aux dommages causes a la reputation internationale
du pays.
*NdT sur l'expression "Politics stops at the water's edge" : d'abord
suggeree par le senateur Republicain Arthur Vandenberg en 1947. L'idee
a ete largement adoptee sous l'Administration Truman. Vandenberg
est connu pour avoir abandonne ses vues isolationnistes de politique
etrangère americaine en faveur d'une perspective plus internationale.
Une de ses declarations principales indiquait que les hommes politiques
americains devraient toujours presenter un front uni face a d'autres
pays, malgre des desaccords politiques sur leur propre sol.
C'est ce que signifie cette expression.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 30 juin
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