REVUE DE PRESSE
Narbonne - Hommage à Marc Kaprielian
De Narbonne, il disait volontiers à qui le questionnait : "Ici, c'est
chez moi !". Arrivé de son Marseille natal en 1980, Marc Kaprielian -
Kapriel dans ses talents de peintre - était devenu au fil du temps,
des rencontres, de l'art et de l'amitié une figure incontournable de
la ville. Parfait "homme libre", en actes et en paroles, Kapriel nous
a quittés sans crier gare, dans la nuit de lundi à mardi, au retour
d'une soirée. Son coeur si généreux s'est arrêté alors qu'il vivait à
peine sa soixantième année.
Pizzas et croisements
Marc découvre notre ville sur les recommandations d'une de ses
connaissances : "Mon pote m'a dit, vu comme tu fais les pizzas, tu
devrais aller à Narbonne. J'ai suivi son conseil. Je suis venu, j'ai
trouvé un local et je me suis installé". "L'Entracte" naît, à
l'emplacement de l'actuel "Rive Gauche". Son parcours est, de son avis
même, "progressif, avec des hauts et des bas". En 1982, la célèbre
"Jument verte" ouvre ses portes dans un décor baroque, très
Montmartre. L'établissement devient une référence, pour ses pizzas
certes, mais aussi pour l'ambiance qui y règne et pour les croisements
quelquefois improbables de destins. Marc se plaît à marquer une
station à chaque table. Un véritable rituel. Tout Kapriel, attentif
aux autres.
Lui qui traîne parfois le poids d'un passé lointain, celui d'un
Arménien par descendance horrifié devant le génocide commis jadis par
la Turquie. Il se bat pour la reconnaissance de cet acte barbare, sans
haine : "Je n'ai aucune animosité à l'égard du peuple turc, c'est le
gouvernement de l'époque qui a pratiqué le génocide" confie-t-il, lui
qui parle l'arménien et... le turc.
Cette position résume très bien le personnage Kapriel : btisseur de
passerelles entre les hommes. Dans sa "Jument", il s'évertue à lancer
des discussions entre tables, pour le plaisir de l'échange, sans tabou
ni distinction de classes sociales. Son autre espace de liberté, il le
couche très tôt sur la toile, avec des oeuvres à tiroirs, comme lui.
Chacun devait aller chercher le symbole sous les couleurs, comme
l'homme sous le bon mot ou sous la pudeur cachée dans un éclat de
voix.
Narbonne vient de perdre un de ses plus véritables Narbonnais. Un
attachant personnage hors du commun, et sans frontières. Celle qu'il
vient de franchir nous plonge dans une immense peine...
http://www.lindependant.fr/2011/06/29/un-formidable-rassembleur-homme-et-artiste-chaleureux,35246.php
dimanche 3 juillet 2011,
Sté[email protected]
Narbonne - Hommage à Marc Kaprielian
De Narbonne, il disait volontiers à qui le questionnait : "Ici, c'est
chez moi !". Arrivé de son Marseille natal en 1980, Marc Kaprielian -
Kapriel dans ses talents de peintre - était devenu au fil du temps,
des rencontres, de l'art et de l'amitié une figure incontournable de
la ville. Parfait "homme libre", en actes et en paroles, Kapriel nous
a quittés sans crier gare, dans la nuit de lundi à mardi, au retour
d'une soirée. Son coeur si généreux s'est arrêté alors qu'il vivait à
peine sa soixantième année.
Pizzas et croisements
Marc découvre notre ville sur les recommandations d'une de ses
connaissances : "Mon pote m'a dit, vu comme tu fais les pizzas, tu
devrais aller à Narbonne. J'ai suivi son conseil. Je suis venu, j'ai
trouvé un local et je me suis installé". "L'Entracte" naît, à
l'emplacement de l'actuel "Rive Gauche". Son parcours est, de son avis
même, "progressif, avec des hauts et des bas". En 1982, la célèbre
"Jument verte" ouvre ses portes dans un décor baroque, très
Montmartre. L'établissement devient une référence, pour ses pizzas
certes, mais aussi pour l'ambiance qui y règne et pour les croisements
quelquefois improbables de destins. Marc se plaît à marquer une
station à chaque table. Un véritable rituel. Tout Kapriel, attentif
aux autres.
Lui qui traîne parfois le poids d'un passé lointain, celui d'un
Arménien par descendance horrifié devant le génocide commis jadis par
la Turquie. Il se bat pour la reconnaissance de cet acte barbare, sans
haine : "Je n'ai aucune animosité à l'égard du peuple turc, c'est le
gouvernement de l'époque qui a pratiqué le génocide" confie-t-il, lui
qui parle l'arménien et... le turc.
Cette position résume très bien le personnage Kapriel : btisseur de
passerelles entre les hommes. Dans sa "Jument", il s'évertue à lancer
des discussions entre tables, pour le plaisir de l'échange, sans tabou
ni distinction de classes sociales. Son autre espace de liberté, il le
couche très tôt sur la toile, avec des oeuvres à tiroirs, comme lui.
Chacun devait aller chercher le symbole sous les couleurs, comme
l'homme sous le bon mot ou sous la pudeur cachée dans un éclat de
voix.
Narbonne vient de perdre un de ses plus véritables Narbonnais. Un
attachant personnage hors du commun, et sans frontières. Celle qu'il
vient de franchir nous plonge dans une immense peine...
http://www.lindependant.fr/2011/06/29/un-formidable-rassembleur-homme-et-artiste-chaleureux,35246.php
dimanche 3 juillet 2011,
Sté[email protected]