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Turquie Et Litterature : Il N'y A Jamais Eu Autant De Procès

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    TURQUIE ET LITTéRATURE : IL N'Y A JAMAIS EU AUTANT DE PROCèS

    Hurriyet Daily News
    Publié le : 06-07-2011

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Des procès concernant
    plus de 100 livres ont été intentés en Turquie entre 2008 et
    2011 et environ 30 écrivains et traducteurs sont passés devant les
    tribunaux au cours des six premiers mois de cette année, selon des
    rapports publiés par l'Association des éditeurs turcs. "Des procès
    sont intentés a des écrivains et des traducteurs, des journalistes
    sont emprisonnés, des statues sont démolies... "Nous sommes encore
    très loin de la démocratie dont nous avons besoin. La Turquie
    n'est pas encore assez laïque et la situation s'aggrave. Il me faut
    utiliser un terme tel que 'décervelement' pour qualifier les actes
    antidémocratiques de notre histoire", a déclaré Tarık Gunersel,
    président de la branche turque de l'association des écrivains, PEN
    International. Le Collectif VAN vous propose la traduction d'un article
    en anglais du journal turc Hurriyet Daily News publié le 30 juin 2011.

    Photo: Je n'arrive pas a croire a ce que je suis en train de vivre,
    déclare l'éditeur İrfan Sancı

    Mauvais record de la Turquie avec les livres, indique un rapport
    d'éditeurs

    Des procès concernant plus de 100 livres ont été intentés en
    Turquie entre 2008 et 2011 et environ 30 écrivains et traducteurs
    sont passés devant les tribunaux au cours des six premiers mois
    de cette année, selon les rapports publiés par l'Association des
    éditeurs turcs (Turkish Publishers Association).

    Des bandes dessinées et des sites internet ont également été
    poursuivis en justice, certains pour avoir "blessé les sentiments
    moraux des gens" et d'autres en relation avec des lois anti-terroriste.

    "Je n'arrive pas a croire a ce que je suis en train de vivre, mais
    je suis déterminé a continuer sur cette voie avec insistance. Cet
    état d'esprit est tel, qu'il a même conduit le géant de la
    littérature, Apollinaire, devant un tribunal", a déclaré İrfan
    Sancı, propriétaire des éditions Sel Publishing House, au Hurriyet
    Daily News dans une interview téléphonique.

    Un procès a été intenté a Sancı lorsque sa maison d'édition
    a commencé a publier des exemplaires du livre Les exploits
    d'un jeune Don Juan du grand écrivain francais du 20e siècle,
    Apollinaire. Sancı, cependant, a continué a publier les livres sous
    le titre Séries érotiques, ce qui eu comme résultat d'augmenter
    la pression juridique a son encontre, alors qu'il subissait procès
    sur procès.

    "Le matin j'étais au tribunal et le soir je recevais un prix. J'étais
    puni dans mon pays et récompensé par des pays étrangers. C'est la
    grande ironie" a dit Sancı, qui a recu le Prix spécial de la liberté
    de publier, de l'Union internationale des éditeurs, basée a Genève,
    (International Publishing Association), ou IPA, en novembre dernier.

    "Je n'en ai pas cru mes oreilles lorsque le procureur m'a demandé
    si j'avais lu ces livres avec ma famille ; je n'ai pas pu trouver de
    réponse", a-t-il ajouté.

    En ce qui concerne la liberté de penser et d'expression, l'année
    2011 s'est avérée être encore plus effroyable qu'en 1980, lorsque
    l'armée avait fait le tristement célèbre coup d'Ã~Itat, selon
    Metin Celal, le président de l'Association des éditeurs turcs.

    "Des procès sont intentés a des écrivains et des traducteurs, des
    journalistes sont emprisonnés, des statues sont démolies... Et comme
    si cela ne suffisait pas, le réalisateur mondialement connu, Emir
    Kusturica a été invité au Festival du film d'Antalya en tant que
    membre du jury, et il a été chahuté. Notre Prix Nobel l'écrivain
    Orhan Pamuk a failli être condamné a verser des dommages a chaque
    citoyen turc [simplement] parce qu'il avait exprimé son opinion. Un
    autre écrivain lauréat du Prix Nobel, Naipul, a été invité par
    une organisation a Istanbul et il a été traité comme un paria au
    motif qu'il avait insulté l'islam", a déclaré Celal au Hurriyet
    Daily News dans une interview téléphonique.

    "Nous espérons chaque année ne pas avoir a décerner ce prix, mais
    malheureusement nous ne faisons aucun progrès en ce qui concerne
    la liberté de pensée et la liberté d'expression", a dit Celal,
    en se référant au Prix pour la liberté de pensée et d'expression,
    qui est décerné chaque année par l'Association des éditeurs turcs.

    "Nous sommes encore très loin de la démocratie dont nous avons
    besoin.

    La Turquie n'est pas encore assez laïque et la situation s'aggrave. Il
    me faut utiliser un terme tel que 'décervelement' pour qualifier
    les actes antidémocratiques de notre histoire", a déclaré Tarık
    Gunersel, président de la branche turque de l'association des
    écrivains, PEN International, au Hurriyet Daily News par e-mail.

    "Dans quelle mesure sommes-nous des adultes, en tant que société?

    Uniquement lorsque nous sanctionnons légalement les généraux qui
    ont illégalement aboli le Parlement et lorsque nous instituons une
    constitution démocratique, alors seulement avons-nous le droit de
    nous considérer comme des adultes. Je pense que nous ne sommes même
    pas encore des citoyens," a déclaré Gunersel.

    Et même des romans de fiction subissent des procès, en dépit de
    touts ces débats sur la démocratie, a déclaré l'écrivain kurde,
    Mehmet Guler, au Hurriyet Daily News par email.

    Guler a été accusé de faire de la propagande terroriste a cause
    des personnages de fiction de son livre "Les décisions sont plus
    dures que la mort" (Olumden Zor Kararlar), qui a été publié l'an
    dernier par les éditions International Belge, et qui a été interdit
    et confisqué peu de temps après.

    Le livre raconte les histoires des conflits entre la droite et la
    gauche en Turquie pendant les années 1970, celle d'un jeune Kurde
    qui prend la direction des montagnes pour rejoindre les rangs du
    Parti des travailleurs du Kurdistan, ou PKK, et la torture en prison
    vécue par les personnages Siti, Sadri et Hayri. Le roman présente
    aussi des éléments autobiographiques sur l'origine kurde de Guler et
    son arrestation en 1990 alors qu'il était étudiant a l'université
    d'Ankara, pour avoir eu des contacts avec des organisations illégales.

    ©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 3 juillet
    2011 - 07:20 - www.collectifvan.org

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