DEMANDES DE REPARATIONS A LA TURQUIE : LE PRESIDENT SARKISSIAN PREND SES DISTANCES
Par Appo Jabarian
USA Armenian Life Magazine
Responsable d'Edition / Directeur de la Redaction
Il y a quelques jours, le President d'Armenie Serge Sarkissian
declarait que l'Armenie et la Turquie ne se reconcilieraient
qu'après que la Turquie n'ait reconnu le Genocide Armenien. Mais il a
brutalement cesse d'insister sur le fait que l'Armenie d'aujourd'hui,
en tant que successeur de droit de la Republique d'Armenie democratique
de 1918, a des frontières valides a l'est et aussi des demandes
territoriales a l'ouest contre la Turquie.
La Republique Armenienne de 1918 a ete fondee sur les territoires de
l'Armenie de l'Est, consistant en une surface d'a peu près 60 000 km².
En consequence a la prise de contrôle des communistes en 1920,
l'Armenie nouvellement sovietisee etait encoe plus demembree en faveur
de la Turquie, de l'Azerbaïdjan et de la Georgie par les dirigeants
communistes a Moscou, et reduite a 29 000 km².
S'agissnt de l'Armenie de l"Ouest, la sentence arbitrale Wilson,
rendue par le President des Etats-Unis Woodrow Wilson, offrit a
l'Armenie l'acte juridique necessaire a la restitution des terres de
l'Armenie de l'Ouest occupees par la Turquie. L'arbitrage wilsonien
est une decision internationale contraignante a laquelle deux etats
souverains - la Turquie et l'Armenie- ont adhere.
Au lieu de demander la mise en application de la Sentence Arbitrale, le
President Sarkissian, non seulement s'est eloigne de toute reclamation
territoriale, declanchant une forte reaction de mecontentement parmi
les Armeniens, mais il a soigneusement distingue les "exigences"
de reconnaissance du Genocide des "besoins" de retablissement des
relations avec la Turquie, soutenant que "ceux qui essaient de
presenter les tentatives de retablir les relations avec la Turquie
comme une reconciliation ont tort. La vraie reconciliation vient
après la reconnaissance."
Tandis qu'on peut comprendre que l'Armenie et la Turquie ont besoin
d'etablir des relations, il est tout a fait inacceptable de voir Erevan
nourrir une volonte de ceder a des pressions en sous-main tendant a
forcer l'Armenie a la capitulation et a l'abandon des revendications
territoriales a la Turquie.
Pendant l'administration du President Robert Kotcharain, l'Armenie
tenait activement une ligne de "relations inconditionnelles" avec la
Turquie, ce qui voulait dire qu'Ankara pourrait etablir des relations
diplomatiques avec Erevan sans lui imposer des conditions injustifiees
telles que la reconnaissance de la frontière actuelle avec la Turquie,
ou le retour des territoires liberes d'Artsakh (Le Karabagh).
La popularite du President Sarkissian s'est effondree en Armenie et
dans sa diaspora lorsqu'Erevan a signe les infâmes protocoles imposes
par la Turquie, a Zurich, il y a deux ans, sous le regard scrutateur de
la Secretaire d'Etat des Etats-Unis "Madame Petrole" Hillary Clinton,
et le sourire narquois du ministre turc des affaires etrangères
Ahmet Davutoglu, l'architecte de la politique turque avortee de
"Zero problème avec les voisins".
Prenant le risque de provoquer de nouvelles vagues de deceptions et de
possibles protestations a la fois en Armenie et en Diaspora, Sarkissian
a dit que lorsque l'initiative pour normaliser les relations avec la
Turquie avaient ete lancee, beaucoup d'opposants avaient dit que le
processus generait le processus de reconnaissance internationale du
Genocide, cette conjecture selon lui "etait fausse".
Cependant, il etait encourageant d'apprendre que le President
Sarkissian n'avait pas l'intention de poursuivre des "relations avec
des voisins" tels que la Turquie "a n'importe quel prix".
"Le Genocide Armenien est un fait indiscutable et nous devons a present
ne menager aucun effort pour que la Turquie reconnaisse finalement le
Genocide. C'est un combat pour la justice et pour la securite. C'est
au fond un combat pour que de tels crimes soient consideres comme
inadmissibles, non seulement dans notre region, mais a travers le
monde", a-t-il insiste.
La question des reparations du Genocide Armenien est en lien direct
avec le Genocide de 1915 commis par la Turquie Kemaliste (depuis
1922 jusqu'a nos jours) et les deux precedents regimes turcs -
la Turquie Otomane (1453-1908) et les Jeunes Turcs (1908-1922). Et
comme tels, ils doivent repondre des reparations dues aux Armeniens
sur des bases individuelles et collectives. Le President Sarkissian
devrait deliberement rappeler et exiger de la Republique de Turquie,
l'etat successeur le plus recent, rien de moins que tout ce qu'elle
doit en toute justice pour les pertes infligees par le genocide et
la confiscation massive et illegale des territoires en Armenie de
l'Est et de l'Ouest.
L'ex-Secretaire de la Commission des Droits de l'Homme des
Nations-Unies, enseignant a l'Ecole de Diplomatie de Genève, le
Professeur Alfred de Zayas, definit avec precision le socle juridique
de la justice que les victimes du Genocide Armenien et leurs heritiers
doivent demander resolument : "Du fait du caractère permanent et
imprescriptible du crime de genocide en termes de faits et du droit,
une action en restitution n'est pas forclose par l'ecoulement du
temps. Ainsi, les survivants du Genocide subi par les Armeniens,
individuellement et collectivement, sont fondes a engager une action
en restitution. Cela a ete le cas pour les survivants juifs de la
Shoah, qui ont engage des actions en restitution contre de nombreux
etats où se trouvaient des biens confisques. A chaque fois qu'une
restitutio in integrum (restitution totale, restauration des conditions
precedentes) est possible, elle devrait etre prononcee, dans le but de
retablir la situation qui existait avant que la violation n'ait ete
commise. Mais la où la restitutio in integrum n'est plus possible,
alors des compensations peuvent etre decidees en reparation."
Ayant de leur côte le droit et la legitimite de leurs revendications
pour des reparations et des restitutions, les Armeniens et leurs
dirigeants ne peuvent persister dans une politique defaitiste qui ne
pourra rapporter que capitulations après capitulations.
La Turquie ne se repentit toujours pas et continue ses intimidations
envers ses voisins et les minorites dans ce qu'on appelle aujourd'hui
la Turquie. Il faut que la communaute internationale se souvienne
que les mauvais traitements sont inefficaces et ne paient pas.
http://www.armenianlife.com/2011/05/20/pres-sarkisian-shies-away-from-demanding-comprehensive-justice-for-turkish-perpetrated-genocide/
Traduction Gilbert Beguian
Par Appo Jabarian
USA Armenian Life Magazine
Responsable d'Edition / Directeur de la Redaction
Il y a quelques jours, le President d'Armenie Serge Sarkissian
declarait que l'Armenie et la Turquie ne se reconcilieraient
qu'après que la Turquie n'ait reconnu le Genocide Armenien. Mais il a
brutalement cesse d'insister sur le fait que l'Armenie d'aujourd'hui,
en tant que successeur de droit de la Republique d'Armenie democratique
de 1918, a des frontières valides a l'est et aussi des demandes
territoriales a l'ouest contre la Turquie.
La Republique Armenienne de 1918 a ete fondee sur les territoires de
l'Armenie de l'Est, consistant en une surface d'a peu près 60 000 km².
En consequence a la prise de contrôle des communistes en 1920,
l'Armenie nouvellement sovietisee etait encoe plus demembree en faveur
de la Turquie, de l'Azerbaïdjan et de la Georgie par les dirigeants
communistes a Moscou, et reduite a 29 000 km².
S'agissnt de l'Armenie de l"Ouest, la sentence arbitrale Wilson,
rendue par le President des Etats-Unis Woodrow Wilson, offrit a
l'Armenie l'acte juridique necessaire a la restitution des terres de
l'Armenie de l'Ouest occupees par la Turquie. L'arbitrage wilsonien
est une decision internationale contraignante a laquelle deux etats
souverains - la Turquie et l'Armenie- ont adhere.
Au lieu de demander la mise en application de la Sentence Arbitrale, le
President Sarkissian, non seulement s'est eloigne de toute reclamation
territoriale, declanchant une forte reaction de mecontentement parmi
les Armeniens, mais il a soigneusement distingue les "exigences"
de reconnaissance du Genocide des "besoins" de retablissement des
relations avec la Turquie, soutenant que "ceux qui essaient de
presenter les tentatives de retablir les relations avec la Turquie
comme une reconciliation ont tort. La vraie reconciliation vient
après la reconnaissance."
Tandis qu'on peut comprendre que l'Armenie et la Turquie ont besoin
d'etablir des relations, il est tout a fait inacceptable de voir Erevan
nourrir une volonte de ceder a des pressions en sous-main tendant a
forcer l'Armenie a la capitulation et a l'abandon des revendications
territoriales a la Turquie.
Pendant l'administration du President Robert Kotcharain, l'Armenie
tenait activement une ligne de "relations inconditionnelles" avec la
Turquie, ce qui voulait dire qu'Ankara pourrait etablir des relations
diplomatiques avec Erevan sans lui imposer des conditions injustifiees
telles que la reconnaissance de la frontière actuelle avec la Turquie,
ou le retour des territoires liberes d'Artsakh (Le Karabagh).
La popularite du President Sarkissian s'est effondree en Armenie et
dans sa diaspora lorsqu'Erevan a signe les infâmes protocoles imposes
par la Turquie, a Zurich, il y a deux ans, sous le regard scrutateur de
la Secretaire d'Etat des Etats-Unis "Madame Petrole" Hillary Clinton,
et le sourire narquois du ministre turc des affaires etrangères
Ahmet Davutoglu, l'architecte de la politique turque avortee de
"Zero problème avec les voisins".
Prenant le risque de provoquer de nouvelles vagues de deceptions et de
possibles protestations a la fois en Armenie et en Diaspora, Sarkissian
a dit que lorsque l'initiative pour normaliser les relations avec la
Turquie avaient ete lancee, beaucoup d'opposants avaient dit que le
processus generait le processus de reconnaissance internationale du
Genocide, cette conjecture selon lui "etait fausse".
Cependant, il etait encourageant d'apprendre que le President
Sarkissian n'avait pas l'intention de poursuivre des "relations avec
des voisins" tels que la Turquie "a n'importe quel prix".
"Le Genocide Armenien est un fait indiscutable et nous devons a present
ne menager aucun effort pour que la Turquie reconnaisse finalement le
Genocide. C'est un combat pour la justice et pour la securite. C'est
au fond un combat pour que de tels crimes soient consideres comme
inadmissibles, non seulement dans notre region, mais a travers le
monde", a-t-il insiste.
La question des reparations du Genocide Armenien est en lien direct
avec le Genocide de 1915 commis par la Turquie Kemaliste (depuis
1922 jusqu'a nos jours) et les deux precedents regimes turcs -
la Turquie Otomane (1453-1908) et les Jeunes Turcs (1908-1922). Et
comme tels, ils doivent repondre des reparations dues aux Armeniens
sur des bases individuelles et collectives. Le President Sarkissian
devrait deliberement rappeler et exiger de la Republique de Turquie,
l'etat successeur le plus recent, rien de moins que tout ce qu'elle
doit en toute justice pour les pertes infligees par le genocide et
la confiscation massive et illegale des territoires en Armenie de
l'Est et de l'Ouest.
L'ex-Secretaire de la Commission des Droits de l'Homme des
Nations-Unies, enseignant a l'Ecole de Diplomatie de Genève, le
Professeur Alfred de Zayas, definit avec precision le socle juridique
de la justice que les victimes du Genocide Armenien et leurs heritiers
doivent demander resolument : "Du fait du caractère permanent et
imprescriptible du crime de genocide en termes de faits et du droit,
une action en restitution n'est pas forclose par l'ecoulement du
temps. Ainsi, les survivants du Genocide subi par les Armeniens,
individuellement et collectivement, sont fondes a engager une action
en restitution. Cela a ete le cas pour les survivants juifs de la
Shoah, qui ont engage des actions en restitution contre de nombreux
etats où se trouvaient des biens confisques. A chaque fois qu'une
restitutio in integrum (restitution totale, restauration des conditions
precedentes) est possible, elle devrait etre prononcee, dans le but de
retablir la situation qui existait avant que la violation n'ait ete
commise. Mais la où la restitutio in integrum n'est plus possible,
alors des compensations peuvent etre decidees en reparation."
Ayant de leur côte le droit et la legitimite de leurs revendications
pour des reparations et des restitutions, les Armeniens et leurs
dirigeants ne peuvent persister dans une politique defaitiste qui ne
pourra rapporter que capitulations après capitulations.
La Turquie ne se repentit toujours pas et continue ses intimidations
envers ses voisins et les minorites dans ce qu'on appelle aujourd'hui
la Turquie. Il faut que la communaute internationale se souvienne
que les mauvais traitements sont inefficaces et ne paient pas.
http://www.armenianlife.com/2011/05/20/pres-sarkisian-shies-away-from-demanding-comprehensive-justice-for-turkish-perpetrated-genocide/
Traduction Gilbert Beguian