L'ARMENIE DE TOUJOURS: FIDELE AU POSTE
La Croix
Mardi 31 Mai 2011
France
AUTEUR: LE PRIOL Pierre-Yves
L'Armenie fete les vingt ans de son independance et pour qui aime
ce peuple, bien connu en France avec sa diaspora, un voyage par
procuration etait propose dimanche matin, sur France 5 ("Echappees
belles"). L'emission faisait elle-meme suite a une autre, diffusee
recemment ("Armenie a la croisee des chemins"), et bien des similitudes
ne manquaient pas de frapper entre les deux.
Car il existe des thematiques recurrentes dans tout reportage consacre
a ce pays : le lac Sevan, la vue sur le mont Ararat, le catholicossat
de Etchmiadzine. À Erevan, ne pas rater le musee du Matenadaran, si
riche en manuscrits anciens, et puis le monument en memoire du genocide
de 1915. Immanquablement, le commentaire evoque " l'histoire tourmentee
" de ce peuple, son " heritage millenaire " . Faut-il completer la
carte postale ? Ce sont les joueurs d'echecs filmes sur les trottoirs,
les femmes qui preparent le lavach (galette de farine), la musique du
duduk (hautbois traditionnel). Le documentaire peut alors s'achever au
beau milieu d'une fete de famille, comme le mariage de ce dimanche,
et c'est encore l'occasion de vanter l'hospitalite remarquee des
Armeniens.
Un souvenir nous revient precisement a ce sujet, lors de vacances
passees sur place, voila dix ans. Une belle auberge nous avait ete
recommandee, sorte de caravanserail a l'ancienne où nous debarquâmes
a plusieurs, sans avoir reserve. Or, une soiree privee se deroulait
a l'interieur, tout un repas de bapteme. Il fallait donc repartir,
non sans avoir jete un oeil desole sur le cadre prometteur.
Nous etions deja loin dehors lorsque le parrain de la fete (et du
nouveau baptise) nous rattrapa, nous supplia de revenir partager la
joie des siens. C'est Dieu qui nous envoyait, disait-il, des etrangers
On trouverait de la place ! Ce fut une soiree inoubliable, a la table
d'honneur avec ces inconnus, dans les danses et au son du duduk.
Aujourd'hui encore, pour emaner d'une " tradition très ancienne " ,
cet accueil-la n'en vit pas moins en nous, tout neuf, comme s'il ne
devait jamais se faner.
La Croix
Mardi 31 Mai 2011
France
AUTEUR: LE PRIOL Pierre-Yves
L'Armenie fete les vingt ans de son independance et pour qui aime
ce peuple, bien connu en France avec sa diaspora, un voyage par
procuration etait propose dimanche matin, sur France 5 ("Echappees
belles"). L'emission faisait elle-meme suite a une autre, diffusee
recemment ("Armenie a la croisee des chemins"), et bien des similitudes
ne manquaient pas de frapper entre les deux.
Car il existe des thematiques recurrentes dans tout reportage consacre
a ce pays : le lac Sevan, la vue sur le mont Ararat, le catholicossat
de Etchmiadzine. À Erevan, ne pas rater le musee du Matenadaran, si
riche en manuscrits anciens, et puis le monument en memoire du genocide
de 1915. Immanquablement, le commentaire evoque " l'histoire tourmentee
" de ce peuple, son " heritage millenaire " . Faut-il completer la
carte postale ? Ce sont les joueurs d'echecs filmes sur les trottoirs,
les femmes qui preparent le lavach (galette de farine), la musique du
duduk (hautbois traditionnel). Le documentaire peut alors s'achever au
beau milieu d'une fete de famille, comme le mariage de ce dimanche,
et c'est encore l'occasion de vanter l'hospitalite remarquee des
Armeniens.
Un souvenir nous revient precisement a ce sujet, lors de vacances
passees sur place, voila dix ans. Une belle auberge nous avait ete
recommandee, sorte de caravanserail a l'ancienne où nous debarquâmes
a plusieurs, sans avoir reserve. Or, une soiree privee se deroulait
a l'interieur, tout un repas de bapteme. Il fallait donc repartir,
non sans avoir jete un oeil desole sur le cadre prometteur.
Nous etions deja loin dehors lorsque le parrain de la fete (et du
nouveau baptise) nous rattrapa, nous supplia de revenir partager la
joie des siens. C'est Dieu qui nous envoyait, disait-il, des etrangers
On trouverait de la place ! Ce fut une soiree inoubliable, a la table
d'honneur avec ces inconnus, dans les danses et au son du duduk.
Aujourd'hui encore, pour emaner d'une " tradition très ancienne " ,
cet accueil-la n'en vit pas moins en nous, tout neuf, comme s'il ne
devait jamais se faner.