ARMENIE, TURQUIE, AZERBAIDJAN : DE L'EAU DANS LE GAZ ?
Source/Lien : Today's Zaman
Publie le : 09-06-2011
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Amanda Paul est une
analyste politique du Think tank " European Policy Centre ". Bien
que l'article qu'elle a signe dans le journal turc Today's Zaman
ressemble a une mise en garde plutôt adressee au gouvernement de Bakou,
sa presentation tendancieuse de faits historiques laisse percevoir sa
sympathie pour la Turquie et l'Azerbaïdjan : " La Turquie et l'Armenie
n'ont aucune relation diplomatique et leur frontière commune est fermee
depuis 1993, après l'occupation par l'Armenie de sept provinces de
l'Azerbaïdjan pendant la guerre du Haut-Karabagh (1988-1993). " En une
seule phrase, l'analyste oublie de preciser que la " frontière commune
" entre la Turquie et l'Armenie est fermee pour cause d'un blocus
impose par la Turquie a l'Armenie (oui, nous parlons bien de cette meme
Turquie qui se preoccupe du blocus de Gaza par Israël) et elle inverse
les agresseurs et les agresses : car ce qu'Amanda Paul qualifie d'"
occupation par l'Armenie de sept provinces de l'Azerbaïdjan pendant la
guerre du Haut-Karabagh (1988-1993) " est un raccourci pour le moins
reducteur pour decrire la legitime revendication a l'auto-determination
du peuple armenien, regulièrement victime de crimes genocidaires et
d'attaques sanglantes par ses voisins turcs-azeris. Rappelons que
le Haut-Karabagh, territoire historiquement armenien, avait ete
offert a l'Azerbaïdjan par Staline le 4 juillet 1921, alors que
les Armeniens y etaient largement majoritaires et representaient
94% de la population. Les terribles pogroms anti-armeniens commis
en Azerbaïdjan a Soumgaït, Kirovabad, Bakou (de 1988 a 1990), et a
Maragha (1992) sont la pour rappeler que la securite des Armeniens
- qui sont seulement desireux de vivre en paix - ne peut plus etre
assuree par le gouvernement azeri. Le Collectif VAN vous propose ici
la traduction de cet article en date du 6 avril 2011.
Legende : Le Haut-Karabagh et les forces en presence. Source
Infographie Le Figaro
Mercredi 6 avril 2011 TODAY'S ZAMAN AMANDA PAUL [email protected]
Armenie-Turquie: rapprochement et gaz
De tous les sujets dont on debat actuellement a Ankara, et qui seraient
des priorites possibles de politique etrangère après les elections, la
question du rapprochement Turquie-Armenie revient toujours et encore.
J'ai meme ete contactee par des compagnies energetiques impliquees
dans des projets dans la Caspienne, qui me demandaient si j'avais des
informations sur une nouvelle tentative de rapprochement d'Ankara,
et en quoi cela pourrait affecter les contrats energetiques en cours -
notamment entre la Turquie et l'Azerbaïdjan, mais egalement jusqu'au
Turkmenistan. Pour ces types-la, vendre leur gaz sur les marches
europeens est bien plus important que la reouverture de la frontière
armeno-turque, par consequent, ils ne veulent pas vraiment voir Bakou
de nouveau "s'enerver", car cela pourrait retarder les projets et
creer des rapports tendus dans la region.
La Turquie et l'Armenie n'ont aucune relation diplomatique et leur
frontière commune est fermee depuis 1993, après l'occupation par
l'Armenie de sept provinces de l'Azerbaïdjan pendant la guerre du
Haut-Karabagh (1988-1993).
Cependant, cette situation n'a apporte aucun avantage aux deux nations,
et en 2008 les deux côtes ont bravement decide qu'il etait temps
de commencer a s'eloigner de leur passe difficile et a prendre des
mesures de rapprochement.
Cela a culmine avec la signature de deux protocoles a Zurich en
octobre 2009 en vue d'une normalisation des relations, y compris
la reouverture de la frontière. Un tel developpement aurait eu des
consequences positives pour la stabilite de la region, aidant a
diminuer la mentalite d'assieges des Armeniens, qui, etant coinces
entre l'Azerbaïdjan et la Turquie, sont obsedes par la securite,
ce qui n'a fait que les rendre excessivement dependants de la Russie.
Pour la Turquie, cela aurait signifie la fin de la campagne menee par
l'Armenie et sa grande diaspora visant a faire reconnaître par les
Parlements du monde entier (en particulier aux USA) que les evenements
tragiques 1915-1918 constituent un genocide. Par consequent, cela
aurait ete gagnant-gagnant pour tout le monde. Seul l'Azerbaïdjan
n'a pas compris ce que cela lui apporterait. Bakou a cru que cela
servirait uniquement a rendre Erevan plus intransigeant dans les
pourparlers de paix sur le Haut-Karabagh.
Malheureusement, après la pression intense exercee par Bakou et
les principaux partis d'opposition de Turquie, plus le fait que
Bakou menait des pourparlers cruciaux avec Ankara sur les tarifs
du gaz et des honoraires de transit, la Turquie a decide de lier
la ratification des protocoles au conflit de Haut-Karabagh, et
en particulier en demandant le retrait de troupes armeniennes des
territoires azerbaïdjanais.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'est rendu a Bakou et a
annonce que le sol azerbaïdjanais etait comme le sol turc et que les
Armeniens devaient se retirer. Cette declaration a reellement ete le
debut de la fin du processus.
Etant donne que le President armenien Serge Sarksyan avait deja
utilise presque tout son capital politique en s'engageant dans un
rapprochement avec la Turquie en premier lieu, il n'avait plus rien
a donner, et c'etait quelque chose qu'Erevan ne pouvait accepter.
Le resultat fut que la Turquie a ete qualifiee de malhonnete et
indigne de confiance. Cependant, l'Armenie a aussi sa part de blâme,
etant donne qu'en janvier 2010 la Cour Constitutionnelle armenienne
a emis une decision sur les protocoles, pour qu'ils puissent etre
conformes a la constitution de l'Armenie et conformes a la declaration
d'independance de l'Armenie 1991, qui fait de la reconnaissance du
genocide un de ses objectifs. Ankara a cru que c'etait la preuve
qu'Erevan ajoutait une condition prealable au processus.
Pour finir, les pourparlers se sont effondres et a ce jour, le
processus est "gele." Toute nouvelle tentative de rapprochement
devra etre meticuleusement reflechie - la societe civile et le monde
universitaire s'occupent d'inventer des mesures permettant d'avancer
- et toutes les parties impliquees devront etre plus flexibles
qu'auparavant.
Si l'on veut reellement progresser, cela signifie faire des
propositions plus "globales", y compris garder l'Azerbaïdjan dans le
jeu, ce qui signifie que quelque chose doit se passer concernant le
Haut-Karabagh. Si cela ne survient pas, je suis très sceptique quant
au succès de ce processus. Il est très probable que "l'obstacle du
gaz" reapparaîtra, parce que si la Turquie et l'Azerbaïdjan ont bien
signe un Protocole d'Accord sur les tarifs du gaz et du transit,
ils ne l'ont pas ratifie. Sans la ratification, l'accord ne vaut pas
grand chose. Et, bien sûr, il est très possible que l'Azerbaïdjan
remette cette question sur le tapis pour continuer a entraver le
rapprochement, ce qui, bien sûr, aurait aussi une repercussion sur
les projets de securite energetique de l'Union europeenne.
En outre, l'Azerbaïdjan pourrait prendre une mesure de plus, car il a
une autre carte a jouer - a savoir son propre rôle en tant que pays
de transit. Pour des projets comme Nabucco, amener le gaz de l'Asie
Centrale (aussi bien que de l'Azerbaïdjan) est essentiel.
L'Azerbaïdjan serait le pays de transit pour le gaz turkmène,
par consequent l'Azerbaïdjan peut decider de dire - nous voulons
progresser sur le Haut-Karabagh - sinon nous ne serons pas un pays
de transit. Le gaz semble vraiment etre l'element qui va changer la
donne dans ce jeu triangulaire.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 11 avril
2011 - 07:34 - www.collectifvan.org
Amanda Paul est une analyste politique du Think tank " Centre de
politique europeenne ". Ses " analyses " laissent percevoir un certain
" penchant " pour la Turquie et l'Azerbaïdjan...
Au sujet d'Amanda Paul :
http://www.epc.eu/team_details.php?hr_id=13&dept_id=
http://www.epc.eu/documents/uploads/pub_1148_nagorno-karabakh.pdf
Lire aussi:
Les Azeris sont prets a reconquerir le Haut-Karabakh
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Source/Lien : Today's Zaman
Publie le : 09-06-2011
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Amanda Paul est une
analyste politique du Think tank " European Policy Centre ". Bien
que l'article qu'elle a signe dans le journal turc Today's Zaman
ressemble a une mise en garde plutôt adressee au gouvernement de Bakou,
sa presentation tendancieuse de faits historiques laisse percevoir sa
sympathie pour la Turquie et l'Azerbaïdjan : " La Turquie et l'Armenie
n'ont aucune relation diplomatique et leur frontière commune est fermee
depuis 1993, après l'occupation par l'Armenie de sept provinces de
l'Azerbaïdjan pendant la guerre du Haut-Karabagh (1988-1993). " En une
seule phrase, l'analyste oublie de preciser que la " frontière commune
" entre la Turquie et l'Armenie est fermee pour cause d'un blocus
impose par la Turquie a l'Armenie (oui, nous parlons bien de cette meme
Turquie qui se preoccupe du blocus de Gaza par Israël) et elle inverse
les agresseurs et les agresses : car ce qu'Amanda Paul qualifie d'"
occupation par l'Armenie de sept provinces de l'Azerbaïdjan pendant la
guerre du Haut-Karabagh (1988-1993) " est un raccourci pour le moins
reducteur pour decrire la legitime revendication a l'auto-determination
du peuple armenien, regulièrement victime de crimes genocidaires et
d'attaques sanglantes par ses voisins turcs-azeris. Rappelons que
le Haut-Karabagh, territoire historiquement armenien, avait ete
offert a l'Azerbaïdjan par Staline le 4 juillet 1921, alors que
les Armeniens y etaient largement majoritaires et representaient
94% de la population. Les terribles pogroms anti-armeniens commis
en Azerbaïdjan a Soumgaït, Kirovabad, Bakou (de 1988 a 1990), et a
Maragha (1992) sont la pour rappeler que la securite des Armeniens
- qui sont seulement desireux de vivre en paix - ne peut plus etre
assuree par le gouvernement azeri. Le Collectif VAN vous propose ici
la traduction de cet article en date du 6 avril 2011.
Legende : Le Haut-Karabagh et les forces en presence. Source
Infographie Le Figaro
Mercredi 6 avril 2011 TODAY'S ZAMAN AMANDA PAUL [email protected]
Armenie-Turquie: rapprochement et gaz
De tous les sujets dont on debat actuellement a Ankara, et qui seraient
des priorites possibles de politique etrangère après les elections, la
question du rapprochement Turquie-Armenie revient toujours et encore.
J'ai meme ete contactee par des compagnies energetiques impliquees
dans des projets dans la Caspienne, qui me demandaient si j'avais des
informations sur une nouvelle tentative de rapprochement d'Ankara,
et en quoi cela pourrait affecter les contrats energetiques en cours -
notamment entre la Turquie et l'Azerbaïdjan, mais egalement jusqu'au
Turkmenistan. Pour ces types-la, vendre leur gaz sur les marches
europeens est bien plus important que la reouverture de la frontière
armeno-turque, par consequent, ils ne veulent pas vraiment voir Bakou
de nouveau "s'enerver", car cela pourrait retarder les projets et
creer des rapports tendus dans la region.
La Turquie et l'Armenie n'ont aucune relation diplomatique et leur
frontière commune est fermee depuis 1993, après l'occupation par
l'Armenie de sept provinces de l'Azerbaïdjan pendant la guerre du
Haut-Karabagh (1988-1993).
Cependant, cette situation n'a apporte aucun avantage aux deux nations,
et en 2008 les deux côtes ont bravement decide qu'il etait temps
de commencer a s'eloigner de leur passe difficile et a prendre des
mesures de rapprochement.
Cela a culmine avec la signature de deux protocoles a Zurich en
octobre 2009 en vue d'une normalisation des relations, y compris
la reouverture de la frontière. Un tel developpement aurait eu des
consequences positives pour la stabilite de la region, aidant a
diminuer la mentalite d'assieges des Armeniens, qui, etant coinces
entre l'Azerbaïdjan et la Turquie, sont obsedes par la securite,
ce qui n'a fait que les rendre excessivement dependants de la Russie.
Pour la Turquie, cela aurait signifie la fin de la campagne menee par
l'Armenie et sa grande diaspora visant a faire reconnaître par les
Parlements du monde entier (en particulier aux USA) que les evenements
tragiques 1915-1918 constituent un genocide. Par consequent, cela
aurait ete gagnant-gagnant pour tout le monde. Seul l'Azerbaïdjan
n'a pas compris ce que cela lui apporterait. Bakou a cru que cela
servirait uniquement a rendre Erevan plus intransigeant dans les
pourparlers de paix sur le Haut-Karabagh.
Malheureusement, après la pression intense exercee par Bakou et
les principaux partis d'opposition de Turquie, plus le fait que
Bakou menait des pourparlers cruciaux avec Ankara sur les tarifs
du gaz et des honoraires de transit, la Turquie a decide de lier
la ratification des protocoles au conflit de Haut-Karabagh, et
en particulier en demandant le retrait de troupes armeniennes des
territoires azerbaïdjanais.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'est rendu a Bakou et a
annonce que le sol azerbaïdjanais etait comme le sol turc et que les
Armeniens devaient se retirer. Cette declaration a reellement ete le
debut de la fin du processus.
Etant donne que le President armenien Serge Sarksyan avait deja
utilise presque tout son capital politique en s'engageant dans un
rapprochement avec la Turquie en premier lieu, il n'avait plus rien
a donner, et c'etait quelque chose qu'Erevan ne pouvait accepter.
Le resultat fut que la Turquie a ete qualifiee de malhonnete et
indigne de confiance. Cependant, l'Armenie a aussi sa part de blâme,
etant donne qu'en janvier 2010 la Cour Constitutionnelle armenienne
a emis une decision sur les protocoles, pour qu'ils puissent etre
conformes a la constitution de l'Armenie et conformes a la declaration
d'independance de l'Armenie 1991, qui fait de la reconnaissance du
genocide un de ses objectifs. Ankara a cru que c'etait la preuve
qu'Erevan ajoutait une condition prealable au processus.
Pour finir, les pourparlers se sont effondres et a ce jour, le
processus est "gele." Toute nouvelle tentative de rapprochement
devra etre meticuleusement reflechie - la societe civile et le monde
universitaire s'occupent d'inventer des mesures permettant d'avancer
- et toutes les parties impliquees devront etre plus flexibles
qu'auparavant.
Si l'on veut reellement progresser, cela signifie faire des
propositions plus "globales", y compris garder l'Azerbaïdjan dans le
jeu, ce qui signifie que quelque chose doit se passer concernant le
Haut-Karabagh. Si cela ne survient pas, je suis très sceptique quant
au succès de ce processus. Il est très probable que "l'obstacle du
gaz" reapparaîtra, parce que si la Turquie et l'Azerbaïdjan ont bien
signe un Protocole d'Accord sur les tarifs du gaz et du transit,
ils ne l'ont pas ratifie. Sans la ratification, l'accord ne vaut pas
grand chose. Et, bien sûr, il est très possible que l'Azerbaïdjan
remette cette question sur le tapis pour continuer a entraver le
rapprochement, ce qui, bien sûr, aurait aussi une repercussion sur
les projets de securite energetique de l'Union europeenne.
En outre, l'Azerbaïdjan pourrait prendre une mesure de plus, car il a
une autre carte a jouer - a savoir son propre rôle en tant que pays
de transit. Pour des projets comme Nabucco, amener le gaz de l'Asie
Centrale (aussi bien que de l'Azerbaïdjan) est essentiel.
L'Azerbaïdjan serait le pays de transit pour le gaz turkmène,
par consequent l'Azerbaïdjan peut decider de dire - nous voulons
progresser sur le Haut-Karabagh - sinon nous ne serons pas un pays
de transit. Le gaz semble vraiment etre l'element qui va changer la
donne dans ce jeu triangulaire.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 11 avril
2011 - 07:34 - www.collectifvan.org
Amanda Paul est une analyste politique du Think tank " Centre de
politique europeenne ". Ses " analyses " laissent percevoir un certain
" penchant " pour la Turquie et l'Azerbaïdjan...
Au sujet d'Amanda Paul :
http://www.epc.eu/team_details.php?hr_id=13&dept_id=
http://www.epc.eu/documents/uploads/pub_1148_nagorno-karabakh.pdf
Lire aussi:
Les Azeris sont prets a reconquerir le Haut-Karabakh
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