LA RECONNAISSANCE DU GENOCIDE ARMENIEN PAR ISRAEL EST POLITIQUE PAR ALON IDAN
Stephane
armenews.com
jeudi 9 juin 2011
Le recours a la formule du devoir moral 'comme Juif et comme Israelien'
est un biais pour cacher une certaine honte que le cliche est cense
couvrir.
Par Alon Idan
"Tel est mon devoir de Juif et d'Israelien" est un cliche qui est
concu pour sortir chacun de son coma dogmatique. Chaque fois que ce
rapprochement religieux-nationaliste est fait, dans le cadre d'une
obligation particulière, le plus souvent morale, la personne qui
l'entend prononce peut supposer que derrière cette emphase et le ton
dramatique se cache une honte qu'on essaie d'effacer retroactivement.
Pour ne pas en rester a des considerations theoriques, examinons la
declaration faite lundi par le president de la Knesset Reuven Rivlin
dans son integralite, après qu'il ait decide de tenir une session
annuelle de la Knesset pour rappeler le Genocide Armenien commis par
les Turcs. "Il est de mon devoir comme Juif et comme Israelien,"
a-t-il dit, "de reconnaître les tragedies d'autres peuples. Les
considerations diplomatiques, aussi importantes qu'elles soient,
ne nous permettent pas de nier le desastre d'un autre peuple."
Rivlin a fait cette declaration une semaine a peu près après que la
Knesset ait autorise sa Commission d'Education de mettre la question
en discussion, pour la première fois publiquement, et un an a peu près
après que le precedent president du Meretz (Parti du Mouvement) et
membre de la Knesset Haïm Oron ait ete autorise a tenir une reunion a
huis clos de la Commission des Affaires Etrangères et de la Defense de
la Knesset. C'est ainsi, plus ou moins, qu'en reference a "mon devoir
comme Juif et comme Israelien," 63 annees d'indifference juive pour
la negation du massacre de un million a un million et demi d'etre
humains disparaissent.
Et ainsi, Rivlin decidait que, "Les considerations diplomatiques,
pour importantes qu'elles soient, ne nous autorisent pas a nier le
desastre d'un autre peuple." Il a raison, et chaque molecule de cette
raison compense un noyau ridicule. Après tout, il n'y a pas de doute,
les considerations diplomatiques nous ont permis, c'est-a-dire, ont
permis au gouvernement d'Israël, de nier le desatre d'un autre peuple
pendant 63 ans. Les considerations diplomatiques, aussi importantes
soient-elles, ont dispense pendant 63 ans les dirigeants de l'etat,
depuis le prevenu Ehud Olmert jusqu'a la star de television Shimon
Peres - de discuter de cette question, sans parler de reconnaître
officiellement le genocide.
Rivlin avait besoin d'un cliche precisement parce que comme Juifs et
Israeliens, nous etions associes a une injustice morale de dimension
historique. Il a gonfle les mots pour recouvrir une realite morale
toute nue. Après tout, Rivlin sait aussi que s'il nous fallait resumer
d'une phrase la raison de ce sursaut moral, elle serait courte et
triviale : la deterioration de nos liens avec la Turquie. Nous sommes
a present disposes a parler du meurtre de 1,5 million de personnes
a cause des circonstances politico-diplomatiques, non pas parce
que 1,5 millions de personnes ont ete tuees. Ce que le bon sens et
la conscience n'est pas parvenu a faire, s'est accompli grâce a un
navire nomme Mavi Marmara et aux declarations d'un politicien nomme
Recep Tayyip Erdogan.
La discussion sur le Genocide Armenien permet d'etudier la relation
entre la moralite et la diplomatie en Israël. Au lieu de faire
prevaloir l'ethique sur les considerations politiques comme fondement
de notre politique, la moralite semble n'etre rien d'autre qu'un
derive de la politique, un avatar d'interet national limite.
L'exigence de la conscience nationale est le resultat de tout ce
qu'on peut obtenir en echange.
L'entorse a la morale n'est pas un acte unique qui s'applique au seul
Genocide Armenien. Un million et demi de personnes ne sont jamais de
l'histoire ancienne et le silence sur leur meurtre ne pourra jamais
etre considere comme fortuite.
En fait, on pourrait considerer le changement d'attitude a l'egard
du Genocide Armenien comme decoulant de l'application d'un principe
primordial israelien qui dit : ce qui est bon est ce qui vaut la peine,
mauvais, ce qui ne vaut pas la peine. Un codicile a ce principe est :
le bon peut toujours devenir mauvais ; le mauvais peut toujours devenir
bon. Le calcul moral, comme un derive de calcul de rentabilite est,
en fait, le vrai devoir de tout "Juif et Israëlien".
http://www.haaretz.com/print-edition/opinion/israel-s-recognition-of-armenian-genocide-is-political-1.365252
Traduction Gilbert Beguian
Stephane
armenews.com
jeudi 9 juin 2011
Le recours a la formule du devoir moral 'comme Juif et comme Israelien'
est un biais pour cacher une certaine honte que le cliche est cense
couvrir.
Par Alon Idan
"Tel est mon devoir de Juif et d'Israelien" est un cliche qui est
concu pour sortir chacun de son coma dogmatique. Chaque fois que ce
rapprochement religieux-nationaliste est fait, dans le cadre d'une
obligation particulière, le plus souvent morale, la personne qui
l'entend prononce peut supposer que derrière cette emphase et le ton
dramatique se cache une honte qu'on essaie d'effacer retroactivement.
Pour ne pas en rester a des considerations theoriques, examinons la
declaration faite lundi par le president de la Knesset Reuven Rivlin
dans son integralite, après qu'il ait decide de tenir une session
annuelle de la Knesset pour rappeler le Genocide Armenien commis par
les Turcs. "Il est de mon devoir comme Juif et comme Israelien,"
a-t-il dit, "de reconnaître les tragedies d'autres peuples. Les
considerations diplomatiques, aussi importantes qu'elles soient,
ne nous permettent pas de nier le desastre d'un autre peuple."
Rivlin a fait cette declaration une semaine a peu près après que la
Knesset ait autorise sa Commission d'Education de mettre la question
en discussion, pour la première fois publiquement, et un an a peu près
après que le precedent president du Meretz (Parti du Mouvement) et
membre de la Knesset Haïm Oron ait ete autorise a tenir une reunion a
huis clos de la Commission des Affaires Etrangères et de la Defense de
la Knesset. C'est ainsi, plus ou moins, qu'en reference a "mon devoir
comme Juif et comme Israelien," 63 annees d'indifference juive pour
la negation du massacre de un million a un million et demi d'etre
humains disparaissent.
Et ainsi, Rivlin decidait que, "Les considerations diplomatiques,
pour importantes qu'elles soient, ne nous autorisent pas a nier le
desastre d'un autre peuple." Il a raison, et chaque molecule de cette
raison compense un noyau ridicule. Après tout, il n'y a pas de doute,
les considerations diplomatiques nous ont permis, c'est-a-dire, ont
permis au gouvernement d'Israël, de nier le desatre d'un autre peuple
pendant 63 ans. Les considerations diplomatiques, aussi importantes
soient-elles, ont dispense pendant 63 ans les dirigeants de l'etat,
depuis le prevenu Ehud Olmert jusqu'a la star de television Shimon
Peres - de discuter de cette question, sans parler de reconnaître
officiellement le genocide.
Rivlin avait besoin d'un cliche precisement parce que comme Juifs et
Israeliens, nous etions associes a une injustice morale de dimension
historique. Il a gonfle les mots pour recouvrir une realite morale
toute nue. Après tout, Rivlin sait aussi que s'il nous fallait resumer
d'une phrase la raison de ce sursaut moral, elle serait courte et
triviale : la deterioration de nos liens avec la Turquie. Nous sommes
a present disposes a parler du meurtre de 1,5 million de personnes
a cause des circonstances politico-diplomatiques, non pas parce
que 1,5 millions de personnes ont ete tuees. Ce que le bon sens et
la conscience n'est pas parvenu a faire, s'est accompli grâce a un
navire nomme Mavi Marmara et aux declarations d'un politicien nomme
Recep Tayyip Erdogan.
La discussion sur le Genocide Armenien permet d'etudier la relation
entre la moralite et la diplomatie en Israël. Au lieu de faire
prevaloir l'ethique sur les considerations politiques comme fondement
de notre politique, la moralite semble n'etre rien d'autre qu'un
derive de la politique, un avatar d'interet national limite.
L'exigence de la conscience nationale est le resultat de tout ce
qu'on peut obtenir en echange.
L'entorse a la morale n'est pas un acte unique qui s'applique au seul
Genocide Armenien. Un million et demi de personnes ne sont jamais de
l'histoire ancienne et le silence sur leur meurtre ne pourra jamais
etre considere comme fortuite.
En fait, on pourrait considerer le changement d'attitude a l'egard
du Genocide Armenien comme decoulant de l'application d'un principe
primordial israelien qui dit : ce qui est bon est ce qui vaut la peine,
mauvais, ce qui ne vaut pas la peine. Un codicile a ce principe est :
le bon peut toujours devenir mauvais ; le mauvais peut toujours devenir
bon. Le calcul moral, comme un derive de calcul de rentabilite est,
en fait, le vrai devoir de tout "Juif et Israëlien".
http://www.haaretz.com/print-edition/opinion/israel-s-recognition-of-armenian-genocide-is-political-1.365252
Traduction Gilbert Beguian