TURQUIE
Turquie : les Kurdes se battent pour une meilleure représentation au parlement
Les nationalistes kurdes pourraient augmenter leur représentation au
parlement turc, au terme d'une campagne active pour les élections
législatives, dimanche prochain, cependant que dans les montagnes, les
rebelles maintiennent la pression sur Ankara.
A Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est du pays, où les Kurdes
sont majoritaires, les chants de cette communauté résonnent dans les
rues où l'on peut voir partout des affiches électorales rédigées en
langue kurde.
Les jeunes ne font pas mystère de leur symptahie pour le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), qu'Ankara qualifie de "terroriste".
La région a connu des changements, inspirés par l'Union européenne à
laquelle la Turquie souhaite adhérer. On est loin du climat des années
1990, où le sang coulait chaque jour et où l'expression de toute
identité kurde était un crime.
Mais les militants kurdes font monter les enchères : ils veulent des
négociations pour mettre fin à 26 ans de conflit, réclament une
autonomie régionale, l'éducation en kurde et une amnistie pour le PKK.
"On est à un point de non retour... Notre peuple a surmonté sa peur",
explique la députée Emine Ayna, candidate à sa réélection à
Diyarbakir, entourée de supporteurs qui crient des slogans à la gloire
du PKK.
"Nous voulons un règlement politique. Mieux, nous voulons entraîner le
PKK dans l'arène politique", dit-elle, précisant qu'il faut sortir de
prison le leader du mouvement, Abdullah Öcalan.
Emine Ayna fait partie des 30 candidats, qui selon les sondages,
devraient entrer au parlement le 12 juin, avec le soutien du parti
pro-kurde BDP (Parti de la paix et de la démocratie). Ils sont 20
actuellement.
Ces candidats kurdes se présentent en indépendants pour contourner le
seuil national de 10 % imposé aux partis pour entrer au parlement.
Parmi eux, Leyla Zana, qui devrait retrouver les bancs du parlement
après une première apparition qui avait fait sensation en 1991 : elle
avait prononcé quelques mots en kurde -un message de paix- en prêtant
serment. Privée de ses droits, elle avait ensuite passé dix ans en
prison.
Depuis mars, le BDP qui refuse la mainmise du gouvernement sur la
religion musulmane, pratique la "désobéissance civile" et recommande
les prières hors des mosquées tenues par le gouvernement. Les
manifestations de rues sont souvent émaillées de violences.
Et la violence armée s'est accrue : l'armée multiplie les opérations
contre le PKK, et des attaques visent la police, en dépit d'un
cessez-le-feu décrété par le PKK.
Öcalan, qui reste le chef de la rébellion derrière ses barreaux, a
menacé du pire si les négociations ne reprenaient pas.
Des discussions secrètes avec lui avaient démarré après l'annonce en
2009 d'une "ouverture démocratique" qui devait octroyer plus de droits
aux 12 à 15 millions de Kurdes, sur 73 millions d'habitants. Un espoir
était né de mettre fin à un conflit qui a fait au moins 45.000 morts.
Mais l'initiative a fait long feu, le gouvernement redoutant de se
voir accusé de brader l'unité nationale. Des centaines de personnes
ont été arrêtées, dont de nombreux élus. Six d'entre eux sont
candidats aux législatives.
Candidat à un troisième mandat et favori des sondages, le Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan, dont le parti est issu de la mouvance
islamiste, a lancé récemment qu'"il n'y a plus de problème kurde".
Et le ministre de l'Agriculture, Mehdi Eker, un des 60 députés kurdes
du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, accuse le
BDP d'incitation à la violence en lien avec le PKK.
"Quel compromis est possible, quand dans les montagnes, des hommes
armés vous menacent ? Nous sommes ouverts à toutes les exigences
démocratiques mais personne ne peut accepter de légitimer le
terrorisme", dit-il.
dimanche 12 juin 2011,
Sté[email protected]
Turquie : les Kurdes se battent pour une meilleure représentation au parlement
Les nationalistes kurdes pourraient augmenter leur représentation au
parlement turc, au terme d'une campagne active pour les élections
législatives, dimanche prochain, cependant que dans les montagnes, les
rebelles maintiennent la pression sur Ankara.
A Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est du pays, où les Kurdes
sont majoritaires, les chants de cette communauté résonnent dans les
rues où l'on peut voir partout des affiches électorales rédigées en
langue kurde.
Les jeunes ne font pas mystère de leur symptahie pour le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), qu'Ankara qualifie de "terroriste".
La région a connu des changements, inspirés par l'Union européenne à
laquelle la Turquie souhaite adhérer. On est loin du climat des années
1990, où le sang coulait chaque jour et où l'expression de toute
identité kurde était un crime.
Mais les militants kurdes font monter les enchères : ils veulent des
négociations pour mettre fin à 26 ans de conflit, réclament une
autonomie régionale, l'éducation en kurde et une amnistie pour le PKK.
"On est à un point de non retour... Notre peuple a surmonté sa peur",
explique la députée Emine Ayna, candidate à sa réélection à
Diyarbakir, entourée de supporteurs qui crient des slogans à la gloire
du PKK.
"Nous voulons un règlement politique. Mieux, nous voulons entraîner le
PKK dans l'arène politique", dit-elle, précisant qu'il faut sortir de
prison le leader du mouvement, Abdullah Öcalan.
Emine Ayna fait partie des 30 candidats, qui selon les sondages,
devraient entrer au parlement le 12 juin, avec le soutien du parti
pro-kurde BDP (Parti de la paix et de la démocratie). Ils sont 20
actuellement.
Ces candidats kurdes se présentent en indépendants pour contourner le
seuil national de 10 % imposé aux partis pour entrer au parlement.
Parmi eux, Leyla Zana, qui devrait retrouver les bancs du parlement
après une première apparition qui avait fait sensation en 1991 : elle
avait prononcé quelques mots en kurde -un message de paix- en prêtant
serment. Privée de ses droits, elle avait ensuite passé dix ans en
prison.
Depuis mars, le BDP qui refuse la mainmise du gouvernement sur la
religion musulmane, pratique la "désobéissance civile" et recommande
les prières hors des mosquées tenues par le gouvernement. Les
manifestations de rues sont souvent émaillées de violences.
Et la violence armée s'est accrue : l'armée multiplie les opérations
contre le PKK, et des attaques visent la police, en dépit d'un
cessez-le-feu décrété par le PKK.
Öcalan, qui reste le chef de la rébellion derrière ses barreaux, a
menacé du pire si les négociations ne reprenaient pas.
Des discussions secrètes avec lui avaient démarré après l'annonce en
2009 d'une "ouverture démocratique" qui devait octroyer plus de droits
aux 12 à 15 millions de Kurdes, sur 73 millions d'habitants. Un espoir
était né de mettre fin à un conflit qui a fait au moins 45.000 morts.
Mais l'initiative a fait long feu, le gouvernement redoutant de se
voir accusé de brader l'unité nationale. Des centaines de personnes
ont été arrêtées, dont de nombreux élus. Six d'entre eux sont
candidats aux législatives.
Candidat à un troisième mandat et favori des sondages, le Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan, dont le parti est issu de la mouvance
islamiste, a lancé récemment qu'"il n'y a plus de problème kurde".
Et le ministre de l'Agriculture, Mehdi Eker, un des 60 députés kurdes
du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, accuse le
BDP d'incitation à la violence en lien avec le PKK.
"Quel compromis est possible, quand dans les montagnes, des hommes
armés vous menacent ? Nous sommes ouverts à toutes les exigences
démocratiques mais personne ne peut accepter de légitimer le
terrorisme", dit-il.
dimanche 12 juin 2011,
Sté[email protected]