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Tigran Hamasyan, humble prodige du piano

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  • Tigran Hamasyan, humble prodige du piano

    L'Humanité, France
    Vendredi 17 Juin 2011


    Tigran Hamasyan, humble prodige du piano


    Le pianiste célèbre en jazz la culture arménienne. À Essaouira, la
    mémoire de son peuple rencontrera celle des ancêtres des gnaouas.

    Tigran Hamasyan, humbleprodige du piano

    Le pianiste célèbre en jazz la culture arménienne. À Essaouira, la
    mémoire de son peuple rencontrera celle des ancêtres des gnaouas.

    Rarement on aura vu un jeune prodige avoir tant d'humilité. À
    vingt-quatre ans, le pianiste arménien Tigran Hamasyan fait preuve
    d'une étonnante maturité humaine et artistique. Avec modestie, mais
    non sans raison, il précise: «C'est surtout le travail qui m'a amené à
    ce niveau. Enfant, je me suis pris d'une telle passion pour la musique
    que je préférais passer douze heures par jour au piano plutôt que
    d'aller jouer.» À quinze ans, il s'installe avec ses parents à Los
    Angeles. Un an ou deux après, il est lauréat des Découvertes, du
    festival Jazz à Juan, devant un jury abasourdi par la fraîcheur de son
    jeu.

    Tigran a déjà quatre disques à son nom. Dans le dernier, A Fable, il
    puise au jazz et à des traditionnels arméniens pour élaborer des
    compositions raffinées ou s'échapper vers de captivantes
    improvisations. Il clôt son CD en instillant, dans un hymne médiéval
    arménien, un lyrisme contenu, au compte-goutte. Le musicien se fait
    chanteur pour interpréter, psalmodier, deux textes de poètes arméniens
    du XIXesiècle (Tumanyan et Gegham Saryam). «Je suis profondément
    attaché à la culture de mon pays», confie-t-il. Quand on évoque avec
    lui le génocide arménien, il répond: «Les intérêts politiques
    internationaux bloquent la situation. Avant son élection, Obama avait
    déclaré qu'il reconnaîtrait le génocide. Mais, pour le pouvoir
    américain, les bases militaires qu'il a établies en Turquie sont plus
    précieuses que le sang des disparus.»

    Dans le sillage de son récent récital au Chtelet, Tigran Hamasyan
    poursuit sa tournée à travers de prestigieux festivals. La semaine
    prochaine, il s'envolera pour le Festival gnaoua d'Essaouira, où il se
    produira en solo, puis avec Mustapha Bakbou. Les deux artistes
    dédieront probablement leur accolade musicale à la mémoire de leurs
    aïeux: aux ascendants noirs des gnaouas jadis déportés par l'esclavage
    arabe et au peuple arménien massacré.



    From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
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