3 QUESTIONS SANS REPONSE DE L'AMBASSADEUR TURC
Jean Eckian
armenews.com
vendredi 4 mars 2011
Comme Abdullah Gul devant l'Assemblee Parlementaire du Conseil de
l'Europe le 25 janvier 2011, l'ambassadeur turc repond en recitant la
lecon que le grand stratège Davutoglu lui a demande d'apprendre par
c~\ur : " c'est la haine qui anime les Armeniens lorsqu'ils refusent la
commission d'historiens dont les gentils Turcs demandent la creation
". C'est leur premier ministre Erdogan qui dès 2006, avait propose
cette grosse ficelle au president armenien Robert Kotcharian.
Il a fallu a Harut Sassounian beaucoup de maîtrise de soi et de
maturite politique pour s'en tenir techniquement aux compensations et
a l'attitude negationniste des gouvernants turcs. Mais contrairement
a ce que conclut le leader armenien de la côte ouest des USA, il n'est
pas sûr que l'audience ait note un quelconque embarras de l'orateur.
Il faut une certaine connaissance de la diplomatie turque et du dossier
armenien pour ne pas en etre dupe. Pour ce qui concerne l'ambassadeur,
on peut meme craindre qu'il se soit delecte de cette belle occasion
de debiter sa rhetorique mensongère bien huilee.
Alors que faire ?
Demander a un responsable turc quand la Turquie sera decidee a
reconnaître le Genocide, c'est lui tendre une perche dans la mesure
où la reponse est automatique : "c'est vous qui dites que c'est un
Genocide, pour nous, blablabla..." (Comme encore une fois, Abdullah
Gul a Strasbourg le 25 janvier). Il faut remonter d'un cran. Il faut
demander a l'orateur s'il pense connaître mieux que Raphaël Lemkin,
ce qu'il a voulu mettre dans le concept qu'il a cree. On peut egalement
anticiper sur la mention hypocrite du comportement haineux qu'ils nous
font endosser, en lui demandant de se prononcer sur la motivation des
assassins de Hrant Dink ou sur celle de ce parti turc quand il decide
d'organiser en octobre 2010 un meeting politique dans la cathedrale
d'Ani. Il n'aura peut-etre pas envie de sourire...
3 questions auxquelles l'ambassadeur de Turquie n'a pas voulu repondre
L'ambassadeur de Turquie aux Etats-Unis, Namik Tan, a parle au Center
on Public Diplomacy de l'Universite de Californie du Sud (USC) le 16
fevrier. Son sujet etait Diplomatie Publique : l'Experience Turque.
L'ambassadeur turc a rejoint son poste a Washington en fevrier 2010,
mais peu après son arrivee il etait rappele a Ankara lorsque la
Commission des Affaires etrangères de la Chambre des Representants
adoptait une resolution reconnaissant le Genocide armenien.
L'ambassadeur Tan n'est pas un etranger pour Washington, où il etait
Conseiller d'ambassade de 1991 a 1995 et Premier conseiller de 1997
a 2001. Au cours de sa longue carrière diplomatique, il a egalement
ete ambassadeur en Israel, Deuxième secretaire a l'ambassade turque
de Russie, et Adjoint au sous-secretaire du ministère des Affaires
etrangères a Ankara.
Au cours de sa première visite a Los Angeles, ce mois-ci, l'ambassadeur
au ton patelin a tenu a rencontrer le maire Antonio Villaraigosa,
s'est entretenu avec le Conseil des affaires mondiales, a eu une
reunion avec l'American Jewish Committee, les dirigeants de la
communaute turque et le comite de redaction du Los Angeles Times.
Avant son arrivee, l'Association of Turkish-Americans de Californie du
Sud avait mis un encadre sur son site Internet appelant les locaux
turcs de se joindre a l'assistance et de "montrer un soutien
visible...specialement en face de ses detracteurs habituels
previsibles."
Courant le risque d'etre catalogue de "detracteur," j'ai decide
d'assister au discours de l'ambassadeur qui se deroulait, ironie du
sort, au Centre Ronald Tutor du Campus de l'USC - dont le nom est
celui d'un bienfaiteur armenien, le fils d'Al Tutor (Varjabedian),
un survivant du genocide. Je me suis fraye un passage au milieu
de vingtaines d'agents des services secrets US, de la securite du
campus, et de gardes du corps turcs qui surpassaient presque en
nombre d-invites a la manifestation. Plus surprenant encore etait
le fait que ne se trouvaient qu'une poignee d'Armeniens et de Turcs
parmi l'assistance, qui se composait essentiellement d'etudiants et
de professeurs de l'USC.
L'Ambassadeur Tan, qui a parle un anglais courant pendant une
demi-heure, a presente son pays sous le meilleur jour possible. Comme
il n'avait pas aborde la question armenienne, je me decidai a lui
poser les questions suivantes liees entre elles.
Le gouvernement turc a recemment restaure quelques eglises
armeniennes. Il y avait des milliers d'eglises armeniennes et de
monastères a travers la Turquie avant le genocide, dont la plupart
ont ete converties en mosquees, entrepôts et etables, et beaucoup ont
ete detruites. Le temps n'est-il pas venu pour le gouvernement turc
de rendre ces eglises armeniennes au Patriarcat Armenien d'Istanbul ?
Ensuite, après que les Armeniens aient ete deportes et tues, ils ont
laisse derrière eux leurs maisons, leurs terres et leurs avoirs. Le
temps n'est-il pas venu pour le gouvernement turc de rendre ces
biens aux heritiers de leurs authentiques proprietaires ? Enfin,
concernant la question du Genocide armenien, le president Obama a
declare dans son discours du 24 avril dernier "il y a 95 ans, 1.5
millions d'Armeniens ont ete massacres ou ont marche a la mort dans
les derniers jours de l'empire ottoman." Si vous dites que cela n'est
pas vrai, ne traitez-vous pas le president de menteur ?
Et voici la reponse de l'ambassadeur Tan :
"Cette haine doit s'arreter. Nous devrions laisser cela derrière nous
le plus vite possible ? C'est pour cela que nous essayons de nous
rapprocher de nos amis armeniens et que nous avons signe les protocoles
Armenie-Turquie. Dans ces protocoles, l'une des suggestions que nous
y avons fait figurer est que nous voulons une commission d'enquete
independante qui comportera des representants de tous les pays -
des USA, de France, et de n'importe quel pays que vous voudrez.
Ils etudieront ces affirmations et nous verrons leur decision tous
ensemble. Mais on ne peut legiferer sur l'histoire. Ce n'est pas de
cette facon que l'histoire peut etre jugee. Je pense donc que cela
a cree beaucoup de ressentiments dans nos societes. Les Armeniens
ont historiquement beaucoup apporte a notre vie sociale. Nous devons
continuer dans ce type de liens, mais cette haine doit cesser."
J'ai poliment rappele a l'Ambassadeur Tan qu'il n'avait pas repondu
a mes questions. Il a repondu en disant. "C'est cela ma reponse". Il
n'etait probablement pas prepare a faire face a ce genre de questions
politiquement sensibles. En esquivant mes demandes, il a laisse une
impression negative a l'assistance, malgre ses references diplomatiques
très eprouvees.
Après que le programme ait ete acheve, l'Ambassadeur Tan s'approcha,
me serra la main, et me remercia pour mes questions. Je lui dis que
ses suppositions etaient imprecises, car la cause armenienne n'a rien
a faire avec la haine, mais demande simplement justice. L'ambassadeur
se retourna et s'eloigna avec un curieux sourire sur le visage !
Meme si l'ambassadeur Tan a evite de repondre, notre echange public
a eu pour effet positif de montrer a l'audience, a l'ambassadeur et a
son entourage les justes demandes du peuple armenien pour les crimes
commis par la Turquie.
Il ne fait aucun doute qu'il est tout aussi imperatif, en toutes
occasions, de defier les officiels turcs en sorte que ni eux ni leur
audience ne puissent ignorer les griefs armeniens
From: A. Papazian
Jean Eckian
armenews.com
vendredi 4 mars 2011
Comme Abdullah Gul devant l'Assemblee Parlementaire du Conseil de
l'Europe le 25 janvier 2011, l'ambassadeur turc repond en recitant la
lecon que le grand stratège Davutoglu lui a demande d'apprendre par
c~\ur : " c'est la haine qui anime les Armeniens lorsqu'ils refusent la
commission d'historiens dont les gentils Turcs demandent la creation
". C'est leur premier ministre Erdogan qui dès 2006, avait propose
cette grosse ficelle au president armenien Robert Kotcharian.
Il a fallu a Harut Sassounian beaucoup de maîtrise de soi et de
maturite politique pour s'en tenir techniquement aux compensations et
a l'attitude negationniste des gouvernants turcs. Mais contrairement
a ce que conclut le leader armenien de la côte ouest des USA, il n'est
pas sûr que l'audience ait note un quelconque embarras de l'orateur.
Il faut une certaine connaissance de la diplomatie turque et du dossier
armenien pour ne pas en etre dupe. Pour ce qui concerne l'ambassadeur,
on peut meme craindre qu'il se soit delecte de cette belle occasion
de debiter sa rhetorique mensongère bien huilee.
Alors que faire ?
Demander a un responsable turc quand la Turquie sera decidee a
reconnaître le Genocide, c'est lui tendre une perche dans la mesure
où la reponse est automatique : "c'est vous qui dites que c'est un
Genocide, pour nous, blablabla..." (Comme encore une fois, Abdullah
Gul a Strasbourg le 25 janvier). Il faut remonter d'un cran. Il faut
demander a l'orateur s'il pense connaître mieux que Raphaël Lemkin,
ce qu'il a voulu mettre dans le concept qu'il a cree. On peut egalement
anticiper sur la mention hypocrite du comportement haineux qu'ils nous
font endosser, en lui demandant de se prononcer sur la motivation des
assassins de Hrant Dink ou sur celle de ce parti turc quand il decide
d'organiser en octobre 2010 un meeting politique dans la cathedrale
d'Ani. Il n'aura peut-etre pas envie de sourire...
3 questions auxquelles l'ambassadeur de Turquie n'a pas voulu repondre
L'ambassadeur de Turquie aux Etats-Unis, Namik Tan, a parle au Center
on Public Diplomacy de l'Universite de Californie du Sud (USC) le 16
fevrier. Son sujet etait Diplomatie Publique : l'Experience Turque.
L'ambassadeur turc a rejoint son poste a Washington en fevrier 2010,
mais peu après son arrivee il etait rappele a Ankara lorsque la
Commission des Affaires etrangères de la Chambre des Representants
adoptait une resolution reconnaissant le Genocide armenien.
L'ambassadeur Tan n'est pas un etranger pour Washington, où il etait
Conseiller d'ambassade de 1991 a 1995 et Premier conseiller de 1997
a 2001. Au cours de sa longue carrière diplomatique, il a egalement
ete ambassadeur en Israel, Deuxième secretaire a l'ambassade turque
de Russie, et Adjoint au sous-secretaire du ministère des Affaires
etrangères a Ankara.
Au cours de sa première visite a Los Angeles, ce mois-ci, l'ambassadeur
au ton patelin a tenu a rencontrer le maire Antonio Villaraigosa,
s'est entretenu avec le Conseil des affaires mondiales, a eu une
reunion avec l'American Jewish Committee, les dirigeants de la
communaute turque et le comite de redaction du Los Angeles Times.
Avant son arrivee, l'Association of Turkish-Americans de Californie du
Sud avait mis un encadre sur son site Internet appelant les locaux
turcs de se joindre a l'assistance et de "montrer un soutien
visible...specialement en face de ses detracteurs habituels
previsibles."
Courant le risque d'etre catalogue de "detracteur," j'ai decide
d'assister au discours de l'ambassadeur qui se deroulait, ironie du
sort, au Centre Ronald Tutor du Campus de l'USC - dont le nom est
celui d'un bienfaiteur armenien, le fils d'Al Tutor (Varjabedian),
un survivant du genocide. Je me suis fraye un passage au milieu
de vingtaines d'agents des services secrets US, de la securite du
campus, et de gardes du corps turcs qui surpassaient presque en
nombre d-invites a la manifestation. Plus surprenant encore etait
le fait que ne se trouvaient qu'une poignee d'Armeniens et de Turcs
parmi l'assistance, qui se composait essentiellement d'etudiants et
de professeurs de l'USC.
L'Ambassadeur Tan, qui a parle un anglais courant pendant une
demi-heure, a presente son pays sous le meilleur jour possible. Comme
il n'avait pas aborde la question armenienne, je me decidai a lui
poser les questions suivantes liees entre elles.
Le gouvernement turc a recemment restaure quelques eglises
armeniennes. Il y avait des milliers d'eglises armeniennes et de
monastères a travers la Turquie avant le genocide, dont la plupart
ont ete converties en mosquees, entrepôts et etables, et beaucoup ont
ete detruites. Le temps n'est-il pas venu pour le gouvernement turc
de rendre ces eglises armeniennes au Patriarcat Armenien d'Istanbul ?
Ensuite, après que les Armeniens aient ete deportes et tues, ils ont
laisse derrière eux leurs maisons, leurs terres et leurs avoirs. Le
temps n'est-il pas venu pour le gouvernement turc de rendre ces
biens aux heritiers de leurs authentiques proprietaires ? Enfin,
concernant la question du Genocide armenien, le president Obama a
declare dans son discours du 24 avril dernier "il y a 95 ans, 1.5
millions d'Armeniens ont ete massacres ou ont marche a la mort dans
les derniers jours de l'empire ottoman." Si vous dites que cela n'est
pas vrai, ne traitez-vous pas le president de menteur ?
Et voici la reponse de l'ambassadeur Tan :
"Cette haine doit s'arreter. Nous devrions laisser cela derrière nous
le plus vite possible ? C'est pour cela que nous essayons de nous
rapprocher de nos amis armeniens et que nous avons signe les protocoles
Armenie-Turquie. Dans ces protocoles, l'une des suggestions que nous
y avons fait figurer est que nous voulons une commission d'enquete
independante qui comportera des representants de tous les pays -
des USA, de France, et de n'importe quel pays que vous voudrez.
Ils etudieront ces affirmations et nous verrons leur decision tous
ensemble. Mais on ne peut legiferer sur l'histoire. Ce n'est pas de
cette facon que l'histoire peut etre jugee. Je pense donc que cela
a cree beaucoup de ressentiments dans nos societes. Les Armeniens
ont historiquement beaucoup apporte a notre vie sociale. Nous devons
continuer dans ce type de liens, mais cette haine doit cesser."
J'ai poliment rappele a l'Ambassadeur Tan qu'il n'avait pas repondu
a mes questions. Il a repondu en disant. "C'est cela ma reponse". Il
n'etait probablement pas prepare a faire face a ce genre de questions
politiquement sensibles. En esquivant mes demandes, il a laisse une
impression negative a l'assistance, malgre ses references diplomatiques
très eprouvees.
Après que le programme ait ete acheve, l'Ambassadeur Tan s'approcha,
me serra la main, et me remercia pour mes questions. Je lui dis que
ses suppositions etaient imprecises, car la cause armenienne n'a rien
a faire avec la haine, mais demande simplement justice. L'ambassadeur
se retourna et s'eloigna avec un curieux sourire sur le visage !
Meme si l'ambassadeur Tan a evite de repondre, notre echange public
a eu pour effet positif de montrer a l'audience, a l'ambassadeur et a
son entourage les justes demandes du peuple armenien pour les crimes
commis par la Turquie.
Il ne fait aucun doute qu'il est tout aussi imperatif, en toutes
occasions, de defier les officiels turcs en sorte que ni eux ni leur
audience ne puissent ignorer les griefs armeniens
From: A. Papazian