Le Temps, Suisse
Samedi 30 Avril 2011
La délicate visite du président arménien à Berne
L'accord signé entre Erevan et Ankara en octobre 2009 à Zurich, sous
l'égide de la Suisse, n'a pas eu les effets escomptés. La diaspora
arménienne critique le rôle de Berne en l'accusant de permettre à la
Turquie «d'escamoter sa responsabilité concernant le génocide des
Arméniens»
par Valérie de Graffenried
Le président arménien, Serge Sarkissian, sera mardi en visite
officielle en Suisse. Dans un contexte délicat. Le processus de
réconciliation entre l'Arménie et la Turquie, dans lequel la Suisse a
joué un rôle de médiatrice, a du plomb dans l'aile. Le thème sera
abordé avec Micheline Calmy-Rey. Mais, surtout, des milliers
d'opposants réclamant sa démission se sont rassemblés jeudi à Erevan.
Le moment n'est donc pas des plus favorable pour quitter son pays.
La Suisse a été très active pour tenter de rapprocher l'Arménie et la
Turquie. Ces efforts se sont soldés par la signature, le 10 octobre
2009, à Zurich, d'un accord historique entre les deux parties, en
présence de Micheline Calmy-Rey et de la secrétaire d'Etat américaine,
Hillary Clinton (LT du 09.10.2009). Mais depuis, alors que les
protocoles devaient encore être ratifiés par les parlements arménien
et turc, rien n'a bougé.
Ces protocoles visaient notamment la réouverture de la frontière
commune fermée par la Turquie en 1993, qui soutenait alors
l'Azerbaïdjan dans son conflit avec l'Arménie à propos de l'enclave du
Nagorny-Karabakh. Et la création d'une commission d'historiens pour se
pencher sur la question controversée du génocide des Arméniens de
1915, que la Turquie n'a jamais reconnu.
La diaspora arménienne était remontée contre cet accord et accusait
Serge Sarkissian d'avoir trop cédé. Sarkis Shahinian, président de
l'Association Suisse-Arménie, vient de renouveler ses critiques dans
un communiqué. Il estime que les accords signés sous l'égide de la
Suisse «donnent à la Turquie la possibilité d'escamoter sa
responsabilité concernant le génocide des Arméniens».
La Suisse va-t-elle, mardi, tenter de relancer le processus, comme le
prétend Sarkis Shahinian? «La médiation suisse est formellement
arrivée à son terme avec la signature des protocoles en automne 2009 à
Zurich», livre Lars Knuchel, le porte-parole du Département fédéral
des affaires étrangères (DFAE), pour seul commentaire. En clair: la
Suisse ne bouge pas tant que les deux parties ne lui en font pas la
demande.
Micheline Calmy-Rey était pas plus tard que début avril en Arménie.
Pour inaugurer l'ambassade de Suisse à Erevan et visiter des projets
d'aide suisses. Elle a aussi rencontré Serge Sarkissian. Et le délicat
dossier des contentieux avec la Turquie avait alors bien été abordé.
From: A. Papazian
Samedi 30 Avril 2011
La délicate visite du président arménien à Berne
L'accord signé entre Erevan et Ankara en octobre 2009 à Zurich, sous
l'égide de la Suisse, n'a pas eu les effets escomptés. La diaspora
arménienne critique le rôle de Berne en l'accusant de permettre à la
Turquie «d'escamoter sa responsabilité concernant le génocide des
Arméniens»
par Valérie de Graffenried
Le président arménien, Serge Sarkissian, sera mardi en visite
officielle en Suisse. Dans un contexte délicat. Le processus de
réconciliation entre l'Arménie et la Turquie, dans lequel la Suisse a
joué un rôle de médiatrice, a du plomb dans l'aile. Le thème sera
abordé avec Micheline Calmy-Rey. Mais, surtout, des milliers
d'opposants réclamant sa démission se sont rassemblés jeudi à Erevan.
Le moment n'est donc pas des plus favorable pour quitter son pays.
La Suisse a été très active pour tenter de rapprocher l'Arménie et la
Turquie. Ces efforts se sont soldés par la signature, le 10 octobre
2009, à Zurich, d'un accord historique entre les deux parties, en
présence de Micheline Calmy-Rey et de la secrétaire d'Etat américaine,
Hillary Clinton (LT du 09.10.2009). Mais depuis, alors que les
protocoles devaient encore être ratifiés par les parlements arménien
et turc, rien n'a bougé.
Ces protocoles visaient notamment la réouverture de la frontière
commune fermée par la Turquie en 1993, qui soutenait alors
l'Azerbaïdjan dans son conflit avec l'Arménie à propos de l'enclave du
Nagorny-Karabakh. Et la création d'une commission d'historiens pour se
pencher sur la question controversée du génocide des Arméniens de
1915, que la Turquie n'a jamais reconnu.
La diaspora arménienne était remontée contre cet accord et accusait
Serge Sarkissian d'avoir trop cédé. Sarkis Shahinian, président de
l'Association Suisse-Arménie, vient de renouveler ses critiques dans
un communiqué. Il estime que les accords signés sous l'égide de la
Suisse «donnent à la Turquie la possibilité d'escamoter sa
responsabilité concernant le génocide des Arméniens».
La Suisse va-t-elle, mardi, tenter de relancer le processus, comme le
prétend Sarkis Shahinian? «La médiation suisse est formellement
arrivée à son terme avec la signature des protocoles en automne 2009 à
Zurich», livre Lars Knuchel, le porte-parole du Département fédéral
des affaires étrangères (DFAE), pour seul commentaire. En clair: la
Suisse ne bouge pas tant que les deux parties ne lui en font pas la
demande.
Micheline Calmy-Rey était pas plus tard que début avril en Arménie.
Pour inaugurer l'ambassade de Suisse à Erevan et visiter des projets
d'aide suisses. Elle a aussi rencontré Serge Sarkissian. Et le délicat
dossier des contentieux avec la Turquie avait alors bien été abordé.
From: A. Papazian