Le Point, France
28 Avril 2011
Pour l'Arménie
par Franz-Olivier Giesbert
Peut-on insulter impunément les morts ? Ou bien faut-il une loi qui,
reconnaissant le génocide arménien, réprime les propos abjects de ceux
qui le nient contre toute évidence ? On a assez défendu, ici, le
principe de la liberté d'expression, régulièrement mise en pièces par
notre République, pour n'être pas troublé par l'incroyable
pusillanimité de la classe politique dès lors qu'il s'agit de
l'extermination, de 1915 à 1916, d'un million et demi d'Arméniens par
l'Etat turc.
Circulez, il n'y a rien à voir. Tel est le mot d'ordre. On a encore eu
un exemple de cet état d'esprit avec la conclusion de la commission
des Lois du Sénat sur un texte "tendant à réprimer la contestation de
l'existence du génocide arménien". Si les mots ont un sens, ce qui est
arrivé aux Arméniens en Turquie est bien un des génocides de cet
affreux XXe siècle. Pourquoi ceux qui le nient ne seraient-ils pas
sanctionnés comme les débiles et les tarés qui contestent les 6
millions de morts de la Shoah ? Certes, le rapporteur qui a conclu à
l'irrecevabilité de la proposition de loi rappelle à bon droit, comme
beaucoup d'historiens, que notre République a tort d'abuser des lois
dites mémorielles. Mais il fait franchement rire (jaune) quand il ose
invoquer la raison d'Etat et évoquer les "conséquence diplomatiques
inopportunes" que susciterait l'adoption du texte sur "les relations
bilatérales franco-turques". Comme s'il avait fallu attendre que
l'Allemagne soit d'accord pour reconnaître le génocide perpétré par
les nazis et réprimer ses négationnistes ! Certes, la vérité peut
attendre. Elle a l'habitude. Surtout en Turquie, jusqu'à présent. Mais
elle viendra un jour, parce qu'elle arrive toujours, c'est écrit...
From: A. Papazian
28 Avril 2011
Pour l'Arménie
par Franz-Olivier Giesbert
Peut-on insulter impunément les morts ? Ou bien faut-il une loi qui,
reconnaissant le génocide arménien, réprime les propos abjects de ceux
qui le nient contre toute évidence ? On a assez défendu, ici, le
principe de la liberté d'expression, régulièrement mise en pièces par
notre République, pour n'être pas troublé par l'incroyable
pusillanimité de la classe politique dès lors qu'il s'agit de
l'extermination, de 1915 à 1916, d'un million et demi d'Arméniens par
l'Etat turc.
Circulez, il n'y a rien à voir. Tel est le mot d'ordre. On a encore eu
un exemple de cet état d'esprit avec la conclusion de la commission
des Lois du Sénat sur un texte "tendant à réprimer la contestation de
l'existence du génocide arménien". Si les mots ont un sens, ce qui est
arrivé aux Arméniens en Turquie est bien un des génocides de cet
affreux XXe siècle. Pourquoi ceux qui le nient ne seraient-ils pas
sanctionnés comme les débiles et les tarés qui contestent les 6
millions de morts de la Shoah ? Certes, le rapporteur qui a conclu à
l'irrecevabilité de la proposition de loi rappelle à bon droit, comme
beaucoup d'historiens, que notre République a tort d'abuser des lois
dites mémorielles. Mais il fait franchement rire (jaune) quand il ose
invoquer la raison d'Etat et évoquer les "conséquence diplomatiques
inopportunes" que susciterait l'adoption du texte sur "les relations
bilatérales franco-turques". Comme s'il avait fallu attendre que
l'Allemagne soit d'accord pour reconnaître le génocide perpétré par
les nazis et réprimer ses négationnistes ! Certes, la vérité peut
attendre. Elle a l'habitude. Surtout en Turquie, jusqu'à présent. Mais
elle viendra un jour, parce qu'elle arrive toujours, c'est écrit...
From: A. Papazian