La Voix du Nord
vendredi 29 avril 2011
Le parcours d'une famille armentiéroise, de l'Arménie à l'épicerie fine
Armentières - Angela, Samuel et leurs deux enfants, Anouch et Manuel,
habitent Armentières. Arméniens, réfugiés politiques depuis mai 2006,
ils souhaitent créer leur boutique, une épicerie fine. Ils se donnent
six mois pour trouver un local dans le centre-ville. PAR CATHERINE
QUÉTELARD [email protected] PHOTO « LA VOIX » Ils sont nés
loin d'ici mais c'est ici qu'ils ont trouvé l'asile politique,
souhaitent travailler et élever leurs enfants. « Mon village n'existe
plus », dit simplement Samuel. Habitant Martunashen, village de
l'enclave arménienne en Azerbaïdjan, il n'a eu d'autre choix que de le
quitter en 1991, quand cette ex-république soviétique devient
indépendante et que les Arméniens, chrétiens, n'y sont plus souhaités.
Samuel, né en 1978, part alors à Moscou, en Russie, en 1992. Il étudie
à l'école professionnelle de cuisine avant de travailler durant cinq
ans dans un restaurant français à Moscou.
Cuisinier à Moscou
Il revient en Georgie où il fait la connaissance d'Angela, native
d'Erevan, en Arménie, en visite chez sa tante. Elle n'a pas à fuir son
pays mais choisit de partir avec Samuel, d'abord à Moscou puis à
Lille, où vit la maman de Samuel depuis quatre ans. Sa famille a connu
le sol français une première fois, en 1915, à la suite des poursuites
dont étaient victimes les Arméniens de la part des Turcs. Les
Arméniens viennent de commémorer la mémoire de ce grand nombre de
morts, le 24 avril, jour de Pques. Le grand-père de Samuel a connu
les prisons de Staline, le goulag. Le couple qui a déjà une petite
fille, Anouch, née en juin 2001, en Georgie, vit à Lille dans un petit
studio. À Armentières ils trouvent une maison à louer dans une petite
rue tranquille du quartier de la route d'Houplines. Un petit garçon,
Manuel, est né en août 2007. Les deux enfants sont scolarisés à
Houplines, à l'école Saint-André, une école catholique, un choix
important pour ces chrétiens.
La recherche de travail s'avère difficile pour Samuel à qui les
employeurs objectent que son diplôme culinaire n'est pas européen. Son
statut de réfugié politique lui interdit de passer la frontière belge
pour se faire embaucher. Angela, née en 1981, demandeuse d'emploi,
fait une formation en informatique au GRETA. À Erevan, où sa famille
réside toujours, elle était étudiante en décoration. Ils forment à
deux le projet de créer leur boutique. Et leur projet fait partie des
cinq acceptés par la Boutique de gestion espace, sur les quatorze
dossiers présentés. Ils souhaitent y vendre thé, café et chocolat, de
qualité et belge, et des épices. Angela nous montre l'aneth, le
basilic violet, la coriandre, l'estragon. Cette dernière herbe vient
garnir les sandwichs arméniens avec la salade, l'oeuf et le jambon.
Ils proposeraient aussi d'autres sandwiches, des burritos à la
mexicaine (la soeur d'Angela vit au Mexique), des cup cakes, des
sujets en pte d'amande. L'épicerie fine, « tout ce qu'on ne trouve
pas en grande surface, les petites mesures ». Ajoutons l'accueil en
plus. Qui ne craquerait pas devant le sourire d'Angela ? Ils parlent
russe, anglais, flamand (Samuel) et ont appris le français à l'école
(Instep) à Fives. La communauté arméniene lilloise compte une
cinquantaine de personnes et des cours d'arménien y sont délivrés, que
suivent leurs enfants. Il ne leur reste plus qu'à trouver un local en
centre-ville (60 à 70 m2). Ils se donnent six mois pour le dénicher.
From: A. Papazian
vendredi 29 avril 2011
Le parcours d'une famille armentiéroise, de l'Arménie à l'épicerie fine
Armentières - Angela, Samuel et leurs deux enfants, Anouch et Manuel,
habitent Armentières. Arméniens, réfugiés politiques depuis mai 2006,
ils souhaitent créer leur boutique, une épicerie fine. Ils se donnent
six mois pour trouver un local dans le centre-ville. PAR CATHERINE
QUÉTELARD [email protected] PHOTO « LA VOIX » Ils sont nés
loin d'ici mais c'est ici qu'ils ont trouvé l'asile politique,
souhaitent travailler et élever leurs enfants. « Mon village n'existe
plus », dit simplement Samuel. Habitant Martunashen, village de
l'enclave arménienne en Azerbaïdjan, il n'a eu d'autre choix que de le
quitter en 1991, quand cette ex-république soviétique devient
indépendante et que les Arméniens, chrétiens, n'y sont plus souhaités.
Samuel, né en 1978, part alors à Moscou, en Russie, en 1992. Il étudie
à l'école professionnelle de cuisine avant de travailler durant cinq
ans dans un restaurant français à Moscou.
Cuisinier à Moscou
Il revient en Georgie où il fait la connaissance d'Angela, native
d'Erevan, en Arménie, en visite chez sa tante. Elle n'a pas à fuir son
pays mais choisit de partir avec Samuel, d'abord à Moscou puis à
Lille, où vit la maman de Samuel depuis quatre ans. Sa famille a connu
le sol français une première fois, en 1915, à la suite des poursuites
dont étaient victimes les Arméniens de la part des Turcs. Les
Arméniens viennent de commémorer la mémoire de ce grand nombre de
morts, le 24 avril, jour de Pques. Le grand-père de Samuel a connu
les prisons de Staline, le goulag. Le couple qui a déjà une petite
fille, Anouch, née en juin 2001, en Georgie, vit à Lille dans un petit
studio. À Armentières ils trouvent une maison à louer dans une petite
rue tranquille du quartier de la route d'Houplines. Un petit garçon,
Manuel, est né en août 2007. Les deux enfants sont scolarisés à
Houplines, à l'école Saint-André, une école catholique, un choix
important pour ces chrétiens.
La recherche de travail s'avère difficile pour Samuel à qui les
employeurs objectent que son diplôme culinaire n'est pas européen. Son
statut de réfugié politique lui interdit de passer la frontière belge
pour se faire embaucher. Angela, née en 1981, demandeuse d'emploi,
fait une formation en informatique au GRETA. À Erevan, où sa famille
réside toujours, elle était étudiante en décoration. Ils forment à
deux le projet de créer leur boutique. Et leur projet fait partie des
cinq acceptés par la Boutique de gestion espace, sur les quatorze
dossiers présentés. Ils souhaitent y vendre thé, café et chocolat, de
qualité et belge, et des épices. Angela nous montre l'aneth, le
basilic violet, la coriandre, l'estragon. Cette dernière herbe vient
garnir les sandwichs arméniens avec la salade, l'oeuf et le jambon.
Ils proposeraient aussi d'autres sandwiches, des burritos à la
mexicaine (la soeur d'Angela vit au Mexique), des cup cakes, des
sujets en pte d'amande. L'épicerie fine, « tout ce qu'on ne trouve
pas en grande surface, les petites mesures ». Ajoutons l'accueil en
plus. Qui ne craquerait pas devant le sourire d'Angela ? Ils parlent
russe, anglais, flamand (Samuel) et ont appris le français à l'école
(Instep) à Fives. La communauté arméniene lilloise compte une
cinquantaine de personnes et des cours d'arménien y sont délivrés, que
suivent leurs enfants. Il ne leur reste plus qu'à trouver un local en
centre-ville (60 à 70 m2). Ils se donnent six mois pour le dénicher.
From: A. Papazian