GENOCIDE ARMENIEN : UN SIECLE DE DENEGATION
http://causetoujours.blog.tdg.ch/archive/2011/05/02/genocide-armenien-un-siecle-de-denegation.html
2 mai 2011
Il y a 96 ans, en avril 1915, était déclenché dans ce qui était
encore l'Empire Ottoman, le premier génocide du XXe siècle, que
l'on tienne a la chronologie qui fait commencer ce siècle le 1er
janvier 1901, ou a l'histoire qui le fait commencer au déclenchement
de la Grande Guerre, en 1914. La Ville de Genève a décidé, sur
mandat de son Conseil Municipal unanime, d'ériger sur la Promenade
Saint-Antoine une installation commémorative, non seulement du
génocide des Arméniens, mais aussi des relations séculaires de
Genève avec l'Arménie. Ce geste de la Ville n'a pas été du goÃ"t
d'une association négationniste turque, qui tempête depuis des
semaines pour que la Ville renonce a son travail de mémoire. Et d'en
appeler au Conseil fédéral, et a Micheline Calmy-Rey, pour que la
Confédération sermonne la Commune.
Nier l'évidence et entraver la réconciliation
Les négationnistes turcs du génocide arménien en appellent donc
au gouvernement fédéral suisse pour qu'il dissuade la Ville de
Genève de commémorer le génocide arménien. On commencera donc,
pédagogiquement, par leur rappeler que si le Conseil fédéral est
le gouvernement de la Suisse, Micheline Calmy-Rey la présidente
de la Suisse et sa ministre des affaires étrangères, et que ce
gouvernement, cette présidente, cette ministre, sont en charge de
la raison d'Etat, le Conseil adm,inistratif de la Ville de Genève,
la Maire de Genève, le Conseiller administratif chargé de la culture
ne sont, eux, pas en charge de la raison d'Etat, mais peuvent l'être,
et le sont sur demande du Conseil Municipal, du travail de mémoire,
et de solidarité.
Genève commémore le génocide des Arméniens, comme elle commémore
le génocide des Juifs, comme elle commémore ou devrait commémorer
celui des Tziganes, celui des Tutsis rwandais, celui des Cambodgiens...
c'est un acte de mémoire, pas un acte diplomatique. Et cet acte
de mémoire, c'est le Conseil Municipal de la Ville, a la quasi
unanimité, qui a demandé qu'il soit fait. Que la Confédération
soit en charge de la raison d'Etat n'empêche nullement la Commune
de prendre en charge la raison solidaire et nos Ottomans devraient
s'y résigner : la Suisse est, encore, un Etat démocratique, la
Commune peut, encore, y faire ce que la Confédération s'interdit de
faire pour des raisons diplomatiques, la Maire socialiste de Genève
peut faire ce que la présidente socialiste de la Confédération
s'interdit de faire : un travail de mémoire, pas un travail de
diplomatie. D'ailleurs, il s'agit moins pour la Suisse, pour le Conseil
fédéral, pour Micheline Calmy-Rey, d'aider a la réconciliation des
peuples turc et arménien, mais d'aider a l'établissement de relations
normales entre les Etats de Turquie et d'Arménie. La réconciliation
entre les peuples, c'est l'affaire des peuples. C'est aussi l'affaire
des historiens, des organisations culturelles et politiques, et même
religieuses, et cela suppose la reconnaissance de ce qui entrave cette
réconciliation. Et ce qui entrave cette réconciliation, c'est le
refus de voir la réalité passée en face, le refus d'admettre le
crime passé, la négation du génocide. Ce ne sont pas les Turcs
d'aujourd'hui qui sont coupables du génocide de 1915. Ils n'en
portent la souillure que parce qu'en leur nom ce crime est nié par des
groupes négationnistes qui parasitent le travail de réconciliation
Ce n'est pas le gouvernement turc de 2011 qui a commis le crime de
1915. Il n'en porte la responsabilité que parce qu'il refuse de le
reconnaître. La réconciliation entre les peuples d'Arménie et de
Turquie se fera. Elle se fera malgré les négationnistes, mais elle
se fera. Elle se fait d'ailleurs déja : Les Kurdes de Turquie, et
les Alévis, et de plus en plus d'intellectuels et d'artistes turcs
montrent l'exemple. Le combat des négationnistes n'est pas seulement
un combat odieux, pour l'amnésie ou pour le mensonge, c'est aussi un
combat absurde, parce que déja perdu. Ce que les Kurdes, les Alévis,
les démocrates turcs ont déja reconnu, la Turquie officielle le
reconnaîtra aussi, malgré les cadavres politiques réunis autour
du catafalque d'Ataturk pour nier a la fois la justice et l'évidence.
From: A. Papazian
http://causetoujours.blog.tdg.ch/archive/2011/05/02/genocide-armenien-un-siecle-de-denegation.html
2 mai 2011
Il y a 96 ans, en avril 1915, était déclenché dans ce qui était
encore l'Empire Ottoman, le premier génocide du XXe siècle, que
l'on tienne a la chronologie qui fait commencer ce siècle le 1er
janvier 1901, ou a l'histoire qui le fait commencer au déclenchement
de la Grande Guerre, en 1914. La Ville de Genève a décidé, sur
mandat de son Conseil Municipal unanime, d'ériger sur la Promenade
Saint-Antoine une installation commémorative, non seulement du
génocide des Arméniens, mais aussi des relations séculaires de
Genève avec l'Arménie. Ce geste de la Ville n'a pas été du goÃ"t
d'une association négationniste turque, qui tempête depuis des
semaines pour que la Ville renonce a son travail de mémoire. Et d'en
appeler au Conseil fédéral, et a Micheline Calmy-Rey, pour que la
Confédération sermonne la Commune.
Nier l'évidence et entraver la réconciliation
Les négationnistes turcs du génocide arménien en appellent donc
au gouvernement fédéral suisse pour qu'il dissuade la Ville de
Genève de commémorer le génocide arménien. On commencera donc,
pédagogiquement, par leur rappeler que si le Conseil fédéral est
le gouvernement de la Suisse, Micheline Calmy-Rey la présidente
de la Suisse et sa ministre des affaires étrangères, et que ce
gouvernement, cette présidente, cette ministre, sont en charge de
la raison d'Etat, le Conseil adm,inistratif de la Ville de Genève,
la Maire de Genève, le Conseiller administratif chargé de la culture
ne sont, eux, pas en charge de la raison d'Etat, mais peuvent l'être,
et le sont sur demande du Conseil Municipal, du travail de mémoire,
et de solidarité.
Genève commémore le génocide des Arméniens, comme elle commémore
le génocide des Juifs, comme elle commémore ou devrait commémorer
celui des Tziganes, celui des Tutsis rwandais, celui des Cambodgiens...
c'est un acte de mémoire, pas un acte diplomatique. Et cet acte
de mémoire, c'est le Conseil Municipal de la Ville, a la quasi
unanimité, qui a demandé qu'il soit fait. Que la Confédération
soit en charge de la raison d'Etat n'empêche nullement la Commune
de prendre en charge la raison solidaire et nos Ottomans devraient
s'y résigner : la Suisse est, encore, un Etat démocratique, la
Commune peut, encore, y faire ce que la Confédération s'interdit de
faire pour des raisons diplomatiques, la Maire socialiste de Genève
peut faire ce que la présidente socialiste de la Confédération
s'interdit de faire : un travail de mémoire, pas un travail de
diplomatie. D'ailleurs, il s'agit moins pour la Suisse, pour le Conseil
fédéral, pour Micheline Calmy-Rey, d'aider a la réconciliation des
peuples turc et arménien, mais d'aider a l'établissement de relations
normales entre les Etats de Turquie et d'Arménie. La réconciliation
entre les peuples, c'est l'affaire des peuples. C'est aussi l'affaire
des historiens, des organisations culturelles et politiques, et même
religieuses, et cela suppose la reconnaissance de ce qui entrave cette
réconciliation. Et ce qui entrave cette réconciliation, c'est le
refus de voir la réalité passée en face, le refus d'admettre le
crime passé, la négation du génocide. Ce ne sont pas les Turcs
d'aujourd'hui qui sont coupables du génocide de 1915. Ils n'en
portent la souillure que parce qu'en leur nom ce crime est nié par des
groupes négationnistes qui parasitent le travail de réconciliation
Ce n'est pas le gouvernement turc de 2011 qui a commis le crime de
1915. Il n'en porte la responsabilité que parce qu'il refuse de le
reconnaître. La réconciliation entre les peuples d'Arménie et de
Turquie se fera. Elle se fera malgré les négationnistes, mais elle
se fera. Elle se fait d'ailleurs déja : Les Kurdes de Turquie, et
les Alévis, et de plus en plus d'intellectuels et d'artistes turcs
montrent l'exemple. Le combat des négationnistes n'est pas seulement
un combat odieux, pour l'amnésie ou pour le mensonge, c'est aussi un
combat absurde, parce que déja perdu. Ce que les Kurdes, les Alévis,
les démocrates turcs ont déja reconnu, la Turquie officielle le
reconnaîtra aussi, malgré les cadavres politiques réunis autour
du catafalque d'Ataturk pour nier a la fois la justice et l'évidence.
From: A. Papazian