TURQUIE : LE JOURNALISTE ET EDITEUR RAGIP ZARAKOLU ARRETE
Source/Lien : Reporters Sans Frontieres
Publie le : 02-11-2011
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
propose ce Communique de Presse publie sur le site des Reporters Sans
Frontières le 31 octobre 2011.
Reporters sans frontières condamne avec vigueur l'arrestation de
Ragip Zarakolu, chroniqueur pour le quotidien de gauche Gunlunk
Evrensel et directeur des Editions Belges, au cours d'une rafle
contre des militants pro-kurdes dans la nuit de vendredi 28 octobre
2011 a Istanbul. Une nouvelle fois, l'utilisation abusive de la loi
antiterroriste sert a faire taire les activistes sur la question
difficile des minorites. L'organisation demande sa liberation
immediate.
La vague d'arrestation lancee dans le cadre de l'affaire du KCK (Union
des communautes du Kurdistan, branche du PKK, Parti des travailleurs
kurdes, interdit en Turquie) vendredi soir a Istanbul a touche une
quarantaine de personnes.
Aucun motif officiel d'arrestation n'a ete pour l'instant etabli.
Selon son avocat Ozcan Kilic, il a ete interroge sur plusieurs
articles publies dans la revue pro-kurde Ozgur Gundem, sur des voyages
effectues a l'etranger entre 2001 et 2011 et sur sa participation a
l'inauguration de l'Academie politique d'Istanbul, perquisitionnee
le vendredi 28 octobre). Il a ete entendu par le procureur d'Istanbul
le 31 octobre.
Accuse en août 2010 de propagande terroriste pour avoir publie
l'ouvrage de Mehemt Guler " Le dossier KCK : L'Etat global et
les Kurdes sans Etat ", Ragip Zarakolu avait fait appel de sa
condamnation. Son dossier est depuis examine en cour de cassation.
****************
2 août 2010 Un nouveau procès contre les voix de la minorite kurde
Reporters sans frontières denonce l'ouverture d'un nouveau procès a
l'encontre de Mehmet Guler, auteur du livre " Le dossier KCK : L'Etat
global et les Kurdes sans Etat " et de son editeur, Ragip Zarakolu.
Ils seront juges le 30 septembre prochain par la 10ème chambre de la
cour d'assises d'Istanbul pour " publication de declarations du PKK "
(Parti des travailleurs du Kurdistan) et " propagande du PKK ". S'ils
sont reconnus coupables, ils encourent un minimum de huit mois de
prison. Le PKK est en lutte armee contre la Turquie depuis 1984 et
place sur la liste des organisations terroristes par le gouvernement.
L'ouvrage d'investigation journalistique " Le dossier KCK : L'Etat
global et les Kurdes sans Etat ", a ete publie en mai dernier par les
Editions Belges, sous la direction de Ragip Zarakolu. Le KCK designe
le système politique du PKK, qui a pour projet d'etablir un regime
de " confederalisme democratique " en Turquie. Le livre a ete saisi
par la cour d'assises d'Istanbul dès sa parution, a l'occasion de la
Foire de livre, a Diyarbakir (sud-est de la Turquie).
Le procureur Hakan Karaali a reclame la condamnation du journaliste
et de l'editeur en vertu des articles 6 et 7 de la Loi antiterroriste
(LAT). C'est en vertu de ce texte que de nombreux journalistes des
medias kurdes sont poursuivis et condamnes a de lourdes peines.
L'editeur Ragip Zarakolu a affirme que l'ouvrage avait ete publie
afin d'assurer " le droit a l'information des lecteurs " et de pouvoir
presenter " une autre version des faits ". Mehmet Guler affirme avoir
" evite d'employer un langage qui soit au profit ou au detriment de
quiconque ". " Les partis politiques des Kurdes sont interdits. Des
anciens ministres et maires, des intellectuels, des militants des
droits de l'homme et des avocats sont incarceres. Les citoyens ont
le droit de savoir ce qui se passe. J'ai redige ce livre en toute
objectivite ", s'est defendu l'auteur.
Ragip Zarakolu et Mehmet Guler avaient recemment ete juges en raison
du livre " Des decisions a prendre plus difficiles que la mort
". Le 10 juin dernier, la cour d'assises d'Istanbul avait condamne
Mehmet Guler a 1 an et 3 mois de prison pour " propagande du PKK "
et avait relaxe Ragip Zarakolu. Les deux hommes craignent a present
le verdict de ce nouveau procès.
Reporters sans frontières s'inquiète de la situation des medias et
de la liberte de la presse en Turquie. Les pressions judiciaires et
physiques sont de plus en plus frequentes sur les professionnels des
medias, et en particulier sur les medias kurdes.
L'inquietude de Reporters sans frontières porte egalement sur les
nouvelles resolutions, concernant la diffusion des informations a la
television, adoptees par le gouvernement turc le 15 juillet.
Le ministre de l'Interieur, Besir Atalay, a annonce que le haut conseil
de l'audiovisuel avait determine, avec l'accord des responsables
des chaînes nationales, que " certains principes devaient etre
suivis en situation de risques terroristes et autres circonstances
extraordinaires ". Selon ces " principes ", les chaînes de television
s'engagent a limiter la duree et la frequence des flashs d'information.
Une autre resolution, qui ressemble surtout a une mise en garde a
l'adresse des medias, concerne la responsabilite des chaînes dans
la diffusion " d'emissions, interviews et declarations, qui semblent
donner raison aux actes terroristes, susceptibles d'etre interpretees
comme de la propagande des personnes a l'origine d'attentats ou
encourager de futures attaques " .
Le ministre de l'Interieur s'est felicite de ces " positions très
decisives concernant le terrorisme ". L'Association contemporaine
des journalistes a, elle, critique l'adoption de ces resolutions,
" susceptibles d'entraîner des abus ".
Reporters sans frontières craint que ces formulations imprecises, qui
laissent libre cours a de multiples interpretations, ne poussent les
chaînes d'information a l'autocensure. Ces resolutions, qui viennent
completer la phase judiciaire de la LAT, risquent effectivement
de fournir aux autorites de nouveaux pretextes pour proceder a des
arrestations et engager des procès arbitraires.
Retour a la rubrique
Source/Lien : Reporters Sans Frontieres
Publie le : 02-11-2011
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
propose ce Communique de Presse publie sur le site des Reporters Sans
Frontières le 31 octobre 2011.
Reporters sans frontières condamne avec vigueur l'arrestation de
Ragip Zarakolu, chroniqueur pour le quotidien de gauche Gunlunk
Evrensel et directeur des Editions Belges, au cours d'une rafle
contre des militants pro-kurdes dans la nuit de vendredi 28 octobre
2011 a Istanbul. Une nouvelle fois, l'utilisation abusive de la loi
antiterroriste sert a faire taire les activistes sur la question
difficile des minorites. L'organisation demande sa liberation
immediate.
La vague d'arrestation lancee dans le cadre de l'affaire du KCK (Union
des communautes du Kurdistan, branche du PKK, Parti des travailleurs
kurdes, interdit en Turquie) vendredi soir a Istanbul a touche une
quarantaine de personnes.
Aucun motif officiel d'arrestation n'a ete pour l'instant etabli.
Selon son avocat Ozcan Kilic, il a ete interroge sur plusieurs
articles publies dans la revue pro-kurde Ozgur Gundem, sur des voyages
effectues a l'etranger entre 2001 et 2011 et sur sa participation a
l'inauguration de l'Academie politique d'Istanbul, perquisitionnee
le vendredi 28 octobre). Il a ete entendu par le procureur d'Istanbul
le 31 octobre.
Accuse en août 2010 de propagande terroriste pour avoir publie
l'ouvrage de Mehemt Guler " Le dossier KCK : L'Etat global et
les Kurdes sans Etat ", Ragip Zarakolu avait fait appel de sa
condamnation. Son dossier est depuis examine en cour de cassation.
****************
2 août 2010 Un nouveau procès contre les voix de la minorite kurde
Reporters sans frontières denonce l'ouverture d'un nouveau procès a
l'encontre de Mehmet Guler, auteur du livre " Le dossier KCK : L'Etat
global et les Kurdes sans Etat " et de son editeur, Ragip Zarakolu.
Ils seront juges le 30 septembre prochain par la 10ème chambre de la
cour d'assises d'Istanbul pour " publication de declarations du PKK "
(Parti des travailleurs du Kurdistan) et " propagande du PKK ". S'ils
sont reconnus coupables, ils encourent un minimum de huit mois de
prison. Le PKK est en lutte armee contre la Turquie depuis 1984 et
place sur la liste des organisations terroristes par le gouvernement.
L'ouvrage d'investigation journalistique " Le dossier KCK : L'Etat
global et les Kurdes sans Etat ", a ete publie en mai dernier par les
Editions Belges, sous la direction de Ragip Zarakolu. Le KCK designe
le système politique du PKK, qui a pour projet d'etablir un regime
de " confederalisme democratique " en Turquie. Le livre a ete saisi
par la cour d'assises d'Istanbul dès sa parution, a l'occasion de la
Foire de livre, a Diyarbakir (sud-est de la Turquie).
Le procureur Hakan Karaali a reclame la condamnation du journaliste
et de l'editeur en vertu des articles 6 et 7 de la Loi antiterroriste
(LAT). C'est en vertu de ce texte que de nombreux journalistes des
medias kurdes sont poursuivis et condamnes a de lourdes peines.
L'editeur Ragip Zarakolu a affirme que l'ouvrage avait ete publie
afin d'assurer " le droit a l'information des lecteurs " et de pouvoir
presenter " une autre version des faits ". Mehmet Guler affirme avoir
" evite d'employer un langage qui soit au profit ou au detriment de
quiconque ". " Les partis politiques des Kurdes sont interdits. Des
anciens ministres et maires, des intellectuels, des militants des
droits de l'homme et des avocats sont incarceres. Les citoyens ont
le droit de savoir ce qui se passe. J'ai redige ce livre en toute
objectivite ", s'est defendu l'auteur.
Ragip Zarakolu et Mehmet Guler avaient recemment ete juges en raison
du livre " Des decisions a prendre plus difficiles que la mort
". Le 10 juin dernier, la cour d'assises d'Istanbul avait condamne
Mehmet Guler a 1 an et 3 mois de prison pour " propagande du PKK "
et avait relaxe Ragip Zarakolu. Les deux hommes craignent a present
le verdict de ce nouveau procès.
Reporters sans frontières s'inquiète de la situation des medias et
de la liberte de la presse en Turquie. Les pressions judiciaires et
physiques sont de plus en plus frequentes sur les professionnels des
medias, et en particulier sur les medias kurdes.
L'inquietude de Reporters sans frontières porte egalement sur les
nouvelles resolutions, concernant la diffusion des informations a la
television, adoptees par le gouvernement turc le 15 juillet.
Le ministre de l'Interieur, Besir Atalay, a annonce que le haut conseil
de l'audiovisuel avait determine, avec l'accord des responsables
des chaînes nationales, que " certains principes devaient etre
suivis en situation de risques terroristes et autres circonstances
extraordinaires ". Selon ces " principes ", les chaînes de television
s'engagent a limiter la duree et la frequence des flashs d'information.
Une autre resolution, qui ressemble surtout a une mise en garde a
l'adresse des medias, concerne la responsabilite des chaînes dans
la diffusion " d'emissions, interviews et declarations, qui semblent
donner raison aux actes terroristes, susceptibles d'etre interpretees
comme de la propagande des personnes a l'origine d'attentats ou
encourager de futures attaques " .
Le ministre de l'Interieur s'est felicite de ces " positions très
decisives concernant le terrorisme ". L'Association contemporaine
des journalistes a, elle, critique l'adoption de ces resolutions,
" susceptibles d'entraîner des abus ".
Reporters sans frontières craint que ces formulations imprecises, qui
laissent libre cours a de multiples interpretations, ne poussent les
chaînes d'information a l'autocensure. Ces resolutions, qui viennent
completer la phase judiciaire de la LAT, risquent effectivement
de fournir aux autorites de nouveaux pretextes pour proceder a des
arrestations et engager des procès arbitraires.
Retour a la rubrique