BERLIN : BIENTOT UN MEMORIAL DU GENOCIDE ARMENIEN ?
Collectif VAN
www.collectifvan.org
03-11-2011
"Les Armeniens vivant en Allemagne exigent un memorial pour le 1,5
million de victimes armenienne qui ont perdu la vie lors du genocide
commis par les Ottomans en 1915. Pourquoi a Berlin ? Pourquoi pas
a Ankara ? " Le Collectif VAN vous livre la traduction de cette
interview en allemand parue sur le site du Conseil central des
Armeniens d'Allemagne, le 22 octobre 2011.
Legende photo: Azat Ordukhanyan (a gauche) discute avec Sahin Aydin
Conseil central des Armeniens d'Allemagne
Les Armeniens exigent un memorial a Berlin
22.10.11
Interview de Sahin Aydin avec le president du ZAD, Azat Ordukhanyan
Question : les Armeniens vivant en Allemagne exigent un memorial pour
le 1,5 million de victimes armenienne qui ont perdu la vie lors du
genocide commis par les Ottomans en 1915. Pourquoi a Berlin ? Pourquoi
pas a Ankara ?
A.O. : ce genre de memorial a Ankara est bien sûr a notre ordre du
jour. Toute la diaspora armenienne dans le monde entier est d'accord
sur ce point. Mais premièrement, a ce jour, la Turquie continue de nier
le genocide et elle nous refuse d'exprimer toute marque d'affliction
sur le crime commis a l'epoque. Et deuxièmement la construction d'un
tel memorial ne nous dispenserait pas de notre devoir, ici aussi, de
maintenir vivace le souvenir et de faire de l'histoire un avertissement
pour le futur.
Question : n'allons-nous pas saturer la receptivite de la capitale
allemande, si pour toutes les catastrophes historiques survenues dans
le monde un memorial est erige ?
A.O. : il ne s'agit pas de catastrophes ou de quelconques phenomènes
naturels, il s'agit d'un genocide. Et il ne s'agit pas d'un genocide
survenu quelque part dans le monde mais d'un genocide, auquel l'Empire
allemand, alors l'un des puissants allies de la Turquie, est sous bien
des aspects très lie. Il existe en ce cas une responsabilite historique
commune, que l'Allemagne doit reconnaître. Dans la resolution de
2005, le Bundestag s'est excuse auprès du peuple armenien pour le
rôle negatif de l'Empire et il s'est engage a mener un travail de
memoire et de reconciliation.
Question : vous aimeriez que ce memorial soit construit avant 2015,
date du 100e anniversaire du genocide armenien. Pourquoi maintenant
seulement ?
A.O. : cela fait des annees que le Conseil central des Armeniens
exigent la construction d'un tel monument, un memorial. Mais
apparemment ce n'est qu'aujourd'hui que l'Allemagne est mûre pour ce
projet. En Allemagne aussi la censure a impose le silence pendant
des dizaines d'annees sur la honte de ce genocide, et ensuite les
Parlements democratiques et l'opinion publique ont trouve pendant
longtemps très confortable de laisser ce sujet dans l'ombre. La
candidature officielle de la Turquie a l'Union europeenne a donne
une nouvelle impulsion a la question du genocide armenien.
Question : Au moins, il y a eu la resolution du Bundestag de 2005
sur le thème "Le souvenir et la commemoration des deportations et
des massacres des Armeniens en 1915". C'etait la reconnaissance du
genocide que vous exigiez depuis des annees.
A.O. : Non. Jusqu'a aujourd'hui, nous nous sentons trompes. En verite
cette resolution ne s'inscrit pas dans la realite politique allemande.
En raison de considerations diplomatiques a l'egard de l'auteur du
crime, la Turquie, elle evite de mentionner le terme genocide et elle
offre ainsi a tous les negationnistes une parade pour nier le genocide.
Question : S'il en est ainsi, avez-vous des allies politiques a Berlin
pour ce projet de memorial ?
A.O. : toute personne qui prend au serieux la resolution du Bundestag
est un allie potentiel. Lors des discussions politiques que nous
menons regulièrement avec les divers partis et fractions du pays,
ainsi qu'au niveau federal, nous constatons un grand consensus.
Cependant, il manque encore la volonte politique de realisation d'un
tel projet. Et donc nous y travaillons inlassablement.
Question : Qu'est qui doit changer ?
A.O. : les hommes politiques de Berlin doivent simplement comprendre
que cela n'a plus aucun sens de continuer a vouloir eviter une
reconnaissance officielle du genocide. S'il y a un nouveau consensus,
comme ce fut le cas pour les argumentations orales et ecrites pour
la resolution au Bundestag en 2005, l'accord pour notre memorial peut
etre une simple formalite. Nous sommes très confiants et pensons que
nous obtiendrons non seulement l'approbation mais aussi le soutien
des politiques.
Question : est-ce que cela signifie qu'il faudra une nouvelle
resolution au Parlement dans laquelle le terme genocide sera clairement
enonce ?
A.O. : nous pensons qu'une telle resolution est urgente, car
l'utilisation correcte du terme genocide est legalement bien plus
contraignante au regard du droit international. La construction d'un
memorial doit donc etre precedee par une nouvelle resolution. Cela
necessite simplement de la bonne volonte politique de la part de tous
les participants
Question : cette bonne volonte manque-t-elle ?
A.O. : de fait, la volonte politique manquait depuis des annees. Mais
cela a change. Aujourd'hui, comme nous le redisons, la volonte de
nous soutenir existe vraiment. Mais il manque encore la coherence
politique. La politique exterieure allemande est contradictoire,
sa motivation est souvent difficile a suivre. Il faut une nouvelle
reorientation. La politique exterieure du gouvernement federal n'a
rien fait pour la normalisation des relations entre les Republiques
d'Armenie et de Turquie et rien non plus pour la reconciliation entre
Armeniens et Turcs, comme le Bundestag l'avait exige en 2005.
L'Allemagne doit enfin se soucier de motiver la Turquie a se
reconcilier durablement avec l'Armenie et a reconnaître le genocide.
Mais comment cela peut-il se faire tant que l'Allemagne elle-meme
n'a pas reconnu le genocide ? Tout un monde separe encore les belles
paroles et la dure realite.
Question : comment voulez-vous changer cela ?
A.O. : Nous allons devoir mettre les bouchees doubles. Un travail
dur et consequent nous attend et nous voulons lancer un signal
clair. Et avec ce memorial nous lancerons ce message. Nous trouverons
suffisamment d'allies qui nous soutiendront politiquement et dans
ce projet.
Question : venons-en au côte pratique. Comment imaginez-vous ce
memorial. Existe-t-il deja des plans ? Quelle sera sa taille, où
sera-t-il ? Combien coûtera-t-il ?
A.O. : Le ZAD suit ce projet avec le diocèse de l'Eglise armenienne
en Allemagne. Le memorial doit etre erige dans un lieu public, doit
se trouver non loin du Reichstag manifestant ainsi le lien avec nos
valeurs democratiques. Il aura un rapport avec le grand monument
de l'holocauste et sera aussi un symbole pour la vie armenienne
qui renait en Allemagne. En outre, il serait le symbole d'un geste
conciliant de notre patrie d'aujourd'hui qui nous a si honteusement
abandonnes a l'epoque. Il n'y a pas encore de projet concret, mais
seulement les premières esquisses d'idees. Nous projetons d'organiser
un concours d'artistes armeniens vivant en Allemagne. En fait, nous
pouvons realiser ce memorial relativement vite. Cependant, il a besoin
d'un soutien non seulement ideel, mais egalement financier. Nous ne
voulons pas calculer les frais aujourd'hui. Mais ce plan n'echouera
pas a cause du financement !
-Merci de cette interview.
Azat Ordukhanyan, ne a Erevan, Armenie. A etudie en Armenie et en
Allemagne. Historien. Vit a Bochum. Diplôme de la Ruhr-Universitat
Bochum. President de l'Association des historiens armeniens 1860 e.V.,
President du Conseil central des Armeniens d'Allemagne.
Questions : Sahin Aydin Reponses : president de ZAD, Azat Ordukhanyan
©Traduction de l'allemand C.Gardon pour le Collectif VAN - 28 octobre
2011 - 07:10 - www.collectifvan.org
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Source/Lien : Conseil central des Armeniens d'Allemagne
Collectif VAN
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03-11-2011
"Les Armeniens vivant en Allemagne exigent un memorial pour le 1,5
million de victimes armenienne qui ont perdu la vie lors du genocide
commis par les Ottomans en 1915. Pourquoi a Berlin ? Pourquoi pas
a Ankara ? " Le Collectif VAN vous livre la traduction de cette
interview en allemand parue sur le site du Conseil central des
Armeniens d'Allemagne, le 22 octobre 2011.
Legende photo: Azat Ordukhanyan (a gauche) discute avec Sahin Aydin
Conseil central des Armeniens d'Allemagne
Les Armeniens exigent un memorial a Berlin
22.10.11
Interview de Sahin Aydin avec le president du ZAD, Azat Ordukhanyan
Question : les Armeniens vivant en Allemagne exigent un memorial pour
le 1,5 million de victimes armenienne qui ont perdu la vie lors du
genocide commis par les Ottomans en 1915. Pourquoi a Berlin ? Pourquoi
pas a Ankara ?
A.O. : ce genre de memorial a Ankara est bien sûr a notre ordre du
jour. Toute la diaspora armenienne dans le monde entier est d'accord
sur ce point. Mais premièrement, a ce jour, la Turquie continue de nier
le genocide et elle nous refuse d'exprimer toute marque d'affliction
sur le crime commis a l'epoque. Et deuxièmement la construction d'un
tel memorial ne nous dispenserait pas de notre devoir, ici aussi, de
maintenir vivace le souvenir et de faire de l'histoire un avertissement
pour le futur.
Question : n'allons-nous pas saturer la receptivite de la capitale
allemande, si pour toutes les catastrophes historiques survenues dans
le monde un memorial est erige ?
A.O. : il ne s'agit pas de catastrophes ou de quelconques phenomènes
naturels, il s'agit d'un genocide. Et il ne s'agit pas d'un genocide
survenu quelque part dans le monde mais d'un genocide, auquel l'Empire
allemand, alors l'un des puissants allies de la Turquie, est sous bien
des aspects très lie. Il existe en ce cas une responsabilite historique
commune, que l'Allemagne doit reconnaître. Dans la resolution de
2005, le Bundestag s'est excuse auprès du peuple armenien pour le
rôle negatif de l'Empire et il s'est engage a mener un travail de
memoire et de reconciliation.
Question : vous aimeriez que ce memorial soit construit avant 2015,
date du 100e anniversaire du genocide armenien. Pourquoi maintenant
seulement ?
A.O. : cela fait des annees que le Conseil central des Armeniens
exigent la construction d'un tel monument, un memorial. Mais
apparemment ce n'est qu'aujourd'hui que l'Allemagne est mûre pour ce
projet. En Allemagne aussi la censure a impose le silence pendant
des dizaines d'annees sur la honte de ce genocide, et ensuite les
Parlements democratiques et l'opinion publique ont trouve pendant
longtemps très confortable de laisser ce sujet dans l'ombre. La
candidature officielle de la Turquie a l'Union europeenne a donne
une nouvelle impulsion a la question du genocide armenien.
Question : Au moins, il y a eu la resolution du Bundestag de 2005
sur le thème "Le souvenir et la commemoration des deportations et
des massacres des Armeniens en 1915". C'etait la reconnaissance du
genocide que vous exigiez depuis des annees.
A.O. : Non. Jusqu'a aujourd'hui, nous nous sentons trompes. En verite
cette resolution ne s'inscrit pas dans la realite politique allemande.
En raison de considerations diplomatiques a l'egard de l'auteur du
crime, la Turquie, elle evite de mentionner le terme genocide et elle
offre ainsi a tous les negationnistes une parade pour nier le genocide.
Question : S'il en est ainsi, avez-vous des allies politiques a Berlin
pour ce projet de memorial ?
A.O. : toute personne qui prend au serieux la resolution du Bundestag
est un allie potentiel. Lors des discussions politiques que nous
menons regulièrement avec les divers partis et fractions du pays,
ainsi qu'au niveau federal, nous constatons un grand consensus.
Cependant, il manque encore la volonte politique de realisation d'un
tel projet. Et donc nous y travaillons inlassablement.
Question : Qu'est qui doit changer ?
A.O. : les hommes politiques de Berlin doivent simplement comprendre
que cela n'a plus aucun sens de continuer a vouloir eviter une
reconnaissance officielle du genocide. S'il y a un nouveau consensus,
comme ce fut le cas pour les argumentations orales et ecrites pour
la resolution au Bundestag en 2005, l'accord pour notre memorial peut
etre une simple formalite. Nous sommes très confiants et pensons que
nous obtiendrons non seulement l'approbation mais aussi le soutien
des politiques.
Question : est-ce que cela signifie qu'il faudra une nouvelle
resolution au Parlement dans laquelle le terme genocide sera clairement
enonce ?
A.O. : nous pensons qu'une telle resolution est urgente, car
l'utilisation correcte du terme genocide est legalement bien plus
contraignante au regard du droit international. La construction d'un
memorial doit donc etre precedee par une nouvelle resolution. Cela
necessite simplement de la bonne volonte politique de la part de tous
les participants
Question : cette bonne volonte manque-t-elle ?
A.O. : de fait, la volonte politique manquait depuis des annees. Mais
cela a change. Aujourd'hui, comme nous le redisons, la volonte de
nous soutenir existe vraiment. Mais il manque encore la coherence
politique. La politique exterieure allemande est contradictoire,
sa motivation est souvent difficile a suivre. Il faut une nouvelle
reorientation. La politique exterieure du gouvernement federal n'a
rien fait pour la normalisation des relations entre les Republiques
d'Armenie et de Turquie et rien non plus pour la reconciliation entre
Armeniens et Turcs, comme le Bundestag l'avait exige en 2005.
L'Allemagne doit enfin se soucier de motiver la Turquie a se
reconcilier durablement avec l'Armenie et a reconnaître le genocide.
Mais comment cela peut-il se faire tant que l'Allemagne elle-meme
n'a pas reconnu le genocide ? Tout un monde separe encore les belles
paroles et la dure realite.
Question : comment voulez-vous changer cela ?
A.O. : Nous allons devoir mettre les bouchees doubles. Un travail
dur et consequent nous attend et nous voulons lancer un signal
clair. Et avec ce memorial nous lancerons ce message. Nous trouverons
suffisamment d'allies qui nous soutiendront politiquement et dans
ce projet.
Question : venons-en au côte pratique. Comment imaginez-vous ce
memorial. Existe-t-il deja des plans ? Quelle sera sa taille, où
sera-t-il ? Combien coûtera-t-il ?
A.O. : Le ZAD suit ce projet avec le diocèse de l'Eglise armenienne
en Allemagne. Le memorial doit etre erige dans un lieu public, doit
se trouver non loin du Reichstag manifestant ainsi le lien avec nos
valeurs democratiques. Il aura un rapport avec le grand monument
de l'holocauste et sera aussi un symbole pour la vie armenienne
qui renait en Allemagne. En outre, il serait le symbole d'un geste
conciliant de notre patrie d'aujourd'hui qui nous a si honteusement
abandonnes a l'epoque. Il n'y a pas encore de projet concret, mais
seulement les premières esquisses d'idees. Nous projetons d'organiser
un concours d'artistes armeniens vivant en Allemagne. En fait, nous
pouvons realiser ce memorial relativement vite. Cependant, il a besoin
d'un soutien non seulement ideel, mais egalement financier. Nous ne
voulons pas calculer les frais aujourd'hui. Mais ce plan n'echouera
pas a cause du financement !
-Merci de cette interview.
Azat Ordukhanyan, ne a Erevan, Armenie. A etudie en Armenie et en
Allemagne. Historien. Vit a Bochum. Diplôme de la Ruhr-Universitat
Bochum. President de l'Association des historiens armeniens 1860 e.V.,
President du Conseil central des Armeniens d'Allemagne.
Questions : Sahin Aydin Reponses : president de ZAD, Azat Ordukhanyan
©Traduction de l'allemand C.Gardon pour le Collectif VAN - 28 octobre
2011 - 07:10 - www.collectifvan.org
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