UNE CHAIRE SUR LES GENOCIDES.
Stephane
armenews.com
lundi 7 novembre 2011
La SNCF poursuit son travail de memoire
La SNCF signe vendredi 4 novembre une convention avec Sciences-Po
Bordeaux pour creer une chaire sur les genocides.
Depuis quelques mois, l'entreprise publique multiplie les actions
pour s'excuser de son rôle dans la Shoah.
" Je veux dire la profonde douleur et les regrets de la SNCF pour les
consequences des actes de la SNCF de l'epoque ", declarait pour la
première fois en janvier dernier, Guillaume Pepy, le president de la
SNCF, lors d'une ceremonie a la gare de Bobigny (Seine-Saint- Denis),
d'où une partie des 22 407 internes de Drancy fut envoyee vers les
camps de la mort. L'entreprise franchit aujourd'hui un nouveau pas dans
sa demarche de repentance en signant une convention qui fera d'elle
le parrain et mecène d'une chaire sur les genocides cree a Sciences-Po
Bordeaux. " C'est un cours optionnel, qui a suscite une forte demande
puisque 130 elèves se sont deja inscrits ", fait remarquer Jean Petaux,
directeur des relations exterieures de l'etablissement.
L'idee avait ete lancee en 2009 par des etudiants de cette
grande ecole après un voyage de la " memoire " de quelques-uns a
Auschwitz-Birkenau. Dans ce cours de douze heures, le professeur Alban
Perrin, ingenieur d'etudes au memorial de la Shoah a Paris, compare
les trois grands genocides du XXe siècle : armenien, juif et tutsi.
Selon cet historien, on ne peut parler de genocide que lorsque il y
a une " destruction intentionnelle programmee et systematique de tous
les individus d'un groupe humain ". " Ce cours nous permet d'analyser
de facon brute ces evenements, sans nous laisser deborder par l'emotion
", souligne Betty, etudiante en 3e annee.
C'est dans cet etat d'esprit que s'inscrit la SNCF en financant cette
chaire. " Le devoir de memoire est important, mais le vrai enjeu,
aujourd'hui, c'est d'aider a eduquer les generations nouvelles sur
ce sujet ", explique Bernard Emsellem, directeur general delegue
aux responsabilites societales. Depuis près d'un an, la compagnie a
multiplie les actions en ce sens avec, entre autres, la creation un
site Internet en anglais sur la Shoah. Celui-ci evoque le rôle de la
SNCF dans la deportation mais rappelle egalement celui des cheminots
dans la resistance.
À l'epoque, certains y avaient vu une demarche interessee de
l'entreprise publique pour decrocher, avec Alstom, le marche des lignes
a grande vitesse en Floride et en Californie, estimes a une dizaine
de milliards d'euros. Des familles de rescapes vivant aux Etats-Unis
et des elus avaient demande a la SNCF de s'expliquer sur son rôle
dans la deportation des juifs et, eventuellement, d'indemniser les
descendants. " C'est faux, retorque Bernard Emsellem.
Cela fait vingt ans que nous travaillons sur notre devoir de memoire.
Nos archives sont ouvertes au grand public depuis 1995 et viennent
d'ailleurs d'etre numerisees. "
Environ 75 000 juifs de France ont ete deportes pendant l'occupation
nazie et seuls 2 500 sont revenus vivants des camps de concentration.
" La SNCF a agi sous la contrainte ", a maintes fois repete Guillaume
Pepy. La compagnie n'a jamai s ete condamnee par la justice pour sa
responsabilite dans le transport de deportes.
NICOLAS CESAR (a Bordeaux)
Stephane
armenews.com
lundi 7 novembre 2011
La SNCF poursuit son travail de memoire
La SNCF signe vendredi 4 novembre une convention avec Sciences-Po
Bordeaux pour creer une chaire sur les genocides.
Depuis quelques mois, l'entreprise publique multiplie les actions
pour s'excuser de son rôle dans la Shoah.
" Je veux dire la profonde douleur et les regrets de la SNCF pour les
consequences des actes de la SNCF de l'epoque ", declarait pour la
première fois en janvier dernier, Guillaume Pepy, le president de la
SNCF, lors d'une ceremonie a la gare de Bobigny (Seine-Saint- Denis),
d'où une partie des 22 407 internes de Drancy fut envoyee vers les
camps de la mort. L'entreprise franchit aujourd'hui un nouveau pas dans
sa demarche de repentance en signant une convention qui fera d'elle
le parrain et mecène d'une chaire sur les genocides cree a Sciences-Po
Bordeaux. " C'est un cours optionnel, qui a suscite une forte demande
puisque 130 elèves se sont deja inscrits ", fait remarquer Jean Petaux,
directeur des relations exterieures de l'etablissement.
L'idee avait ete lancee en 2009 par des etudiants de cette
grande ecole après un voyage de la " memoire " de quelques-uns a
Auschwitz-Birkenau. Dans ce cours de douze heures, le professeur Alban
Perrin, ingenieur d'etudes au memorial de la Shoah a Paris, compare
les trois grands genocides du XXe siècle : armenien, juif et tutsi.
Selon cet historien, on ne peut parler de genocide que lorsque il y
a une " destruction intentionnelle programmee et systematique de tous
les individus d'un groupe humain ". " Ce cours nous permet d'analyser
de facon brute ces evenements, sans nous laisser deborder par l'emotion
", souligne Betty, etudiante en 3e annee.
C'est dans cet etat d'esprit que s'inscrit la SNCF en financant cette
chaire. " Le devoir de memoire est important, mais le vrai enjeu,
aujourd'hui, c'est d'aider a eduquer les generations nouvelles sur
ce sujet ", explique Bernard Emsellem, directeur general delegue
aux responsabilites societales. Depuis près d'un an, la compagnie a
multiplie les actions en ce sens avec, entre autres, la creation un
site Internet en anglais sur la Shoah. Celui-ci evoque le rôle de la
SNCF dans la deportation mais rappelle egalement celui des cheminots
dans la resistance.
À l'epoque, certains y avaient vu une demarche interessee de
l'entreprise publique pour decrocher, avec Alstom, le marche des lignes
a grande vitesse en Floride et en Californie, estimes a une dizaine
de milliards d'euros. Des familles de rescapes vivant aux Etats-Unis
et des elus avaient demande a la SNCF de s'expliquer sur son rôle
dans la deportation des juifs et, eventuellement, d'indemniser les
descendants. " C'est faux, retorque Bernard Emsellem.
Cela fait vingt ans que nous travaillons sur notre devoir de memoire.
Nos archives sont ouvertes au grand public depuis 1995 et viennent
d'ailleurs d'etre numerisees. "
Environ 75 000 juifs de France ont ete deportes pendant l'occupation
nazie et seuls 2 500 sont revenus vivants des camps de concentration.
" La SNCF a agi sous la contrainte ", a maintes fois repete Guillaume
Pepy. La compagnie n'a jamai s ete condamnee par la justice pour sa
responsabilite dans le transport de deportes.
NICOLAS CESAR (a Bordeaux)