JUPPE : PARIS ACCUEILLERAIT UNE COMMISSION SUR LE GENOCIDE ARMENIEN
Source/Lien : Ministere des Affaires etrangeres
Publie le : 18-11-2011
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Alain Juppe, Ministre
d'Etat et Ministre des Affaires etrangères, a declare durant
la conference de presse conjointe qu'il a tenue ce vendredi 18
novembre 2011 a Ankara avec son homologue turc Ahmet Davutoglu :
"Concernant les evenements de 1915 - ce que le Parlement francais a
reconnu comme le genocide contre les Armeniens -, c'est une question
extremement difficile, j'en ai bien conscience. (...) Nous savons que
cette periode est très douloureuse pour la Turquie, pour les Turcs,
mais aussi pour les Armeniens. (...) J'ai donc pris bonne note de
la disponibilite de la Turquie a participer a ce travail de memoire
dans une commission qui serait bien sûr elargie aux Armeniens. Je
soumettrai cette proposition au president de la Republique francaise.
Si Paris pouvait accueillir une telle reunion pour commencer au
moins ce dialogue, je pense que ce serait une avancee extremement
importante."
Que dire... Alain Juppe a-t-il lu "Les Assassins de la Memoire" de
Pierre Vidal-Naquet ? L'historien y ecrivait : " Mettons-nous a la
place des minorites armeniennes un peu partout dans le monde.
Imaginons Faurisson ministre, Faurisson general, Faurisson ambassadeur,
Faurisson membre influent des Nations unies, Faurisson repondant
dans la presse chaque fois qu'il est question du genocide des Juifs,
bref un Faurisson d'Etat double d'un Faurisson international ".
Paris accueillerait-il un Faurisson, membre d'une commission pour
definir ce que fut la Shoah ? Cela serait-il "une avancee extremement
importante" pour la verite historique ? Certainement pas.
Pourquoi cela serait-ce alors le cas pour l'Etat "faurissonien" turc
qui a pour but d'imposer dans le monde son negationnisme du genocide
armenien ?
Puisque la France est soucieuse de favoriser l'emergence d'un dialogue
"armeno-turc", elle se doit de demander la liberation de l'editeur
turc Ragip Zarakolu, incarcere pour terrorisme depuis deux semaines et
dont le "crime" reel est d'avoir brise le tabou du genocide armenien
en Turquie. Cet humaniste renomme a amorce avec courage le travail
de memoire qu'Alain Juppe semble souhaiter (pour le dossier complet
recapitulant les petitions, les communiques internationaux et les
articles, cliquez ICI).
La raison de la visite d'Alain Juppe n'etait-elle pas la defense de
la liberte d'expression... ? Certes. Mais il s'agissait de la Syrie...
Les opposants turcs et kurdes, eux, peuvent croupir en prison.
Remarquons d'ailleurs que cette conference de presse d'Ankara
passe totalement sous silence la repression des minorites (kurde en
particulier) et les violations incessantes a l'encontre de la liberte
d'expression en Turquie.
Au contraire, Alain Juppe confirme : "Nous sommes pleinement solidaires
de l'action de la Turquie dans la lutte contre le terrorisme et nous
soutenons ces efforts (...) nous faisons tout notre possible pour
lutter contre le terrorisme du PKK".
Or, le Quai d'Orsay ne peut ignorer que les intellectuels et
journalistes arretes en Turquie, le sont justement sur la base
d'accusations mensongères de "terrorisme"...
Eh oui, si vous l'ignoriez, sachez que "Liberte d'opinion" se traduit
en turc par " Terorizm ".
Enfin, notons la gene evidente d'Alain Juppe qui se cache derrière
la decision du parlement francais pour qualifier de "genocide"
"les evenements de 1915".
Remercions-le quand meme : dans sa grande compassion, notre ministre
des Affaires etrangères reconnaît que "cette periode [1915] est
très douloureuse pour la Turquie, pour les Turcs, mais aussi pour
les Armeniens."
Ouf, on a bien lu : "mais aussi pour les Armeniens".
On a pense un instant qu'un genocide n'etait douloureux que pour ceux
qui l'avaient perpetre.
Un peu comme si l'on disait : "Le viol est un moment difficile a
vivre pour le violeur. Mais aussi pour la victime"; "Le meurtre est
un moment très douloureux a vivre pour le criminel. Mais aussi pour
la personne assassinee"...
Il est vrai qu'il ne s'agit ici "que" du meurtre d'une Nation...
Visiblement, ca change la donne, mais pas dans le bon sens.
Collectif VAN
Lire le Communique du Collectif VAN diffuse dans la nuit de jeudi 17
au vendredi 18 novembre 2011, aux medias et aux instances politiques
francaises et turques :
Turquie : quel modèle pour le monde arabe ?.
DEPLACEMENT EN TURQUIE CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE DU MINISTRE
D'ETAT, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGÈRES ET EUROPEENNES, ALAIN JUPPE,
ET DU MINISTRE TURC DES AFFAIRES ETRANGÈRES, AHMET DAVUTOGLU - PROPOS
DE M. JUPPE -
(Ankara, 18 novembre 2011)
Monsieur le Ministre,
C'est avec un très grand plaisir que je suis aujourd'hui a Ankara, et
que j'etais hier soir et cet après-midi a Istanbul. La Turquie est un
pays que j'aime depuis longtemps. Nous avons d'excellentes relations
personnelles et je suis toujours très heureux de parler avec vous.
Enfin, en tant que ministre des Affaires etrangères mais aussi homme
politique francais, j'attache la plus grande importance a la qualite
des relations entre la France et la Turquie.
La Turquie est un grand pays, un pays dont la puissance economique
s'affirme jour après jour. C'est aussi un pays qui joue un rôle tout
a fait strategique, non seulement dans la region mais egalement sur
la scène mondiale.
De ce point de vue, je voudrais rappeler que, lors de la reunion
du G20 a Cannes a laquelle la Turquie participait, il a ete decide
que la Presidence du G20 serait assumee en 2015 par la Turquie. Le
president Sarkozy y a particulièrement ~\uvre et cela permettra a la
Turquie d'affirmer son leadership sur le plan international.
Nous avons constate, dans nos discussions, beaucoup de points
d'accords et un certain nombre de points de divergence. J'ai aborde
toutes ces questions depuis mon arrivee. Hier soir, a Istanbul, dans
un excellent entretien que j'ai eu avec le Premier ministre Erdogan,
nous avons commence a travailler. Ce matin, j'etais devant le Bureau
de la Commission des Affaires etrangères de la grande Assemblee
nationale. Et, dans quelques instants, j'aurai le privilège d'etre
recu par le president de la Republique.
Tous ces entretiens ont ete extremement chaleureux et francs, comme
on a l'habitude de dire dans le langage diplomatique.
Qu'est-ce qui va bien entre nous ?
D'abord, sur le plan bilateral, beaucoup de choses. Nos relations
economiques sont bonnes. Nous allons très vraisemblablement atteindre
l'objectif de 15 milliards d'euros d'echanges commerciaux que nous
nous etions fixes. Nous n'en sommes pas loin pour cette annee :
on nous donne le chiffre de 13 milliards. Beaucoup d'entreprises
francaises investissent en Turquie et nous souhaitons que des
entreprises turques puissent investir en France. Il y a egalement
des domaines dans lesquels notre cooperation peut se developper,
je pense notamment au nucleaire civil.
Nos liens culturels sont très etroits pour des raisons que vous
connaissez : historiques mais aussi actuelles. La Saison de la Turquie
en France a ete un grand succès. Nous souhaitons developper l'activite
de nos centres culturels et j'ai propose a M. Ahmet Davutoglu un projet
d'accord sur le statut de nos centres culturels qui permettrait de
regler un certain nombre de difficultes liees au passe.
Vous savez que, depuis quelques annees, je preside aussi le comite de
parrainage de Galatasaray. C'est une realisation exemplaire puisque
l'Universite Galatasaray, qui est une universite turque dans laquelle
on enseigne en francais, est l'une des meilleures universites du pays.
Cet après-midi, a Istanbul, j'installerai un club d'entreprises
puisqu'un groupe d'entreprises francaises ont accepte de se mobiliser
pour soutenir l'effort de developpement de Galatasaray.
Un autre sujet où notre cooperation bilaterale est excellente et que
je voudrais rapidement evoquer, c'est la lutte contre le terrorisme.
La France est directement concernee par la menace terroriste. Je
voudrais rappeler que c'est le pays europeen qui a eu le plus, helas,
de prises d'otages au cours de la dernière periode. Certains viennent
d'etre liberes au Yemen, d'autres sont encore prisonniers d'Al Qaïda
au Maghreb islamique dans le Sahel, ou des Shebab en Somalie.
Nous sommes donc pleinement solidaires de l'action de la Turquie
dans la lutte contre le terrorisme et nous soutenons ces efforts. Le
deplacement, il y a quelques jours, de Claude Gueant, notre ministre
de l'Interieur, a ete très positif : un accord de cooperation sur la
securite interieure a ete conclu et nous faisons tout notre possible
pour lutter contre le terrorisme du PKK.
Je rappelais que plus d'une centaine de terroristes ou presumes tels
ont ete arretes en France depuis 2010. Notre determination est donc
tout a fait entière.
Voila ce qui va bien sur le plan bilateral.
Alors, il y a des choses qui vont moins bien ; il faut les aborder
de front.
Sur la question de l'entree de la Turquie dans l'Union europeenne ;
je ne reviendrai pas sur la position de la France que vous connaissez
et qui consiste a dire que les conditions ne semblent pas reunies
aujourd'hui.
L'Union europeenne est a un moment tout a fait strategique de son
histoire. Nous sommes confrontes a des difficultes qui ne sont
pas simplement financières mais qui sont egalement des difficultes
d'organisation. Et je pense qu'il est temps pour l'Europe de reflechir
aux reformes qui sont necessaires en son sein pour refonder d'une
certaine manière la construction europeenne. Il faut donc que nous
fassions ce travail ensemble entre les Vingt-sept avant de progresser
dans l'elargissement de l'Union europeenne.
Cela dit, des etapes peuvent etre franchies. Je pense que sur
la question de l'accord de readmission, de facilitation, puis de
liberalisation des visas, il y a des possibilites de progrès. Nous
avons fait des propositions. Je connais la position actuelle de
la Turquie mais, parlons-en, je crois qu'il est possible d'aller
de l'avant.
Sur les chapitres de negociation, je voudrais aussi rappeler que
c'est sous la presidence francaise que l'on a ouvert deux nouveaux
chapitres et cela ne s'est pas reproduit depuis. Nous ne sommes pas
opposes et nous sommes meme favorables a ce que l'on ouvre trois
nouveaux chapitres. Et ceux qui sont bloques par ailleurs ne le
sont pas toujours du fait de la France ; la question de Chypre, de
ce point de vue-la, pour nous, est extremement sensible et il faut
trouver une solution dans le cadre du schema qui a ete propose par
les Nations unies.
Concernant les evenements de 1915 - ce que le Parlement francais a
reconnu comme le genocide contre les Armeniens -, c'est une question
extremement difficile, j'en ai bien conscience. Nous n'avons pas de
lecon a donner, mais nous pensons que toute grande nation s'honore en
faisant un travail de memoire sur son passe ; la France a essaye de le
faire sur certaines periodes très douloureuses de son histoire. Nous
savons que cette periode est très douloureuse pour la Turquie, pour
les Turcs, mais aussi pour les Armeniens.
J'ai donc pris bonne note de la disponibilite de la Turquie a
participer a ce travail de memoire dans une commission qui serait
bien sûr elargie aux Armeniens. Je soumettrai cette proposition au
president de la Republique francaise. Si Paris pouvait accueillir
une telle reunion pour commencer au moins ce dialogue, je pense que
ce serait une avancee extremement importante.
Enfin, je reviens a ce qui va bien entre nous en evoquant certaines
questions internationales. J'ai pu constater que, sur bien des sujets,
nous etions tout a fait en phase.
Je pense a l'Afghanistan ; la conference qui s'est tenue a Istanbul
la semaine dernière - a laquelle, malheureusement, je n'ai pas pu
participer mais où la France etait representee par M. de Raincourt -
a ete très positive. Nous travaillons, main dans la main, avec la
Turquie pour preparer l'après-2014 en Afghanistan et nous avons
manifeste notre volonte de cooperer avec ce pays.
Nous avons aussi constate des positions tout a fait convergentes
desormais - après une periode d'ajustement au debut - sur la Libye,
ainsi qu'une totale conformite de vues sur la Syrie. Nous pensons,
France et Turquie, que la situation n'est plus tenable et que malgre
tous les appels qui ont ete lances aux autorites syriennes pour que le
regime se reforme - et je salue la mediation de la Turquie a plusieurs
reprises -, elles n'ont rien voulu savoir. Ce matin encore, des
villages du nord de la Syrie ont ete bombardes par l'armee syrienne.
Nous appelons bien sûr l'opposition a rester sur la ligne qui est la
sienne depuis le debut, c'est-a-dire le refus de la violence. Mais
je pense que le moment est venu d'unir nos efforts pour accentuer
les sanctions. Nous soutenons ensemble une resolution a l'Assemblee
generale des Nations unies. La France est tout a fait desireuse de
travailler en etroite liaison avec la Ligue arabe, avec la Turquie,
avec tous les pays de la region et a travailler aussi avec l'opposition
syrienne qui fait preuve de beaucoup de courage.
Ce qui m'a beaucoup frappe aussi, c'est notre convergence de vues sur
l'ensemble des Printemps arabes. Je crois qu'il est très important de
bien souligner que la France et la Turquie ont la meme approche de ce
phenomène historique ; l'aspiration des peuples a la liberte, a la
democratie, au respect de l'Etat de droit, des droits de l'Homme et
des droits de la Femme, est une aspiration irrepressible, que personne
n'arretera. Notre diplomatie est fortement engagee dans le soutien a
ces mouvements. J'ai insiste sur le fait que la Turquie, de ce point
de vue-la, dans notre reflexion sur Islam et democratie, peut etre
une reference et un exemple auquel nous sommes très attentifs.
Voila ce que je souhaitais vous dire. En tout cas, on m'avait dit
que ce serait difficile de venir en Turquie, eh bien je trouve que
c'est très agreable, très constructif et très positif.
(...)
Q - Je voudrais poser une question s'agissant de la Syrie : le
regime syrien et la perte de vies humaines, les assauts contre la
population...
La communaute internationale deploie toute une serie d'actions.
Quelles sont les propositions de la France ? Est-ce que vous vous
attendez a ce que la Turquie intervienne auprès de la Syrie ?
R - Depuis le debut de cette crise nous avons condamne la repression
extremement brutale exercee par le regime a l'encontre de sa population
civile. Nous avons appele le president Bachar el Assad a faire des
reformes et a changer sa politique. La Turquie s'y est egalement
essayee. Il y a eu differentes mediations, mais le regime n'a rien
voulu savoir et poursuit sa repression. Ceci est inacceptable, et
nous avons deja agi dans le cadre de l'Union europeenne puisque nous
avons adopte neuf vagues de sanctions contre un certain nombre de
personnalites ou contre les interets economiques de la Syrie. Nous
sommes prets a durcir ces sanctions. Nous avons d'ailleurs adopte
des mesures lundi dernier a Bruxelles, en essayant de faire en sorte
qu'elles penalisent le moins possible les populations elles-memes.
Deuxième action : nous avons accueilli avec beaucoup d'interet les
initiatives de la Ligue arabe qui a essaye, elle aussi, de mettre en
place une mediation. Les dernières propositions qui ont ete faites
a Rabat, notamment la proposition d'envoyer des observateurs de la
Ligue arabe pour s'assurer que les troupes rentrent dans les casernes
et que les manifestations puissent se derouler librement, est une
bonne proposition. Elle est valable pendant trois jours, si j'ai bien
compris. On va voir ce qui se passe mais je doute fort que, malgre
tout, le regime accepte. Il faut donc continuer a exercer la pression
; je vous ai parle de la resolution qui est en cours de discussion a
l'Assemblee generale. Je pense qu'il serait bon aussi que le Conseil
de securite se prononce ; il n'est pas normal que sur une crise de
cette ampleur - 3.500 morts deja, 20.000 prisonniers dans les prisons
syriennes, traites souvent de manière extremement brutale et durement
tortures -, le Conseil de securite ne se prononce pas. Et j'espère
que ceux qui bloquent aujourd'hui l'adoption de toute resolution du
Conseil de securite vont enfin prendre conscience de la realite.
Enfin, dernier point, nous appelons l'opposition syrienne a eviter
le recours a la violence ; la guerre civile est evidemment une
catastrophe. Nous sommes prets a les aider, je l'ai dit. Nous ne
sommes pas non plus favorables a une intervention unilaterale. S'il
devait y avoir une intervention, elle ne pourrait que se situer dans
le cadre d'une resolution des Nations unies ; cela a toujours ete
la position de la France, cela a ete la nôtre en Libye et ce serait
evidemment la nôtre en Syrie.
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Source/Lien : Ministere des Affaires etrangeres
Publie le : 18-11-2011
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Alain Juppe, Ministre
d'Etat et Ministre des Affaires etrangères, a declare durant
la conference de presse conjointe qu'il a tenue ce vendredi 18
novembre 2011 a Ankara avec son homologue turc Ahmet Davutoglu :
"Concernant les evenements de 1915 - ce que le Parlement francais a
reconnu comme le genocide contre les Armeniens -, c'est une question
extremement difficile, j'en ai bien conscience. (...) Nous savons que
cette periode est très douloureuse pour la Turquie, pour les Turcs,
mais aussi pour les Armeniens. (...) J'ai donc pris bonne note de
la disponibilite de la Turquie a participer a ce travail de memoire
dans une commission qui serait bien sûr elargie aux Armeniens. Je
soumettrai cette proposition au president de la Republique francaise.
Si Paris pouvait accueillir une telle reunion pour commencer au
moins ce dialogue, je pense que ce serait une avancee extremement
importante."
Que dire... Alain Juppe a-t-il lu "Les Assassins de la Memoire" de
Pierre Vidal-Naquet ? L'historien y ecrivait : " Mettons-nous a la
place des minorites armeniennes un peu partout dans le monde.
Imaginons Faurisson ministre, Faurisson general, Faurisson ambassadeur,
Faurisson membre influent des Nations unies, Faurisson repondant
dans la presse chaque fois qu'il est question du genocide des Juifs,
bref un Faurisson d'Etat double d'un Faurisson international ".
Paris accueillerait-il un Faurisson, membre d'une commission pour
definir ce que fut la Shoah ? Cela serait-il "une avancee extremement
importante" pour la verite historique ? Certainement pas.
Pourquoi cela serait-ce alors le cas pour l'Etat "faurissonien" turc
qui a pour but d'imposer dans le monde son negationnisme du genocide
armenien ?
Puisque la France est soucieuse de favoriser l'emergence d'un dialogue
"armeno-turc", elle se doit de demander la liberation de l'editeur
turc Ragip Zarakolu, incarcere pour terrorisme depuis deux semaines et
dont le "crime" reel est d'avoir brise le tabou du genocide armenien
en Turquie. Cet humaniste renomme a amorce avec courage le travail
de memoire qu'Alain Juppe semble souhaiter (pour le dossier complet
recapitulant les petitions, les communiques internationaux et les
articles, cliquez ICI).
La raison de la visite d'Alain Juppe n'etait-elle pas la defense de
la liberte d'expression... ? Certes. Mais il s'agissait de la Syrie...
Les opposants turcs et kurdes, eux, peuvent croupir en prison.
Remarquons d'ailleurs que cette conference de presse d'Ankara
passe totalement sous silence la repression des minorites (kurde en
particulier) et les violations incessantes a l'encontre de la liberte
d'expression en Turquie.
Au contraire, Alain Juppe confirme : "Nous sommes pleinement solidaires
de l'action de la Turquie dans la lutte contre le terrorisme et nous
soutenons ces efforts (...) nous faisons tout notre possible pour
lutter contre le terrorisme du PKK".
Or, le Quai d'Orsay ne peut ignorer que les intellectuels et
journalistes arretes en Turquie, le sont justement sur la base
d'accusations mensongères de "terrorisme"...
Eh oui, si vous l'ignoriez, sachez que "Liberte d'opinion" se traduit
en turc par " Terorizm ".
Enfin, notons la gene evidente d'Alain Juppe qui se cache derrière
la decision du parlement francais pour qualifier de "genocide"
"les evenements de 1915".
Remercions-le quand meme : dans sa grande compassion, notre ministre
des Affaires etrangères reconnaît que "cette periode [1915] est
très douloureuse pour la Turquie, pour les Turcs, mais aussi pour
les Armeniens."
Ouf, on a bien lu : "mais aussi pour les Armeniens".
On a pense un instant qu'un genocide n'etait douloureux que pour ceux
qui l'avaient perpetre.
Un peu comme si l'on disait : "Le viol est un moment difficile a
vivre pour le violeur. Mais aussi pour la victime"; "Le meurtre est
un moment très douloureux a vivre pour le criminel. Mais aussi pour
la personne assassinee"...
Il est vrai qu'il ne s'agit ici "que" du meurtre d'une Nation...
Visiblement, ca change la donne, mais pas dans le bon sens.
Collectif VAN
Lire le Communique du Collectif VAN diffuse dans la nuit de jeudi 17
au vendredi 18 novembre 2011, aux medias et aux instances politiques
francaises et turques :
Turquie : quel modèle pour le monde arabe ?.
DEPLACEMENT EN TURQUIE CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE DU MINISTRE
D'ETAT, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGÈRES ET EUROPEENNES, ALAIN JUPPE,
ET DU MINISTRE TURC DES AFFAIRES ETRANGÈRES, AHMET DAVUTOGLU - PROPOS
DE M. JUPPE -
(Ankara, 18 novembre 2011)
Monsieur le Ministre,
C'est avec un très grand plaisir que je suis aujourd'hui a Ankara, et
que j'etais hier soir et cet après-midi a Istanbul. La Turquie est un
pays que j'aime depuis longtemps. Nous avons d'excellentes relations
personnelles et je suis toujours très heureux de parler avec vous.
Enfin, en tant que ministre des Affaires etrangères mais aussi homme
politique francais, j'attache la plus grande importance a la qualite
des relations entre la France et la Turquie.
La Turquie est un grand pays, un pays dont la puissance economique
s'affirme jour après jour. C'est aussi un pays qui joue un rôle tout
a fait strategique, non seulement dans la region mais egalement sur
la scène mondiale.
De ce point de vue, je voudrais rappeler que, lors de la reunion
du G20 a Cannes a laquelle la Turquie participait, il a ete decide
que la Presidence du G20 serait assumee en 2015 par la Turquie. Le
president Sarkozy y a particulièrement ~\uvre et cela permettra a la
Turquie d'affirmer son leadership sur le plan international.
Nous avons constate, dans nos discussions, beaucoup de points
d'accords et un certain nombre de points de divergence. J'ai aborde
toutes ces questions depuis mon arrivee. Hier soir, a Istanbul, dans
un excellent entretien que j'ai eu avec le Premier ministre Erdogan,
nous avons commence a travailler. Ce matin, j'etais devant le Bureau
de la Commission des Affaires etrangères de la grande Assemblee
nationale. Et, dans quelques instants, j'aurai le privilège d'etre
recu par le president de la Republique.
Tous ces entretiens ont ete extremement chaleureux et francs, comme
on a l'habitude de dire dans le langage diplomatique.
Qu'est-ce qui va bien entre nous ?
D'abord, sur le plan bilateral, beaucoup de choses. Nos relations
economiques sont bonnes. Nous allons très vraisemblablement atteindre
l'objectif de 15 milliards d'euros d'echanges commerciaux que nous
nous etions fixes. Nous n'en sommes pas loin pour cette annee :
on nous donne le chiffre de 13 milliards. Beaucoup d'entreprises
francaises investissent en Turquie et nous souhaitons que des
entreprises turques puissent investir en France. Il y a egalement
des domaines dans lesquels notre cooperation peut se developper,
je pense notamment au nucleaire civil.
Nos liens culturels sont très etroits pour des raisons que vous
connaissez : historiques mais aussi actuelles. La Saison de la Turquie
en France a ete un grand succès. Nous souhaitons developper l'activite
de nos centres culturels et j'ai propose a M. Ahmet Davutoglu un projet
d'accord sur le statut de nos centres culturels qui permettrait de
regler un certain nombre de difficultes liees au passe.
Vous savez que, depuis quelques annees, je preside aussi le comite de
parrainage de Galatasaray. C'est une realisation exemplaire puisque
l'Universite Galatasaray, qui est une universite turque dans laquelle
on enseigne en francais, est l'une des meilleures universites du pays.
Cet après-midi, a Istanbul, j'installerai un club d'entreprises
puisqu'un groupe d'entreprises francaises ont accepte de se mobiliser
pour soutenir l'effort de developpement de Galatasaray.
Un autre sujet où notre cooperation bilaterale est excellente et que
je voudrais rapidement evoquer, c'est la lutte contre le terrorisme.
La France est directement concernee par la menace terroriste. Je
voudrais rappeler que c'est le pays europeen qui a eu le plus, helas,
de prises d'otages au cours de la dernière periode. Certains viennent
d'etre liberes au Yemen, d'autres sont encore prisonniers d'Al Qaïda
au Maghreb islamique dans le Sahel, ou des Shebab en Somalie.
Nous sommes donc pleinement solidaires de l'action de la Turquie
dans la lutte contre le terrorisme et nous soutenons ces efforts. Le
deplacement, il y a quelques jours, de Claude Gueant, notre ministre
de l'Interieur, a ete très positif : un accord de cooperation sur la
securite interieure a ete conclu et nous faisons tout notre possible
pour lutter contre le terrorisme du PKK.
Je rappelais que plus d'une centaine de terroristes ou presumes tels
ont ete arretes en France depuis 2010. Notre determination est donc
tout a fait entière.
Voila ce qui va bien sur le plan bilateral.
Alors, il y a des choses qui vont moins bien ; il faut les aborder
de front.
Sur la question de l'entree de la Turquie dans l'Union europeenne ;
je ne reviendrai pas sur la position de la France que vous connaissez
et qui consiste a dire que les conditions ne semblent pas reunies
aujourd'hui.
L'Union europeenne est a un moment tout a fait strategique de son
histoire. Nous sommes confrontes a des difficultes qui ne sont
pas simplement financières mais qui sont egalement des difficultes
d'organisation. Et je pense qu'il est temps pour l'Europe de reflechir
aux reformes qui sont necessaires en son sein pour refonder d'une
certaine manière la construction europeenne. Il faut donc que nous
fassions ce travail ensemble entre les Vingt-sept avant de progresser
dans l'elargissement de l'Union europeenne.
Cela dit, des etapes peuvent etre franchies. Je pense que sur
la question de l'accord de readmission, de facilitation, puis de
liberalisation des visas, il y a des possibilites de progrès. Nous
avons fait des propositions. Je connais la position actuelle de
la Turquie mais, parlons-en, je crois qu'il est possible d'aller
de l'avant.
Sur les chapitres de negociation, je voudrais aussi rappeler que
c'est sous la presidence francaise que l'on a ouvert deux nouveaux
chapitres et cela ne s'est pas reproduit depuis. Nous ne sommes pas
opposes et nous sommes meme favorables a ce que l'on ouvre trois
nouveaux chapitres. Et ceux qui sont bloques par ailleurs ne le
sont pas toujours du fait de la France ; la question de Chypre, de
ce point de vue-la, pour nous, est extremement sensible et il faut
trouver une solution dans le cadre du schema qui a ete propose par
les Nations unies.
Concernant les evenements de 1915 - ce que le Parlement francais a
reconnu comme le genocide contre les Armeniens -, c'est une question
extremement difficile, j'en ai bien conscience. Nous n'avons pas de
lecon a donner, mais nous pensons que toute grande nation s'honore en
faisant un travail de memoire sur son passe ; la France a essaye de le
faire sur certaines periodes très douloureuses de son histoire. Nous
savons que cette periode est très douloureuse pour la Turquie, pour
les Turcs, mais aussi pour les Armeniens.
J'ai donc pris bonne note de la disponibilite de la Turquie a
participer a ce travail de memoire dans une commission qui serait
bien sûr elargie aux Armeniens. Je soumettrai cette proposition au
president de la Republique francaise. Si Paris pouvait accueillir
une telle reunion pour commencer au moins ce dialogue, je pense que
ce serait une avancee extremement importante.
Enfin, je reviens a ce qui va bien entre nous en evoquant certaines
questions internationales. J'ai pu constater que, sur bien des sujets,
nous etions tout a fait en phase.
Je pense a l'Afghanistan ; la conference qui s'est tenue a Istanbul
la semaine dernière - a laquelle, malheureusement, je n'ai pas pu
participer mais où la France etait representee par M. de Raincourt -
a ete très positive. Nous travaillons, main dans la main, avec la
Turquie pour preparer l'après-2014 en Afghanistan et nous avons
manifeste notre volonte de cooperer avec ce pays.
Nous avons aussi constate des positions tout a fait convergentes
desormais - après une periode d'ajustement au debut - sur la Libye,
ainsi qu'une totale conformite de vues sur la Syrie. Nous pensons,
France et Turquie, que la situation n'est plus tenable et que malgre
tous les appels qui ont ete lances aux autorites syriennes pour que le
regime se reforme - et je salue la mediation de la Turquie a plusieurs
reprises -, elles n'ont rien voulu savoir. Ce matin encore, des
villages du nord de la Syrie ont ete bombardes par l'armee syrienne.
Nous appelons bien sûr l'opposition a rester sur la ligne qui est la
sienne depuis le debut, c'est-a-dire le refus de la violence. Mais
je pense que le moment est venu d'unir nos efforts pour accentuer
les sanctions. Nous soutenons ensemble une resolution a l'Assemblee
generale des Nations unies. La France est tout a fait desireuse de
travailler en etroite liaison avec la Ligue arabe, avec la Turquie,
avec tous les pays de la region et a travailler aussi avec l'opposition
syrienne qui fait preuve de beaucoup de courage.
Ce qui m'a beaucoup frappe aussi, c'est notre convergence de vues sur
l'ensemble des Printemps arabes. Je crois qu'il est très important de
bien souligner que la France et la Turquie ont la meme approche de ce
phenomène historique ; l'aspiration des peuples a la liberte, a la
democratie, au respect de l'Etat de droit, des droits de l'Homme et
des droits de la Femme, est une aspiration irrepressible, que personne
n'arretera. Notre diplomatie est fortement engagee dans le soutien a
ces mouvements. J'ai insiste sur le fait que la Turquie, de ce point
de vue-la, dans notre reflexion sur Islam et democratie, peut etre
une reference et un exemple auquel nous sommes très attentifs.
Voila ce que je souhaitais vous dire. En tout cas, on m'avait dit
que ce serait difficile de venir en Turquie, eh bien je trouve que
c'est très agreable, très constructif et très positif.
(...)
Q - Je voudrais poser une question s'agissant de la Syrie : le
regime syrien et la perte de vies humaines, les assauts contre la
population...
La communaute internationale deploie toute une serie d'actions.
Quelles sont les propositions de la France ? Est-ce que vous vous
attendez a ce que la Turquie intervienne auprès de la Syrie ?
R - Depuis le debut de cette crise nous avons condamne la repression
extremement brutale exercee par le regime a l'encontre de sa population
civile. Nous avons appele le president Bachar el Assad a faire des
reformes et a changer sa politique. La Turquie s'y est egalement
essayee. Il y a eu differentes mediations, mais le regime n'a rien
voulu savoir et poursuit sa repression. Ceci est inacceptable, et
nous avons deja agi dans le cadre de l'Union europeenne puisque nous
avons adopte neuf vagues de sanctions contre un certain nombre de
personnalites ou contre les interets economiques de la Syrie. Nous
sommes prets a durcir ces sanctions. Nous avons d'ailleurs adopte
des mesures lundi dernier a Bruxelles, en essayant de faire en sorte
qu'elles penalisent le moins possible les populations elles-memes.
Deuxième action : nous avons accueilli avec beaucoup d'interet les
initiatives de la Ligue arabe qui a essaye, elle aussi, de mettre en
place une mediation. Les dernières propositions qui ont ete faites
a Rabat, notamment la proposition d'envoyer des observateurs de la
Ligue arabe pour s'assurer que les troupes rentrent dans les casernes
et que les manifestations puissent se derouler librement, est une
bonne proposition. Elle est valable pendant trois jours, si j'ai bien
compris. On va voir ce qui se passe mais je doute fort que, malgre
tout, le regime accepte. Il faut donc continuer a exercer la pression
; je vous ai parle de la resolution qui est en cours de discussion a
l'Assemblee generale. Je pense qu'il serait bon aussi que le Conseil
de securite se prononce ; il n'est pas normal que sur une crise de
cette ampleur - 3.500 morts deja, 20.000 prisonniers dans les prisons
syriennes, traites souvent de manière extremement brutale et durement
tortures -, le Conseil de securite ne se prononce pas. Et j'espère
que ceux qui bloquent aujourd'hui l'adoption de toute resolution du
Conseil de securite vont enfin prendre conscience de la realite.
Enfin, dernier point, nous appelons l'opposition syrienne a eviter
le recours a la violence ; la guerre civile est evidemment une
catastrophe. Nous sommes prets a les aider, je l'ai dit. Nous ne
sommes pas non plus favorables a une intervention unilaterale. S'il
devait y avoir une intervention, elle ne pourrait que se situer dans
le cadre d'une resolution des Nations unies ; cela a toujours ete
la position de la France, cela a ete la nôtre en Libye et ce serait
evidemment la nôtre en Syrie.
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