Le Parisien, France
7 oct 2011
Arménie : la volte-face de Sarkozy
De notre envoyée spéciale à Erevan, Nathalie Schuck | Publié le
07.10.2011, 10h48 | Mise à jour : 11h01
Voilà qui lui aura peut-être remonté le moral à bientôt six mois d'une
présidentielle qui s'annonce très compliquée pour lui. Nicolas Sarkozy
est reparti ce vendredi matin d'Arménie avec, dans la tête, l'air de
«For me, Formidable» du grand Charles Aznavour, qu'a entonné pour lui
une chorale d'enfants.
Lors de sa visite à Erevan, le président n'a pas perdu 2012 de vue.
Pas question de laisser s'échapper les quelque 500 000 électeurs
d'origine arménienne vivant en France! Avant son élection, il leur
avait fait une promesse qui leur était allée droit au coeur : faire
voter définitivement la loi pénalisant la négation du génocide
arménien perpétré en 1915 et 1916 par le régime turc ottoman, qui fit,
selon Erevan, plus d'un million et demi de morts. Des massacres
toujours niés par la Turquie et que la France a reconnus en 2001 comme
«génocide». Mais voilà : Sarkozy élu, sa promesse s'est perdue dans
les sables...
Le texte réprimant le fait de nier ce génocide s'est ensablé au Sénat
en mai, faute de soutien de l'Elysée. Un conseiller du président
aurait même assuré aux autorités turques, dès fin mai 2007, que cette
loi «mourrait» au Sénat, selon un télégramme diplomatique révélé par
Wikileaks. Or, François Hollande, possible adversaire de Sarkozy, a
appelé ces derniers jours à faire voter ce texte avant les élections,
en profitant du basculement à gauche du Sénat.
Le «devoir de réserve» d'Aznavour
Sarkozy a donc profité de sa visite arménienne pour rectifier le tir.
Mettant la pression sur la Turquie, il l'a invitée à «regarder son
histoire en face» en reconnaissant enfin le génocide arménien. Une
invitation assortie d'une menace explicite : si Ankara n'accomplissait
pas ce «geste de paix» rapidement, il relancerait le processus
législatif au Parlement et ferait voter la loi d'ici la fin de son
mandat en mai. «Le temps n'est pas infini : 1915-2011, il me semble
que pour la réflexion, c'est suffisant!», a-t-il lancé à Ankara, en
précisant qu'il prendrait sa décision «dans un délai assez bref», sans
doute autour de la fin de l'année.
Dans l'avion qui l'emmenait en Arménie jeudi, le président, qui
s'oppose toujours à l'entrée d'Ankara dans l'Union européenne, avait
confié à ses invités : «J'ai fait mon deuil de bonnes relations avec
la Turquie.»
Présent vendredi à ses côtés à Erevan après avoir tenu la veille son
dernier concert à l'Olympia, Aznavour s'est gardé de tout commentaire
sur cette volte-face présidentielle, invoquant un «devoir de réserve».
Pas dupe, le chanteur, porte-drapeau des Arméniens de France, ne veut
pas être récupéré politiquement: «Personne ne saura pour qui j'ai voté
(en 2012, NDLR), comme d'habitude!» A bon entendeur...
LeParisien.fr
http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/candidats/armenie-la-volte-face-de-sarkozy-07-10-2011-1642666.php
7 oct 2011
Arménie : la volte-face de Sarkozy
De notre envoyée spéciale à Erevan, Nathalie Schuck | Publié le
07.10.2011, 10h48 | Mise à jour : 11h01
Voilà qui lui aura peut-être remonté le moral à bientôt six mois d'une
présidentielle qui s'annonce très compliquée pour lui. Nicolas Sarkozy
est reparti ce vendredi matin d'Arménie avec, dans la tête, l'air de
«For me, Formidable» du grand Charles Aznavour, qu'a entonné pour lui
une chorale d'enfants.
Lors de sa visite à Erevan, le président n'a pas perdu 2012 de vue.
Pas question de laisser s'échapper les quelque 500 000 électeurs
d'origine arménienne vivant en France! Avant son élection, il leur
avait fait une promesse qui leur était allée droit au coeur : faire
voter définitivement la loi pénalisant la négation du génocide
arménien perpétré en 1915 et 1916 par le régime turc ottoman, qui fit,
selon Erevan, plus d'un million et demi de morts. Des massacres
toujours niés par la Turquie et que la France a reconnus en 2001 comme
«génocide». Mais voilà : Sarkozy élu, sa promesse s'est perdue dans
les sables...
Le texte réprimant le fait de nier ce génocide s'est ensablé au Sénat
en mai, faute de soutien de l'Elysée. Un conseiller du président
aurait même assuré aux autorités turques, dès fin mai 2007, que cette
loi «mourrait» au Sénat, selon un télégramme diplomatique révélé par
Wikileaks. Or, François Hollande, possible adversaire de Sarkozy, a
appelé ces derniers jours à faire voter ce texte avant les élections,
en profitant du basculement à gauche du Sénat.
Le «devoir de réserve» d'Aznavour
Sarkozy a donc profité de sa visite arménienne pour rectifier le tir.
Mettant la pression sur la Turquie, il l'a invitée à «regarder son
histoire en face» en reconnaissant enfin le génocide arménien. Une
invitation assortie d'une menace explicite : si Ankara n'accomplissait
pas ce «geste de paix» rapidement, il relancerait le processus
législatif au Parlement et ferait voter la loi d'ici la fin de son
mandat en mai. «Le temps n'est pas infini : 1915-2011, il me semble
que pour la réflexion, c'est suffisant!», a-t-il lancé à Ankara, en
précisant qu'il prendrait sa décision «dans un délai assez bref», sans
doute autour de la fin de l'année.
Dans l'avion qui l'emmenait en Arménie jeudi, le président, qui
s'oppose toujours à l'entrée d'Ankara dans l'Union européenne, avait
confié à ses invités : «J'ai fait mon deuil de bonnes relations avec
la Turquie.»
Présent vendredi à ses côtés à Erevan après avoir tenu la veille son
dernier concert à l'Olympia, Aznavour s'est gardé de tout commentaire
sur cette volte-face présidentielle, invoquant un «devoir de réserve».
Pas dupe, le chanteur, porte-drapeau des Arméniens de France, ne veut
pas être récupéré politiquement: «Personne ne saura pour qui j'ai voté
(en 2012, NDLR), comme d'habitude!» A bon entendeur...
LeParisien.fr
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