Le Point, France
7 oct 2011
Nicolas Sarkozy, en opération séduction en Arménie
Par Saïd Mahrane
Le Point.fr - Publié le 07/10/2011 à 10:34 - Modifié le 07/10/2011 à 12:49
Aux côtés de Charles Aznavour, dont il a inauguré la maison en
Arménie, le chef de l'État a demandé à la Turquie de "regarder son
histoire en face".
"Bon, on attend, hein ?" lance Charles Aznavour, d'un air entendu, au
président de la République, qui répond, du tac au tac, le sourire aux
lèvres : "Moi aussi, j'attends !" Voilà peut-être la seule allusion de
Nicolas Sarkozy à l'échéance présidentielle de 2012, au deuxième jour
de sa visite d'État en Arménie. Après une conférence de presse en
compagnie de son homologue Serge Sarkissian, le président français a
inauguré la Maison Charles Aznavour, en compagnie du chanteur,
originaire du pays. "Je suis éloigné de la politique", confie l'ancien
assistant d'Édith Piaf, concédant toutefois qu'il attend de connaître
le programme des candidats pour faire un choix. "Nul ne sait
d'ailleurs pour qui je vote", ajoute-t-il. Lunettes noires sur le nez,
un sonotone à l'oreille, coiffure impeccable, le chanteur s'est
également exprimé sur le message envoyé par Nicolas Sarkozy à la
communauté arménienne de France (500 000 membres) : "C'est bien que le
président français soit là. (...) Les Français d'origine arménienne
sont attachés à leurs racines."
À 87 ans, le "grand Charles" n'a rien perdu de son charisme et semble
séduire Nicolas Sarkozy. Ce dernier était d'ailleurs récemment à
l'Olympia pour l'écouter en concert. "On s'est promis que l'on
viendrait ici ensemble", sourit le président, un café à la main, avec,
dans son dos, le mont Ararat, qui semble l'inspirer. "C'est magnifique
! À l'Olympia, il y avait le mont Aznavour ; ici, il y a le mont
Ararat. (...) Ok, ce n'est pas en Arménie (mais en Turquie), mais on
en profite quand même." L'interroge-t-on sur l'échéance de 2012 et le
poids de la communauté arménienne ? "La relation avec l'Arménie est
intemporelle. On ne travaille pas pour cette année ou l'année
prochaine", esquive-t-il.
"Première entreprise d'extermination"
"De toute façon, les Turcs me détestent", répond Nicolas Sarkozy à un
membre de sa délégation qui l'interroge sur le risque de voir la
Turquie réagir vivement à son déplacement en Arménie. Depuis hier, le
président de la République n'a, en effet, de cesse de mettre les
dirigeants turcs face à leurs responsabilités, s'agissant de la
reconnaissance du génocide arménien, parfois de façon frontale : "Je
veux dire à la Turquie qu'elle doit regarder son histoire en face. La
négation est inacceptable", a-t-il clamé lors d'un discours prononcé
sur la place de France, à Erevan, devant des milliers de jeunes
Arméniens.
Depuis son opposition à l'entrée de la Turquie dans l'Union
européenne, Nicolas Sarkozy est sûr de ne rien pouvoir attendre des
autorités turques. Alors, à la fois lyrique et ferme, il a qualifié le
génocide de 1915 de "première entreprise d'extermination de l'histoire
contemporaine". Présents au premier rang, Charles Aznavour, Patrick
Devedjian et Hélène Segara, tous trois d'origine arménienne, savourent
l'instant. Et le président de conclure son discours par un vibrant
"Vive l'Arménie ! Vive la France !" en arménien et en français. Au
pied de l'estrade, alors que flottent partout des drapeaux français,
il confie à quelques journalistes faire preuve de liberté : "De la
même manière qu'Erdogan (Premier ministre turc), je dis ce que je
pense, et en public. Et je suis sûr que la société turque est plus en
avance sur le sujet qu'on ne le pense."
http://www.lepoint.fr/politique/nicolas-sarkozy-en-operation-seduction-en-armenie-07-10-2011-1381831_20.php
From: Baghdasarian
7 oct 2011
Nicolas Sarkozy, en opération séduction en Arménie
Par Saïd Mahrane
Le Point.fr - Publié le 07/10/2011 à 10:34 - Modifié le 07/10/2011 à 12:49
Aux côtés de Charles Aznavour, dont il a inauguré la maison en
Arménie, le chef de l'État a demandé à la Turquie de "regarder son
histoire en face".
"Bon, on attend, hein ?" lance Charles Aznavour, d'un air entendu, au
président de la République, qui répond, du tac au tac, le sourire aux
lèvres : "Moi aussi, j'attends !" Voilà peut-être la seule allusion de
Nicolas Sarkozy à l'échéance présidentielle de 2012, au deuxième jour
de sa visite d'État en Arménie. Après une conférence de presse en
compagnie de son homologue Serge Sarkissian, le président français a
inauguré la Maison Charles Aznavour, en compagnie du chanteur,
originaire du pays. "Je suis éloigné de la politique", confie l'ancien
assistant d'Édith Piaf, concédant toutefois qu'il attend de connaître
le programme des candidats pour faire un choix. "Nul ne sait
d'ailleurs pour qui je vote", ajoute-t-il. Lunettes noires sur le nez,
un sonotone à l'oreille, coiffure impeccable, le chanteur s'est
également exprimé sur le message envoyé par Nicolas Sarkozy à la
communauté arménienne de France (500 000 membres) : "C'est bien que le
président français soit là. (...) Les Français d'origine arménienne
sont attachés à leurs racines."
À 87 ans, le "grand Charles" n'a rien perdu de son charisme et semble
séduire Nicolas Sarkozy. Ce dernier était d'ailleurs récemment à
l'Olympia pour l'écouter en concert. "On s'est promis que l'on
viendrait ici ensemble", sourit le président, un café à la main, avec,
dans son dos, le mont Ararat, qui semble l'inspirer. "C'est magnifique
! À l'Olympia, il y avait le mont Aznavour ; ici, il y a le mont
Ararat. (...) Ok, ce n'est pas en Arménie (mais en Turquie), mais on
en profite quand même." L'interroge-t-on sur l'échéance de 2012 et le
poids de la communauté arménienne ? "La relation avec l'Arménie est
intemporelle. On ne travaille pas pour cette année ou l'année
prochaine", esquive-t-il.
"Première entreprise d'extermination"
"De toute façon, les Turcs me détestent", répond Nicolas Sarkozy à un
membre de sa délégation qui l'interroge sur le risque de voir la
Turquie réagir vivement à son déplacement en Arménie. Depuis hier, le
président de la République n'a, en effet, de cesse de mettre les
dirigeants turcs face à leurs responsabilités, s'agissant de la
reconnaissance du génocide arménien, parfois de façon frontale : "Je
veux dire à la Turquie qu'elle doit regarder son histoire en face. La
négation est inacceptable", a-t-il clamé lors d'un discours prononcé
sur la place de France, à Erevan, devant des milliers de jeunes
Arméniens.
Depuis son opposition à l'entrée de la Turquie dans l'Union
européenne, Nicolas Sarkozy est sûr de ne rien pouvoir attendre des
autorités turques. Alors, à la fois lyrique et ferme, il a qualifié le
génocide de 1915 de "première entreprise d'extermination de l'histoire
contemporaine". Présents au premier rang, Charles Aznavour, Patrick
Devedjian et Hélène Segara, tous trois d'origine arménienne, savourent
l'instant. Et le président de conclure son discours par un vibrant
"Vive l'Arménie ! Vive la France !" en arménien et en français. Au
pied de l'estrade, alors que flottent partout des drapeaux français,
il confie à quelques journalistes faire preuve de liberté : "De la
même manière qu'Erdogan (Premier ministre turc), je dis ce que je
pense, et en public. Et je suis sûr que la société turque est plus en
avance sur le sujet qu'on ne le pense."
http://www.lepoint.fr/politique/nicolas-sarkozy-en-operation-seduction-en-armenie-07-10-2011-1381831_20.php
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